Zenit Saint-Petesbourg – CSKA Moscou (1-1). L’apprenti footballologue livre son analyse.
Duel au sommet russe, sans Sametoo
L’axe du mal
Quand ça ne veut pas passer, on peut avoir tendance à s’obstiner, à vouloir forcer les choses. Dans le football comme ailleurs, ce n’est pas spécialement une bonne idée. Après une mi-temps triste à pleurer, où le Zenit a essayé encore et encore de trouver la faille dans l’axe du terrain, Spalletti a compris qu’il fallait changer quelque chose. Ca n’a finalement pas payé, la faute à une erreur stupide de Hubocan en défense, mais l’idée était la bonne.
Refus de jeu
C’est le fil conducteur de la partie, et la raison pour laquelle les débats ont été si peu ouverts. Leader avant la partie, le CSKA voit probablement en son adversaire du jour son vrai rival pour le titre, plus qu’un Anzhi, certes deuxième, mais qui vit sa première vraie saison tout en haut du classement. Plutôt que vouloir à tout prix conserver son avance de cinq points sur Makhachkala, le CSKA était surtout décidé à ne pas perdre la moitié de son matelas de six points sur le Zenit. D’où ce parti pris très clair dès les premiers instants : jouer très bas, et transformer le 4-2-3-1 en 4-5-1.
Pas question donc d’espérer que les Moscovites emballent le match. Surtout en l’absence de supporters pour pousser leur équipe, le match se jouant à huis clos (même en Russie, les fumigènes dans la gueule c’est mal vu). Tous derrière et lui devant, avec Musa dans le rôle du petit cheval blanc, le CSKA a longtemps attendu que le temps passe. Même menés au score, Honda et Dzagoev n’ont jamais pu sortir de leur torpeur et se montrer dangereux. Le penalty concédé par Hubocan, transformé par Dzagoev, venant d’une action assez inoffensive. Quand on joue le 0-0, il faut savoir changer d’état d’esprit rapidement quand les choses tournent mal, ce qui n’a pas vraiment été le cas ici.
Congestion au centre du terrain
Le recrutement de Hulk a longtemps fait débat au sein du club, et le Zenit n’a pas encore vraiment appris à bien utiliser le Brésilien. Seulement voilà, malgré un seul but marqué en championnat et un positionnement difficile à trouver, le talent est indéniable, tout comme l’est la capacité à se créer des occasions tout seul. Face à un adversaire regroupé, sa frappe de balle et sa puissance physique pouvaient être décisives. A condition évidemment de se retrouver en bonne position. Problème, la logique titularisation de Kerzhakov, icône du club et surtout meilleur buteur du championnat, oblige Luciano Spalletti à le placer sur le côté.
Ca, c’est pour la théorie. Dans les faits, Hulk n’a pas vraiment occupé son aile droite. Pas plus que Danny, la vitesse de Riquelme sans le talent, n’a fait de même à gauche. Résultat, tout le monde s’est empilé dans l’axe. Premier étage, Danny, même si le Portugais s’est parfois décalé sur la gauche… en marchant. Deuxième étage, Hulk, la volonté de venir récupérer les ballons, mais l’incapacité à les remonter. Dernier étage, Kerzhakov, l’instinct du buteur mais aussi et surtout sa grande solitude quand il ne voit jamais la balle. La fusée à trois étages chère à Bernard Lions s’est rapidement écrasée contre le mur de l’échec, le match étant à peu près aussi rythmé que les tribunes étaient vides.
Les ailes, enfin
Pour éviter de s’endormir sur son banc, Spalletti a décidé de changer les choses. Et, puisqu’il faut bien sortir quelqu’un, c’est Hulk qui a laissé sa place à Bystrov, véritable ailier. Ce changement tactique permettait ainsi à Kerzhakov de devenir le seul pur attaquant sur le terrain, Danny traînant surtout dans l’axe par fainéantise et manque de mouvements. Incapable de provoquer la décision seul, le Portugais a besoin d’appels pour faire valoir sa qualité de passe. Un problème face à une défense regroupée, qui ne laisse aucun espace.
Bystrov sur le côté droit, bien soutenu par Anyukov derrière lui, le Zenit pouvait enfin écarter le jeu et élargir la très compacte défense du CSKA. A l’opposée, Danny ne se décidait pas à courir mais se positionnait de sorte à mettre en valeur les montées du latéral Yanbayev en lui servant de relai. Dzagoev ayant des difficultés à défendre et suivre son homme, les 2 contre 2 ce côté étaient favorables à l’attaque, comme ils auraient pu l’être à l’inverse si Dzagoev et Mario Fernandes avaient tenté de provoquer la décision plutôt que d’essayer de l’éviter. C’est sur l’un de ses déboulés, après un relai, que Yanbayev a enfin trouvé l’ouverture.
Un score en trompe l’œil
Au vu du nombre d’occasions de buts et de situations dangereuses, mais surtout des intentions du Zenit, celui-ci aurait logiquement dû prendre les trois points. Le coaching, s’il s’est avéré gagnant, est finalement la simple correction d’une erreur. Le postulat de départ était mauvais, même si Spalletti n’avait peut-être pas anticipé que le CSKA parquerait le bus devant son but, et l’entrée de Bystrov a permis de transformer un 4-3-3 bancal en 4-3-2-1 bien plus à même d’occuper l’espace et d’étirer la défense. Encore une fois, le football a ceci d’injuste qu’il ne récompense que la capacité à concrétiser. Le Zenit, qui a n’a pas su mettre au fond ses balles de 2-0, l’a cruellement appris à ses dépens.
L’apprenti.