L’apprenti footballologue analyse Chili-Vénézuela (1-2)

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Il imite bien son père spiritueux.

La Copa America se joue à 10 contre 10, et à la fin c’est le petit qui gagne. Face au Chili des excès, le Venezuela a eu la lucidité de jouer sur ses forces, tout en connaissant ses faiblesses. A l’arrivée, c’est la constance qui paye, et tant pis pour le 3-3-4.

Arrivé dans le rôle de l’invité surprise, le Venezuela a pourtant des forces très intéressantes : une défense centrale solide, un milieu de terrain axial très intelligent tactiquement, et Arango au coup-franc. Pendant une mi-temps, ces trois axes ont littéralement étouffé le Chili, qui a dû attendre la mi-temps pour trouver le nœud du problème, à savoir la liaison entre milieu défensif et milieu offensif axial pour l’orientation du jeu. La concrétisation de l’axe Arango-jeu aérien offensif n’est que la suite logique de la mainmise de Rincon et Lucena.

Pour pouvoir jouer sur les ailes, il faut écarter le jeu. Ce qui présuppose un jeu à base axiale, qu’on étendrait sur la largueur du terrain. Impossible de vivre d’une relation latéral offensif-ailier attaquant quand le milieu ne peut faire relai. L’esprit selon lequel une aile peut survivre en autarcie en se passant du nerf de la guerre, l’axe, ne résiste pas à l’épreuve des faits. Demandez à Dani Alves la différence entre Xavi et Ramires. Or, privé d’un point d’appui efficace pour orienter le jeu, le Chili est un orchestre désordonné car sans chef. Seuls des débordements sur l’aile et longues balles pour passer de défense à attaque sont au menu, et le Venezuela domine les débats en maîtrisant un seul aspect tactique.

Tous les entraîneurs sud-américains n’étant pas niais, Borghi change Carmona pour Valdivia. Sorte de mix improbable entre Riquelme et Nedved, le meneur de jeu est potentiellement l’un des joueurs les plus précieux au monde pour une équipe, à condition qu’on ait besoin de lui. Cela tombe bien, c’est le cas. Adieu Rincon, merci pour tout, Valdivia aimante le ballon, fait briller Isla sur son aile, et donne surtout un rythme. Pour une équipe à la philosophie très offensive et impliquant une grande prise de risques, le rythme est un élément essentiel, car jouer à contre temps impliquerait contre-attaques assassines et offensives désordonnées. Au lieu de cela, le Chili attaque en groupe et défend offensivement comme un seul homme (un joueur sur l’adversaire, les autres bloquant les lignes de passe). Sans distribuer les caviars, le sanguin Valdivia permet à ses coéquipiers de jouer leur football : Sanchez à la passe, Chupete dégage les toiles d’araignée, ça doit passer.

Sauf que le Venezuela a toujours sa botte secrète, les coups de pied arrêtés. Sans réflexes défensifs purs, Vidal se fait prendre et commet la faute. Bravo relâche et Cichero renvoie le Chili à ses incertitudes. A vouloir observer trop longtemps le jeu d’un adversaire sans génie, les Chiliens ont perdu la moitié du match, quand le jeu risqué mais naturel de la deuxième période aurait probablement fait exploser la défense d’une équipe qui a cessé d’exister au moindre coup d’accélérateur. Contre les formations bonnes sur coup de pied arrêté, il vaut souvent mieux prendre le risque d’obtenir une foule d’occasions, les probabilités de faire au moins deux fautes à moins de 30m de son but étant immenses. A risquer d’en prendre un, autant vivre pour en mettre deux. Sans un Rincon au QI footballistique inverse au réel, le Venezuela risque lui de souffrir en demi-finales, à moins que l’on n’appuie pas sur ses faiblesses…

 

3 thoughts on “L’apprenti footballologue analyse Chili-Vénézuela (1-2)

  1. Je me suis bien marré avec le résumé du match. Ils ont été bien poisseux avant de pouvoir mettre leur premier but, et quand ils y arrivent enfin ils s’en reprennent un.

    Et vive la défense sur les coups de pied arrêtés, Burdisso et Milito like this.

    Maintenant c’est quand même marrant, il reste que des équipes qui ferment le jeu et marquent sur cpa. Et si des équipes comme le Paraguay ou l’Uruguay doivent jouer (puisqu’ils sont favoris désormais), ben ils risquent de se faire surprendre en contre par de plus petites équipes.

    Ce serait beau une finale Pérou-Vénézuela.

  2. C est l’Uruguay qui devrait gagner cette compétition maintenant à moins que le gardien du paraguay continu à tout arrêter se que je doute fort; mais quel dommage pour le Chili Pizzaro aurait encore fait tellement de bien a cette équipe!

  3. le gardien du paraguay avait été deja ouf, lors du 1/4 Paraguay Espagne à la coupe du monde.
    Ca fait chié pour le Chili, j’aime bien leur côté joueurs ultra techniques tiki taka toussa, mais bordelique.

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