990 km, 11 heures de route. Dans une voiture diesel. Pour un match amical. Les écolos sont en PLS. Les supporters applaudissent.

Si je mets du temps à publier mes compte-rendus, c’est pas parce que je n’ai pas le temps avec le travail et le bébé (bon, si, c’est quand même le cas), c’est que je suis un putain de procrastinateur et c’est parce que je ne me mets pas à l’écriture tant que je n’ai pas trouvé une accroche qui me plait. Du coup, ça traîne. Là, je n’ai toujours pas trouvé, du coup je vous raconte ça. Merci pour votre patience.

Nous sommes le samedi 10 juillet. Il est 5h20 du matin et le réveil sonne. Il est l’heure de partir en direction de Mondeville pour le match amical entre le SM Caen et l’AC Ajaccio, qui se joue à 16h. Le GPS indique environ 6h30 de route, à passer par les nationales et les petites villes qui sentent bon le terroir, comme Mehun-sur-Yèvre, Beaugency, Nogent-le-Rotrou, Saint-Léger-Sur-Sarthe ou encore Falaise. L’arrivée à Caen se fait aux alentours de 12h30. En bon gourmand, il était hors de question d’être à Caen et de ne pas manger des tripes. Direction donc un restaurant du centre-ville pour une bière, une gamelle de tripes à la mode de Caen à Boeuf & Cow, un café et le tour est joué : nous sommes rassasiés et prêts à affronter la pluie qui s’abat délicatement sur la Normandie.

Après Lisieux et Fougères, voici donc Mondeville. Ce n’est pas la liste des derniers finalistes d’Intervilles mais bel et bien la liste des villes visitées par l’AC Ajaccio (et par moi, donc) pour les matchs amicaux. La place en pourtour coûte 9 euros, c’est plus cher qu’en parcage visiteurs en Ligue 2. Mais soit, je remercie grandement le supporter caennais qui m’avait réservé et payé la place. Une place réservée dans la semaine puisque tout le monde avait peur que le match se joue à guichets fermés. Et au final, les 900 places disponibles n’auront pas – loin de là – trouvé preneur. Pour la première fois dans ces matchs amicaux 2021/2022, nous avons droit à un semblant de fouille, mais pas chiante du tout : la bâche peut rentrer sans aucun souci, du moment où « il n’y a pas de message politique dessus ». Nous faisons le tour du stade pour nous retrouver à bâcher près des bancs de touche, un peu éloigné du reste des supporters et à un endroit où les mains courantes ne sont pas recouvertes de pub, afin de pouvoir placer notre bâche sans cacher les panneaux des entreprises locales, qui font vivre le football amateur.

Quelle erreur de s’être placé à cet endroit : à deux mètres de là, une grosse enceinte (je ne parle pas de ta voisine qui attend un bébé) crache de la musique inaudible à 300 décibels. En une heure de temps, j’ai dû perdre 5 points d’audition. Si l’on ajoute à cela la pluie, tout ne commence pas très bien. Pour l’occasion, nous sommes cinq supporters de l’AC Ajaccio, dont certains viennent du coin. On doit faire tellement pitié que Dédé, l’intendant de l’ACA, vient nous filer cinq écharpes du club.

Le speaker prend la parole, rappelle les gestes barrières et nous conseille de «bien garder notre match (sic) » pendant le match pour éviter les contaminations au Covid-19. Dans la foulée, c’est un bel hommage qui est rendu à Salah, supporter emblématique du SMC, qui est décédé il y a quelques mois. Des membres du Malherbe Normandy Kop et les enfants de Salah entrent sur la pelouse avec un tifo en honneur de ce grand homme, que j’avais eu la chance de rencontrer. Un recueillement et une minute d’applaudissement plus tard, c’est Julien Toudic, ancien de Caen, de l’ACA et actuellement joueur à l’USON Mondeville, qui vient donner le coup d’envoi fictif.

Le vrai coup d’envoi est donné quelques instants plus tard. Je ne vais pas vous détailler le côté sportif, il est un peu tard pour ça et tout le monde s’en fout. On notera tout de même la grosse première période de Vincent Marchetti, et l’activité de Gaëtan Courtet. Deux joueurs qui nous feront vibrer un peu plus tard pour leurs mots doux échangés avec Yoann Court après un tacle très appuyé de ce dernier sur Marchetti. Un Marchetti qui a, comme souvent, été renommé Marchéti par le speaker, qui a également surnommé Jean Boté, Tourik Arconte et Morine El Idrissy.

On peut aussi noter le fait que Caleb Zady Sery, parti de l’ACA pour rejoindre Caen pas dans les meilleures conditions, a été très remuant, ce qui a forcé les défensifs acéistes à sortir les machettes et les coupes-coupes. À la pause, le score est nul et vierge. C’est là que l’après-midi tranquille va se transformer en après-midi inoubliable. Les forces vives du MNK profitent de la pause pour venir discuter avec moi, dans le plus grand des respects, pour me féliciter etc. Entre mon accueil en janvier 2020 à Malherbe et aujourd’hui, je pense que c’est le SMC et toutes ses composantes qui sont les plus sympathiques et qui m’ont réservé les meilleurs accueils. Même si les supporters des autres clubs ne sont pas à rabaisser, loin de là. Donc merci à tous.

Et ce n’est pas terminé. Après une longue discussion, je me dirige vers la buvette, un barnum installé dans un coin du stade, avec tout ce qu’il faut. C’EST L’HEURE DU CASSE-CROÛTE :

Les + :

  • Même s’il pleut, il y a un barbecue.
  • Et des frites. Manger chaud avec cette météo, ça fait toujours plaisir.
  • Il y a de la bière avec alcool.
  • Les sandwichs sont généreux, avec deux merguez à l’intérieur.
  • Tout venait d’être fait, les merguez avaient du goût, piquantes comme il le faut.
  • L’accueil était sympathique.
  • 12€50 pour deux bières, deux sandwichs et une barquette de frites, c’est raisonnable.

Les – :

  • Ce n’est pas de la faute de la buvette mais de la mienne : je n’ai pas pris de sauce donc l’ensemble était un peu sec.
  • Mais en même temps, c’était mouillé, à cause de la pluie.
  • Le système de tickets à acheter avant de faire sa commande, c’est utile pour les organisateurs, mais relou pour les utilisateurs.

Note sur le guide Michelin/Perfettu des buvettes de Ligue 2 : 4,25/5. Du moment où il y a un barbecue, c’est la bonne note assurée. Quand il y a des frites, c’est encore mieux. Si on peut boire de la vraie bière, c’est la cerise sur le gâteau. Là, tout était réuni. On aurait pu espérer un sandwich moins sec et des frites plus cuites, mais ce serait chipoter. Merci pour ce moment (qui aurait pu être bien plus agréable si la météo s’y était prêtée).

C’est à la buvette que je fais la rencontre d’autres membres du MNK, plus jeunes, qui viennent me parler. On discute, on échange nos écharpes et puis on je vois vite que deux d’entre eux sont bien éméchés. « Excuse-moi mais j’ai eu mon bac cette semaine et ça fait trois jours que je fête ça, c’est pour ça que je suis dans cet état », me lance l’un d’eux. Qui ne me lâchera plus du match. Il me suivra jusqu’à la bâche et me racontera sa vie pendant 45 minutes. Si bien que je ne peux rien vous dire sur la deuxième période acéiste : j’ai presque pas pu regarder le match, ‘dérangé’ par ce supporter visiblement très heureux de me rencontrer. Je sais tout de sa vie : son père fait partie des fondateurs du MNK, il est abonné à d’Ornano depuis ses six mois, son oncle est un entraîneur réputé dans le coin, il joue lui-même au foot, au poste de gardien de but, il a failli sortir avec la fille de la buvette qui vient de lui emmener une bière gratuite parce qu’elle a joué pour son oncle – mais dommage, elle est lesbienne. Et puis il m’a sorti LA phrase, la meilleure de toutes celles que j’ai pu entendre dans un stade : « J’aurais pu jouer plus haut, au SM Caen, mais à un tournoi je me suis fait les croisements ». Oui, oui, les croisements. Merci pour tout, Julien, grâce à toi, je me souviendrais toute ma vie de ce déplacement à Mondeville. Et ça, c’était pas gagné.

Et je te pardonne de m’avoir renversé ta bière sur le short alors qu’il pleuvait à plein temps. Et je te pardonne d’avoir récupéré le maillot de Moussiti-Oko alors que t’es supporter du SMC et que tu devrais t’en battre les couilles d’un maillot de l’ACA (même si c’est le plus beau club du monde). Au coup de sifflet final, le score est toujours nul et vierge. Finalement, je n’aurais donc rien raté. On discute, on attend un peu les joueurs (qui donneront leurs maillots à tous les autres, sauf à moi qui collectionne et qui aura fait 11h de route pour les voir, mais ça c’est un autre problème – et c’est de ma faute, je ne leur réclame pas, au contraire des autres qui n’hésitent pas à le faire, et qui ont raison).

Le retour se fera, mouillé, par l’autoroute cette fois-ci, avec ‘seulement’ 4h30 de trajet. On aura vu un 0-0 à l’autre bout du pays, mais putain, quel déplacement ! Merci à tous et à très vite à Malherbe, en Ligue 2. Quant à nous, on se donne rendez-vous très bientôt. Si je trouve une introduction intéressante.

Perfettu

1 thought on “SM Caen-AC Ajaccio (0-0) : c’est pas le bout du Monde(ville) (si)

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