L’Anatolie Académie fait son entrée

Por qué l’Anatolie Académie ?

« Je n’aime point un peuple qui n’a été que destructeur et qui est l’ennemi des arts » (Voltaire -XVIIIe siècle)

Voici la seule référence crédible, et française, à propos du football turc. Il sait donc pas que c’est pas bien d’être raciste, que c’est mal ? Oui, c’est ce que je pense sous mon fez. Ma question précédente devient alors « Pourquoi ne pas donner un aperçu, de source valable, du football turc à un public averti et français ? » On a envie de répondre « Non, mer- » que je couperais très vite par « Et pourquoi pas ?!« . Nombreux sont les Turcs, à suivre le championnat national nommé cette année Spor Toto Süper Lig que ce soit dans les cafés turcs, ou dans la presse qui s’y dévoue passionnément à travers des transmissions récurrentes sur trois équipes. Les stades généralement bien fournis lors des matchs et bien animés contribuent à cette passion turque du football. Il peut aussi se passer dans ce championnat des choses agréables comme une petite équipe réalisant l’impossible en devenant championne (bon c’est arrivé une fois en 27 ans), mais surtout il peut s’y passer une affaire de matchs truqués qui fait dire n’importe quoi à n’importe qui, et même qui fait ressortir le caractère primate de certains supporters de Fenerbahçe. En bref : le futbol chez les Ottomans, ça marche.

Pourquoi ici ? Si vous êtes consanguin, vous pouvez vous marrer en regardant Moussa Sow qui joue dans un futur club de D2 turque, et si vous êtes français, vous pourrez suivre le jeune espoir Alfred N’diaye qui promet pour l’avenir. Bon ça fait pas grand chose, comme un symbole de relations franco-turques. Mais si je devais être honnête, je dirais que seul le lecteur de horsjeu.net cerne les éventuelles subtilités de mon premier paragraphe. Mais surtout imaginez-vous, et je sais que vous le pouvez, dans votre kebab préféré, payant l’addition en entamant une discussion sur la Süper Lig en prononçant correctement le nom de l’équipe de la petite ville d’où est originaire « chef » (même si en réalité, « chef » se fout de sa ville puisqu’il soutient forcément une équipe d’Istanbul pour un motif vide). Ceci provoquera la bonhomie de « chef » qui vous offrira un loukoum, voir un thé fait maison et pourquoi pas, plus de frites la prochaine fois. Voilà qui doit être convaincant pour une personne qui a souvent faim très tard la nuit, et que le seul restaurant éventuellement ouvert à ce moment là est le Galatasaray.

Enfin pour terminer, un petit lexique phonétique :

• Ankaragücü (Anne-qu’a-rat-gu-dju)
• Besiktas (Baie-chique-tâche)
• Bursaspor (Bourre-sas-porc)
• Eskisehirspor (Est-ce-qui-chez-Hyre-ce-porc ?)
• Fenerbahçe (tricheurs)
• Galatasaray (tricheurs pas pris)
• Gaziantepspor (Gaz-hi-han-tèpe-ce-porc)
• Gençlerbirligi (Gaine-tch-l’air-bire-li-i)
• Istanbul Büyüksehir Belediyespor (Istanbul bébé)
• Kardemirçelik Karabükspor (Quart-des-mires-tch-é-lique Quart-a-bu-que-ce-porc)
• Kayserispor (Caille-série-ce-porc)
• Mersin Idman Yurdu (Merci-ne Hideux-man Yourde-ou)
• Medical Park Antalyaspor (Medical Park En-tale-y’a-ce-porc)
• Manisaspor (Mane-Issa-ce-porc)
• Orduspor (il sort d’où ce porc ?)
• Samsunspor (Samsung-ce-porc)
• Sivasspor (Six-vasses-ce-porc)
• Trabzonspor (voire Christian Jean-Pierre, Lille-Trabzonspor, 2011, TF1)

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La ballade bleu-pisse

Dans une contrée lointaine n’aimant pas trop l’animal qui mange sa propre merde, se trouvait un championnat où toute saleté était alors planquée sous le gazon. Jusqu’au jour où une équipe aux couleurs du ciel et de la pisse décidait de mettre la main profond dans la poche pour y chercher une pièce dans le but de faciliter sa route vers la victoire. Cette malhonnête main ignorait certainement que non loin de cette poche, s’y trouvait une couille, une grosse couille. Fut donc découverte cette vilaine tricherie qui secouait le pays, les équipes et les supporters. Les prisons accueillaient les fautifs. Chefs de la fédération se réunissaient alors pour décider du sort des vilains bleu-pisse et de ses complices, mais testicules furent rangés : aucune décision ne fut prononcée…

Mais, la peur du grand Platoche permit aux chefs dans un élan de courage de disqualifier les bleu-pisse de la ligue des Grands. Les chefs n’étant pas satisfaits, décidèrent en dernier instant afin que cette embarrassante histoire ne se répète, d’adopter un système utilisé en Flandres et Wallonie nommé « play-offs ». Le mariage kebab-frites fut un succès. En sera-t-il autant des play-offs et de la Spor Toto Süper Lig ?

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Mais c’est du foot ?

Finies les histoires, je vais tenter avec un ton nasillard et ennuyeux d’expliquer le système des play-offs adopté en Turquie. Mais avant de commencer, je ne sais pas si c’est le même que celui des Belges, je n’ai pas essayé de le comprendre faut pas déconner. Officiellement, les play-offs ont été mis en place pour rehausser le niveau du football turc qui est un peu à la traine ces temps-ci, les clubs turcs ne sont pas présents sur la scène européenne et l’équipe nationale fut disqualifiée logiquement de l’Euro 2012. Officieusement, ce système permettant à une équipe située jusque la 8ème place de prétendre à une qualification en compétition européenne est une tentative de frein à la corruption. La logique laisse penser qu’en ayant une chance de se qualifier pour l’Europe, on se laisserait moins corrompre pendant le championnat.

Passons aux détails techniques. Dix-huit équipes composent le championnat turc, celles-ci se rencontrent dans le cadre d’un championnat tout à fait classique, avec une fréquence de matchs par semaine plus élevée que la Ligue 1, par exemple, ceci dans le but de laisser du temps pour les play-offs. À la fin de ces journées, les 3 derniers du classement sont automatiquement relégués en deuxième division (nommée 1.Lig Bank Asya).

Les équipes ayant fini entre la 8ème et la 5ème place sont qualifiées dans une poule nommée Süper Final Avrupa Ligi Grubu (comprenez la super finale de la ligue pour l’Europe). Les points obtenus durant la saison seront divisés par deux puis arrondis à l’entier supérieur et les goal average remis à zéro. Les équipes s’affronteront en match aller-retour façon poule de Ligue des Champions. L’équipe finissant première de cette poule jouera une finale contre le dernier de la poule Süper Final Sampiyonluk Grubu (la super finale du groupe pour le titre de champion) que je décris maintenant. Les trois derniers auront achevé leurs saisons.

Les quatre premières équipes finissent donc en Süper Final Sampiyonluk Grubu avec les mêmes modalités que précédemment. Cette fois-ci, l’équipe finissant première est proclamée championne et est qualifiée en Ligue des Champions, la deuxième est qualifiée au troisième tour des qualifications de la Ligue des Champions, la troisième est qualifiée au troisième tour des qualifications de l’Europa League. La quatrième équipe jouera une place pour le deuxième tour des qualifications de l’Europa League contre le premier de la Süper Final Avrupa Ligi Grubu.

Les modalités pendant les play-offs sont les mêmes que dans le championnat, à savoir 3 points par match gagné, 1 point en cas de match nul, et aucun en cas de défaite.

Équipes jouant la Süper Final Avrupa Ligi Grubu : Bursaspor, Eskisehirspor, Istanbul BB, Sivasspor.
Équipes jouant la Süper Final Sampiyonluk Grubu : Besiktas, Fenerbahçe, Galatasaray, Trabzonspor.

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On dirait que oui.

Après cette petite suée, il est temps de passer aux résumés de la première journée des play-offs :

Bursaspor 0 – 4 Sivasspor (j’aitrichémaispastrop)
Ce résultat qui parait difficile à digérer pour les crocodiles verts de Bursaspor, arrive en fait après une victoire de ces derniers 4 buts à 1 en quart de finale de coupe quelques jours avant contre Sivasspor, comme un symbole de vaseline avant une pénétration non désirée. Ce match était une chance idéale pour Sivasspor pour laver son honneur après l’humiliation subie en coupe. C’est donc chose réussie, et cette victoire permet à Sivasspor de prendre la tête de la poule pour les qualifications européennes. À noter qu’a été refusé le premier but du match marqué par Pinto (Bursaspor) pour une faute qui n’en était pas une. Arbitres du monde, on a pas les mêmes yeux, mais on fait les mêmes erreurs.

Istanbul BB 1 – 1 Eskisehirspor

C’est dans un stade de 80.000 personnes vide que s’est jouée cette rencontre. Istanbul BB n’a pas d’identité, donc presque pas de supporter, c’est à se demander pourquoi cette équipe existe. Enfin maintenant qu’ils sont là, l’hospitalité orientale exige de les chérir. Si vous vouliez séduire une fille facilement, il aurait fallu regarder ce match dans le noir avec elle. L’ambiance hantée des tribunes était un cliché de film d’horreur qui aurait précipité la belle dans vos bras. Eskisehirspor ouvre la marque dans ce match globalement équilibré, rate l’occasion de terminer le match sur un face à face raté lamentablement par Kamara et se fait rattraper par un joli but de la tête de Doka.

Bleu-Pissebahçe 2 – 0 Trabzonspor
Deux bandes rivales s’affrontent sous les yeux des familles embourgeoisées supportrices de Fenerbahçe. Match intense donc avec exagération des chutes, beaucoup d’occasions des deux côtés et une belle frappe de Baroni qui permet à Fenerbahçe de marquer en premier. Ce même Baroni récupèrera un ballon en deuxième mi-temps dans un milieu de Trabzonspor complètement égaré et offrira à Moussa Sow (enfin un nom familier) un but qui achèvera le match. Ce score permet à Fenerbahçe de garder la pression sur Galatasaray au classement et d’éloigner une éventuelle remontée par derrière de Trabzonspor : la peur aux fesses n’est plus.

Besiktas 0 – 2 Galatasaray
Match qui se joue dans une ambiance qu’on est habitué à voir à l’Inönü Stadyum : supporters issus de la crasse populaire qui crient comme des demeurés, parfois au point même de déranger leur propre équipe. Les Aigles du Besiktas sont dans une mauvaise phase, l’équipe ne fait pas rêver malgré un effectif qu’on a envie de qualifier de correct, mais d’outsider dans cette poule. Galatasaray ouvre la marque par Melo sur un hors-jeu(.net) non signalé par l’arbitre assistant, Melo qui aime se mettre à quatre pattes et se tortiller pour célébrer ses buts. Pourquoi pas. S’ensuit des offensives inefficaces de Besiktas, et un but de Aydin (Galatasaray) par une frappe qui éclate sur le poteau avant de rentrer dans le but.

Discussion autour d’un thé :

1.Sivasspor        28
2.Eskisehirspor  26
3.Istanbul BB     26
4.Bursaspor       25

Belle opération pour Sivasspor qui prend la première place. Cela dit rien est assuré vu l’écart minime de points entre les équipes (sans déconner). Eskisehirspor jouera Bursaspor en demi-finale de la coupe de Turquie qui garantit une place au vainqueur de celle-ci, au quatrième tour des qualifications de l’Europa League. Ces deux équipes vont certainement se concentrer plutôt sur cette demi-finale que cette poule où même en cas de première place il reste la possibilité de rentrer bredouille. Sivasspor pourrait donc en profiter.

1. Galatasaray  42
2. Fenerbahçe   37
3. Besiktas        28
4. Trabzonspor  28

L’écart est net entre les deux premiers et les deux derniers. Le championnat va se jouer entre Fenerbahçe et Galatasaray et le match décisif de la deuxième journée qui les opposera (sur le terrain de Galatasaray) promet en (spec)tacle et autres provocations. Rendez-vous donc pour le grand derby, le plus grand derby d’Europe, du monde, suivi dans le monde entier. La modestie n’est pas le fort de la presse stambouliote. Quand à Besiktas et Trabzonspor, ils vont se battre pour ne pas finir en quatrième position, place qui peut retirer du calendrier de l’an prochain toute compétition européenne. Matches intéressants en vue.

Votre modeste serviteur,

Hakan Direktendöndü.