Aïoli les sapiens,

Nanti d’un aimable matelas de points avant le début de la phase retour,  il ne fallait pas compter sur notre club pour aborder la rencontre en jeune affamé, fougueux et romantique. S’exalter, créer, embellir la vie, ce ne sont plus les préoccupations d’un deuxième de Ligue 1 mûri par la sagesse. Une gestion en bon père de famille, un placement judicieux et sécurisé et un bon point qui tombe dans l’escarcelle sans trop se forcer, voici ce qu’il nous faut. L’idéal bourgeois. La fin de l’histoire.

Tout se serait passé à merveille, sans la volonté de ces paysans d’une province éloignée de demander plus que leur dû, et à qui il a fallu rappeler l’ordre naturel des choses. Rassasiés ne veut pas dire avachis, et nous avons saisi la menace suffisamment rapidement pour apporter à ces impertinents le châtiment nécessaire à leur prise de conscience : n’essayez pas de réclamer plus que ce qu’on veut bien vous donner, sinon c’est un coup dans la gueule. Si vous n’avez toujours pas compris pourquoi Emmanuel Macron nous aime, je ne peux plus rien pour vous.


L’équipe

Mandanda
Sarr– Alvaro– Caleta-Car – Amavi
Rongier (Strootman, 81e) – Kamara – Sanson
Radonjic (Germain, 65e) – Benedetto (Lopez, 77e) – Payet

Alors que la reprise de Thauvin se rapproche, Villas-Boas doit faire sans Sakai, suspendu après son expulsion contre Trélissac. Sarr le remplace, le reste de l’équipe rassemblant les meilleures forces en présence, avec le choix de Kamara au milieu de terrain et de Radonjic sur l’aile droite.


Le match

La première période a au moins le mérite de nous rassurer sur l’aptitude de l’équipe à poursuivre ses efforts, après le match de moules apathiques livré en coupe de France. Sur une pelouse rappelant les plus belles heures de la première guerre mondiale, ça presse, ça tacle, ça envoie des duels sans regimber. Pour le football, ce n’est pas trop ça, mais pour la Ligue 1 c’est ce que l’on appelle un beau combat.

L’OM presse et gagne un grand nombre de ballons dans le camp rennais, mais n’en fait pas grand chose. Une exception cependant, quand l’un de nos corners se voit dévié par caleta-car pour la reprise de Sanson, contrée. Le ballon échoit alors à Alvaro, qui place une élégante reprise en pivot en plein sur le montant.

De leur côté, les Bretons souffrent mais laissent régulièrement planer la menace d’une contre-attaque ou d’une perte de balle fatale. C’est ainsi que Rongier se voit dépossédé du ballon sans son camp, l’action se terminant par une faute de Sarr dans la foulée. La vidéo laisse entrevoir une bousculade commise alors que l’attaquant a le pied sur la ligne de la surface. Pourtant, l’erreur manifeste n’est pas assez caractérisée pour que l’arbitre revienne sur sa décision initiale, de n’accorder qu’un coup franc. Cela fera au moins un représentant de l’autorité dont l’on n’aura pas insulté la mère en cette fin de semaine, ce qui est déjà ça de pris (quoique les Rennais contesteront sans doute cette analyse).

Plus tard, Mandanda doit s’employer sur une contre-attaque conclue par un enroulé de Bourigeaud des 16 mètres. Pas de quoi contrarier l’esprit de cette fin de mi-temps, essentiellement caractérisé par l’échange de ramponneaux entre personnes consentantes jusque dans le tunnel des vestiaires.


Si les 45 premières minutes ne font guère trembler l’OM dans sa quête du résultat nul, la suite s’avère plus compliquée. Tout émoustillé par l’ambiance de saine virilité qui préside aux débats, Kamara s’enflamme et manque d’emporter la cheville de Camavinga de ce que l’on appelle dans le jargon « une bonne grosse semelle de porc ». Bouba échappe de peu au carton rouge, ce qui n’est pas un luxe tant l’OM doit s’apprêter à souffrir au milieu de terrain.

Rennes accapare de plus en plus le jeu,  alors que nous nous montrons rapidement infoutus de conserver le ballon ne serait-ce que dix secondes. Si la défense Alvaro/Caleta-Car tient admirablement le choc, les incursions bretonnes sont trop nombreuses pour le pas affoler le slipomètre. Raphinha commence ainsi par exploiter un mauvais renvoi de Sarr en tirant juste à côté. Il parvient ensuite à prendre de vitesse nos deux défenseurs centraux, et c’est alors que nous voyons avec horreur Mandanda tenter une sortie lointaine. Fort heureusement, Steve n’a plus rien à voir avec le Garfield obèse qui naguère encaissait systématiquement sur ce genre d’action un pénalty, assorti soit d’un carton rouge soit d’une blessure. Prompt et déterminé, Steve arrive ainsi juste à temps pour sauver la partie d’un tacle parfaitement maîtrisé.

L’OM blinde son milieu de terrain en faisant entrer Lopez puis Strootman (ainsi que Germain), histoire que l’on arrive au minimum à se souvenir de la couleur du ballon. Payet se laisse une nouvelle fois dépasser par son agacement, en récoltant un énième carton jaune pour contestation. Aussi, devant la tournure fortement déplaisante des événements, les protagonistes enclenchent ce qu’il est désormais convenu d’appeler : « l’opération couilles ».

A la retombée d’une touche longue tout ce qu’il y a d’anodine, Da Silva a la mauvaise idée de descendre Lopez d’un hippopotacle incompréhensible. Comme Kamara plus tôt, le défenseur échappe au carton rouge mais pas au coup-franc à 25 mètres. L’offrande exerce sur Payet la même influence que le décolleté de Salma Hayek sur nos hôtes du soir. En pleine montée de testostérone, la fumée dans les naseaux et la bave aux lèvres, Dimitri pose le ballon pour ce geste qui, il le sait, constitue sa dernière chance de rehausser un match jusqu’ici franchement pas terrible. Dans la surface, sujet à une poussée gonadique similaire, un Strootman en rut mâche ses gencives d’impatience.

PAN ! Le tir de Payet s’écrase sur le poteau, et notre Néerlandais surgit pour achever le travail dans un cri bestial (0-1, 84e). Une occasion, un but, et le tout dans une mi-temps passée dans la souffrance et l’unique espoir de rapporter un 0-0 immonde : notre laideur s’élève à des altitudes telles qu’elle en devient sublime. On souffre. On met des taquets. On a une occasion. On la met et on gagne. Parfois le football s’inspire des chefs d’œuvres d’élégance et de raffinement de La Renaissance, mais pas ce soir. Quand on n’a pas le physique d’un Michel Ange, on compense avec des couilles comme des montgolfières. Ah, et on suit les ballons quand il y a un coup-franc, accessoirement.

Rennes pousse et passe un interminable temps additionnel à empiler les joueurs dans notre surface, gardien compris, mais il est trop tard : nous sommes déjà repartis à fond de six sur l’autoroute de la 2e place, et nos adversaires du soir ne peuvent plus distinguer que nos majeurs tendus à travers la vitre de notre bolide.


Les notes

Mandanda (4/5) : Tout en maîtrise et en élégance, il étale sa sérénité à la face des Bretons comme un vieux beau en Porsche épate les smicards sur le port de Cassis, tout dans son attitude étant voué à leur signifier : « vous aurez beau essayer on ne sera pas du même monde ».

Sarr (1+/5) : Une anguille électrique : il y a bien les décharges d’énergie pour inspirer la crainte, mais une fois à plat, on se rend compte que c’est surtout un truc qui se tortille un peu bêtement et qui sent le poisson.

Alvaro (4-/5) : A l’image des capteurs de tendance dans le milieu de la mode, il saisit très bien les variations de l’air du temps. Prenons ainsi l’exemple de cette première période toute en actions propres et raffinées, et de la seconde placée sous le signe du foutre, de la tripe et le mollard.

Caleta-Car (4/5) : Une accumulation d’interventions aussi autoritaires que maîtrisées, avec ce petit supplément de violence consistant en un hippopotacle complètement gratuit. Si l’on ajoute à cette prestation particulièrement séduisante la barbe de plus en plus fournie qui rehausse son corps d’athlète, il faut nous attendre à devoir affronter la concurrence de nombreux clubs au mercato ; et je ne parle pas ici que des clubs de football.

Amavi (3/5) : Je n’ai pas pu m’empêcher de retenir une larme lorsqu’il a dû défendre sur une transversale de Jérémy Morel, ça m’a fait penser au moment où Obi Wan Kenobi transmet son sabre à Luke Skywalker.

Kamara (4-/5) : Infatigable destructeur d’actions rennaises à coups d’anticipations judicieuses et de placements intelligents. Et sa violence impunie sur Camavinga, me direz-vous ? Eh bien elle est impunie donc on s’en branle, c’est comme ça que ça se passe en 2020. ‘z’aurez qu’à écrire AKAB partout, si ça vous défoule.

Rongier (2+/5) : Une belle première mi-temps gâchée par un excès de confiance à deux doigts de nous coûter cher. Rapidement émoussé par la suite, de quoi inciter à le préserver autant que possible (c’est-à-dire pas du tout, surtout si l’on se sépare d’un milieu cet hiver).

Strootman (81e) : On l’avait quitté titulaire, marcheur et dépressif à Limoges, on le retrouve remplaçant et remonté comme le Pape à la fin du mois sans branlette.

– C’est la merde, là, qu’est-ce qu’on fait ?
– Je crois que je vais faire rentrer Kevin.
– T’es sûr qu’il est prêt ? Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
– Couilles.
– Couilles ?
– Couilles.


Sanson (2/5) : Malgré un match moyen, pas sûr qu’un énorme sac d’euros pourrait faire mieux à sa place. Un dilemme en forme de réhabilitation, pour cet homme qu’on aurait échangé l’an dernier contre une aile de Citroën C3 et le dernier CD de Michèle Torr.

Radonjic (2/5) : Radonjic titulaire, c’est comme un épisode de Superman où l’on ne verrait que Clark Kent. Forcément, on s’ennuie.

Germain (65e, 2+/5) : Une honnête activité au milieu de terrain, et surtout, sur le coup-franc décisif, la présence d’esprit de s’effacer pour laisser le mâle dominant marquer.

Payet (3/5) : « One shot, one kill », comme disent les snipers. Après n’avoir rien réussi ou presque, attendre les derniers instants pour poser son arme, faire le vide en soi, ne faire qu’un avec sa respiration. Viser. Savoir qu’on le fera. Que l’on réussira ce que le monde attend de nous. Et tirer, sans haine, ni crainte, ni doute. Faire le job, sans émotion. Et accessoirement prendre une suspension parce qu’on n’a pas pu une fois de plus s’empêcher de demander à l’arbitre d’aller niquer sa race, tant pis pour le zen.

Benedetto (1/5) : Tellement mauvais ce soir qu’il n’a pas réussi à transformer en but non pas une, mais deux cagades de Jérémy Morel, un exploit qu’aucun attaquant n’a jamais réussi dans l’histoire de la Ligue 1. Cela devient très gênant.

Lopez (77e) : Permettre à l’OM de mieux conserver le ballon, c’était prévu. Se faire défoncer par un tacle au genou un peu moins, mais c’était le petit bonus qui nous a finalement bien réussi.


L’invité zoologique : Adrien Hugnou

Le gnou est un animal placide mais redoutable lorsque chargent ses vastes troupeaux. Bien plus d’un lion imprudent s’est déjà fait piétiner à mort par ces bêtes bien plus redoutables qu’elles n’en ont l’air. Sinon, les prédateurs intelligents attendent qu’ils se fatiguent tout seul et les chopent une fois bien enlisés dans la vase, à l’image des trois points qu’il nous a suffi de ramasser au bon moment dans la boue du Roazhon Park.

– Les autres : Presque nos alter-ego en réalité, dans le genre d’équipe dont l’on ne sait toujours pas si elle est à ce niveau grâce à son projet ou par la simple accumulation de circonstances favorables. C’est très propre et honorable, mais ça n’en paraît pas moins. La seule différence, finalement, c’est que nous on suit les tirs repoussés.

– Le classement : Cette victoire du vendredi nous hisse sur un petit piédestal en attendant les résultats de nos concurrents. Pour l’instant, le premier d’entre eux reste Rennes, que nous reléguons à 8 points. Pas une marge excessive, au vu du mois dantesque ® qui nous attend ainsi qu’à notre regrettable tendance à accumuler les suspensions.

– Le superhéros : Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, Superacad est de passage à Marseille. L’épisode du jour est ici, pour ne rien rater de cette saga magnifique.

– Les boutons : as-tu seulement remarqué les boutons qui figurent sous cette académie et qui t’invitent à nous donner respectivement de tes mots et de tes sous. Vois comme ils sont beaux, attrayants et doux au cliquer.

– Les réseaux : Ton dromadaire blatère également sur Facebook et Twitter. Et sur Instagram aussi, tiens, mais voyez ça avec notre chargée de communication, moi je sais pas comment ça marche. Georges Cloonesque remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,
Blaah.

7 thoughts on “Rennes-OM (0-1) : La Canebière Académie capitalise

  1. J’ai la « chance » d’être à Rennes en ce moment.
    Les visages déconfit et les rales à base de « on s’est fait volé » de tous ces gens dans le bus hier soir étaient formidables !
    Merci l’OM !

  2. On a regardé le match avec Mauricio qui, plutôt qu’un 0-0, avait misé sur le 1-1. Plus ou moins le match prévu et si on ne parlait pas de vol, force est de constater que vous vous en tirez à bon compte. J’en profite pour te souhaiter une bonne année ainsi qu’à Dromadame, Dromadette et Dromadine.

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