Manchester United – Manchester City (0-0) : La Raide et Vile Academy n’en a que faire.
Il n’est pas d’accord

– « Répète un peu ce que tu viens de me dire ?
Médusa était médusée, elle regardait l’homme qu’elle aimait mais ne semblait pas le reconnaître. Luke la fixait. Il but une nouvelle gorgée de whisky (sans coca, il était sevré depuis 18 mois). Il restait stoïque, appuyé sur le guéridon.
– J’ai aimé ce match articula-t-il.
– Mais comment peux tu dire une chose pareille. 0-0 Luke. Il y a eu 0-0, dans un derby, à domicile. Elle sanglotait à présent.
– Je ne vois pas le rapport ajouta-t-il avec un flegme fergusonnien.
– C’était nul ce match Luke. Nul. Tu es dans le déni le plus total. Tu ne fais que répéter que les choses vont s’arranger, qu’il faut y croire mais je n’en peux plus.
Elle se servit elle aussi une grande rasade de whisky, sa main enserpentée tremblait. Il voulait la consoler, mais il se retenait. Il ne cèderait pas, peu importe le prix à payer, fut-ce de faire chambre à part ce soir. Elle laissa échapper un râle de soulagement après une large gorgée de son nectar ambré puis repris :
– La Premier League c’est de la merde Luke. C’est nul. Tout le monde le dit. Ce match était nul, une honte. C’est la Liga qu’il faut aimer. C’est très tactique et ils font plein de gestes techniques. C’est fini l’Angleterre. Arrête de te faire du mal, de nous faire du mal. Regarde un peu.
Elle tourna l’écran de l’ordinateur posé sur la table basse. Une page de Google actualités était ouverte :
« Rien à voir »
L’Equipe
« Cet horrible match entre deux équipes d’une même ville qui se termine sur un score nul et vierge (VIDEO) »
Le 10 Sport.com
« Martial déjà sur le départ ? »
Footmercato.net
« Vous n’avez pas honte ? »
John-Peter Elkabach (Europe One)
« Ces musulmans qui détruisent le derby de Manchester »
Le Point.fr
– Tu vois ?
Ses yeux semblait implorer qu’il change d’avis.
– Peu m’importe le qu’en dira-t-on, peu m’importe la bien-pensance édictée par les observateurs du football. J’ai aimé ce match, reprit-il de plus belle avec sa voie de stentor.
Une voix qui ne la laissait pas indifférente.
– Je t’ai vu enquiller les pintes Luke pendant le match. Arrête de te voiler la face.
– Le stress ma bien-aimée, le stress. Un match aussi verrouillé où les équipes se donnent autant peut basculer à tout instant. Et le premier à céder est défait de facto.
Son calme olympien la désarçonnait.
– Tu te mens à toi même Luke. Tu es dans le déni le plus total. Je veux retrouver l’homme que tu étais. Celui qui insultait Ashley Young à chaque entrée en jeu…
Elle s’était rapprochée de lui et semblait l’implorer
– Pour ça il reste Wayne Rooney, ô démon de mes nuits. Mais il n’en reste pas moins que Manchester City nous est aujourd’hui supérieur dans bien des domaines. L’effectif, les automatismes et j’en passe. Pourtant, ô pourtant, on n’a pas pris de but. Nous avons tenu bon. Nous nous sommes battus. Doit-on glorifier un 0-0 ? Non. Mais je sais reconnaître les progrès où il y en a. La route est encore longue, je le sais bien.
Il marqua une pause. Nouvelle gorgée de whisky (toujours sans coca, car tenait-il à le rappeler, il était sevré depuis 18 mois).
– Mais ?
– Mais j’ai envie d’y croire. Croire que cette équipe, encore certes limitée, va dans la bonne direction. J’ai décidé de ne plus douter, quand bien même elle se ferait sortir en Coupe en milieu de semaine par une équipe de D2 (quelle clairvoyance ndlr). Alors laisse-moi savourer ce whisky devant une compilation d’Anthony Martial et allons nous enfermer dans la chambre pour n’en ressortir que demain. Mais avant…
– Avant ?
Il tourna la tête vers la fenêtre.
– Place aux notes !
– Mais enfin à qui est-ce que tu parles ?
Les Diables :
De Gea (3/5) : Un de ses rares derby où il a touché plus de ballons devant que derrière sa ligne.
Rojo (3/5) : Maintenu en dépit d’une prestation nullissime à Moscou, Marcos a remercié van Gaal de ce cadeau inhabituel, avec une prestation vraiment sereine derrière. Il y avait deux mecs à 80 millions sur la pelouse et l’Argentin a fait en sorte que seul le plus beau puisse s’exprimer.
Jones (4/5) : OHLALALALA il est nul il a raté une passe à un moment. Arrêtez de faire les fines bouches, vous avez déjà oublié le nom du mec qui a essayé de le remplacer en début de saison.
Smalling (4/5) : S’il n’avait pas été si nul contre Arsenal, je commencerais à me dire qu’il est vraiment en train de devenir très très fort.
Valencia (3/5) : Aligné parce qu’il était sans doute le seul à pouvoir suivre Sterling sur 100 mètres, il a rempli sa mission, même si les impacts de balle en tribunes rappellent aussi que lorsqu’il s’agit d’attaquer c’est avant tout un danger pour les spectateurs.
Schneiderlin (3/5) : Prestation diesel, mais tout ce qu’il a pris dans la gueule en première, il l’a rendu en double en deuxième.
Schweinsteiger (3/5) : Alors… Bon très honnêtement, c’est pas le mec qui s’est fait le plus remarquer, mais j’ai pas un gros souvenir d’erreurs…. Alors bon, on va dire que c’était ok.
Herrera (3/5) : Seul motif d’espoir en première mi-temps quand il s’agissait de faire circuler la balle. Continue à t’accrocher, ça va finir par payer.
Mata (2/5) : Un petit Juan. Un petit Juan qui, harcelé par des grands bonshommes, a un peu trop subi et perdu beaucoup trop de ballons…
Martial (4/5) : C’est toujours aussi inquiétant de voir que le mec qui surnage offensivement dans notre équipe a 19 ans et 5 matches de Premier League au compteur. Mais les faits sont là, il a roulé sur Sagna pendant une grosse partie du match avec des déhanchés indécents. Le seul problème, c’est que ça ne concrétise pas ensuite.
Rooney (1/5) : Si le coach n’était pas van Gaal, le mec le plus borné que la terre ait connu, Wayne aurait tâté du banc depuis un moment. Le peuple gronde, mais le roi s’en fout, son maître à jouer est son numéro 10 et il l’alignera coûte que coûte. Peu importe que l’on n’ait pas frappé pendant les 45 premières minutes. Peu importe cette impression d’un Wayne qui semblait perdu, à faire des efforts dans le vide, à contre-temps total du reste de l’équipe. Tant d’obstination mérite presque de l’admiration.
Les suppôts de Satan
Jesse Lingard pour Mata, 66e (NN) : Après son raté scandaleux contre Everton, refuse encore une fois d’être décisif en balançant la balle de match sur la barre. La modestie a ses limite.
Fellaini pour Schweinsteiger, 75e (NN) : Entré pour faire le bélier. Pas suffisant pour faire vaciller City.
Darmian pour Valencia, 81e (NN) : 10 minutes sans faire d’erreur face à une équipe du Big Four, c’est un net signe de progrès.
Inferanal kisses
J’ai du mal à comprendre comment cette équipe, qui a balayé Everton en JOUANT AU FOOTBALL peut ensuite oublier les bases mêmes de ce sport et nous servir des prestations aussi indigentes, quelle que soit la compétition.
Remarque, même City n’avait pas envie de gagner ce match.
J’espère que le match à Palace ce weekend sera d’un autre acabit (Tel Aviv), sans quoi je serai contraint de m’énerver. Et je croise les doigts pour que Martial reprenne l’axe, et Young le côté gauche…
Le point tape juste, mais on peut rien dire dans ce pays de bobos gauchiss.