Le Footballologue analyse Manchester-OM (mis à jour)

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Notre footballologue (et donc le votre) a une palette pas nette.

Tandis que Godzilla secoue la fourmilière pour retrouver ses œufs, la Bonne Mère se présente dans l’antre des Red Devils : Apocalypse Climax ?


433 Cliquet

Venu avec un « projet », Deschamps n’en finit plus de composer variations sur 433. Le socle de 4 (2dc + 2mc) n’a pas survécu au milieu lillois tant les limites de Kaboré et Cissé en limitent l’usage. En « danger » face à Rennes, Deschamps fait fructifier son capital phocéen en ressortant un 433 de 2009, alignant Heinze aux côtés de Diawara, M’bia en « sentinelle » et la paire Cheyrou-Lucho à la baguette. Toutefois, de conquérant qu’il était à l’origine, ce dispositif se révèle plutôt défensif face aux bretons. En effet, les marseillais se regroupent autour d’un socle de 5 (2dc + 1 sentinelle + 2 mc) dans leur moitié de terrain et le placement de M’bia renseigne sur leurs intentions. En phase défensive, la « pseudo-sentinelle » se porte à hauteur de Lucho et Cheyrou plein axe et déclenche un pressing plus agressif que ne le feraient les deux meneurs. De ce fait, il oblige l’adversaire à emprunter les côtés où l’attendent l’ailier, le meneur et le latéral concernés. Si l’adversaire parvient dans les 25 mètres olympiens, M’bia s’aligne alors sur les défenseurs pour devenir le 3ème arrière central. La « sentinelle qui balaye devant la défense » a ainsi vécu et les déplacements du camerounais évoquent plus ceux d’un « cliquet » missionné pour interdire l’axe aux visiteurs.

Offensivement, Cheyrou et Lucho forment duo sur « pinball wizard » avec au chœur un attaquant, un buteur et une boule de flipper. Rappelant qu’il est issu d’un peuple qui a – aussi – beaucoup souffert, Gignac multiplie décrochages et débordements pour offrir un numéro de gitan errant digne du mythique Ahaswerus. Kikitch ayant fait kékétch, Rémy quitte encore plus souvent son aile droite pour le point de penalty et même si la DTN a cessé la production de « Henry » pour cause de réduction des espaces (le produit phare de la gamme FFF se montrant incapable de déborder-centrer sur 15 mètres), le dernier spécimen de la série peut toujours faire valoir sa vitesse en partant 10 mètres plus bas. Enfin, Valbuena et désormais Ayew se posent comme clinamen du système, aléas placés dans la zone d’enjeu de telle sorte que, pour l’adversaire, le risque n’est jamais loin de la catastrophe. Nonobstant blessure et équilibre tactique, imaginer le duo Cheyrou-Lucho titiller Gignac avec Ayew-Valbuena en extra-ball relancerait les rumeurs estivales faisant de l’attaque de l’OM une HAARP.

Si pendant le premier quart d’heure l’OM s’est fait écarteler sur la croix d’Antonetti (4 défenseurs, M’vila sous Tettey, 3 meneurs et un avant-centre), le test rennais semble ravir les Phocéens tant sur le résultat que sur la manière. Néanmoins, Heinze la jouant Cliffhanger ou M’bia en mode Eddy Murphy inquiètent quant au sérieux de l’entreprise. Ainsi a-t-on pu constater que M’bia dépassé, les deux centraux peinaient à fermer l’axe, laissant un trou béant devant Mandanda. De plus, le pressing « intelligent » visant à déporter l’adversaire sur les côtés doit incomber aux joueurs rapides (attaquants + M’bia) tandis que Cheyrou et Lucho ne font que couper les trajectoires de passes vers l’axe pour mieux se montrer disponibles à la récupération. Enfin, le côté droit marseillais se trouve aux prises avec le couloir fort de ManU et Rémy devra compenser la lenteur de Lucho et surveiller d’éventuelles percées de feu Captain Flemme.

Le sablier de Ferguson

Comme mentionné dans le précédent rapport, Ferguson s’avère maître espace-temps et propose un jeu fondé sur la vitesse de mouvements entièrement portés vers le but adverse. Tirez des diagonales à partir des surfaces de réparation et se révèle alors la « carte du tendre écossais. » Défensivement, l’équipe repose sur un socle de 4 (2 dc + 2 mc) ou 4 + Scholes auquel s’ajoutent deux latéraux que Fergie libère au gré des événements. Centrer reste permis (cf stratégie victorieuse de Wolverhampton) mais toute percée axiale se heurte au socle auquel les joueurs donnent caractère (Fletcher-Carrick imposent le rythme et l’allure conquérante tandis que Gibson-O’shea se limitent à protéger leur précieux.) En cas de Scholes, l’équipe joue sur la vitesse de Rooney ou Chicharito, quand Giggs n’est pas là pour organiser les offensives, compenser BeefHead ou délivrer une petite braise à l’entrée de la zone érogène. La présence de Berbatov indique un socle conquérant (paire Fletcher-Carrick) auquel le Cantona bulgare ajoute sa finesse aux abords de la surface… ou un refus de jeu nécessitant un buteur capable de conserver la balle.

Proposant une animation dissymétrique (combinaisons courtes Giggs-Rooney en direction du but sur le côté gauche + possibilité de débordement-centre de Evra ; débordement-centre du milieu droit), ManU peut substituer Nani à Valencia sans grande différence (la polyvalence du Portugais étant toutefois indispensable en cas d’absence de Giggs et surtout Rooney) voire ajouter le pressing, la vitesse, la technique, et la finition de Chicharito. S’il s’avère être un poids pour l’équilibre tactique (compensation de Giggs), un Rooney en forme n’en reste pas moins un dispositif tactique à lui seul. En l’absence de Ferdinand, Vidic tient la raquette avec Smalling et ManU n’encaisse que sur CPA ou concours de circonstances.

Plus que la défaite aux forceps concédée face à Chelsea, le match perdu face à Liverpool livre quelques faiblesses. En effet, la bande de Dalglish a maîtrisé Manchester en minant de l’intérieur son système. Ainsi, Suarez et Kuyt n’ont cessé de presser à l’intérieur du socle, contrariant la relance et poussant l’adversaire à la faute technique. Derrière, le duo Gerrard-Meireles a su profiter sans se livrer des erreurs mancuniennes tandis que les « ailiers » se contentaient de bloquer les couloirs sous la médiane. Jouant bas, Dalglish a ainsi démoli le socle « Scholes » aligné par Ferguson grâce à des attaquants rapides, capables de conserver la balle et de presser intelligemment. En dépit des apparences, les deux premiers buts illustrent toutefois la solidité des Red Devils car il faut un exploit de Suarez sur le premier puis une tête à l’envers de Nani sur le second pour voir Liverpool dépasser au score un adversaire pourtant incapable d’aligner trois passes consécutives.

Soucieux d’être adoubé par le concierge des lieux, Deschamps offre la croupe de la Bonne
Mère à Ferguson et ses raides. Ainsi, le 433 à deux servomoteurs (Cheyrou-Lucho) et une
sentinelle (M’bia) se veut conquérant face à une équipe jamais aussi efficace que face à la
provocation. Laissant les olympiens faire bonne figure dans les zones froides du terrain, les
mancuniens n’en préservent pas moins l’essentiel, couvrant l’axe et attaquant dans le dos du latéral pour contenir l’adversaire. Liverpool avait montré la voie en jouant bas et concentrant ses efforts sur l’axe, mais l’OM décide de jouer « son jeu », soit un schéma peu dangereux face au dispositif de Ferguson (animation sur les côtés versus bloc défensif en attente dans l’axe) que seules les blessures à répétition fragilisent réellement. Certes, l’activité de Cheyrou, venu renforcer l’animation axiale, pose problème aux mancuniens mais à l’approche des 35 mètres les passes se font sur la largeur pour une efficacité limitée. De plus, Chicharito dans la zone de Heinze-Taïwo rime avec 1-0, a fortiori lorsque ManU emprunte son couloir gauche de prédilection. Le match s’enlise, trois voyelles et trois consonnes, et c’est pourtant Fabio sur la pelouse bien que « O’shea derrière » (CJP, mdr) c’est « plus propre » (Liza, pdr), Nani sort pour Valencia, ManU hésite et Giggs tranche pour le 2-0. « Magnifique », « Superbe », Lizarazu s’enflamme pour les traditionnelles occasions manquées, l’hôte concède même un but histoire de consolider le scénario des « regrets et de l’expérience » sans lequel il n’est pas de titre de champion possible. Dans l’autre monde, Rooney hurle : « Amenez-nous le Barça ! »

7 thoughts on “Le Footballologue analyse Manchester-OM (mis à jour)

  1. mais qui gagne à la fin ?
    allez, je m’enflamme, ce soir exploit de l’OM !

    oh ça va ! j’ai dis « je m’enflamme »

  2. « grâce à des attaquants rapides, capables de conserver la balle et de presser intelligemment »
    Et merde, encore raté !

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