Nantes – Rennes (0-2), la Breizhou Académie coule les corsaires vendéens

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Laezh dans l’autobus du bonheur.

Salut les moches,

Il arrive que les réveils les plus anecdotiques augurent les journées emplies d’euphorie. 6h32 dimanche matin, les yeux dans le noir, la tête dans le vide. Un café, rapide, une clope, à peine savourée, tout juste de quoi oublier une trop courte nuit de sommeil avant de rejoindre dans un bus de campagne les gens se rendant à la messe. Le calme règne. Un Transilien, deux changements de métros et un crochet pour acheter de quoi s’enivrer plus tard, me voilà enfin prêt à attaquer l’interminable journée qui s’annonce. Mais le calme règne, toujours. 9h37, Porte de Versailles, je rencontre timidement mes futurs frères d’armes écharpe sur le nez et capuche enfoncée sur la tignasse. Le temps de monter dans le bus et d’avaler la première bière, les inhibitions se dissipent et les langues se délient. L’optimisme est de mise côté rennais, toutefois tout autant que la prudence face au pernicieux espoir. Le calme règne, intarissable. 13h54, une aire d’autoroute paumée dans la Sarthe. On évacue le houblon fermenté, on hume l’âcre parfum du THC, on contemple la coupe mulet-catogan d’un routier espagnol. Un déplacement tout ce qu’il y a de plus habituel, en somme. Le calme règne, poignant et douloureux.

15h42, Stade de la Beaujoire. Quelques amabilités sont échangées à travers la vitre du bus avec des Nantais éméchés. Avant de pouvoir enfin profiter de tout ce qui fait qu’on aime passionnément être un supporter. Les beuglements de 1200 bretons en transe malgré l’estomac noué des soirs où la défaite est inacceptable, les détonations des fumigènes, les galéjades vaseuses à l’intention des CRS, le sourire gêné et visiblement sous votre charme (mais qui peut la blâmer) de celle qui doit vous administrer une double palpation. Le chaos pointe enfin le bout de son nez. Dans le parcage, les voix frétillent d’excitation en chœur, toutes émoustillées à l’orée des deux heures de folie furieuse qui s’annoncent. L’air est humide et le vent souffle histoire de nous rappeler que ce derby est bien plus Breton que certains veulent bien nous le faire croire. Le silence jadis si oppressant se délite minute après minute. 16h24, Paul-Georges Ntep. Explosion. 16h46, Giovanni Sio. Effusion. 16h57, la mèche fatiguée de ma coupe de cheveux adolescente tombe nonchalamment sur mon front. Ma luxuriante barbe est noyée dans la pluie et dans l’extase. Le calme si familier du matin semble encore plus éloigné que les humiliations répétées du passé au sein de l’antre nantais. J’aurais la crève demain matin, mais j’en ai rien à carrer. Merci. Merci. Merci.

Joie, bonne humeur et esthétique transcendantaleJoie, bonne humeur et esthétique transcendantale

1h04, Issy-les-Moulineaux. Après 5 heures de trajet fait d’agréables discussions entrecoupées de sommeil léger, je rejoins enfin mon plumard, aphone. Ma tête est aussi lourde que mon cœur est léger. Je n’ai aucune envie de narguer nos comparses nantais tant l’addictif triomphe se suffit à lui-même. Le calme fait son retour, bienvenu comme un vieil ami retrouvé. Demain il faut retourner au turbin, mais qu’importe. Rien ne sera plus pareil.

EH OUAIS C’EST TOUJOURS NOUS QU’ON EST LES PLUS FORTS

 

AR MATC’H

Putain, à force de jouer le poète mélancolique de pacotille, on va finir par oublier que je suis un gros rageux. C’est pas bon pour ma réputation, merde. Si le petit être rempli de haine que je suis faisait la cour aux demoiselles aussi élégamment que je vous parle, j’arriverais peut-être à garder une meuf plus de 37 minutes. Mais peu importe. Si je pouvais aimer un être humain autant que le Stade Rennais, ça se saurait. Ne soyons pas irrationnels.

QUOI ? DOUCOURE EN 10 ? QUELLE SURPRISE

Pas de Quintero dans le groupe, qui n’est pas encore prêt physiquement. Je vais pas dire que ça se voyait, je passerais pour un connard. La composition n’est pas particulièrement ambitieuse pour jouer une équipe aussi triste offensivement que les Nantois, mais certaines choses sont à retenir. Le 3-4-3 devient un 3-4-1-2 qui est plus symptomatique du retour de Doucouré qu’il n’est annonciateur de Gourcuff, et Benjamin André repasse un cran plus bas. La disposition permet, avec Giovanni Sio en pointe seule, une liberté de mouvement pas dégueulasse à Paul-Georges Ntep, ce qui n’est pas désagréable. Enfin bon, elle garde aussi le cul de Grosicki vissé sur le banc, donc je reste mitigé. Derrière c’est solide, c’est costaud, c’est vigoureux et c’est prêt à foutre des coups de tatane dans le faciès. On est pas si mal.

La première mi-temps, malgré quelques incursions nantaises un tant soit peu dangereuses, est définitivement rouge et noire. Ntep défouraille et défouraille, Baal continue à nous faire oublier ce petit cœur de Cheikh M’Bengué et l’optimisme me pousse à croire que même Doucouré et Moreira font un match acceptable. Le seul vrai fait de match restera par contre l’évidente faute de Djidji sur Ntep dans la surface dont tout le parcage était sûr malgré notre champ de vision restreint. Mon géniteur, pourtant pas un chantre de l’optimisme me confirmera à la pause qu’un coup de pied de réparation aurait du être sifflé. La frustration est présente, mais je sens qu’il y a quelque chose à faire.

La suite du match ne fera que plébisciter l’hypothèse selon laquelle l’arbitre était bien bien à chier. 52e minute, tacle très mal contrôlé certes mais pas affreusement méchant d’Adryan sur Mexer.  M. Bien s’apprête à sortir le carton jaune mais le parcage hurle « ROUGE ROUGE ROUGE ROUGE ». L’homme en noir range le jaune, met la main au cul et exécute nos vœux. Un peu sévèrement. Ensuite, un Stade Rennais auparavant dominateur mais stérile va remettre les choses en place. Mauvais dégagement de la défense nantaise. André balance un amour d’ouverture dans l’axe, Doucouré remet sur Ntep qui rate sa frappe. Le ballon roule jusqu’à Sio, qui rate sa frappe. Ntep a bien suivi et pousse la balle au fond. Coucou toi, beau jeune homme inconnu du RCK. Congratulons-nous.

Anders Breiv… Hum, Kolbeinn Sigthorsson nous fera ensuite la démonstration de tout son talent et de toute son intelligence en administrant un coup de coude violent à cet éphèbe de Benjamin André (qui en sortira toutefois tout aussi séduisant qu’avant), non sanctionné. Non content d’être passé entre les mailles du filet, il découpera juste après Zeffane en deux. Rouge. Mérité. Il demandera ensuite (attention, ce qui suit est rigolo) une ovation de la part du public nantais. La Tribune Loire, si elle n’est pas peuplée que d’intellectuels, ne s’y méprend pas toutefois pas et ne donnera pas raison à un abruti qui a pris plus de cartons rouges qu’il n’a marqué de buts cette saison.

Une chose en entraînant une autre, Rennes se retrouve avec une balle de contre, Doucouré lance Giovanni Sio, qui remporte son duel en marquant Dupé gauche (SUPER VANNE LAEZH, SU-PER VANNE). Allez, roulez jeunesse, en route mauvaise troupe, circulez il n’y a plus rien à voir. A l’heure où j’écris ces lignes, nous sommes le mercredi 16 septembre 2015 à 20h01 et Rennes joue le titre. On est pas bieng là ?

 

Viens à la deuxième place, on est bien, regarde tout ce qu’on peut faire

 

LES NOTES

Abdoulaye Diallo : 3-/5 : Pas facile d’aborder son premier match en Ligue depuis la libération de Paris par un derby, surtout quand l’équipe est dans une bonne dynamique. Match sérieux, mais sans éclat non plus.

Pedro Mendes : 3/5 : Aura illuminé le match autant par sa mèche parfaite que par ses qualités dans les duels. Qu’il est joli.

Edson Mexer : Allah-hu Akbar/5 : Comment se fait-il que ce joueur pourrit encore dans notre pauvre club de roturiers du football ? On en sait rien, on s’en branle et on profite messieurs-dames.

Sylvain Armand : 3/5 : Match solide, sérieux et vigoureux. En plus il a même pas marqué contre son camp.

Ludovic Baal : 5/5 : Ce genre de matches mérite que je ressorte tous les tweets désobligeants que j’ai vus passer lorsqu’il a été recruté. Bande de nazes.

Steven Moreira : 2+/5 : Ecoute mon petit amour. Tous les efforts que tu fais méritent mon respect. Je te promets d’acheter ton maillot quand tu finiras ta carrière à Clermont. Remplacé par Mehdi Zeffane, qui s’est fait découper un enculé de nordique, le pauvre diable.

Yacouba Sylla : 3+/5 : Encore une fois sérieux et appliqué, bon à la récupération et avec peu de déchet. Et bah putain après le nombre de peintres qu’on a vu passer à son poste on va pas cracher dans la soupe. Remplacé par Romain Danzé qui a fini torse nu.

Benjamin André : 4-/5 : Le visage ciselé, le regard alerte, le sourire séducteur. Il a autant d’armes à son arsenal de séduction qu’il celui de qualités de jeu. #André2016

Abdoulaye Doucouré : 3+/5 : Plutôt invisible en première mi-temps. Plutôt décisif en 2e. Certains l’ont plébiscité, certains lui ont craché dessus. Pour ma part, je vais lui laisser le bénéfice du doute et attendre le prochain match pour tout lui mettre.

Paul-Georges Ntep : 1 milliards de dollars américains/5 : J’IRAI OU TU IRAS, MON PAYS SERA TOI. J’IRAI OU TU IRAS. QU’IMPORTE LA PLACE, QU’IMPORTE L’ENDROIT. Remplacé par Grosicki qui… Non bah j’en sais rien en fait, j’étais trop occupé à en mettre partout.

Giovanni Sio : 3+/5 : Ça paie pas de mine, c’est plutôt moche, mais ça fait le sale boulot et c’est 3 buts en 5 journées de championnat. Je connais un certain attaquant scandinave où c’était tout le contraire.

Giovanni Sio, qui vient , tout doucement, TE NIQUER TES MORTS

 

AR KLOZADUR

PUTAIN CE QUE C’ETAIT BON. Par contre, ne comptez pas sur moi pour me joindre à l’enflammade collective (et quelque peu hypocrite) de la journalosphère, je pense que toute la ô combien désabusée communauté rennaise sait que ce serait fort malvenu, et ce même après le retour du pseudo-enfant prodigue, qui me laisse circonspect. Faites revenir M’Vila qu’on rigole un peu. Ceci étant on va pas faire nos petites connasses et on va profiter putain. ALLEZ RENNES MERDE.

Kenavo bande d’affreux malotrus,

Votre Laezh Dour qui vous aime

Merci aux copains de Roazhon’s Call pour ce déplacement bien sympatoche, fait de bière, de sky-coke et de rosette fort volumineuse.

Un grand merci (et puis même un bravo tiens) à Nielsen pour cette magnifique vidéo du déplacement à la Beaujoire. Si vous vous y penchez attentivement, vous pourrez y voir votre (pas si) humble serviteur.

6 thoughts on “Nantes – Rennes (0-2), la Breizhou Académie coule les corsaires vendéens

  1. Bravo, belle acad’, la larme à l’oeil et dans le slip.
    Dire qu’après le match d’ouverture à Bastia tous les rennais étaient en dépression totale, 4 matchs plus loin on est en début de semi-gaule, merci l’ascenseur émotionnel éternel du Stade René.
    Les trois matchs prochains peuvent servir à confirmer, mais bon, nous connaissant, on est bien capables de poutrer Lille puis d’aller se faire ouvrir le trou d’balle au Gazelec…

  2. Sûrement pachydermique, quelque part, en train de s’enfiler du Ricard et du saucisson dans une maison trop luxueuse pour lui.

    Ce pédé.

  3. Juste un bémol la tribune Loire à bien ovationné ce blaireau de scandinave après son tacle !

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