L’autre jour, on vous a raconté l’incroyable freefight de Florence (au besoin, c’est ), dont certains acteurs pourraient jouer en MMA (au hasard, Luisito Monti). Mais, hors contexte, ce ne fut peut-être pas le match le plus âpre de l’histoire de la Coupe du Monde. En conduisant ma 4L à voyager dans le temps, et en la poussant à 88 miles/heure (bon en descente et vent dans le dos, j’avoue), je vous ai dégoté quelques petites perles. J’ai d’ailleurs failli rester bloqué en 1962 parce que cette connasse de voiture a coulé une bielle. Heureusement, le jeune Samuel Eto’o m’a dépanné. Mais je m’égare. Bon, commençons par revenir faire un tour en 1954.

 

1954 : Berne, l’arène de Suisse

Pourtant, au départ, il y avait tout pour que ce rendez-vous du 27 juin 1954 un sommet en termes de jeu. A ma gauche, la merveilleuse équipe de Hongrie, grande favorite de la compétition, et dont la ligne d’attaque fait frémir : Puskas, Kocsis, Hidekguti, Czibor… ; à ma droite, le Brésil, futur double champion du monde. Djalma et Nilton Santos sont déjà là, idem pour Didi. Alors que Hidegkuti et Kocsis ont déjà donné deux buts d’avance aux Magyars (au bout de huit minutes hein), Buzanski et Lorant abattent de concert Indio dans la surface. Pénalty indiscutable, transformé avec sa notion très personnelle de la finesse par Djalma Santos. En gros, imaginez une frappe cadrée de Taye Taiwo. Oui je sais, c’est un concept mais faites un effort.

Les esprits se calment jusqu’à environ la 70e minute. Alors que les Hongrois mènent 3-2, Boszik et Nilton Santos commencent à échanger quelques marrons. M. Ellis leur indique gentiment le chemin des vestiaires. Dix minutes plus tard, Bauer (Brésilien, son nom d’ancienne croix gammée réfugiée pouvant induire en erreur), abat Buzanski par derrière. A la 88e minute, alors que Kocsis vient de redonner deux buts d’avance aux Hongrois, Humberto est lui aussi expulsé pour brutalité. Il reste deux minutes à jouer, que vont faire les Brésiliens ? Tenter le coup pour réduire le score immédiatement ? Pas vraiment. Maurinho, Didi et Julinho dans un premier temps, tous leurs coéquipiers par la suite, vont tenter d’abattre leurs adversaires à grands coups de latte. Par grappes, les 22 acteurs commencent à se battre, et ce jusqu’au chemin des vestiaires, voire après selon certaines sources. Ambiance garantie, les Magyars n’étant pas non plus de tendres agneaux.

Par la suite, les Hongrois sortiront au bout du suspense l’Uruguay en demi-finale, au terme d’un match magnifique, avant de se faire arnaquer en finale. Quant aux Brésiliens, une remise en question salutaire, aussi bien tactique qu’au niveau de la mentalité, leur ouvrira les portes du succès quatre ans plus tard.

 

1962 : Hissé haut, Santiago

Face à une équipe italienne qui a accroché la RFA lors du premier match, le Chili, pays hôte de cette édition, se présente avec un objectif simple : gagner pour assurer leur qualification. Alors que l’Italie se contenterait plutôt d’un match nul, en pensant battre la Suisse lors de la dernière journée. Dès la 5e minute, David et Rojas s’écharpent. L’attroupement qui suit voit Tumburus décocher une droite à Leonel Sanchez. Devant cette violence, la réalisation choisit d’envoyer la publicité. Deux minutes plus tard, Ferrini fauche violemment Landa. Ken Aston, l’arbitre anglais, veut expulser Ferrini mais ce dernier ne veut pas sortir. Il faut l’intervention de la… police, pour que l’Italien quitte le terrain. 9e minute, cette fois, c’est Maschio, qui vient de se fracturer le nez dans un choc avec Leonel Sanchez, qui cogne Toro. Pendant un gros quart d’heure, les choses se calment, jusqu’à ce que Fouilloux ne sorte deux tacles dangereux coup sur coup. Puis nouveau retour au calme, avant la tempête de cette fin de 1re mi-temps. A cinq minutes de la pause, Leonel Sanchez tente une Cuauhtemoc Blanco ou un «coup du crapaud» face à David. L’Italien frappe dans l’ensemble ballon-jambes sans se poser de questions. Le Chilien, pas en reste, lui décoche un direct du droit en pleine tête. Mais M. Aston, entouré par 50 000 Chiliens, n’ose pas sortir Sanchez. Sauf que deux minutes plus tard, David tacle le même Sanchez à la nuque. Par contre, aucun problème ici, David est expulsé sur-le-champ. Equité tout ça…

A neuf contre onze, les Italiens vont tenter de verrouiller le match nul durant tout le second acte. Mais pas de manière subtile hein, plutôt en gagnant du temps par tous les moyens. Et vas-y que je te passe le ballon en retrait, et vas-y que je mette deux plombes pour chaque remise en jeu… A côté, le match de la honte aurait presque l’air intéressant. Mais deux buts en fin de rencontre de Ramirez et Toro qualifient le Chili. Qui poursuivra sa route jusqu’à se hisser sur le podium. Chose qui ne se reproduira peut-être qu’en 2014.

 

1966 : Let’s fight, gentlemen

Pour la première fois, la Coupe du monde se déroule dans le berceau du football. Comme l’équipe d’Angleterre n’est pas la plus forte sur le papier, tout est fait pour lui faciliter la tâche : elle joue tous ses matches à Wembley, Norbert Stiles bénéficie d’une incroyable impunité, notamment contre la France, Jetchev puis Morais agressent Pelé, sans que l’arbitre… anglais, M. Mc Cabe ne s’en émeuve…

Pour leur quart de finale, c’est l’équipe argentine, 2e de son groupe derrière la RFA, qui se dresse sur leur route, aussi fièrement que le #CHIBRE de votre serviteur chaque fois qu’Andrea Pirlo fait une passe mais ne nous écartons pas du sujet. D’emblée, l’Albiceleste muscle le jeu. Quatre avertissements dans les 33 premières minutes pour Perfumo, Solari, Rattin et Artime. Suite à un coup-franc rosbeef, Rattin vient trouver l’arbitre, l’Allemand Kreitlein, tente de lui expliquer quelque chose de façon musclée, et se voit… exclu. Mais l’Argentin est fourbe (big up Nelson Monfort), rameute ses coéquipiers dans un coin et refuse de sortir du terrain, tout en tentant d’alerter des officiels. Il finit par être emmené hors du terrain, au bout de… sept minutes. Mais le match ne se calme pas pour autant. Dans la minute qui suit la reprise du jeu, Peters fauche Ferreiro. Nouvelles palabres. L’Angleterre finit par s’imposer sur une tête de Hurst.

Peu après la rencontre, Rattlin expliquera qu’il avait souhaité alerter M. Kreitlein sur le fait que quatre argentins avaient été avertis, en dépit du jeu brutal des Anglais, notamment Norbert Stiles, toujours dans les mauvais coups. L’arbitre ne comprenant visiblement pas l’Espagnol, le capitaine argentin aurait demandé un temps mort et un interprète. Certes, la manière paraît (à l’époque hein) un peu cavalière, mais de là à se faire renvoyer aux vestiaires…

Pour l’anecdote, suite à ce match, Ken Aston, arbitre de Chili-Italie quatre ans plus tôt, eut l’idée d’introduire les fameux cartons, en se basant sur la couleur des feux de signalisation. Compte tenu de la vitesse montrée par Arjen Robben contre l’Espagne cette année, une innovation basée sur les radars ne serait pas de trop.

 

2006 : Portugal – Pays-Bas, massacre à la truelle (oui, c’est facile)

Ce huitième de finale à Nuremberg mériterait tout un procès aux Assises. Pourtant, les deux équipes sont réputées pour pratiquer un jeu chatoyant. L’amateur de football se frotte donc les mains, pendant exactement 92s. C’est le temps qu’il faut à Mark Van Bommel, toujours dans les bons coups lui aussi, pour découper Cristiano Ronaldo et écoper du premier carton jaune de la partie. 15 autres suivront, ainsi que quatre rouges.

Le record de Mexique-RFA 1986, avec 8 jaunes et deux rouges, est pulvérisé. Plutôt qu’un long discours, je vous laisse juges . Mention spéciale à Figo, auteur d’un beau plongeon pour faire exclure Boulahrouz, à Deco pour son combo tacle assassin + geste d’anti-jeu stupide pour pouvoir prendre sa douche plus tôt que ses copains et surtout aux cheveux de Sneijder, qui ont préféré prendre leur retraite internationale après ça. Le résultat ? Ah oui c’est vrai, c’était un match de football. Et bien, Maniche a marqué. Voilà, 1-0, le Portugal ira jusqu’en demi-finale, sortis par Dieu sur pénalty. Les Hollandais, eux, sauront rester calmes jusqu’à la finale de 2010, avant de disjoncter (la faute de De Jong, un classique du kung-fu). Il est loin le football total !

 

Et vous, chers lecteurs qui me permettez de gagner tellement d’argent que je vais presque finir par pouvoir acheter une baguette de pain, d’autres matches vous ont marqué ? De ce point de vue-là, hein.

 

Johny Kreuz

5 thoughts on “Quelques grosses bastons en Coupe du Monde

  1. RFA-Pays Bas 90 Rjkaard et Voller qui se crache à la gueule…une boucherie viril de l’époque

  2. @Romek : Merci, mais d’où je couche avec des Allemands ? Angela n’est qu’un fantasme.

    @Homerc : oui, j’y ai pensé mais ils ont pris un rouge chacun au bout de 20 minutes et le match s’est calmé

  3. Tout à fait Cyril, le tacle à la nuque de l’Italien est de première qualité. Vous même auriez tout à fait eu votre place sur le terrain.
    En revanche, le Portugal/PB, ça reste l’un des pires craquages d’arbitre que j’ai vu, combiné à une horrible équipe de hollandais violents (déjà).

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