I Sanguinari à Valenciennes : Enfin une victoire pour les supporteurs de l’AC Ajaccio
Vis ma vie d’I Sanguinari.
Pour certains, la plus belle expérience de la vie est d’élever ses enfants. Pour I Sanguinari, c’est de supporter et de suivre l’AC Ajaccio contre vents et marées. Pourtant au moment de partir, c’est toujours la même rengaine, on se demande ce qu’on fait là, pourquoi on fait toute cette route par 3 degrés et un temps de merde mais au final, on ne regrette pas. Jamais. Surtout lorsque l’on se déplace à Valenciennes.
Le rendez-vous était donné à 16 heures 30 au garage Renault de Maisons-Alfort. Trente minutes plus tard, c’est le départ. Dans un Renault Capture flambant neuf, les frères Vince Per Noi prennent place aux côtés de 8Clem, le chauffeur, et du Perfettu accompagné pour l’occasion de Mme Perfettu. Dans le coffre, un autre membre d’I Sanguinari fait son retour : le mégaphone, doté de nouvelles piles.
Le GPS indique deux heures de route, 8Clem les avalera en 1h40, allant bien plus vite que Jean-Jacques Mandrichi. La pluie n’est alors qu’un prétexte à prendre l’accent ch’ti pour demander où l’on peut acheter des k-ways à la guichetière du péage. Le temps de passer devant l’espace municipal Pierre Richard de Valenciennes et de macagner les Nordistes sur leurs habitudes alcoolisées et sur le mauvais temps que le convoi sanguinariesque se garait sur le parking du parcage visiteur. L’occasion de retrouver les autres membres d’I Sanguinari présents pour le match, et pas des moindres puisqu’il s’agit de Luc NostradaLeca, Manufrankin et Julien. Les anciens qui avaient été récupérer les places gracieusement offertes par l’ACA à l’hôtel des joueurs. Là-bas, ils ont pu draguer les hôtesses mais surtout discuter avec l’encadrement acéiste. Et cet encadrement viendra confirmer les craintes de tous les supporteurs : l’effectif sera amputé de ses meilleurs joueurs la saison prochaine. I Sanguinari pourra ainsi dire bye-bye à Ronald Zubar, Ricardo Faty, Denis Tonucci, Benoit Pedretti et à tous les autres « gros » salaires du club.
Nous serons bientôt rejoint par Eddie Mc Coy accompagné de sa femme et de son fils (si vous ne connaissez pas encore Eddie McCoy, je vous incite à cliquer ici). Ce sont donc 11 supporteurs acéistes qui prendront place en tribune visiteur, une première depuis le déplacement à Lille. Voici donc venu le temps de passer l’épreuve de la fouille et de l’entrée dans le stade. Une fois que c’est fait, ne manque plus qu’à bâcher dans cette immense enceinte rouge. Le parcage visiteur est en hauteur, loin de la pelouse, et cerné par des grilles. Ca tombe bien, I Sanguinari était venu à Valenciennes pour faire les singes.
A la fameuse bâche I Sanguinari, rendue célèbre dans le monde entier grâce au déplacement à Lyon, venait s’ajouter de nouvelles, peintes par l’occasion par Manufrankin et compagnie sur un hostile parking de la cité nordiste. On pouvait ainsi y lire : « Ligue 2 nous voilà, toujours là, A Muzza ». C’est avec la vision d’un beau parcage acéiste que le match pouvait débuter.
Problème, lorsque le 18ème de Ligue 1 reçoit le 20ème, le spectacle n’est pas forcément au rendez-vous. Du coup, en tribune, il faut bien s’occuper. 8Clem a trouvé le moyen imparable pour faire passer le temps plus vite. Armé de son meilleur ami le mégaphone, le Harry Potter d’Ajaccio pouvait s’égosiller à base de macagnas de tous les goûts. Sa cible ? Les joueurs du VAFC bien entendu. Bouc-émissaire préféré, Grégory Pujol. Extraits de ces moments de folies :
« Oh Pujol, ton père c’est Pétoman », « Oh Pujol, retourne fabriquer de l’huile d’olive ».
Les autres joueurs n’y échapperont pas. 8Clem est chaud bouillant est enchaîne avec « Oh Masuaku, oh Baracuda, retourne dans ta camionnette », « Oh Waris, t’es qu’une imitation de la Toyota Yaris ! », « Oh Ciss, tu as le mauvais numéro ! » mais surtout avec « Oh Da Silva, retourne sur la chantier, tu as ton Berlingo garé en double file » et sa variante « Oh Da Silva, tu as pas fini les vestiaires, va poser le carrelage ! »
Et dans cette triste première période où l’on n’aura pas une seule occasion acéiste à se mettre sous la dent, c’est bien Manufrankin qui aura cette pointe d’imagination qui fait tant défaut aux joueurs sur le terrain. Il propose ainsi un jeu inédit : compter le nombre de doigts d’honneurs que les supporteurs valenciennois feront en cas de but de l’un des leur joueur. Chacun se voit attribuer une zone à surveiller. Malheureusement, I Sanguinari n’aura pas à exercer ses talents de calcul mental en première période. Mr Varela siffle la fin des 45 premières minutes. 0-0.
20h45, l’heure d’aller se désaltérer et de se repaître. Mais également l’heure pour le Perfettu d’une visite surprise dans le bureau virtuel du dirlo Manufrankin. Une convocation surprise qui cache pourtant une belle … surprise. Les anciens d’I Sanguinari avaient en effet une annonce à faire au Perfettu. « Bon, on a quelques choses à te dire, ça fait un petit moment que tu es avec nous maintenant, tu as passé les nombreuses épreuves avec succès, tu as fait preuve de dévouement et on te propose donc de devenir président de l’association dès le mois de juin. » Wahou, le Perfettu président d’I Sanguinari, même dans ses rêves les plus fous, il n’y aurait pas pensé. C’est donc avec émotion et fierté que le Perfettu accepta cette proposition impossible à refuser. La saison prochaine, vous verrez donc le Perfettu traîner dans les parcages visiteurs des stades de Ligue 2 en tant que président d’I Sanguinari.
Cette émotion passée, d’autres allaient très vite arriver. Tout d’abord lorsque Manufrankin repéra un sosie de Robert Hue dans le public. Il n’en fallait pas plus pour 8Clem et Manufrankin pour chanter à tue-tête L’Internationale au mégaphone. Sans doute le moment le plus improbable de toute la saison.
Ensuite vint le moment des petites annonces balancées dans le mégaphone. Une habitude chez les Sanguinari sauf que cette fois-ci, les produits mis en vente sont différents. On compte ainsi une Renault Kangoo à acheter 1500 euros en l’état, une Citroën BX de 1996 et une chaîne hi-fi. Bien sûr, aucun acheteur ne se fera connaître. Il faut dire qu’ils n’étaient pas dans les meilleures conditions d’autant plus que 8Clem, en même temps, continuait de chauffer le public valenciennois. Avec l’objectif non-dissimulé de les énerver pour que le nombre de doigts d’honneurs après un éventuel but augmente. Au programme, des clichés, des clichés et encore des clichés. « On recherche un sosie de Johnny Hallyday, je répète, on recherche un sosie de Johnny Halliday », « Oh qu’est-ce que vous faîtes là ? Retournez regarder Confessions Intimes », « Oh Valenciennois, oh PD, vous êtes tous au chômage. »
Force est de constater que la pêche est bonne. Plus on chambre, plus le public adverse est réactif. Et quand ce qui devait arriva – l’ouverture du score de Waris – la déferlante de doigts d’honneur ne se fera pas attendre. Heureusement, Benjamin André égalisa vite. De quoi rendre la monnaie de la pièce. Match nul sur la pelouse, match nul dans les tribunes. Les macagnas continuent en tribune avec toujours les même mots clefs « consanguin, alcoolique, chômage ». Cela tombe bien, Valenciennes double la mise très vite. Au meilleur moment à vrai dire. Au moment où les supporteurs valenciennois sont chauffés à blanc. Du coup, deuxième vague de doigts d’honneurs. Et tout le monde va y mettre du sien, des gamins de 10 ans aux vieilles de 70 ans en passant par des groupes plus ou moins âgés. Même une handicapée dans un fauteuil roulant se lèvera pour adresser un doigt d’honneur aux Sanguinari. Epique. Au total, selon les estimations de la police il y aura 12 doigts d’honneur. 44 à gauche et 37 à droite selon les calculs précis et détaillés d’I Sanguinari. Le côté gauche est déclaré vainqueur.
8Clem est également déclaré vainqueur du trophée du meilleur jeu de mot de la soirée pour sa macagna à l’entrée de Melikson à la 66ème minute « Oh Mel Gibson, retourne jouer dans L’Arme fatale ! ». La 66ème minute, c’est également le moment choisi par Christian Bracconi pour lancer Issa Baradji dans le grand bain de la Ligue 1. Une entrée en jeu qui va changer le cours du match, qui va changer la carrière du jeune attaquant et qui va changer l’histoire d’I Sanguinari. Car Issa Baradji marquera un doublé. Deux buts aussi inattendus qu’une demande d’un supporteur valenciennois venu à notre rencontre au grillage. Sa requête était pour le moins surprenante « Hey les gars, passez moi votre mégaphone, je veux faire une quenelle. » Une quenelle avec un mégaphone ? Soit le mec n’a jamais compris le geste, soit il est complètement con. On opte vite pour la deuxième solution.
Revenons à Issa Baradji. Alors que les supporteurs du VAFC chambraient allégrement I Sanguinari, l’attaquant de 18 ans décidait de faire vivre une fin de soirée inoubliable à ces 11 pauvres ajacciens perdus dans le grand Nord. Une égalisation sur un but magnifique pour commencer puis le but de la victoire sur une tête rageuse. Un but de la victoire que n’auront pas le loisir de voir plusieurs supporteurs valenciennois qui avaient décidé de quitter le stade avant la fin du match. Tant pis pour eux, ils ne verront pas la joie démesurée d’I Sanguinari, leurs sauts de joie, leurs déclarations d’amour aux joueurs acéistes, leurs insultes destinées au stade du Hainaut et les embrassades interminables. On n’y croyait pas, on n’y croyait plus, on était désespéré mais ça y est : I Sanguinari a assisté à une victoire. La troisième pour le Perfettu après Toulouse il y a un an et demi et Quimperlé au mois de janvier mais la première pour la plupart des Sanguinari depuis le 29 janvier 2012 et une victoire 2-1 … au stade du Hainaut contre Valenciennes. A l’époque déjà, l’ACA avait inscrit le but de la victoire dans le temps additionnel, par l’intermédiaire de la légende Christian Kinkela. En fait, Issa Baradji, c’est Christian Kinkela.
Et par cette belle victoire inespérée, il ne pouvait en être autrement, les joueurs sont venus saluer I Sanguinari au coup de sifflet final. De Mickael Leca en passant par Benjamin André ou Memo Ochoa, la plupart viendront faire un petit coucou. Ca ne mange pas de pain mais ça fait toujours plaisir. Et c’est tout ce que l’on demande.
Après avoir assisté à cette victoire, il était l’heure de se dire « au revoir et la saison prochaine » avant de prendre la route du retour. Et de la Ligue 2. Peu importe, I Sanguinari sera toujours là. Dans les victoires comme dans les défaites. Au Parc des Princes comme au stade Gabriel-Montpied de Clermont -Ferrand. Avec le même plaisir. En tout cas, on attend avec impatience le Valenciennes-Ajaccio de la saison prochaine en Ligue 2 pour vivre encore une fois un déplacement historique dans le Nord. A l’ours !
Perfettu Erignacci.
Très belle photo de Memo.
Et félicitations au nouveau président. Le poste le plus prestigieux occupé par un académicien depuis que Hristo Mario a décliné le ministère de la culture bulgare.
Pff encore un match de légende raté. Va falloir que je m’abonne à BeIn…