YOU’LL NEVER MOONWALK ALONE …

 

Didier, DD comme ils t’appellent. Moi je serais tenté de te surnommer Lucky Luke. Pas seulement parce que tu taclais plus vite que ton ombre, avant tout pour le côté chanceux et fidèle à ses principes.
Même si jusque là tu t’es trainé tes Dalton … : Ribéry, Sakho, Sagna et le teigneux, Joe Evra. Les amis de la langue et de Jean d’Ormesson … On va y revenir.

D’abord, je voudrais te dire Merci pour tu-sais-quoi. Et donc Bravo. Premier capitaine à ramener une Ligue Des Champions dans un club français. Premier capitaine à ramener une Coupe Du Monde dans un cœur français. Premier entraineur à gagner avec des contrôles du dos chez Brandao. Respect. D’ailleurs, ce dernier a fait des pieds et des mains ( bon, surtout des mains ) pour t’accompagner au Brésil, il a absolument tout fait pour que tu le sélectionnes. Tout. Mis à part cadrer ses frappes.

Mais parlons plutôt football …
La Coupe Du Monde 2014 a eu lieu, celle dont on attendait tant, parce que notre équipe était dirigée par toi. Le leader-né, la pierre angulaire, le bosseur, le cohérent, le pragmatique. Un Domenech inversé, en somme. On y a forcément cru, d’autant que depuis toujours la baraka te colle aux basques. Tu serais même capable de faire gagner un trophée au Stade Rennais. Mais là, sans que ce soit pour autant une déchéance, on a un sentiment d’inachevé, tant le coup semblait jouable cette fois.

Cependant, si on y regarde de plus près, cette fin était un peu prévisible. Malgré le fait que Sagna disait vrai, en affirmant que « le match en Ukraine nous a remis les épaules sur la tête ». C’est à peu près ça finalement. Bon, parlons de tes choix.
L’insupportable Evra : ne vois-tu pas l’imposture ? Derrière, ça fait flipper, et la dernière fois que je l’ai vu faire un bon centre, c’était en Juin 96. Ah bah non c’était pas lui ! Je sais bien que l’amour ça crétinise, mais là c’est trop. Evra, le chef du car, l’imbu de sa personne et son marquage à 10 mètres. Tu sais ce que disent les gens sur vous ? « Ouais, Evra le chouchou, le rat d’ Deschamps, le rat devil … ». Il faut avouer qu’ils n’ont pas tort : Patrice, qui n’aime pas les tournevis, ni la macarena de Michel Fernandel, ni défendre, est une espèce de rongeur de sa matière grise en tunique bleue.

Passons maintenant le ballon à Sakho, le roi du « reprouvement » ( oui oui, il a osé ). Et que va-t-il en faire avec sa technique aussi fébrile qu’un Zubar qui a la gastro ? Une boulette. Bon appétit. De plus, reconnais que tu as pris un gros risque avec sa convalescence. Déjà qu’en forme il fait peur à Hugo. Oui je sais, Koscielny n’est pas très rassurant non plus … Et sinon, on attend toujours que Raphaël et Mamadou s’accordent. Raphaël, justement, entrons dans le cas Varane : on constate chez lui de vraies qualités défensives et de relance, mais il va falloir lui trouver un partenaire qui tient la route en charnière centrale. Parce que, hormis lui, pour la suite c’est très léger en défense, niveau solidité. A moins qu’Aymeric la porte …

Au milieu, tu avais sélectionné Grenier, Clément L’incruste … même s’il a dû renoncer pour blessure, sérieux Didier, avait-il l’envergure internationale ? Quant à la prestation de Pogba, le Diaby avec des jambes, on voit qu’il a du ballon mais encore beaucoup à apprendre à tous les niveaux. J’aurais préféré l’original à la photocopie, toi aussi, n’est-ce pas ?
Pour mener le jeu et tomber côté droit, tu as choisi Valbuena. J’ai toujours eu du mal avec le rouleur de mécaniques. Oui, je sais Grand Schtroumpf, en Bleu Mathieu se transforme, se travestit, se donne et fait des passes. Tout un programme … Bref, son travail. Mais dès que ça se corse, le pétard devient mouillé. Vu qu’il remue, ça fausse le jugement, mais c’est aussi non-révélateur et absurde que le classement des passeurs décisifs. D’autres joueurs sont irréguliers, certes, mais en joker auraient pu apporter leur justesse technique et briller lors des fins de match. Strass et Payet.

Et la vacuité ribérienne depuis sa déception non-digérée au Ballon d’or ? Après lui avoir (re)tourné le dos, sa routourne va sûrement tourner. Franck va entrer dans la légende. Mais la légende située sous une photo, faut pas déconner non plus. N’est pas Bernard Diomède qui veut.

Pour ce qui est des absents de ta sélection, ont-ils toujours tort ? Nasri, oui. Même si des groupies le réclamaient ( sans doute son côté callipyge ), ta décision le concernant était la bonne. Sans parler de ses écarts d’ado orgueilleux et nerveux qui claque la porte de sa chambre parce que ouais-merde-je-vous-déteste-de-toute-façon-les-parents-ils-sont-tous-nuls ( © Ménez / © Ben Arfa ), en club il a été souvent supersonique. Mais en sélection, tu l’as constaté, il était parfois aussi vif qu’un Rami overdosé au Propofol. Quoiqu’il en soit, chez les Bleus il a déconné. Ou dézoné. Une pensée pour Nicolas de-la-tourette Anelka …
Et le comportement ça compte pour toi. Par exemple, si M’Baye Niang avait été joueur de foot professionnel, tu l’aurais pris dans ta liste des 22,5 ? J’ crois pas. Surtout depuis qu’il a fait le fanfaron et qu’il a défoncé la Ferrari ( la voiture ). Visiblement, ça lui rappelait son enfance, il y a 5 ans, quand il jouait aux petites voitures après l’école, lui le passionné de vitesse. Sûrement sa madeleine de Prost.

Toi aussi t’es à la recherche du temps perdu, pas vrai mon Didier ? Le temps béni où, devant nos troupes distribuant les pains, même le sacré gars au sommet du Corcovado baissait les bras.

Et ce Mondial, ça a donné quoi ? Du spectacle, du suspense, des simulations, du plaisir, du jeu, des gardiens en feu, des brésiliens en bois, une fin de monarchie espagnole, et le retour de l’aigle allemand et ses couteaux longs comme une chute d’Arjen ou comme un contrôle de Fred. Une Coupe Du Monde « de la FIFA » jouée sans nombre de stars, entre les porte-drapeaux absents ( Falcao, Zahia, Ribéry ), ceux présents mais en mauvais état ( Ronaldo, Costa ) et … la Céleste des agneaux ( Suarrrrrez ).
D’autres ont survécu à la malédiction, sauf ce pauvre Neymar-le-cache-misère, le casseur de reins qui se brise, tout comme les espoirs d’un peuple au tour suivant. Une Seleçao sans créativité, au mental trop jeune, au regard pluvieux.

Et que dire du calendrier de la saison épuisant, aberrant car trop chargé ? Merci le$ instance$ du football ! Et le Brésil obligé de jouer en short blanc ou en chaussettes bleues, et l’Argentine sans son short noir, et la France en bicolore … Les belles traditions se meurent. Merci encore aux grands dirigeants du football et leurs règlements agaçants. Résultat, ça sonne faux et déformé. Un peu comme la voix de Colonel Reyel.

Concernant notre équipe de France, après des préliminaires amicaux contre les pêcheurs norvégiens, puis les catcheurs paraguayens, puis les fantômes jamaïquains, nous avons fait l’amour aux latin-lovers du Honduras, avant de nous faire rentrer dedans par d’actifs joueurs de l’Equateur. Au milieu, il y a eu nos voisins Suisses. Des voisins sympas et calmes, une fois n’est pas coutume, qui nous ont laissé enfiler les perles. Le huitième-de-finale contre le Nigeria fut trop longtemps stérile avant de finalement accoucher d’une qualification.

Ensuite, il y a eu le match contre nos amis venant d’Allemagne, avec son festival d’approximations côté français et une concentration qui a foutu l’ camp. Et puis reconnais que le pressing était un peu faible et pas très harmonieux. Le fameux réalisme germanique a fait le reste. Mais paradoxe allemand, il y a avait aussi chez eux une certaine friabilité, d’où les regrets.
La prestation de tes attaquants n’a pas non plus été exaltante. Pas grand chose à nous en filer la trezegaule. Entre un Karim qui pour son récital se la joue Jean-Michel Amoitié, un Antoine qui en titulaire fait plutôt grise mine, et un Olivier qui pense surtout à ne pas se décoiffer … Lui et ses coups de coude, lui aussi utile que le mercato d’hiver, aussi bête et fatiguant que la mode du selfie.

Dans ce match contre la Mannschaft, ça n’aura pas été très enthousiaste dans l’état d’esprit et on a senti aucune révolte, face à la maturité de tels adversaires. C’est ça qui me choque le plus Didier ! Tes joueurs n’ont pas su se sublimer dans un quart-de-finale de Coupe Du Monde ! Résultat, une élimination au goût amer. Comme un café sans sucre. Comme un vélo sans selle.
En espérant qu’elle sera au moins fondatrice et que les lacunes seront corrigées. On peut se consoler en se disant qu’on aura -presque- échappé aux envolées masturbatoires de Christian Jeanpierre, et à l’habituel cirage de pompes dominical. Et disons les choses, quand il s’agit de parler de l’équipe de France, un commentateur objectif c’est aussi rare qu’un Rom à Rio.

Pendant ce temps au purgatoire, Bilic et Materazzi se marrent ! Quand on croque la pomme, dedans il y a le vice et ce ver tue, on s’évertue … croyant sans cesse que ça peut passer sur un malentendu. Mais tu le sais Didier, le foot ça n’est pas que ça. Toi le mec en haut de la pyramide, pour une fois tu as flanché, pas étonnant que nos espoirs soient momifiés. Bon, je vais pas t’en faire un roman, vu que la vie rend mes écrits vains. Et puis, mes vérités épistolaires ne vont pas tout remettre en cause, forcément.
C’était mieux que ce qu’on s’est frappé depuis 8 ans, et toi tu as réussi l’exploit de passer deux tours avec la génération Wesh-Wesh-Jean-Louis-David. Si seulement l’audace technique avait été à la hauteur de l’audace capillaire … J’espère simplement revoir un jour du beau jeu et que vous serez prêts pour l’Euro 2016 sur notre sol, que vous donnerez enfin des frissons au gens qui aiment le foot. La plume éphémère mais le poil éternel …

Eh oui coach, le foot, c’est le mythe de Sisyphe. Le ballon est capricieux, on doit lutter et (re)prouver sans cesse, tu le sais mieux que quiconque. Pourvu que cette compétition soit utile pour progresser et faire du tri. C’est à croire qu’en bout de course devant l’adversité, tes petits ne savaient plus nager. Quand t’es pané, t’es pané.
Mon pigeon voyageur étant grippé actuellement, je t’envoie cette lettre par La Poste, en qui j’ai pourtant beaucoup moins confiance. Aussi peu qu’en certains de tes protégés. Sur la fin ils ont manqué de folie, de rage et d’envie, le mental a faibli, et ça c’est TA responsabilité. Mais je sais que tu vas en tirer les leçons pour dans deux ans.

Un supporter a beau être presque aussi versatile qu’une femme, sache que même quand ça marche à l’envers, tu n’es pas seul. C’est un peu comme un Messi au ralenti, « You’ll never moonwalk alone » …
Tu n’es pas seul à avoir merdé.

 

The King of Kop

P.S.: Anara t’embrasse.

12 thoughts on “Au courrier du coeur : lettre ouverte à Didier Deschamps

  1. Une énième fois, le refrain de valbuena surcôté, parfait. Pour nous vanter payet deux lignes plus loin qui plus est, je vais donc m’arrêter là.

  2. « un commentateur objectif c’est aussi rare qu’un Rom à Rio »

    Non, c’est rare comme une pucelle rue Saint Denis.

    Bref, lettre bof bof, j’m’attendais à mieux.

  3. Pareil que waynedt12, j’ai l’impression que l’intérêt de la lettre est surtout de pouvoir écrire quelques bons mots.

  4. @waynedt12: En même temps, dès que çà décolle un peu au niveau qualité et qu’on dépasse le stade des insultes, m’étonne pas que tu sois largué.

  5. Du sang, de la morve, de la chique et du mollard !

    En même temps il n’y a pas que waynedt12 qui relève le peu d’intérêt de cette missive…

  6. ( Kaiser Sauzée, toujours aussi sympa … Personne n’a « vanté » Payet, c’est avant tout de l’humour et du second degré. Mais sinon, OUI, Valbuena est surcôté, c’est un fait. C’est de l’amusement sans prétention, alors il faut se détendre un peu et savoir lire entre les lignes … Ceci n’est que du foot … )

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