La Forez Académie raconte le merscato – Episode 10 : joueur tendre et tête en bois

Après un mois de décembre catastrophique, les Verts doivent relever la tête dès le début de l’année pour ne pas griller leur bon début de saison. Et si les 2 présidents annoncent qu’il faut recruter, ils ne semblent pas avoir les mêmes priorités. Pendant ce temps là, Eirik Birkelund et Yohan Mollo ont débarqué.

Romeyer : Salut les gars. Bon, après ce mois décembre de sampillon, où on s’est applaté dans les grandes largeurs, on était tous d’accord pour recruter.

Galtier : Oui, je crois qu’avec les départs de Faouzi et Max à la CAN, plus les blessures de Nicolita, ou Alonso, il nous fallait recruter.

Rocheteau : Oui, même si je n’aime pas trop ce…

(Caïazzo, encore en retard, rentre dans la pièce avec fracas)

Caïazzo : Salut les gars ! Alors, vous avez vu ce que je lui ai mis à Aulas dans la presse ? Hein ?

Romeyer : Pfff… Mais foutu badabeu, t’as pas vu que tu t’étais encore fait reprendre derrière, comme un vulgaire galapiat ?

Caïazzo : Ben oui, mais j’ai encore répondu derrière. Attends, je vais pas me laisser faire, moi aussi je suis fier d’être stéph…

Romeyer : Mais arrête de bajafler avec les journaleux ! Vous allez vous manchonner avec la q’nelle d’en face, mais au final, on va encore passer pour des bobiats quand on va les jouer sur l’terrain !! J’ai bien r’tenu la l’çon du dernier derby. Et avec la chance qu’on a, si on passe dimanche en Coupe de Freuance, c’est au prochain tour qu’on s’les camphre ! Alors arrêtons d’faire les faramelans, et concentreuons nous sur l’merscato.

Caïazzo : Oui, mais tu m’as dit que…

Romeyer : Fouilla Bernard tais toi ! Moins t’en dit et mieux on s’porte. Beuon, on parle un peu des recrues parce que j’ai que’ques questions à vous poser. On va commencer par l’Biquelound là.

Rocheteau : Eirik Birkelund. International norvégien de moins de 19 ans, il était milieu offensif au SK Brann.

Romeyer : Oui, beuon, quand t’es v’nu m’en parler, j’ai cru que tu voulais installer une nouvelle armoire suédoise dans ton bureau. J’aurais préféré d’ailleurs, ça m’aurait coûté moins cher, ‘fin bref. Mais vous en avez pas marre d’prendre des pillots tout juste sortis des jupes d’leur mère, hein ? L’année dernière, on avait pris l’Ravet et l’Aleksic. Résultat : y’en a un qui est prêté, l’autre qui joue pas. Vaudrait pas mieux prendre du briscard, neuon ?

Rocheteau : C’est notre politique Roland. On prend des jeunes à gros potentiel en post-formation, et on voit si à l’avenir ils peuvent intégrer le groupe pro. On aura des déceptions c’est sûr, mais l’avantage c’est que ça coûte peu cher à l’achat, et que ça peut rapporter gros.

Romeyer : Oui, beuon, forcément si tu m’prends par les sentiments. N’empêche que tous ces jeunes, faudrait voir à les encadrer par un taulier. Quand on commence à prendre l’eau, c’est toujours utile d’avoir un grognard qui rm’et les choses dans l’beuon sens. Attentieuon les gars, chui pas en train d’appéger l’jeune là hein ? En plus, si ça s’trouve, si j’cogne trop fort il va nous tomber en morceaux le joueur en kit.

Galtier : Pas trop de souçis de ce côté-là. J’ai vu le morceau, et si ça vaut pas un Bayal, c’est quand même pas non plus une crevette. Il me plaît bien vu de l’extérieur.

Romeyer : Bueon, ben on verra par la suite. Mais je préfèrerai qu’on arrête un moment avec les mâtrus qui ont encore des dents d’lait. Ensuite, on a récupéré un autre là, Moulachiquo…

Rocheteau : Yohan Mollo, milieu de Nancy, 23 ans, bon tireur de coups de pieds arrêtés, 3 buts et 4 passes décisives jusqu’à présent.

Romeyer : Ouais, j’ai vu ça. Pas mal le pillot, mais il m’a l’air d’avoir une sacrée réputation d’anganche, neuon ?

Galtier : Tu sais Roland, s’il est encore jeune, dans la mentalité, il peut avoir ce que tu recherchais : un grognard capable de gueuler, et de remettre l’équipe sur les bons rails quand ça va moins bien. J’ai déjà eu des joueurs à caractère avant, je pense pouvoir le canaliser.

Romeyer : J’te fais confiance Christophe. Et puis s’il est pas content, il viendra faire un tour dans mon bureau. Et on verra qui c’est qui finira à cacasson. L’est pas encore né l’mâtru qui f’ra plier l’Roland, j’vous l’dit. En plus, il est prêté sans optieuon d’achat donc si ça s’passe mal, il retournera dans sa quiche à Nancy, ça s’ra pas mieux simple t’sais. Bon allez, j’vous laisse bosser, essayer d’voir si on pas encore trouver une bonne affaire, mais pas trop cher hein ? Bernard, tu fais quoi avec ton portable, tu boudes ?

Caïazzo : Non, j’envoie un texto à Labrune. J’essaie de voir si je ne peux pas aller me faire un resto sur la Corniche avec lui, il fait bon en ce moment à Marseille.

Romeyer : Oui, ben n’hésite pas à lermuzer un peu là-bas, et surtout, tu ne parles pas aux journaux ! Allez, la bise mes b’lets.

Alors, Roland sera-t-il convaincu par Mollo et Birkelund ? Rocheteau et Galtier trouveront-ils la perle rare ou devront-ils se contenter d’un joueur au rabais ? Caïazzo aime-t-il la bouillabaisse avec de la rouille ? La suite au prochain épisode…

Roland Gromerdier

Vocabulaire :

–         A cacasson : accroupi,

–         Anganche : personne pénible,

–         Appéger : donner un coup,

–         Applater : tomber lourdement à plat,

–         Badabeu : niais,

–         Bajafler : parler à tort et à travers,

–         Belets : Agneau, utiliser aussi avec une certaine tendresse pour parler d’un proche. Souvent prononcé « b’let »,

–         Bobiat : idiot, simplet,

–         Camphrer : cogner,

–         Faramelans : prétentieux,

–         Galapiat : garnement,

–         Lermuzer : lézarder,

–         Mâtru : enfant, petit,

–         Mieux : plus,

–         Moulachique : mou,

–         Pillot : petit enfant, poussin,

–         Sampillon : personne peu soigneuse,

–         Se manchonner : se battre.

Rendons ici hommage au « Cri du Pillot », qui paraît régulièrement dans le Progrès, édition stéphanoise (pas l’autre qui sent la quenelle), et dont le format de cette fiction est inspiré. Toutes les expressions, et bien d’autres encore, peuvent être retrouvées ici et là.