Les enquêtes de BDLV : France-Luxembourg

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Bernard De La Villelumière était avec le gouvernement pour cette enquête.

Installé confortablement dans les locaux de la rédaction de horsjeu.net (mâtin, quel site), nous, Bernard De La Villelumière étions occupés à décortiquer l’actualité footballistique mondiale, lorsque Monsieur Lopez, le concierge de notre immeuble vint frapper à notre porte. Une michive dou minichtère, nous avait-il déclaré dans sa langue maternelle fort heureusement parfaitement parlée par votre serviteur, c’est-à-dire nous.
Ouvrant méticuleusement le pli cacheté par le secrétariat d’Etat aux Sports de notre fier et vaillant gouvernement, l’heure de gloire semblait avoir sonné pour notre rédaction. Dans l’enveloppe, une lettre, sur cette lettre, des caractères qui une fois réunis, semblaient avoir un sens. Et quelle ne fut pas notre surprise : Rama Yade, notre Rama Yade nationale nous avait fait parvenir une invitation expresse du gouvernement pour le match de ce mardi au Stade de France contre le Luxembourg.
L’émotion mal contenue nous étreignit, et nous ne pûmes nous empêcher d’écraser une larme. Nous, Bernard De La Villelumière, fidèle parmi les fidèles de la République de droite et de Notre Président, allions pouvoir assister en compagnie de l’élite française à une rencontre de l’Equipe de France en pleine reconquête de son public, soutenue par ses représentants politiques bienveillants. Quelle exaltation, quelle joie, quelle érection. Voici, afin de partager avec vous cet instant d’allégresse un court extrait du courrier ministériel

“Madame, Meussieur

Sept avec plaisir que la sous-ministre Madame Mara Yade vous invite à l’accompagné lors du matche de fouteballe qui se déroulera entre la France et le Lucxenb… Luxembrro… Le matche de l’équipe de France, ce mardi au Stade de France.

A faim de satisfaire une bonne organisation, vous êtes invité à vous rendre au Palais de l’Elysée mardi à 18 heures muni de ce présent document, votre badge de l’UMP et une photo du Président. Nous partirons tous ensemble au Stade, c’est plus sympa.

Rama Yade.”

Après un nécessaire changement de pantalon et un peu d’eau de Cologne supérieure, nous partions frais pour assister à la rencontre. Nous arrivions sans encombres à l’Elysée où nous étions attendus. Un grand brouhaha se faisait entendre alors que nous approchions du perron. Etions-nous attendus ? La première Dame faisait-elle ses gammes ? Rachida Dati était-elle accroché à un rideau du bureau Murat ? Rien de toutes ces supputations. Bien au contraire, Notre Président s’ébrouait avec angoisse :
-Mais qu’est-ce qu’elle peut être con la Rama, c’est à Metz qu’il a lieu ce match. Eric, tu conduiras le Traffic on se magne.
-Metz, mais c’est où ça ? demanda Borloo, Notre ancien Ministre de l’aménagement du territoire.
-M’enfin Jean-Louis c’est dans l’Est, à côté du Luxembourg. J’l’ai fait exprès parce que je suis génial que je suis malin que c’est pour apaiser les banquiers qui me pompent l’air en ce moment, répondit promptement Notre Président.
-L’Est, c’est bien ça, z’ont du bon vin dans l’est, répondit Borloo, le visage barré d’un sourire pointant jusqu’aux oreilles franchissant ses nobles joues vermillon.
-François ne vient pas ? demanda en gloussant Roselyne Bachelot, Notre Ministre de la Santé et des Sports.
-Non j’l’ai collé à deux trois dossiers à la con du genre les retraites. Avec sa tête de croque-mort il serait capable de faire réellement pleurer les joueurs lui, répondit le phare de toutes nos pensées.

Le Traffic Présidentiel s’élança, Eric Woerth au volant, homme que nous avons découvert terriblement affecté. Notamment au péage de Saint-Avold où les douaniers volant lui demandèrent s’il avait quelque chose à déclarer : il fondit en larmes. Au siège réhausseur passager se trouvait Notre Président vénéré, très élégant du haut de sa stature. A l’arrière, Jean-Louis Borloo qui ne cessait de nous demander si Sidney Govou serait là, Roselyne Bachelot qui ne cessait de nous demander si Gourcuff était réellement gay, et Birce Hortefeux qui nous demandait depuis combien de générations Samir Nasri était Français. Nous avons par ailleurs tout de suite accroché avec Notre Ministre de la Pureté Intérieure, mais de tout ce que nous nous sommes dit, nous ne pouvons rien vous révéler chers lecteurs, nous l’avons juré sur l’honneur du Parti et des nôtres, bien au chaud dans notre slip Pierre Cardin.

Arrivés à Metz, Stade Saint-Symphorien, 18h45 avec une moyenne Contadorienne, les membres du gouvernement applaudirent Notre Président pour sa vivacité d’esprit. Ce dernier, le talon haut nous déclara :
-Ah, c’est vous l’idio… le journaliste, ben bienvenue, j’adore Metz, j’adore l’Alsace et j’adore le Luxembourg. Ca c’est ce que vous devez écrire pour qu’on croit que j’aime les pécores de la région, ça fait proche et ça fait monter mes sondages. C’est un vieux truc de Chirac, alors faut écrire ça, vous avez compris, vous n’voulez pas que vot’ président soit mal perçu par la population tout de même.
-Oh non, jamais, Monsieur le Président, c’est un honneur Monsieur le Président, que de retranscrire fidèlement vos propos, Monsieur le Président, répondions-nous avec aplomb et plaisir.
-C’est bien mon garçon, c’est Rama qui vous a écrit pour venir ? Pour une fois qu’elle m’chie pas dans les bottes cette connasse, de toute façon dès que je peux je mets mon copain David Douillet, ça fera les pieds à la mère Chirac tiens ! Bon, allez rejoindre Borloo et les autres dans le stade, faut qu’je parle à Brice, mon ami de toujours, qu’il est trop blond tellement il est fort et intelligent tellement que c’est mon ami, nous répondit Notre Président.

Nous éloignant mais ayant une excellente ouïe, nous entendîmes Notre Président demander à Brice de ne pas s’occuper tout de suite de la Secrétaire d’Etat, ni de sa famille. Sans doute un bizutage ministériel auquel votre serviteur ne peut rien comprendre.

Le match commence enfin à Saint-Symphorien et le public est venu en masse et plein d’espoir. Aux abords de l’enceinte sportive, que de messages d’encouragements nous avons pu entendre de la bouche de nos braves et honnêtes concitoyens : “Tous des branques”, “trop payés” et “l’est pas pédé lui ?” furent les paroles chaleureuses des Messins ravis de voir cette équipe de France arriver dans leur province. Par contre, nous les interrogions sur les membres du gouvernement. Comme quoi, sport et politique…

Première mi-temps, installés dans une loge construite pour Notre Président à cet effet, Notre Président pris par son agenda avait du faire un saut au Luxembourg pour des “raisons personnelles économiques de l’état”. Quel homme, quelle volonté, et quelle aura possède-t-il. Le Ministre Borloo, installé à côté des rafraichissement était très à cheval sur le temps restant aux Bleus pour l’emporter. “Bon, on s’en va ? J’ai des courses à faire, parait que le Cote de Toul est pas dégueu’, faut qu’j’en ramène à Béa… Quoi ? Une coupe de champagne ? Ah, ben c’est pas de refus.” Roselyne Bachelot, Brice Hortefeux et moi-même étions les plus ardents supporters de l’équipe nationale. Notre Ministre des Sports a pour elle un humour des plus surprenant et une connaissance pointue du monde footballistique que nous ignorions : “Ah là notre jeu n’est pas grippé, ça nous change de Raymond » . Nous riions avec plaisir avec Roselyne. Oui, nous sommes devenus un peu plus intimes au fur et à mesure de la rencontre. Hortefeux prenait des notes.

Mi-temps, la France mène au score face à une belle équipe du Luxembourg sous les applaudissements d’une foule conquise. “Ca y est on s’en va ?” Demanda Borloo, coupes en main et bouteilles au perfecto. Roselyne Bachelot voulut descendre dans les vestiaires demander à Laurent Blanc si Gourcuff était réellement de l’autre bord. Eric Woerth, lui, pleurait toujours dans son coin répétant sans cesse « je n’ai pas menti ». Notre Président, lui, était encore en déplacement, Hortefeux prenait des notes et quelques photos de supporters tannés, tout en nous lançant à voix basse « Bernard, vous ne trouvez pas que certains sont encore bien bronzés pour un mois d’octobre ? ». Le plaisir de nous voir si bien dans l’autre nous fit acquiescer d’un subtil clin d’œil, et, un brin nostalgique nous pensions « Brice, votre blondeur aurait tant plu à grand père… »

Tandis que le jeu reprenait, le peuple se remit à siffler une courageuse mais encore bien jeune équipe de France, au mécontentement des officiels. “Ils sont quand même bêtes ces français, heureusement qu’on est vaccinés contre la connerie au gouvernement” se mit à plaisanter Roselyne, assise à nos côtés, et se rapprochant de nous au fil de la partie. Borloo, lui tentait de remonter le morale de Woerth : “Ben t’as tapé dans la caisse, ben c’est pas grave, t’iras au Québec un an ou deux, regarde comment il a fait Juppé. Tu veux du vin ? Ah, c’est p’têtre pas ce qu’il te faut.” Woerth sanglotait, Brice Hortefeux prenait des notes et toujours plus de photos.

Tandis que le second but était inscrit par Gourcuff, la plèbe se mit à applaudir à tout rompre son équipe de France, Borloo trinqua à chacun des joueurs, et Roselyne nous palpa l’entrejambe d’enthousiasme. Notre Président apparut alors :

“Bon c’est bon, j’ai fait c’que j’avais à faire, pas déconner, c’est toujours ça que les socialos ne trouveront jamais. Allez on s’casse de ce bled de bouseux, y a Carlita qui m’attend pour m’faire des mamours. Eric tu arrêtes de pleurer et tu nous ramènes. De toute façon Jean-Louis est encore bourré. Et Roselyne tu pourrais laisser ce journaliste tranquille, j’te rappelle qu’on est sans nouvelles d’Astorga depuis que tu l’as croisé à Knysna. J’peux comprendre tes appétits mais tu ferais bien d’te calmer avant qu’la grosse Boutin te tombe dessus avec sa bible.”
L’équipe de Notre Président se mit en marche vers le Traffic Présidentiel “oui, et en plus c’est un diesel, c’est pour faire chier les écolos.” nous confia habilement Notre Président. “Par contre je peux pas vous ramener, Jean-Louis a sa commande de rouge à l’arrière de la bagnole, et comme il va être premier ministre je ne veux pas commencer à le contrarier et surtout pas là-dessus. Faites-moi un joli papier et repassez me voir à l’occasion.”

Et c’est ainsi, fier et ravi que nous quittions l’équipe de Notre Président, sauveur de la République et du système capitaliste sur le parking de Saint-Symphorien. Fin du match, et depuis l’extérieur, nous entendions les sifflets des masses laborieuses, agacées par une prestation pas complètement convaincante des Bleus. Afin de comprendre le pourquoi du comment, nous arrêtions alors quelques supporters : “Trop payés”, “Tous des branques” et “’l est pas pédé lui ?” furent les mots que nous entendions le plus souvent, et cette fois-ci, à l’encontre de l’équipe de France, victorieuse à Metz du Luxembourg. Comme quoi sport et politique…

Bernard De La Villelumière, pour horsjeu.net.

5 thoughts on “Les enquêtes de BDLV : France-Luxembourg

  1. Un petit conseil Bernard : Vu avec qui tu traines, essaye de fouiner dans les dossiers, arrête de faire des promesses sur l’honneur et trouve de quoi faire du chantage lucratif pour aider le site.

  2. Yé trouvé qué vous manqué terrriblementé de respéto à nuestro carignoso présidenté y a sus ministros compétentissimos et qué la proxima visité d’oune stadié sé pourré etrre como in Santiago despues el 11 de septiembré (1973). Cuidado a vuestros cojones, el grand padre dé fritz Hortefuego que vive in nuestro pais con visa toristico desde 1945 tiene viejos amigos in el DéCéRI

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