OM-Lyon (1-1), La Canebière académie réagit

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En attendant le monde d’après le monde d’après.

Aïoli les sapiens,

Les dictateurs qui durent sont ceux qui savent écouter le grondement du peuple, et reconnaître le moment où celui-ci devient intenable. C’est alors le moment pour lui de jouer son joker, en la personne de son numéro 2 honni de tous et qu’il aura pris soin de choisir aussi dévoué qu’imbécile. Une fois celui-ci dûment transformé en steak tartare par la colère populaire, le moment critique survient quand le peuple, repu de sang, s’apaise enfin et risque de se poser la question : « qu’est-ce qui a changé, en fait » ?

C’est ce jour qu’est supposée expirer la mise en demeure avant exclusion des associations de supporters, un document toujours en vigueur signé par un Hugues Ouvrard lui-même toujours en poste. L’Agora OM est toujours officiellement supposée redéfinir la notion du « bon supporter », les procédures judiciaires envers des dirigeants de groupes courent toujours, la faute grave reste un outil privilégié de gestion des ressources humaines. Si les communicants de McCourt semblent avoir cette fois-ci oublié d’être idiots dans leur dernière lettre ouverte aux supporters, il ne nous semble pas avoir vu l’ombre d’un commencement d’excuse pour avoir comparé la Bataille des Cyprès à l’invasion du Capitole.

[NdA : cette académie a été rédigée avant le numéro de flûte la mise au point de Frank McCourt, et j’ai la flemme de la réécrire, bien que les mises en demeure et l’Agora OM semble désormais être du passé. Faites donc comme s’il n’y avait pas eu de panne du site et que nous étions le lendemain du match.]

Le processus de déconolisation semble avoir obtenu une première récompense en ayant obtenu la tête du roi. On ne saurait cependant trop s’avancer en suggérant que la lutte est loin d’être terminée.


L’équipe

Mandanda
Lirola– Alvaro – Caleta-Car – Nagatomo
Kamara– Gueye
Thauvin – Payet Khaoui (Cuisance, 72e)
Milik

Benedetto, Rongier et Sakai sont suspendus. Il a en effet fallu que le Japonais aille jusqu’à mettre son pied dans la figure d’un adversaire pour réussir à briser le sort de titularisation éternelle d’Erzulie. Qu’à cela ne tienne, la déesse est déjà repartie vers un défi de taille : parvenir à faire aligner Nagatomo à chaque match (Yuto est une vieille connaissance d’Erzulie, étant apparu sur Terre à peu près en même temps que les dieux vaudous). Une rechute d’Amavi et c’est chose faite : Nagatomo retrouve aussitôt son aile gauche.

Devant en revanche, l’OM enregistre enfin le retour de Milik.


Le match

Il semble tout d’abord que les Olympiens aient trouvé le moyen définitif de ne pas se faire détruire par les sorties de terroriste d’Anthony Lopes : il suffit tout simplement de ne pas s’approcher à moins de 20 mètres de ses buts. Un bloc bas, une relance se résumant à un grand coup de tatane devant dès qu’n semblant de pressing s’ébauche en face, les intentions sont claires : si Longoria a pour mission de « remettre le football au cœur de l’OM », les consignes n’ont pas encore eu le temps d’être répercutées sur le terrain.

Pire encore, loin d’être un choix défensif assumé et maîtrisé, la manière dont les lyonnais se baladent sans opposition dans notre camp traduit plutôt chez les nôtre une attitude de couilles molles terrorisées. Un Depay dans sa forme normale contre nous aurait eu tôt fait de convertir plusieurs de ses occasions dès le premier quart d’heure mais, fort heureusement, le Néerlandais a pour une fois choisi de se torcher au Cointreau avant le match et arrose inhabituellement nos tribunes. Puis, sur une bête relance partant de Lopes, Memphis décroche tranquillement entre nos lignes sans être prise en charge par les milieux. Nagatomo étant en train de faire un gros câlin à Caleta-Car, il n’est pas en mesure d’intervenir sur le ballon transmis à gauche. Sur le centre à ras de terre qui s’ensuit, nos joueurs enclenchent le mode « panique » et se ruent à 5 au marquage des deux attaquants axiaux. Forcément, il suffit à Aouar de laisser passer la balle pour libérer Toko Ekambi, seul à droite et qui conclut une main dans le slip (0-1, 21e).


La tournure du match laisse entrevoir une branlée mémorable, voire dans des proportions stéphanoise. C’est oublier cependant un phénomène bien connu chez nos latitudes et remarquablement exporté par Rudi Garcia : la rétractation gonadique d’après ouverture du score. Pourtant supérieur dans tous les domaines, Lyon ne pousse pas son avantage tandis que le but agit sur l’OM comme une torgnole salvatrice. Si notre jeu s’avère toujours aussi dégueulasse, nous faisons au moins l’effort d’implanter notre absence de football dans le camp adverse. Cela nous procure quelques corners, ces phases de jeu qui sont aux équipes de brêles ce qu’une panne d’ascenseur est à Jean-Claude Dusse : sur un malentendu, qui sait…

Et il se trouve justement que l’un de ces corners, renvoyé plein axe, est repris sans contrôle par Gueye, dont le tir est contré du bras par Paqueta. Mauvais endroit, mauvais moment, le Brésilien a le tort d’être monté au contre avec le bras à l’horizontale, d’où le pénalty sifflé à la grande incompréhension des lyonnais sans doute pas habitués à être arbitrés comme tout le monde. À mille lieues de nos émois de pucelles dès qu’il s’agit d’exécuter un coup de pied de réparation, Milik égalise sans état d’âme (1-1, 44e).

Franchement pas malheureux de ce score eu égard à notre début de match et à la qualité toujours immonde de notre jeu, on se prend cependant à espérer davantage compte tenu de notre domination, malgré tout très nette pendant les vingt dernières minutes.


Cette domination ne se dément pas en seconde période, malgré un nombre d’occasions famélique. Au contraire, Depay affole de nouveau le slipomètre, mis en situation idéale mais tirant encore à côté. Peu avant l’heure de jeu, nous produisons enfin une balle action collective, avec des passes précises et vers l’avant et tout, mais la belle volée de Khaoui ne trouve finalement que le petit filet. Peu après, un centre de Thauvin suivi d’une feinte de Payet trouve Milik en bonne position mais, d’un tir trop mou, le Polonais gâche l’occasion de se révéler comme le tueur de matchs que Marseille attendait.

Un tournant survient quand Paqueta, en guise de pressing, déboîte la cheville de Dimitri Payet et récolte son second carton jaune (le premier ayant – sévèrement – sanctionné cette fameuse main dans la surface). Le Brésilien a beau une nouvelle fois montrer ses nichons à l’arbitre, il faut bien avoué que celui-ci s’en émeut moins que d’une Dragão Académie. Oui Lucas, on a bien vu que le ballon avait laissé une jolie marque sur ton torse, il n’en demeure pas moins : 1°) que tu as réalisé une belle main en pleine surface et 2°) qu’un tatouage « Uhlsport » sur les côtes ne t’autorise pas à coller des semelles sur les adversaires, a fortiori quand tu as déjà été averti (en tout cas, même le community manager de l’OL n’a pas réussi à inventer un point de règlement qui dise le contraire).


Si le résultat nul pouvait représenter un soulagement, il est désormais un devoir d’afficher une ambition un peu supérieure pour ces dernières minutes. Le message est moyennement reçu par Nasser Larguet, qui pour tout changement se contente de remplacer Khaoui par Cuisance. Quelques altercations mineures émaillent la fin de match, où nos intentions s’avèrent plus louables que nos capacités réelles. Memphis est même tout près de nous planter un fist comme à nos plus belles heures anales, mais son but est refusé pour hors-jeu. Acharné, Kamara tente un ultime raid à l’assaut de la surface lyonnaise, annihilé par le temps de réaction de vier marin de Cuisance.

C’est ainsi que nous quittons ce match sans avoir perdu contre les lyonnais de Rudi Garcia, ce qui était bien le moins. Passée cette satisfaction initiale, on se surprend à avoir failli se contenter de si peu sans s’agacer, témoin de nos ambitions sportives en berne.


Les joueurs

Mandanda (2/5) : J’ai lu beaucoup de choses sur la méthode et les principes de jeu de Sampaoli, mais rien sur cette tactique qui consiste à tirer ses six-mètres directement en touche. Je ne sais pas comment Steve va s’inscrire là-dedans, du coup.

Lirola (3-/5) : Une remarquable envie d’aller de l’avant, qui n’a eu pour égale que sa tout aussi remarquable incapacité à empêcher les centres venant de son côté. De son point de vue, une équipe qui joue haut est autant un principe de jeu qu’une question de survie.

Alvaro (3/5) : Pare au plus pressé pendant l’orage avant de maîtriser son sujet. Une fois les menaces écartées, il a pu se consacrer à sa principale préoccupation du soir, à savoir aller demander à Memphis Depay s’il était vraiment pote avec Neymar.

Caleta-Car (3+/5) : Effet bénéfique du réchauffement climatique : l’ours est sorti de son hibernation plus tôt que prévu, ce qui nous a notamment permis de ne pas atteindre la vingtième minute avec le filet déjà garni. Encore un peu engourdi après ce long et difficile hiver, mais après 10 kg de saumon cru et deux litres de miel, on peut espérer qu’il revienne en pleine possession de ses moyens.

Nagatomo (2+/5) : On se moque, mais cela fait plusieurs matchs que Yuto ressemble à un joueur de football.Si l’on postule sur la base du théorème Benjamin Button qu’il rajeunit d’un an à chaque titularisation, il devrait retrouver ses jambes de vingt ans vers novembre 2022.

Kamara (4-/5) : Gommons ces vingt premières minutes, de toute façon désastreuses pour tout le monde : saluons plutôt son volume de jeu, que Villas-Boas tenait jusqu’ici corseté comme les nichons des jeunes Anglaises pendant la période victorienne.

Gueye (4-/5) : Comme son camarade, il connaît la même montée en puissance au cours du match, qu’il achève en prouvant sa maturité : finis les cartons jaunes punissant des fautes bêtes et maladroites, place aux cartons jaunes récompensant la savante faute de pute qui coupe une contre-attaque à la 95e.

Thauvin (2/5) : Rate ce qu’il tente avec le sourire, ce qui change avantageusement des matchs où il rate sans rien tenter et en faisant la gueule.

Payet (3/5) : Rien de très décisif mais une présence constante, ce qui est aussi à saluer au regard d’autres matchs à la façon « je fais un coup d’éclat puis démerdez-vous ». Après, c’est dommage qu’il faille choisir, peser sur le jeu ET faire des coups d’éclat c’est bien aussi.

Khaoui (1+/5) : Khanon.

Cuisance (72e, 1/5) : « Attention, on a tendance à croire que n’importe qui peut perdre des ballons. Ce n’est pas le tout de perdre beaucoup de ballons, il faut aussi savoir bien les perdre. Là par exemple, je suis sorti un peu plus tard que d’habitude, c’était pas une bonne soirée, il n’y avait pas beaucoup de ballons à perdre. C’est dans ces moments-là que le bon perdeur de ballons, il sait qu’il faut privilégier la qualité. C’est pas un soir à garnir le congélateur avec des ballons perdus, donc il faut savoir ne pas rater la belle pièce. Alors quand j’ai vu Bouba percuter, j’ai pas hésité une seule seconde, j’ai armé et là, paf, c’est là qu’il faut pas trembler. Et finalement, on rentre avec un seul ballon perdu au tableau, mais c’est un ballon de but à la 92e. Pour tout dire, celui-ci, il est tellement beau que je pense l’envoyer chez le taxidermiste. »

(citation extraite de ce magazine)

Milik (3/5) : On attendra encore pour voir le grand attaquant, celui qui apportera la joie dans nos cœurs et les larmes dans les foyers lyonnais. Dans l’immédiat, on a vu un mec qui sait tirer les pénaltys et pour nous, c’est déjà énorme.


L’invité zoologique : Lucas Paquetamanoir

Le tamanoir griffe et ratisse tout ce qu’il peut, ce qui lui permet d’aboutir à des chasses en soi assez productives, mais son manque de vivacité et sa tronche de dix pieds de long font qu’on a toujours du mal à le prendre au sérieux. Il s’agit donc de l’invité approprié pour raconter ce match contre des gens qui auraient pu nous engluer mille fois mais en fait non.

– Les autres : Faut avouer qu’il y a un certain talent dans cette équipe. On a beau connaître Rudi Garcia, on reste d’autant plus admiratifs de sa capacité à en faire une telle soupe.

– Le classement : Septièmes à 16 points de la quatrième place. C’est vrai que ça paraît pas une mauvaise idée, cette histoire de « remettre le football au cœur de l’OM ».

– Le témoignage : Les amis de la Grinta m’ont fait l’honneur de témoigner à leur nouvelle rubrique « un supporter raconte son club ». C’est ici : https://lagrinta.fr/tribune-libre-blaah-nous-raconte-son-om&7245/

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Homerc remporte brillamment le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

6 thoughts on “OM-Lyon (1-1), La Canebière académie réagit

  1. Que dit ton oeil de chameau du combo Sampaoli / Longoria ?
    Pour ma part ça fait longtemps que j’ai pas été aussi content/rassuré/impatient de voir une équipe évoluer.
    La chute n’en sera que plus dure ?

  2. Pour commencer par le positif, disons qu’à court terme ce sera intéressant. Vu les ambitions du Monsieur en termes de jeu, on a peut-être une chance d’en finir avec nos matchs soporifiques dans les victoires comme dans les défaites.

    Par contre sur le long terme je suis circonspect, ne serait-ce que parce qu’avec Sampaoli, le long terme est une notion assez fragile. Même s’il ne reste pas beaucoup, à la différence de Bielsa il faudra qu’on sache capter l’héritage. Ce sera le boulot de Longoria. Même si avec son profil atypique j’ai du mal à voir en lui autre chose qu’un président de transition (vers quoi ? j’en sais rien), laissons-lui sa chance. Mais bon, à ce stade, on revoit McCourt faire des grandes promesses sans rien avoir dit d’investissements supplémentaires ni d’inflexions sur la méthode à suivre, donc malheureusement je ne vois pas pourquoi ce qui a échoué dans les premières années réussirait cette fois-ci. Je veux bien laisser sa chance à Longoria mais je reste assez peu optimiste.

    1. Merci pour ton point de vu.
      En effet, ne pas se retrouver à tout reprendre de 0 quand le sangain argentin va se barrer serait une bonne chose.
      Pour Longoria, ce qu’il a montré en peu de temps en matière de recrutement me parait vraiment positif. J’ai vraiment envie de le voir faire un mercato d’été et préparer une saison complète.

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