OM-Nantes (2-1), La Canebière académie se donne de l’air

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« Quand je me regarde je me désole, quand je me compare je me console. »

Quel émerveillement, ce rappel qu’il existe des équipes capables de jouer encore plus mal que nous.

Aïoli les sapiens,

Ainsi c’est cela, la vie de ces équipes vouées au milieu de tableau. Un fond de jeu englué dans la médiocrité permanente, cette crainte latente de basculer dans le déclassement tout en croisant, çà et là, la route d’authentiques losers dont la déchéance nous rebute en même temps qu’elle nous rassure : oui, certains sont à ce point nuls qu’ils semblent irrémédiablement obstruer le siphon du bidet social, bouchon salutaire nous prévenant de tomber dans la fange.

L’OM 2016-2017 est un club périurbain, similaire à cette vie de lotissement rythmée par les embouteillages quotidiens, ses huit heures à faire clignoter des tableaux Excel, ses embouteillages de retour quotidiens, ses embouteillages du samedi pour acheter chez Carrefour de quoi remplir le congélateur et emmener les enfants regarder les aquariums chez Botanic parce que La Barben c’est trop loin, et son barbecue du dimanche avec option effets pyrotechniques en cas de mistral. L’OM a l’ennui bonhomme, l’OM a une vie de merde et voterait sûrement FN, mais l’OM est à peu près en sécurité, c’est bien l’essentiel. Seul aspect qui le distingue du Provençal, l’OM ne se tape pas les embouteillages du dimanche soir pour aller se faire chier à aller regarder l’OM.

On aurait de quoi admirer l’abnégation – ou l’inconscience, c’est selon – de ceux qui s’infligent un tel supplice sans se flinguer ou poser des bombes, mais ce serait oublier l’espoir, celui qui nous permet de croire en un avenir meilleur, j’ai nommé l’OM Champions Project de Frank McCourt. On n’a rien trouvé de mieux pour supporter l’insupportable que la promesse de lendemains épiques ou, n’en demandons pas trop, un peu moins à crever d’ennui. Par moments, je me demande si l’on ne fait pas preuve d’une grande naïveté en attendant ainsi McCourt comme le sauveur. Je ne connais pas vos astuces pour lutter contre le vague-à-l’âme qui nous saisit dans ces moments-là, mais la mienne est simple : je passe quelques minutes sur les pages Facebook d’amis militants socialistes, ça me permet de relativiser mon propre aveuglement.

L’équipe

On peut s’interroger sur les capacités cérébrales de Franck Passi, toujours est-il que, selon l’expression consacrée, il porte ses couilles. Ignorée par les cuistres préférant ressasser une mise à l’écart de Ben Arfa dont l’on se branle avec force, la vraie polémique sportive se déroule chez nous : Rolando ne figure même pas dans le groupe.

Je ne m’en lasse pas.

Mieux encore (ou pire, on verra), Hubocan paie sa performance analissime de mercredi et est mis sur le banc au profit de … Rod Fanni, lui que l’on croyait pourtant en net manque de rythme après son moignon de saison précédente. Autant dire qu’en cas de mauvais résultat, l’entraîneur pourra avoir la sensation d’être assis sur un siège éjectable avec de surcroît un pain de C4 dans le fondement.

Le match

Le succès de ce coup tactique est fulgurant : Canal Plus n’a pas eu le temps de passer en crypté que l’OM est déjà mené. Sakai et Fanni sont largués côté droit, si bien que Doria doit dégager un centre en corner. Sur celui-ci, Stepinski domine facilement le Japonais et Sala surgit devant Fanni pour glisser la balle hors de portée de Pelé (0-1, 2e). Nous rencontrons la pire attaque du championnat dotée d’un attaquant muet depuis 6 mois, et celui-ci nous plante un but dès sa première action. Parfait, Messieurs.

Malheur, souffrance, colère, honte, nous sommes en position de relégables, on sort du Monsieur Lapin et des viers marins à tous les étages, Passi doit être exécuté sans sommation, la France se rit de nous, Margarita-casse-toi-on-sait-que-c’est-prévu-mais-casse-toi-encore-plus-vite, etc. Certes. Mais nous oublions alors un détail qui a pourtant son importance : le FC Nantes, c’est nul.

A la conclusion d’action initiées sur les côtés, Thauvin frappe à côté puis, surtout, Gomis est mis en échec de belle manière par Riou. Au terme d’un cafouillage sur corner, Njie voit ensuite sa frappe sauvée sur la ligne. Nos attaquants ont le mérite de ne pas nous laisser trop nous impatienter : un une-deux entre Njie et Gomis part du milieu de terrain, avec la bénédiction d’adversaires partis faire du shopping aux Terrasses du Port (150 euros de recettes par joueur de football venant disputer un match à Marseille, source CCIMP). Mention spéciale à l’idiot qui monte à contre-temps sur Bafé, en laissant un boulevard derrière lui : Clinton s’y engouffre et, de l’entrée de la surface, trompe Riou d’une frappe adroite, nous offrant autant l’égalisation que l’occasion d’employer l’épithète « adroit » à propos de Njie au moins une fois dans la saison (1-1, 22e).

Plus encore, Njie remet le couvert cinq minutes plus tard, partant tromper le portier nantais à la réception d’une ouverture lumineuse de Thauvin. Las, un hors-jeu jugé au micropoil conduit l’arbitre à interrompre l’action.

Le but inaugural ainsi réduit à l’état d’aimable plaisanterie, l’OM continue d’occuper le camp adverse, ce qui est d’autant plus heureux que chaque ballon joué aux abords de notre défense est invariablement source de coliques acides. Quand l’on sait que depuis le début de saison, quasiment chaque match est plombé par une cagade magistrale d’un de nos joueurs, jamais le même, nous attendons avec anxiété de savoir qui va empêcher notre domination de se concrétiser, et de quelle manière ridicule. C’est Gomis qui s’y colle, à la 36e minute, quand après un bon travail de Sakai et un contre favorable face à des défenseurs aussi robustes que Bouteflika au cap Horn un jour de grand vent, Bafé se retrouve seul, à 12 mètres du but, avec un gardien déjà à terre. Et trouve le moyen de rater le cadre.

Pour mieux nous faire regretter cette occasion énorme, Sala n’est pas loin de reprendre un centre, seul dans la surface. La mi-temps s’achève sur quelques moments de panique, surtout lorsque Bedimo et Doria passent à deux doigts du CSC le plus ridicule de l’année, le premier dégageant la balle n’importe comment dans les mollets du second, le rebond filant au ras du poteau.

Compte tenu de l’analité défensive généralisée, on peut prédire un grand malheur à celui qui laissera trop souvent le ballon naviguer dans son camp. Voir René Girard interdire aux Nantais de jouer trop haut apporte ainsi un soulagement certain, en même temps que les occasions continuent de s’accumuler. Gomis, encore lui, ne parvient pas à cadrer sa tête plongeante, seul à la réception d’un centre de Thauvin. En ce début de seconde mi-temps, la défense est solide, et Vainqueur monte en puissance. Notre domination est récompensée à la 52e, quand après un coup-franc joué rapidement par Thauvin, Gomis pénètre dans la surface où son slalom est stoppé par Kwateng. Pénalty, déjà le troisième obtenu par l’OM cette saison. Aux Lyonnais qui seraient tentés d’ironiser, nous objecterons que les nôtres sont issus de fautes objectives et non de fellations présidentielles ce qui, vous en conviendrez, constitue une minuscule différence. Toujours est-il que Bafé exécute lui-même la sentence, invitant au passage Thauvin à jouer avec son caca plutôt que de vouloir tirer les pénos à sa place (2-1, 53e).

Mérité, l’avantage n’en est pas moins fragile. Les pertes de balles de chaque côté entraînent plusieurs séances de contre-attaques et de contre-contre-attaques, infructueuses sauf pour les chirurgiens cardiaques. Quelques remplacements plus tard, Nantes se montre plus pressant, tandis que la crispation des sphincters olympiens se fait flagrante, surtout au souvenir des matchs précédents perdus dans les dernières minutes.

A dix minutes de la fin, Gillet se trouve démarqué à la réception d’un centre et en profite pour adresser une lourde sur la barre de Pelé. L’OM ne contrôle plus rien, le slipomètre est écarlate. Passi ne résiste pas à la tentation de sacrifier le peu de maîtrise de ballon qui nous reste et de bunkériser notre camp, en sortant Cabella pour Hubocan.

A la 86e, les Nantais hurlent à la mort pour une main de Doria non sanctionnée d’un pénalty. Il fallait pourtant surestimer la psychomotricité humaine en général, et celle de Doria en particulier, pour juger qu’il pût exister une once de volonté dans ce geste, un ballon touché du bras au sol sur un tacle glissé. Anecdote amusante : les Nantais ont à peine contesté une intervention de l’inénarrable Hubocan quelques minutes plus tard, qui, elle, aurait pu mériter pour eux le pénalty et pour le Slovaque une saisie de couilles aux tenailles chauffées à blanc. Si nous ratons enfin quelques contre-attaques par manque de précision, nous parvenons à conserver cet avantage précieux.

Nous conclurons par quelques mots sur Passi, dont les choix en fin de match ont été une nouvelle fois très critiqués. Pour notre part, on posera les torches et les fourches cette fois-ci, l’entrée d’Hubocan ne nous ayant pas paru si scandaleuse que cela :

– contre Rennes, nous lui avions reproché de ne pas bétonner après l’exclusion de Machach ; du coup, je me vois mal reprocher à Passi d’avoir tenté ici de verrouiller la défense à cinq minutes de la fin, quand bien même les circonstances étaient différentes ;

– ce faisant, il n’a pas sacrifié grand-chose en termes de conservation du ballon : Cabella était de toute façon grillé et notre équipe était paralysée par la peur, si bien que nous n’aurions pas accompli de miracles même avec l’entrée d’un joueur technique. Celui-ci n’aurait pu être que Lopez, dont la fragilité au duel nous avait d’ailleurs pénalisés au match précédent.

– de même, le choix de sortir Njie pour Sarr n’était pas incongru ; la sortie de Thauvin, en revanche, paraît une nouvelle fois critiquable. Ceci dit, nous avons assez parlé en ce début de saison de l’incompétence crasse de notre stratège pour ne pas non plus en rajouter des tonnes quand cela n’a pas lieu d’être.

Pire que la panthère, Bafé célèbre désormais ses occasions ratées en imitant le vier marin sous acide.

 

Les joueurs

Pelé (3/5) : Pas d’exploit à accomplir mais une attitude sereine dans la tempête. Comme l’écrivait Baudelaire à propos de l’albatros, « ses ailes de géant ne l’empêchent pas de s’en battre les couilles tant qu’il y a la barre transversale. »

Fanni (3/5) : S’il a démarré plus laborieusement qu’un porno soft sur M6, Rod s’est mis contre toute attente à remporter des duels précieux, paraissant bien se compléter avec Doria. On se gardera bien de tirer des conclusions avant de le voir face à des adversaires plus relevés, mais cela n’avait rien à voir avec la catastrophe que l’on pouvait craindre.

Notons d’ailleurs que l’action apportant notre second but a débuté par ceci.

Doria (3+/5) : D’une solidité à nous faire désespérer de refaire un jour des vannes sur son compte.

Sakai (3/5) : Toujours douteux défensivement, mais pour une fois son apport offensif a largement compensé ses faiblesses, avec quelques actions qui auraient même pu s’avérer décisives en première période.

Bedimo (2-/5) : Il est urgent qu’il se retrouve un physique, je ne regarde pas les matchs pour voir des duels entre Usain Bolt et Richard Bohringer.

Vainqueur (4/5) : En parlant de capacités physiques, en voici une belle progression. Le premier match complet de William avec des récupérations, des sorties de balle propres et quelques sprints offensifs, y compris en fin de match. Si Diarra récupère un jour de son inflammation du tendon mercato-pécuniaire, l’association peut être très belle à voir.

Zambo Anguissa (2-/5) : Car oui, pour l’instant, l’associé de Vainqueur au milieu de terrain ne ressemble guère à un joueur de football. Ou alors de football américain tendance defensive tackle, du genre à pouvoir accomplir une carrière professionnelle sans savoir quelle forme a le ballon.

Thauvin (4-/5) : Pas toujours des plus lucides, mais il travaille sans relâche. Il sert magnifiquement Njie pour notre presque deuxième but, et est décisif dans l’action de notre vrai second but. Le jour approche où il produira une performance digne d’hélicobite, celle que l’on attend depuis 3 ans.

Khaoui (77e) : Remplace un Thauvin pas franchement émoussé, sans qu’on y gagne énormément au change, que ce soit en termes de conservation de balle ou de concrétisation des contre-attaques.

Cabella (2-/5) : Quelques apparitions furtives sur mon écran, mais je ne suis pas certain qu’il ne s’agissait pas d’un poltergeist.

Hubocan (85e) : En neuf minutes sur le terrain, ce phénomène était à deux doigts de provoquer un nouveau pénalty. Un mélange de The Americans et Good Bye Lenin, où Tomas aurait secrètement noyauté un groupe d’impérialistes à fins de sabotage sans être au courant que le rideau de fer est tombé il y a 25 ans.

Njie (3+/5) : Une première mi-temps d’excellente facture où, contrairement à ce que nous écrivions mercredi, Clinton ne s’est pas montré fâché avec tout ce qui touche de près ou de loin avec le jeu de balle au pied. Un peu de mal à tenir la durée, mais sa première mi-temps était déjà très satisfaisante.

Sarr (70e) : On dira avec euphémisme que son apport défensif n’a pas facilité la tâche à un Bedimo déjà en souffrance. En revanche, quelques contre-attaques bien négociées.

Gomis (4-/5) : Une activité incessante, une passe décisive, un pénalty obtenu et transformé, le quota de hors-jeu bêtes récolté dans les dernières minutes, et 158 ulcères du gros côlon provoqués chez les supporters à la suite de ses occasions manquées. Honorable.

 

L’invité zoologique : Lucas Limace

Après le gakpéropode de l’an dernier, l’invité zoologique reste dans la famille. Entre temps, le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a guère évolué en force ou en beauté, perdant même la maigre coquille qui le protégeait un tant soit peu. Il semble condamné à faible échéance eu égard à sa motricité digne des volleyeurs paralympiques, encore que ceux-ci sachent ramper sans laisser des traînées de bave partout. Voici les observations de notre nuisible :

Les autres : L’activité d’Harit a eu beau sauver les apparences en fin de match, cette équipe reste infâme, surtout quand son stratège s’efforce de freiner ses maigres ambitions offensives. Surtout, ces mollusques ont montré un manque d’ardeur au duel à faire passer Lucas Silva pour Conan le Destructeur.
Le classement : Treizièmes, douillets dans le ventre mou.
Les images : A voir pour se dire qu’il existe bien pire que nous en ce bas monde de la Ligue 1.
Les filles : Malgré une déroute annoncée et le siège de leurs buts, les promues olympiennes ne concèdent qu’une défaite honorable 1-0 face aux ogresses parisiennes. Elles ont vite appris des garçons.
La page abonnement: Pour que vive l’Alterfoot cananal historique.
Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook et sur Twitter. Côme, le régional de l’étape, remporte le concours zoologique.

Bises massilianales,

Blaah.

10 thoughts on “OM-Nantes (2-1), La Canebière académie se donne de l’air

  1. J’ai eu un éclair. Le 18e est bien soumis à un barrage cette année ??? Retour de la descente à 3 oblige ?

  2. Proposer ce type d’affiche le dimanche soir sur Canal+ doit faire parti d’un plan média pour sensibiliser les abonnés et leur donner envie de suivre le championnat national. Je ne vois pas d’autre explication.

  3. Plus le concours zoologique s’élève plus le niveau de l’OM stagne. Comment voulez vous tirer des conclusions avec tout ça ?

  4. « face à des défenseurs aussi robustes que Bouteflika au cap Horn un jour de grand vent »

    Tu as fait ma semaine ! ???

  5. Rod Fanny nous fait oublier Thomas LouBoucan. Big Up aux Fanatics meilleurs hommes du match et de loin

  6. Ou es ce que l’on remplit le bon pour un Homejacking? Es ce possible trois pour le prix d’un? J’ai une urgence pour Passi, Sarr et cabrella.
    Merci d’avance, Blon.

  7. Je suis ptet maso, mais je vois plus de jeu cette année depuis la chignolle niçoise que durant toute la saison dernière.

    Comment? Oui, ils ont dézippé la cagoule pour me laisser m’exprimer, pourquoi?

    1. On s’ennuie moins, c’est clair. Et si on ne parle que de l’aspect offensif de la chose, c’est une opinion qui se défend.

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