Vous aviez découvert Jean-René lors de son courrier du coeur. Ce supporter n°1 du FC Renardin viendra de temps en temps vous raconter sa vie d’ultra chômeur président d’association de vrais supporters du football vrai.

Vous pouvez me croire des matchs nuls comme celui face l’ES Entrecons ça laisse des traces.

1. Traces physiques : crève carabinée à être resté sur place dans le froid durant 90 minutes, gueule de bois de compet à avoir voulu me réchauffer à la gnôle. Je penserai peut-être la prochaine fois à faire la part des choses. J’aurai en effet pu me dispenser des quelques plaisirs que je me suis ré-accordé durant le débriefing d’après match au bar des sports. Au début j’étais sérieux et je me suis limité à la bière, mais les commentaires de monsieur Remoulade devant le Canal Football Club ont contribué à mettre une ambiance joviale. Alors j’ai pas pu m’empêcher… Pour ma grosse bosse au front je ne sais pas trop quoi dire, j’ai du oublier certains détails de la soirée. J’aurai bien glissé dans le bar.

2. Traces psychologiques : même si j’ai fini le match avec des moignons à la place des mains et le nez congelé pour 3 jours, j’ai vécu un moment intense d’émotions. Le scénario du match nous a offert beaucoup de spectacles, mais aussi de la colère malheureusement. Le destin du match s’est joué sur un coup franc trop généreusement accordé à 10minutes de la fin. Tout ça parce ces pleureuses ont passé 60minutes à parler de la main de Daniel sur notre deuxième but. Franchement cette manie de pleurer sur l’arbitrage pour refaire le match faut arrêter ! Et avec tout ça on se fait donc voler deux points.
Ca m’a forcément mis en colère et frustré par rapport à des moments comme la semaine dernière où j’avais pleuré devant notre qualif.! Pour mon officialisation, le club marquait une page de son histoire. Je l’ai vécu de l’intérieur et j’espérais la même joie hier ! Mais un dimanche fait pas l’autre en foot ! Malgré ça, le soir c’était génial : CFC avec les ptits gars en reparlant de leur match !!

Mon projet avec le club avance vraiment. Hier, coach Remoulade a même poussé notre complicité à me faire plusieurs apartés pour m’encourager dans mon chômage, à me dire que je pouvais pas devenir « un vaurien comme toutes ces feignasses ». Il a raison.
Monsieur Remoulade veut que je sois un lien entre l’équipe et le peuple renardien. Il dit qu’il aime bien mon ouverture, et ma fidélité aux valeurs du territoire.
Du coup je vais devoir carrément faire une rubrique pour développer l’exposition du club en rapport avec les nouveaux objectifs. Encore une fois il a raison le coach, ca me parait pas normal qu’on soit submergé d’analyses répétitives sur des clubs qui sont à 1000km de chez nous, alors qu’on a presque du mal à connaître la vie de nos vrais clubs. En plus comme dit souvent Jocelyne, « quand t’as vu jouer Emilouinovic, t’as tout compris au foot ».

Y a quelque chose qui m’embête dans toute cette histoire. J’ai peur que des histoires de mon passé, connues à Renardin, puissent totalement changer sa vision de moi, et la confiance qu’il m’accorde. La rigueur qui le caractérise pourrait lui rendre difficilement compréhensible et acceptable une partie de mon passé… J’espère que ma place au sein du club dorénavant m’aidera à contrôler mes nerfs, je ne peux pas cacher ce passé… Je suis arrivé dans ma première famille d’accueil à 8 ans à Renardin. Alors j’ai pas forcément un cv et un casier trop trop clean. Et je sais que tout le monde le sait. Et le pire dans tout ça, est que j’ai parfois dérapé dans le cadre du FCR… Par amour du maillot toujours !!! Je m’en suis toujours voulu mais je sais pas pourquoi parfois ça me prend aux tripes. Et quand c’est le club, les coéquipiers, ou les ptits gars, ça me transcende. Je sais pas pourquoi. C’est le FC Renardin… On dit souvent que le club de foot c’est une deuxième famille, bah quand comme moi t’as jamais vraiment eu de famille, c’est la première. Et on touche pas à la famille…

Bon, on verra bien. Il est compréhensif en même temps le coach, j’ai vu toute son empathie envers Kévin.

Aujourd’hui, je dois avancer dans mon rôle officiel de président du Club des Supporters. La priorité me parait être l’organisation. C’est important l’organisation. Si coach Remoulade avait pas autant réfléchi entre le 3-5-2 et le 4-5-1, qui peut dire qu’on aurait battu Laburne la semaine dernière ?! Face à cette évidence, la base de toute bonne organisation est d’avoir un bureau. Comme j’en ai pas chez moi, je me dis que le bar des sports semble être une bonne solution.
Mauvaise nouvelle en arrivant, Annie et Jean-Marc, un couple d’amis de Yvonne Remoulade souvent au stade, sont là. Je suis un peu tendu avec ça et me contente de commander une bière. Je voudrais pas qu’on me colporte une réputation erronée qui arrive aux oreilles du coach. Il sont gentils en plus je dis pas ça ! Mais comme ils sont profs, c’est normal ils sont un peu jugeant.

Avec cette frustration apéritive, rien. Wallou. Nada. Pas une idée de quoi faire pour développer le Club des Supporters. C’est vrai il est déjà vachement bien quand même. Avec le passage du demi à 60 centimes, Jeanine l’ancienne présidente avait déjà énormément développé le nombre d’adhérents.
Soudainement, il a fallu que les deux latéraux de l’US Leroltibo se pointent… Je me suis dit que je devais les ignorer, puis j’ai commencé à les entendre jacter de Renardin, de Kévin, qu’ils allaient nous mettre une fessée au retour, etc. Malgré moi la pression a fini par monter, leur latéral droit n’appréciant pas, selon lui, que je lui fasse remarquer que je comprenais même pas qu’un chinois se permette de parler de foot. C’est surtout qu’ils sont dégoutés qu’ont les ait toqués l’autre fois oui !!! Ils ont quand même vite bougé, ils savent que Renardin, c’est chez nous.

Le lendemain je décidais d’aller peindre les mains courantes du stade. Au moins, même sans inspiration j’avancerais sur quelque chose. Puis c’est quelque chose que monsieur Remoulade remarquera !! Je dois vite répondre aux attentes qu’il a de moi.
J’aurai finalement mis plusieurs jours à le faire. Mais beau résultat. Des mains courantes toutes blanches. J’ai l’impression en voyant le résultat que je rends une part d’amour que nous donnent les ptits gars les dimanches. Je suis content, je veux qu’ils aiment leur terrain, qu’ils en soient fiers ! Et là je peux vous dire qu’on voit le terrain de loin, de quoi mettre une pression d’avant match aux adversaires !

Il est nécessaire que mes fins de semaines soient plutôt calmes. Les dimanches sont encore plus fatigants qu’avant avec mes responsabilités. Je peux vous dire que gérer mes consos, les consos des autres, les gobelets, l’analyse du match, les cris d’encouragement, les cris sauvages d’intimidation, etc. ça use ! Donc aujourd’hui petites courses et repos.
Par magie, je tombe sur monsieur Remoulade au rayon dentifrice !

« Bonjour Jean-René.
Bonjour monsieur Remoulade comment allez-vous ?
Mal, d’ailleurs j’ai un service à vous demander.
Pas de problème coach je fais parti de la maison !
La mairie a encore dû envoyer l’autre bon à rien d’employé communal, il a dégueulassé toutes nos mains courantes. Je suis sûr que même un chômeur fera mieux, vous me referez ça alors.
Oui coach. »

Il est exigent le coach je le sais. C’est difficile parfois mais je sais qu’il veut que la rigueur nous fasse avancer. C’est un bon sentiment. D’ailleurs en ce moment je sens que j’avance dans ma vie. J’ai même enfin mon dentifrice, de quoi être tout beau pour le match de demain !


Jean-René

1 thought on “Derrière les mains courantes de Renardin

  1. Faut pas se laisser marcher sur les pieds Jean-René !
    pas votre faute quand même si le budget ne permet pas d’acheter de la duluxe valentine !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.