Leeds – Villa (0-0 ) : La Hipster Académie prend du champ avec la théorie.

## Le football et le regard 3 ##

Si vos pas vous portent dans un bar de Jongbloed et que votre sensibilité vous enjoint à engager la conversation avec des autochtones, vous entendrez sûrement parler de football. Comme partout, me direz-vous. Certes comme partout, mais à Jongbloed, les supporters ne s’intéressent jamais qu’à une seule chose : aux joueurs de leur propre équipe. Comme partout, me direz-vous. Certes comme partout, mais également comme nulle part ailleurs. Il n’est jamais mention d’un seul joueur particulier d’une équipe adverse, fût-il une star, fût-il un boucher dont l’hippopotacle eût raison d’un ligament local. On ne décrypte jamais le plan de jeu de l’équipe adverse, eût-il été génial. Tout match n’est jamais relaté, retranscrit que comme s’il n’y avait eu qu’une seule équipe sur le terrain.

On s’extasie sur les mouvements d’ensemble, les jeux subtils de positionnement, les dédoublements sur l’aile. En phase défensive, on admire la compacité de l’équipe, l’explosi­vité des courses des joueurs aux avant-postes, les longues glissades de certains défenseurs, parfois jusque dans notre propre surface. On sait bien que sans une autre équipe, ces magnifiques mouvements n’auraient pas lieu. Mais ces autres ne sont finalement qu’une variable auxiliaire, qu’un ensemble médiateur qui engendre le spectacle que la foule de Jongbloed veut voir. On peut si facilement les supprimer, sinon de notre perception rétinienne (quoiqu’à domicile, des spots de poursuite suivent uniquement les locaux), au moins de notre souvenir lorsqu’il s’agit de faire le compte-rendu du match.

Au fond, les supporters de Jongbloed sont peut-être plus amateurs de ballet que de football. Peut-être que leur vision de l’équipe locale leur permet de ne garder du foot que la spontanéité, le génie de l’instant, le plaisir masochiste de la purge subie face à une équipe plus forte, tout en se concentrant sur la pureté du geste qui émeut aussi l’amateur de danse ou de capoeira. Enfin, le supporter de Jongbloed a peut-être aussi l’impression — illusoire, comme toujours — qu’il, que son équipe a son destin en main. Les victoires où les défaites ne sont dues qu’aux mouvements propres des joueurs, les blessures à un manque de préparation physique, les ennuis financiers au manque de sérieux ou d’honnêteté d’un employé local en particulier, aveugles qu’ils sont au contexte dans lequel se meut leur univers, et qui pourtant les déterminent plus qu’ils ne voudront jamais se l’avouer.

>>>>>##### Les Notes #####<<<<<

Sinistera bien une sinitre andouille
Sandy, 48eme

Meslier (décalage de Lamb/5) En théorie, ce décalage se calcule en additionnant toutes les façons de faire du vide. Ilan, lui, est à peu près passé à coté de tous les ballons aériens, en additionnant toutes les façons d’être désarticulé.

Kristensen (brisure de symétrie/5) Pour tous les gens un peu naïfs devant leur écran, Rasmus n’a pas fait un match dégueulasse. Mais si l’on prend en compte que nous n’avons que des interactions faibles pour nous lier à lui, il faut bien se rendre compte qu’il n’y a pas une chance sur deux qu’il fasse un bon ou un mauvais match. Mais non, n’essayez pas de nous faire douter de notre évaluation standard : tel un neutrino, Kristensen ne peut que nous apparaître que gauche. Et nous briser les ovaires aussi, évidemment…

Koch (fonction de partition/5) A l’équilibre thermodynamique, les propriétés fondamentales des ballons sont d’être repoussés par Robin, qui laisse des traces positives dans les notes qui recensent les déformations (infinitésimales) de notre bloc équipe.

Cooper (libre parcours moyen/5) Le libre parcours moyen d’un attaquant dans notre surface de réparation est inversement proportionnel à la force qu’exerce Liam sur son maillot.

Struijk (théorie de jauge/5) L’invariant de Jauge de Pascal : quelque que soit la symétrie du poste que tu lui fais prendre, il fait des bons matchs. Mais on sait bien qu’il n’arrive pas à résoudre le grand problème d’unification des qualités offensives et défensives.

Rocca (diagramme de Feynman/5) Représentation perturbative des interactions footballeurs-ballons. Très pratique pour calculer l’intégrale de chemin entre un ballon et deux défenseurs : ça fait un ballon, un attaquant et une passe laser. Par contre, quand on sort du domaine perturbatif et que l’équipe joue à dix, ça ne court pas assez et Kouhoku pense que ça ne sert plus à rien.

Adams (la self-énergie/5) Représente l’ensemble des diagrammes qui font des boucles en couvrant tout le terrain.

Harrisson (variables de Grassman/5) Très utile pour décrire les chemins suivis par ces particules bizarres à propos desquelles personne ne comprend rien (sauf Candy). Après, est-ce que c’est vraiment utile. Candy le prétend, nous lui faisons confiance, ça fait deux jours qu’elle n’a pas bu d’alcool.

Aaronson (le second son/5) Joueur superfluide, mais dont on a eu du mal à détecter la présence sur le terrain. Alors qu’il devrait ressembler à une vague de chaleur, normalement.

Sinisterrra (le premier son /5) Pour ne pas dire le roi des sons. Alors oui, il est très rapide pour s’extirper de la densité, mais bordel, ce qu’il ne faut pas être con pour chercher à intercepter mollement un coup franc en étant à 4 mètres du tireur ! Évidemment l’arbitre va te filer ta deuxième biscotte… M’enfin…

Rodrigo (complétion du carré/5) Belle astuce pour essayer de s’extirper d’une équation compliquée. Mais ce n’est pas pour autant qu’il a réussi à être un électron libre qui nous aurait permis de résoudre notre problème quand on s’approchait de leur zone de fortes densités défensives.

Firpo (l’approximation du point selle/5) Méthode utilisée pour déterminer la probabilité que Junior fasse de la merde en défense. Il suffit de s’intéresser à deux moments du match, le voir défendre, et conclure que ta grand mère court plus vite à tous les moments.

Latérayling (modèle de Berezinsky-Kosterlitz-Thouless/5) L’amour de jeunesse de Candy. En deux dimensions, les petites palpitations que l’on ressent en voyant Luc gambader sur le terrain détruisent l’ordre à longue portée de l’adversaire. Mais comme on était algébriquement un de moins, on n’a pas vu la différence par rapport à un joueur standard.

Bammie (métrique de Minkovski/5) La règle élémentaire pour mesurer l’espace et le temps. Bammie est assez bizarre de ce point de vue, il aime avoir soit l’un soit l’autre, mais galère quand il n’a aucun des deux, et se ridiculise quand il a les deux.

Klich (temps imaginaire/5) La façon la plus fondamentalement footballistique de calculer l’état fondamental de ce jeu. L’évolution vers le temps imaginaire où l’on s’imagine enfant et où le football n’est qu’un flipper géant, dans lequel Matteusz est le petit levier qui propulse la balle sur le plan de jeu.

Summerville (transformation de Lorenz /5) La vitesse de Summerville est indépendante du référentiel d’où l’on regarde. Et si vous croyez qu’on a autre chose à dire sur on entrée où il n’a fait que courir dans le vide…

>>>>>>##### Les joueurs d’en face qui nous ont bien fait chier #####<<<<<

Luiz (interactions en ondes S/5) Peu importe de quelle direction venaient nos joueurs, Douglas Luiz tenait le compte de tous les taquets que l’on avait mis, et présentait l’addition à la première cheville croisée.

McGinn (formalisme lagrangien/5) L’application immédiate du principe de moindre action chez les villains. On dirait qu’il pouvait prévoir toutes les trajectoires.

Young (fonctions de Green/5) On ne parle pas ici du formidable outil mathématique, base naturelle des équations d’évolution. Quoique, en voyant Ashley, on se dit que la vie est un éternel recommencement. Quand un étudiant pour la première fois est confronté aux fonctions de Green, il chouine vraiment beaucoup, comme si c’était dur, et comme si ce n’était pas lui qui faisait 25 fautes par minutes.

Coutinho (l’équation du gap/5) On sent bien qu’on ne peut pas s’exciter à moitié pour ce type de joueur. Sauf quand on se rapproche des bords de sa carrière : il n’y a plus besoin d’une paire de Cooper pour arrêter sa progression.

Ramsey (exposants critiques/5) On sent bien qu’il n’est pas si loin que cela d’être un vraiment bon joueur, mais que la façon dont il se rapproche de sa transition de phase n’est pas bien connue.

Kouhoku (modes de Bogoliubov/5) Comment perdre de l’énergie alors qu’on pourrait faire une équipe superfluide ?

>>>>>##### Les Notes auxquelles vous avez échappées #####<<<<<

– Equation de Dirac
– Transformation de Hubbard-Stratanovic
– seconde quantification
– formalisme hamiltonien
– équation d’évolution
– intégrale de chemin
– renormalisation
– transitions de phases quantiques
– représentation d’interaction
– évolution libre
– ordre normal
– représentation du groupe de pointcaré
– interactions introduites de façon adiabatiques
– fréquences de Matsubara
– interaction à deux particules
– diagramme irréductible