OM-Bordeaux (3-1), La Canebière académie plus forte que le néant

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Métro, Pablo, dodo.

Aïoli les sapiens,

Les habitués de notre site connaissent bien l’AS Nancy-Lorraine, cette entité vouée à charrier toujours plus aval les émotions les plus putrides de l’existence humaine. Il se dit dans ces contrées que si l’on projette d’y enterrer les déchets nucléaires en couches géologiques profondes, c’est pour les préserver de ce qui se passe à la surface. Vous me rétorquerez que leur académicien fait beaucoup pour la renommée de ce Mordor footballistique, toujours est-il qu’on ne peut dénier à ce club une certaine personnalité, aussi répulsive soit-elle.

Mais pourquoi foutredieu parler de l’AS Nancy-Lorraine alors que leur chute perpétuelle semble devoir nous épargner toute rencontre avec eux avant la fin du monde prochaine ? Eh bien il s’agit maintenant d’aborder en comparaison le cas de ces autres clubs dépourvus du privilège de disposer d’un but, fût-il mortifère, ces âmes vides assignées pour l’éternité aux Asphodèles footballistiques où même leur nom ne signifie plus rien. Il s’agit de parler des Bordeaux Girondins.

Comme si l’actualité n’était pas assez déprimante comme ceci, nous devions affronter notre doppelgänger océanique, lui aussi passé sous la bannière étoilée pour voir si les escrocs d’outre Atlantique ont quelque chose à envier à nos margoulins locaux, ce club lui aussi géré par un cuistre à qui tout ce qui ressemble à un patrimoine procure le même effet que les Bouddhas de Bamiyan sur un intégriste. Partant de bien plus bas sur l’échelle de la passion footballistique, Bordeaux est déjà allé beaucoup plus loin que nous dans son entreprise d’anéantissement des ambitions sportives. À distance, nous apercevons dans leur existence sans but ni sens ce qu’il adviendrait de nous si McCourt et Eyraud se laissaient aller à quelques coups de volant malheureux de trop. Ce soir, nous recevions les Girondins pour voir ce qu’est un club qui a abandonné l’idée de vivre.


L’équipe

Mandanda
Sakai  – Alvaro – Caleta-Car (Germain, 86e) – Amavi
Kamara
Rongier (Strootman, 86e) – Sanson
Cuisance (Gueye, 73e)
Thauvin (Aké, 78e) – Benedetto (Luis Henrique, 86e)

La composition ci-dessus représente une tentative de figurer un 442 losange sur un traitement de texte, parce que je n’ai pas que ça à foutre que de remettre des schémas. Merci de votre attention.

Les transferts se sont conclus par les départs de Bouna Sarr au Bayern de Munich, de Bouna Sarr au Bayern de Munich (je le mets deux fois pour me persuader que c’est vrai), de Maxime Lopez à Sassuolo, ainsi que par la non-venue du latéral danois Joakim Maehle en provenance de son club de Genkulés. Les recrues se limitent ainsi à Gueye, Balerdi, Luis Henrique, Nagatomo et Cuisance. Aucun club anglais n’a pu nous délester de Caleta-Car, ce qui est une bonne nouvelle, pas plus que des salaires de Sanson, Strootman ou Mitroglou, ce qui l’est déjà moins.

Sur le plan de l’effectif, la commission de discipline, toujours équitable et pondérée, a sanctionné Dimitri Payet de trois matchs dont deux fermes avec confiscation des biens et peine d’indignité nationale après son carton rouge contre Lyon. Il est remplacé par Michaël Cuisance, ce qui donne l’occasion à Villas-Boas de débuter dans un nouveau système : pas une mauvaise idée, vu les impasses du 433 constatées lors des derniers matchs.


Le match

Les roses sont rouges, les bleuets sont bleus, Bordeaux perd à Marseille et Thauvin met des enroulés. Cinq minutes de jeu, service par Sakai, recentrage et bijou du gauche des 25 mètres en lucarne, voilà qui est fait (1-0, 5e). On ne peut pas dire que l’OM marche d’entrée sur son adversaire, nous concédons d’ailleurs quelques coups-francs dangereux, mais en matière d’efficacité offensive, le progrès est indéniable : Caleta-Car téléguide une tartine de foie gras vers Amavi, dont la qualité du contrôle ne cède en rien à celle de l’appel. Le Jordan nouveau a l’occasion de se rappeler ce qu’était le Jordan ancien, quand Sabaly attend bien que notre latéral ait pénétré de 10 cm dans la surface pour l’accrocher comme un gros benêt. Le pénalty est indiscutable, tout se déroule à merveille, et en bonne logique c’est ici que la situation menace de partir en couilles.

Florian Thauvin remplace en effet Payet au challenge « j’ai réussi un geste de classe regardez mes grosses couilles c’est moi qui suis le meilleur » et, dans le plus lamentable des relâchements, adresse des 11 mètres un tir piteux que Costil détourne avec autorité. Dans la foulée, Ben Arfa punit ce pénalty manqué et notre milieu cafouilleux en allumant Mandanda après avoir été lancé en profondeur : un hors-jeu vient annuler l’égalisation, mais le slipomètre est enfin en alerte.

La suite ressortit davantage à une compilation du foot en folie qu’à un affrontement entre deux gloires plus ou moins anciennes du football français. Certes, notre nouveau système, l’activité de Cuisance et un apparent regain physique rendent notre jeu bien moins morne par le passé. Un festival de maladresse techniques et de mauvais choix vient cependant enrayer nos intentions, tandis que de leur côté, les Bordelais font ce qu’ils savent faire le mieux : errer sur le terrain en attendant que l’éternité s’achève. Morgan Sanson parachève la première mi-temps en salopant une magnifique contre-attaque dans le temps additionnel.


La seconde période s’avère du même tonneau, débutant par un florilège de ballons perdus, relances anales et fautes idiotes des deux côtés. Finalement, le plus constant reste encore Jordan Amavi, qui obtient un bon coup-franc sur l’énième ruade d’un bourricot d’en face. Jordan se trouve même à la réception dudit coup-franc de Thauvin pour, du premier poteau, battre Costil d’une sublime tête lobée dans l’incrédulité générale (2-0, 54e).

Quelques minutes plus tard, le même Jordan est à deux doigts d’acheter un pull-over rose et des chaussures bateau en signe de gratitude pour cette ville qui lui donne tant. Une nouvelle perte de balle anale des bleu marine permet à Rongier de décaler Jordan qui, en confiance, tente le tir croisé. Si la tentative file à trois mètres du but, c’est sans compter sur la gironditude de Pablo, qui tente inexplicablement d’intervenir et rabat la balle dans la cage (3-0, 64e).

La cause semble ainsi entendue dès l’heure de jeu, les Bordelais semblant encore plus impatients que nous d’entendre les trois coups de sifflet. Mais il est écrit que sous l’ère Villas-Boas aucune de nos soirées ne tournera jamais tout à fait rond.À la faveur des ultimes changements, Bordeaux connaît ce qui s’apparente à un sursaut post-mortem. Rongier perd la balle dans le camp opposé, ce qui n’est guère gênant, et Briand en profite pour s’infiltrer sans que trois joueurs lancés à ses trousses n’interviennent, ce qui est en revanche très contrariant. Pire, quand Duje intervient enfin, c’est pour se faire exploser par celui que la sagesse populaire désigne sous le nom de Jimmy Brianculédelyonnaisdemerde, avec la double peine qui s’ensuit : non seulement la faute n’est pas sifflée et Maja peut tranquillement résister à Alvaro pour aller tromper Mandanda mais, pire encore, Caleta-Car doit sortir sur entorse à la cheville à quelques jours de nos débuts européens (3-1, 83e). Cette soirée emplie d’aspects positifs n’aura ainsi connu qu’une fausse note, mais celle-ci risque d’être de taille.

Quant aux Girondins, à défaut d’un Charon leur offrant de traverser vers quelque chose de nouveau, c’est finalement le chauffeur du bus qui vient comme toujours les ramasser, pour leur offrir un nouveau tour sur le périphérique éternel de leur existence de merde : métro, Pablo, dodo.


Les joueurs

Mandanda (3/5) : Atelier boxe pour Steve, pour qui le match a consisté à repousser des deux poings les frappes et les corners bordelais.

Sakai (2/5) : Un match qui donne la tendance des mois à venir : on va davantage trembler du slip à chaque coup reçu que devant son pourtant colossal déchet technique. Le temps va être long jusqu’au mercato de janvier.

Alvaro (4-/5) : Battu au duel une seule fois en fin de match, après une débauche d’énergie soulignant que sur l’échelle de valeurs d’Alvaro, être dominé par un attaquant bordelais était encore plus infâmant que de se faire accuser de racisme. Et je ne dis pas ça par xénophobie, moi-même j’adore les cannelés.

Caleta-Car (3+/5) : Défense sereine et retour de quelques relances longues de bon aloi, jusqu’à ce coup de pute du sort qui nous suspend anxieux à l’état de sa cheville.

Germain (86e) : L’espace d’un instant nous a effleuré l’idée que notre false nine advanced libero entrait bien poste pour poste à la place de Duje. Mais finalement, Villas-Boas semble encore réticent à l’idée d’exploiter pleinement les capacités défensives de Valère.

Amavi (4/5) : Le temps de régler la mire par quelques fautes maladroites, Jordan a donné sa pleine mesure à coups d’interceptions autoritaires, de débordements tranchants et d’une efficacité offensive à côté de laquelle les premières passes décisives de Bouna Sarr au Bayern font figure d’anecdote futile.

Kamara (2/5) : Lui naguère si rayonnant se rétracte désormais comme un escargot dépressif, au point que je me demande s’il ne fréquente pas Kostas Mitroglou en cachette.

Rongier (3-/5) : Toujours dans une forme ascendante, même si la courbe de progression tient plus du faux-plat de la Canebière que du mur de Grammont [NdR : par suite des mesures bolchévico-écologiques imposées par le Printemps marseillais, chaque académie est désormais tenue d’intégrer un gag cyclable. Merci de votre compréhension]

Strootman (86e) : Dix minutes de jeu de Kevin Strootman, communsymbole d’une note de 2 pages demandée chaque mois par Estrosi à son dircab de la région pour justifier son salaire devant la Chambre régionale des comptes.

Sanson (2-/5) : La progression du syndrome footballistico-dégénératif de Morgan, en revanche, c’est Nibali dans la descente du Stelvio. [NdR : ce gag-ci n’a pas été imposé, on suppose que c’est juste pour faire chier]

Thauvin (4-/5) : Nous aurions pu nous mordre longuement les couilles de son pénalty gâché mais il n’en est rien ; ne soyons donc pas ronchons et savourons ainsi son magnifique but, sa passe décisive et son entente prometteuse avec Cuisance.

Aké (78 e) : Marley attirant les attentats autant qu’un caricaturiste, sa probabilité de subir un tacle de boucher de la part d’un Bordelais s’approchait de 1. Il s’est donc prudemment abstenu de trop provoquer balle au pied.

Cuisance (3+/5) : Nonobstant un bien compréhensible manque de constance, Michaël a créé du jeu. Ça n’a l’air de rien mais à voir un type faire des passes réfléchies vers l’avant, on s’est senti comme Anton Ego en train de regoûter à la ratatouille. On en viendrait presque à regretter les vilaines choses que nous avons écrites sur l’ASNL.

Gueye (73 e) : Ça ne se voit guère vu le déroulement du match et ce n’est peut-être qu’une impression, mais son entrée n’aurait-elle pas été un petit peu catastrophique sur les bords ? Sur le but bordelais comme plusieurs autres actions, il m’a paru perdre la plupart de ses duels avec l’ardeur d’une moule marinière.

Benedetto (2/5) : S’il s’efforce toujours de proposer des déplacements intelligents, il a semblé assister à la complicité entre Cuisance et Thauvin comme leur meilleur ami plus que comme un potentiel plan à trois.

Luis Henrique (86 e) : Mais c’est que ça n’a pas l’air maladroit du tout, ça. On a hâte d’en voir davantage.


L’invité zoologique : Toma Nasique

Une allure approximative, un rôle indéfini dans la chaîne alimentaire, et une insignifiance qui ne fera même pas prendre conscience au public d’une extinction à laquelle lui-même s’est résigné depuis longtemps : le nasique est bien l’invité approprié pour évoquer les Girondins de Bordeaux.

– Les autres : Parmi tous ces anciens enfants passionnés de football, aux murs parsemés des posters de leurs idoles, parmi tous ces anciens jeunes ayant rejoint les centres de formation avec l’intime conviction de faire de leur amour du jeu un métier, les Girondins ont réussi l’exploit de sélectionner 11 personnes capables d’entrer sur le terrain au cri de « vivement ce soir qu’on se couche ».

– Le classement : Après trois matchs sans victoire, ces points nous permettent de rester au contact de la tête du classement. C’est maintenant, avec l’entrée en Ligue des Champions, que l’on s’apprêtera à aborder le dantesque.

La minute culturelle : Réagissant au succès de « Treize organisé », la scène rap de Pertuis a tenu à jeter à la face du monde ce qu’elle savait produire de meilleur. Nous ne pouvions que partager.

– Le bonus Noël : Puisquevous avez cliqué sur le lien précédent, vous pourrez constater que Marsactu vous propose d’acquérir un bel ouvrage que nous ne pouvons que vous conseiller (ici).

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Anthony Ch. gagne le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

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