L’Anatolie Académie : le retour de la vengeance
L’objectivité est dans sa nature. Focus sur la Turquie.
Patience
L’Anatolie attendait patiemment. Patiemment le coucher du soleil avec lequel allait s’associer la levée de la coupe par des bras de certaines couleurs. Couleurs qui allaient être déterminées lors de l’ultime confrontation entre les jaunes et bleus et les jaunes et rouges.
L’Anatolie attendait patiemment. Patiemment la décision du Dieu du foot qui allait montrer à l’issue de cette journée, s’il était ironique ou s’il était juste. S’il était destructeur ou s’il était bienveillant. S’il était pour Fenerbahçe ou non.
L’Anatolie attendait patiemment. Patiemment la fin de cette année de championnat au goût de triches, de coups de téléphone « Vas-y balance l’argent » « Oui, monsieur le Président », de procédures judiciaires à rallonge et de crimes finalement impunis.
L’Anatolie attendait patiemment. Patiemment son apprenti académicien qui essayera d’exprimer par son modeste talent ce qu’il s’est passé dans la dernière page du championnat de son pays. Pays ô combien apprécié des Français… dans la cuisine.
L’Anatolie attendait patiemment. Patiemment mais pas pas sciemment. Car l’Anatolie savait qu’en fin de journée, allait se divertir si Fenerbahçe perdait le titre lors de la dernière journée, encore une fois. Cela serait signe de retour à la préhistoire des supporters canaris.
Et l’Anatolie en avait un peu ras le göt.
Excitations
Les huit protagonistes se retrouvaient une dernière fois pour clôturer la mascarade qu’était le championnat de cette année. Fédération complètement à la rue, comme un symbole de drapeaux étrangers le 6 mai. Mais l’heure n’est pas au bilan, car ce n’est pas fini : il reste la finale de la coupe nationale à jouer, et dans la continuité du bordel que devient le foot au raki il peut se passer des choses. Ce n’est donc pas un « au revoir mon frère ! » mais un « il en reste encore, tu n’as pas fini ton kebab ! ».
Besiktas 1 – 1 Trabzonspor
A l’Inönü Stadyum allait se jouer la place pour l’Europa League entre le quatrième et le troisième de la poule, respectivement Besiktas et Trabzonspor, tous deux à 32 points avec un goal average favorable à Trabzonspor. Le gagnant de ce match se voyait donc qualifié d’office pour le troisième tour préliminaire de l’Europa League, formation offensive pour les deux équipes qui décidaient de jouer haut ce qui avait comme conséquence des contre-attaques à foison en première mi-temps, jamais concrétisées. Seul fait marquant de la première mi-temps : petite altercation entre Burak et Ernst dans la surface, les deux finissent au sol, Ernst se lève et dit quelque chose à Burak (sans doute sur sa sœur) qui était en train d’avoir mal, ce dernier anesthésié par cette probable insulte se lève et fonce vers Ernst pour lui coller ses phalanges dans le cou. L’arbitre siffle la mi-temps, puis carton rouge.
La deuxième mi-temps commence donc avec un Besiktas dominant et avantagé par son surnombre qui trouve la marque par Holosko (69, minute érotique) à la suite d’un corner, repoussé, renvoyé, cafouillage, ballon qui tombe devant, frappe, poteau, petit filet opposé. Ce sera Quaresma ensuite -qui aura bien embêté l’aile droite de Trabzon- qui pénètrera dans la surface, pour servir Almeida qui à deux mètres des buts vides, envoie le ballon au minaret (83e). Deux minutes plus tard, Trabzonspor récolte un coup-franc qui sera tiré puis transformé par Olcan (85e) et son bon pied gauche. Puis, l’attaque à onze et les longs ballons de Besiktas aboutiront à une frappe dangereuse de Simao repoussé fermement par Tolga (87e) et une frappe en toute fin de partie encore de Simao qui frôlera le poteau gauche de Tolga battu, finissant sur une publicité. Coup de sifflet final, Trabzonspor heureux d’empocher à 9 (carton rouge pour Colman, 96e) le ticket pour l’Europa League.
Istanbul BB 0 – 4 Bursaspor
Une équipe moyenne à la défense douteuse contre une équipe en grande forme offensive. Même si le foot parfois peut amener des surprises, ici la froide logique objective a décidé de ce match. Un Batalla en très grande forme (2 buts, 1 passe décisive) et un Pinto qui n’arrête pas de marquer (1 but). Impatient de voir ce que vont faire les deux latinosses contre Fenerbahçe en finale de coupe.
Le premier but est amené par Hakan, qui se promène façon champs-élysées dans le milieu de terrain d’Istanbul BB pour donner à Batalla, qui, pas du tout gêné par une quelconque opposition, frappe le ballon là où Coupet l’aurait arrêté, mais pas Osuzhan (41e). Peu après, Ozan par en contre pour un face à face avec le gardien, mais ses yeux derrières la tête indique que le numéro 10 légitime de l’Argentine Batalla est derrière, il donne généreusement mais un peu derrière, le petit Argentin arrive tout de même à frapper en lob de façon à rendre inefficace le dernier défenseur resté près de la ligne (45e).
Deuxième mi-temps sans pression donc pour Bursaspor, Batalla servi par Sestak rate de peu le coup du chapeau. Ça viendra mon petit. Hakan récupère le ballon pour l’envoyer à Pinto face au dernier défenseur, Batalla coupe derrière, Pinto talonne, Batalla passe de l’extérieur du pied-frivolité entre les deux derniers défenseurs replacés, Pinto conclut (60e). Doka aggravera le cas de Istanbul BB puisqu’il sera expulsé pour avoir insulté l’arbitre assistant (74e), et Hakan débordera de la droite pour centrer sur Turgay entré en jeu à la 69ème minute, qui, esseulé, mettra de la tête le ballon en lucarne (80e).
Sivasspor 1 – 3 Eskisehirspor
Ces deux équipes impliquées dans l’affaire des matchs truqués se rencontraient sur le champ de Sivas. Puisque Bursaspor était déjà qualifié en Europa League car finaliste de coupe, Eskisehirspor espérait une fleur de Bursaspor afin de pouvoir monter à la première place de la poule, pour rencontrer Besiktas afin d’obtenir une place en Europa League. Sauf que Bursaspor ne mange pas de ce pain, il n’y a pas de match à perdre chez les honnêtes crocodiles. Puis, le tricheur plaint la morale de l’honnête. Marrant.
Ce match sans enjeu donc, s’est fini sur le score de 1-3.
Spectacle !
Fenerbahçe 0 – 0 Galatasaray
« … »
« Bon ça me pète les pieds je vais faire une petite pause… »
« …19:00 Fenerbahçe – Galatasaray… heure locale… »
« …et il est 17:27. »
« 19:00 – 1 = 18:00 »
« PUT- »
C’est avec 20 minutes de retard, merci le métro quand même, que je suis arrivé devant la grande finale, l’épique conclusion, celle que tout le monde regarde, dans le monde entier, d’ailleurs je vois pas pourquoi je rédige cette académie puisque tout le monde l’a vue selon la mafia presse stambouliote qui n’a pas arrêté de gonfler ce match, comme un symbole de poitrine de cougar. Mais pour le manque de sérieux qui a provoqué mon retard, j’ai pris les mesures nécessaires puisque je me suis coupé un bout de pénis (bon ça a déjà été fait y a longtemps et on a même fêté ça, c’était super sympa). Justice faite, je regarde donc l’âme tranquille la finale du championnat. Fenerbahçe devait gagner à tout prix pour remporter le championnat légalement cette fois-ci, puisque Galatasaray avait un point d’avance.
La tension était à son comble avant la rencontre. Fenerbahçe avait là l’occasion d’humilier son pire rival chez lui en soulevant la coupe sous le nez du lion. Les supporters canaris donnaient le ton en début de match avec un tifo à l’effigie de Jean-Marie Le Pen. Puis le match commence, et rien ne se passe. C’est un vulgaire match nul comme on peut voir tous les jours, dans n’importe quel championnat. La seule occasion du match en est une de Fenerbahçe sur corner, Yobo remet sur Baroni qui à deux mètres des buts frappe de la tête sur l’épaule de Muslera devenant donc un héros par inadvertance. Voilà pour le match. Je tiens à saluer la performance de l’arbitre Cüneyt Cakir qui a très bien géré ce match. C’était le type de rencontre où les hommes en noir sont souvent dépassés par la situation. Et puisque Gugus Hiddink notre équipe nationale fut incompétente, le pays entier sera derrière vous à l’Euro 2012.
Et c’est tout ?! Et bien non, puisque c’est là que commence le vrai match.
Oui, Galatasaray devenait donc champion au coup de sifflet final, et les deux équipes s’étaient arrangées pour qu’il y ait quoi qu’il arrive une cérémonie. Une armée de policiers entre sur le terrain pour former un cercle de sécurité autour des joueurs de Galatasaray qui célébraient leur victoire au milieu. Rouge et jaune : tu passes, Bleu et jaune : tu passes pas. Après les embrassades et les positions du kamasutra de Melo et Eboué, les joueurs entrent dans le vestiaire escortés par la police qui attend inquiète à l’entrée du tunnel. Lancers de fumigènes. Les supporters descendent les uns après les autres pour évacuer leurs frustrations sur les forces de l’ordre, il pleut des tabourets et des sièges dans le brouillard.
En dehors du stade, affrontements entre policiers et « supporters ». Des voitures de police sont retournées, les policiers sont à deux doigts de commettre des bavures car dépassés par les sentiments. Les gens habitant les quartiers environnants n’osent pas regarder par la fenêtre afin d’éviter de se prendre une balle perdue.
Retour au stade, les joueurs de Galatasaray font des photos de profil Facebook dans les vestiaires, et en profitent pour écrire des provocations sur les murs du vestiaire envers Fenerbahçe. Et tout à coup, le stade de foot devient cour de maternelle, les stadiers de Fenerbahçe contre l’équipe technique de Galatasaray :
Staff : « Mais euh ! C’est MA coupe je l’ai GAgnée je veux fêter ça ICI ! »
Stadiers : « Non t’as PAS le droit c’est MON terrain ici t’as PAS le droit ! »
Staff : « Mais si euuuh ! »
Stadiers : « Non nous on est pas des lions nous casse-toi ! »
Staff : « Si c’est comme ça, jvaldire à la maîtresse ! »
(L’ancien président de Galatasaray appelle le premier ministre afin de débloquer la situation)
Ministre : « Bon ça suffit les enfants ! Vous vous étiez engagés à faire une cérémonie, alors vous allez la faire ! »
Stadiers : « Mais y’a personne dans le stade ! »
Ministre : « J’ai dit assez ! »
Staff : « Nanananèreu ! »
Stadiers : « M’en fous je coupe la lumière et je crie au micro ! »
Et c’est ainsi que Galatasaray, ayant fait sa pleureuse, soulève la coupe à Kadiköy avec comme seul éclairage les flash des photographes journalistes présents.
Rideau
Petit conseil : Pour apprécier à sa juste valeur le générique de fin, il est recommandé de :
- Ne pas regarder les images qui suivent de suite
- Lancer ça.
- Utiliser ce petit diaporama.
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Hakan Direktendöndü.
Ah, j’ai oublié les images animées. Tous les matchs ont leurs résumés ici :
http://www.ligtv.com.tr/mac-ozetleri/spor-toto-super-lig
Merci Skeeter.
Une belle fête
Ils ont pas peur Eboué et De Melo…
Je crois comprendre que « göt » veut dire « cul » en turc? Sachant que Faust veut dire « poing », j’en déduis que Goethe avait des idées un peu malsaines.
Chouette article
Le pire c’est qu’ils vont remettre ça l’année prochaine probablement.
On aura une académie pour la finale de la coupe de Turquie?