Du Leadership moderne selon Lizarazu…

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Barnabé vous offre un commentaire de texte du discours de la méthode Liza.

Bixente Lizarazu : le nouveau leader

« Au fond, un leader doit d’abord être le maître de son destin, le leader efficace da sa propre vie avant de pouvoir entraîner les autres. »

Qui a eu cette fulgurance : Machiavel ? Le Général de Gaulle ? Miyagi, le Maître dans « Karaté Kid » ?  Et ben non. Il s’agit de Bixente Lizarazu. Dans sa chronique de l’édition papier du Samedi 9 Octobre du Journal l’Equipe, intitulée « Leaders d’hier et d’aujourd’hui ».

Mais peut-on seulement parler de chronique là où il s’agit d’un véritable essai questionnant la notion de leader dans les sociétés humaines, sur une période de l’histoire moderne allant d’hier matin à aujourd’hui minuit, comme indiqué dès le titre en toute modestie comparative ? N’en doutons pas, c’est l’œuvre d’un futur grand que nous avons sous les yeux : la force novatrice d’une analyse aussi anticonformiste qu’un Michel Drucker un dimanche de 14h à 19h ; une originalité tellement rafraîchissante que l’on croirait sentir le doux vent sibérien nous caresser les joues un soir de février ; une capacité à éviter les lieux communs hors normes. Comme dirait Luis : mais jusqu’où s’arrêtera-t-il, le Bichènte ?

Ne boudons pas notre plaisir et suivons Bixente :

1- Définissons avec originalité les qualités d’un leader

Presque cinq cents ans après Machiavel, Bixente décide qu’il est temps de mettre à jour les travaux de l’auteur du Prince et se lance dans l’énumération des qualités d’un leader : « le talent, l’intelligence, le charisme, l’agressivité ». Une qualité est indispensable : la « légitimité ».

Déjà stupéfait par tant de révélations déversées d’un seul coup, le lecteur est mis en garde – achtung ! – il y a des « faux leaders ».  Dans son juste mais âpre combat contre les idées reçues, Lizarazu assène : « Il y a en revanche une « fausse qualité », le leader « grande gueule ». Celui qui parle tout le temps n’entraîne personne, il agace ». Ô rage ! Ô désespoir ! Lizarazu s’entendra-t-il lui-même, lui qui s’écoute tant ?

S’ensuit une série d’exemples de leaders ratés où l’on apprend pêle-mêle que Mourinho était nul comme joueur, qu’Henry n’était plus un bon capitaine car il était sur le banc et que Diarra « a tout pour être un leader, le gabarit, l’expérience, l’esprit guerrier ». Place au « gabarit » comme critère de leader, maintenant. Dans la même lignée, on apprend que Kahn et Effenberg étaient des « guerriers ». Bonus « j’ai mentionné le Bayern ».

2- N’oublions pas Zidane !

Une bonne chronique est une chronique où l’on mentionne au moins une fois Zidane. Quand on a été « proche » de Dieu, il est indispensable de le faire savoir en révélant des choses inédites à son sujet. C’est ce que réussit Lizarazu dans un formidable triplé (c’est moi qui souligne):

« Zidane était surtout un leader technique. Par son talent, il détenait les clés du jeu car il aimantait tous les ballons. » . Mais qu’est-ce qu’on en apprend des trucs, dis-donc. Trois nouveaux chapitres du Manuel de savoir parler-foot pour le prix d’un exemplaire de l’Equipe.

3- Créons allégrement de nouveaux concepts : le « leader autonome »

« Après, il y a des leaders « autonomes ». Barthez, Thuram ou Petit n’avaient pas besoin qu’on leur explique la vie […] C’est le profil de Malouda. ». Et oui, Malouda n’a pas besoin qu’on lui explique la vie. Il sait comment on fait les bébés.

Un leader autonome, en somme, c’est quelqu’un qui peut être leader tout seul, en autonomie. Il n’a même pas besoin de ses coéquipiers, il s’auto-lead, si vous voulez.

4- Ne parlons plus de moi, ça me gêne…

Mais poursuivons, car toute cette histoire ne sert qu’à introduire un grand moment de modestie tellement touchante que…bon, qu’on est tous touchés:

« A Bordeaux, lorsque je fus capitaine, je me sentais l’âme d’un leader prêt à guider un collectif. »

Oui, parce que, voyez-vous, il y a des leaders sans âme et qui ne sont pas prêts à guider un collectif. L’idée même de groupe de plus d’une personne les répugne : ce sont probablement des leaders « autonomes ».

Suite à une pubalgie, Liza perd ses moyens physiques et sa confiance. Mais comme tous les grands, il ne se laisse pas démonter: « J’ai été contraint de me centrer sur moi et j’ai basculé vers un profil de leader autonome. »

C’est confirmé, un leader autonome c’est bien celui qui s’auto-lead juste lui, tout seul. Il bascule vers lui-même. Imaginez donc le terrible sacrifice au profit de la collectivité reconnaissante, imaginez le calvaire pour un personnage aussi pudique.

4 – Sachons conclure en explorant les perspectives futures tout en préservant une part de mystère

Une fois enfoncées les portes ouvertes consistant à dire que Mexès et Benzema ne peuvent pas être des leaders tant qu’ils « ne sont pas indiscutables dans leur club », voici que Larqué fils explore l’avenir en se posant des questions tout seul alors que le pauvre lecteur n’as pas le moindre souvenir de lui avoir demandé son avis :

« Ribéry ? Il n’est pas assez cadré pour l’être. »

Après avoir déjà encaissé l’intelligence, le talent, l’agressivité, le charisme et la légitimité, suivis d’un changement de cap avec l’introduction du « gabarit » comme critère de leadership, le lecteur a de quoi être désarçonné en apprenant qu’en plus de tout ça, il faut être « cadré ».

Hélas, ce n’est pas fini, puisqu’on apprend également que Lloris doit se libérer « de sa timidité » et de gagner « en maturité » et en « sang froid ».

A ce stade, si le lecteur croit être arrivé au bout de la liste de toutes les qualités humaines possibles et imaginables, au bout des expressions usées comme un Vieira perclus de rhumatismes, il se trompe lourdement :

« Si la quête des leaders est indispensable, il faut aussi dénicher les moutons noirs qui gangrènent le groupe ».

A la limite, on aurait pu imagine pareille enfilade de clichés dans la bouche d’Alexandre Astier, du style : « Si la quête du Graal est indispensable, il faut aussi dénicher des brebis galeuses dans mon armée de bras cassés ». Sauf qu’Astier, lui, il fait exprès d’être drôle…Bon, mais admettons, cherchons les moutons noirs qui gangrènent etc, etc. Qu’en pense Lizarazu ?

« Ca peut paraître plus facile mais ce n’est pas toujours le cas… »

Conclusion mystère. Avec les points de suspensions obligatoires, chargés de lourds sous-entendus que seul l’initié Bixente Lizarazu possède.

La recette

Résumons-nous et passons en revue les ingrédients nécessaires à la composition d’une chronique réussie. Bixente Lizarazu pense que pour être leader il faut : être maître de son destin, être guerrier,  avoir le talent, l’intelligence, le charisme, l’agressivité, la légitimité, l’expérience, le gabarit, être cadré, se libérer de sa timidité, gagner en maturité, gagner en sang froid. Pour justifier ce « raisonnement », il suffit d’inventer un concept fumeux, le « leader autonome », puis de rappeler que Zidane était « un leader technique » qui « détenait les clés du jeu » car il « aimantait tous les ballons ». Pour compléter tout ça, il faut lister un certain nombre de joueurs en leur accolant des adjectifs ou caractéristiques listées ci-dessus. Afin de rajouter un peu de goût, l’auteur nous impose un paragraphe à la gloire de sa grandeur passée, ainsi que deux ou trois « moutons noirs » qui « gangrènent le groupe ».

Et voilà. Suffisamment de mots pour remplir une chronique. Il ne manque que les points de suspensions pour la conclusion…

14 thoughts on “Du Leadership moderne selon Lizarazu…

  1. Ben en même temps Vincent « Moi-je » Liza il officie à TF1 et RTL. Faut pas demander trop non plus. Il est au niveau.

  2. Moi je ne peux pas comprendre car je ne suis pas un leader.
    Je vais dire ca a mon patron, mais je dois dire qu il ne joue pas au football donc il n est pas technique. Ses parents sont riches, donc niveau legitimite. Il est chauve et petit, mais c est vrai qu il est vachement agressif.

  3. Putain j’ai rien compris, Michel Drucker est le leader d’Oliver Khan? Et Ribery il est pas leader technique , pourtant il aimante les ballons et les Mexicains, ça compte pas un Mexicain? Et si Thuram, Petit ( c’est le Francis qui va être content), Barthez, Lizarazu donc, en fait DD et Laurent Blanc étaient co-leader( tient y’a rien la dessus) de Guivarch et Diomède ? Et quand au Bayern tu met une tarte dans la gueule a ton leader alors que toi t’es leader autonome est-ce que du coup Ribéry a le droit de chier dans tes gants pour rigoler ? C’est pas clair tout ça.

  4. Donc la tarte n’était pas pour Khan mais pour Matthaüs, honte sur moi et ma famille , encore je me suis dit après coup que sans doute , pour ça Khan l’aurais mangé avec un peu de choucroute et un ou deux litres de bière.Cela dit, ça m’a permis de retrouver une vidéo avec les différentes marque de respect pour les leaders, qu’ils soient leaders, leaders autonomes, leaders techniques, ou leader price.
    http://www.monsieurbuzz.net/bixente-lizarazu-met-une-claque-a-lothar-matthaus-video-4311

  5. En fait, Bixente nous explique simplement la difference entre un bon et un mauvais leader. Le bon leader, il mène les hommes au combat tu le sens. Le mauvais leader, il mène les hommes au combat, tu le sens. Mais c’est un mauvais leader..

    Pour prendre la défense du surfeur, on ne peut pas lui reprocher de parler de ce qu’il connait : Le Bayern et son passif en Bleu ; ça parait donc logique qu’il cite les leaders qu’il a lui même connu.

    On critique assez ceux qui parlent sans connaitre les personnes dont ils parlent. C’est un coup à finir dans les proses du jour cette phrase..Mais vous avez compris le policier.

    Maintenant Barnabé il faut faire une contre enquête qui va beaucoup plus tâcher le monde du football :

    Qui sont les suiveurs ? Les sans personnalités ? Les « attend moi je ne descends pas du bus si Titi il a dit que faut pas » ?

  6. Petite remarque pour Barnabé après 4 c’est 5.
    C’est soit les math soit la littérature, moi aussi j’ai choisi. (Moké ne saura me contredire)

  7. @pivi : je la connais celle là !
    La réponse est : 10. Ceux qui savent compter en binaire et les autres.
    J’ai bon ?

  8. ça me tracasse depuis ce matin cette histoire de leader vu par notre basque germanophile. Oui, ça me perturbe, ça me trotte dans le ciboulot, ça me surchauffe le neurone. Certes Vincent Liza a fait un séjour prolongé chez les Goth et ceci explique peut-être cela : cette approche toute particulière du leadership. Ou bien alors il a passé son BAFA récemment, tout récemment et il est en pleine phase d’assimilation des concepts concentrés qu’on lui a balancé pendant le temps de travail « fonctionnement et dynamique des groupes ». Laquelle des deux options est la moins pire ? Va savoir camarade !

  9. Moke, est-ce que Lizarazu parle des leaders qu’il connaît quand il parle de Malouda ou de Diarra?
    Est-ce que Bixente était réellement un leader même seulement autonome quand il n’était pas indispensable du tout à Marseille?
    Est-ce que c’est une bonne idée de se citer en leader quand on a réussi l’exploit de mener Zidane Tholot Witschge Dugarry Bancarel lui même et j’en oublie auw portes de la D2?

    Putain j’ai l’impression d’être revenu 1o ans en arrière en classe de philo. Bon et Moke va me fouetter le cul parceque j’ai presque donné mon âge?

  10. Hamada, il y a dix ans tu avais déjà un souci de lecture ou ce sont les femmes locales avides de ta queue qui te forcent à lire ce que Moké dit, rapidement et en diagonale ?

    Lizarazu me parait légitime lorsqu’il parle du Bayern ou de Zidane.

    Un peu comme Dugarry avec le Z. Moké deteste Christophe mais c’est un des meilleurs potes de Zidane, donc il y a moyen qu’il connaisse mieux que nous le joueur, l’homme, sa maitresse, son sang nettoyé, tout ça …

    Moké s’en fout du basque mais tu ne peux pas douter de ce qui apparait comme logique. Que son reste d’analyse soit plan plan et démago, oui.

  11. Comme le disait l’autre, je suis peut être pas expert mais y a quand même un truc qui m’est monté au cerveau : cette histoire de leader autonome c’est génial. C’est un concept basque ? Je pense qu’on devrait penser ce concept en parallèle à celui d’influencé indépendant. Est influencé indépendant toute personne prise dans un effet de groupe de manière tout à fait personnelle.

  12. si la chronique de Liza n’a pas grand intérêt, que dire de l’article sur la chronique de Liza…

    Et si on écrivait un pamphlet sur l’article sur la chronique de Liza pour expliquer que c’est sans intérêt ?

  13. @pianto:

    Pour ce que j’en ai compris, il me semble que le Barnabé en question ne dit jamais exactement que la chronique de Liza est sans intérêt. Au contraire, elle est fascinante de médiocrité et c’est le procédé consistant à empiler des clichés qui est mis en évidence ici. Procédé d’autant plus facscinant qu’il est présenté comme un point de vue expert dans un journal à énorme tirage, précisément là où on attend que l’opinion d’un ex champion du monde nous éclaire.
    Je me demande ce que ça donnerait appliqué à des textes des grands quotidiens politiques en période d’élections, par exemple…

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