U. Cluj, Nesu, Steaua vs Astra, la semaine de la Tuicacadémie

4

Contient un proverbe mémorable

Après une semaine d’euphorie européenne en Roumanie, revenons à notre blanche campagne. Cette semaine à l’affiche, l’U Cluj et sa rocambolesque histoire qui continue, le drame Mihai Nesu et le « grand match » Steaua – Astra.

 

Comme vous êtes tous devenus sympathisants de l’Universitate Cluj depuis que l’on a commencé l’aventure Tuicacadémie, aujourd’hui on débute avec des nouvelles de ce beau club. Deux supporters du club, Adrian Cinpoeru et Gelu Radu, sortes de Denis Robert locaux, se sont fendus d’une longue missive envoyée à l’UEFA, à la FIFA, aux journaux, aux autorités « compétentes » et disponible sur ucluj.ro. La longue lettre met en exergue les gros problèmes de gestion du président Florin Walter et révèle une nouvelle face du football roumain où tout est réellement possible. Meilleurs extraits.

Tout d’abord, un petit rappel historique pour replacer l’U. Cluj dans l’histoire du football roumain. L’U. est né en 1919, soit bien avant la Ligue de Football Roumaine ou même la fédé dans sa forme actuelle. L’U. a toujours été un gros pourvoyeur de joueurs pour la sélection, quelqu’ait été la période. En 2009, le club est récupéré par Florin Walter et là c’est le drame.

Les explications des deux supporters mettent en exergue le fait que Walter a surtout pris les commandes du club comme outil de pression sur les autorités locales. Walter est PDG d’une entreprise de construction et de nettoyage, implantée à Bucarest. Son arrivée à Cluj s’est combinée avec un beau contrat avec le Conseil du Judet (département) de Cluj. Or le club est devenu petit à petit un outil de chantage dans la reconduction et la renégociation des contrats publics.

En mai 2012, Walter a cédé le club à un de ses hommes de confiance Ioan Marginean, afin de pouvoir personnellement prendre le contrôle d’un autre club de Liga I : le Petrolul Ploiesti. Ce transfert du président a été notamment porté par les promesses des autorités locales de Ploiesti sur de juteux contrats pour son entreprise.

Lors de l’intersaison 2012, Walter et son homme de main organisent le transfert de tous les joueurs les plus valeureux de l’U Cluj vers le Petrolul pour 0€. 18 joueurs passent d’un club à l’autre et certains exemples sont ahurissants. Bornescu, gardien déjà appelé en sélection, Szukala, arrivé de Bistrita contre 300K€ et déjà reparti au Steaua contre une belle somme, Adrian Cristea, international roumain transféré du Dinamo contre 1,5M€ et le grand espoir du football roumain Gica Grozav, arrivé du Standard contre 250K€ et qui vaut aujourd’hui entre 3 et 4M€. En une intersaison, la manœuvre a totalement démantelé et dévalorisé le club clujenilor sans qu’aucun organisme de contrôle ne trouve à y redire.

Walter a outrepassé bien des lois sportives et économiques : la propriété de deux clubs en même temps, certains joueurs n’avaient pas de contrat avec le club mais avec son entreprise, Walter a également parfois confondu son propre compte bancaire avec celui du club.

Bien entendu, nul ni à la fédération, ni à la ligue professionnelle n’a réagi. Asa e viata. Ce n’est qu’un épisode de plus dans la longue mort des clubs mythiques du football roumain. Le Poli Timisoara a connu la même tragédie sous la conduite de Marian Iancu, ainsi que l’U Craiova. Deux très grandes régions de football ne possèdent plus de club phare et surtout le football roumain a perdu deux entités avec une grande tradition de formation de champions. Un proverbe roumain contemporain explique : « Quand une personne vole, c’est appelé une manie, quand 10 personnes volent, c’est de la kleptomanie, quand tout le monde vole, c’est la Roumanie ».

Toujours est-il que l’U est pour l’instant toujours vivant. L’équipe, bien qu’ayant jouée 60 minutes à 9, a réussi à arracher un héroïque match nul sur le terrain du Gloria Bistrita. L’U recevra le Steaua ce vendredi avec un groupe décimé, et sans doute l’obligation de faire appel à ses juniors…

 

FC Utrecht, antre du drame

A l’occasion d’une photo postée par Ogararu (ancien joueur international, notamment passé par l’Ajax et le Steaua), le nom de Mihai Nesu est remonté à la surface dans les médias roumains. L’occasion de vous conter le drame vécu par ce jeune footballeur.

Nesu était un défenseur qui n’a connu que deux clubs dans sa carrière : le Steaua et le FC Utrecht. Au Steaua, il a connu le destin d’un Claude Puel, jamais dans le onze en début de saison mais souvent titulaire en fin de saison. Il a notamment gagné 3 titres de champion et a participé à la fabuleuse aventure du Steaua en C3 en 2006, terminée en demi-finale.

Puis Mihai est parti tenter sa chance aux Pays-Bas sous les couleurs du FC Utrecht, après avoir glané ses premières sélections sous les couleurs roumaines. En 3 saisons à Utrecht, il devient très apprécié et demeure un titulaire indiscutable. Mais le 10 mai 2011, lors d’un entraînement, il percute son coéquipier Alje Schut lors d’une opposition.

Schut lui retombe dessus, la suite est dramatique pour Nesu. Une vertèbre cervicale se casse et il se retrouve sur le terrain, inconscient et sans aucune sensation corporelle. Après une intervention de 5 heures et 4 jours de coma, Nesu a récupéré quelques fonctions, dont la parole et la mémoire, mais est demeuré paralysé. Depuis, il se bat pour récupérer ses fonctions corporelles et peut réusiter partiellement ses bras. En début d’année, Nesu a ouvert une fondation à son nom pour venir en aide aux enfants handicapés de Roumanie. Ogararu ne l’a pas oublié et le FC Utrecht non plus. Un club, qui, malheureusement avait déjà perdu Di Tommaso quelques années auparavant.

 

Le « grand match » Steaua-Astra

On attendait monts et merveilles de ce choc entre les deux premiers du championnat et on s’est bien fait chier !

La plus belle action collective du match a eu lieu lors de l’entrée sur le terrain des joueurs. Les supporters du Steaua, parfaitement organisés, ont mené un blitz enneigé sur les arbitres, les joueurs et les dirigeants des deux clubs, assez décontenancés par cette attaque inattendue.

Les joueurs du Steaua ont joué à leur main lors de toute cette rencontre. Les joueurs de l’Astra, sans doute inhibés par l’enjeu et les conditions de jeu, n’ont pas fait montre de la même qualité de jeu qu’à l’accoutumée et les longues périodes de conservation du Steaua ont fini par fatiguer des joueurs de l’Astra peu habitués à courir après le ballon.

Le Steaua l’a emporté 2-0 facilement et a mis l’Astra à 10 points (club qui pourrait perdre son capitaine Gaman et son gardien Lung Jr courtisés en Russie). Autant dire que le championnat est plié. Pendant le match, on a d’ailleurs vu Rusescu, tout juste remplacé, se diriger vers le kop des supporters du Steaua, entrer dans la tribune et prendre le micro pour se la jouer kapo. Normal. Autre petit incident lors du match : les deux équipes ont joué une mi-temps avec des maillots de couleurs quasi identiques…

 

Malgré tout, le Steaua va se renforcer dès cet hiver dans le but de constituer un groupe solide pour la Ligue des Champions 2013/2014. Becali a déjà acheté Iancu, jeune perle de 18 ans du Vitoria Constanta ; un latéral droit du championnat devrait suivre alors que Maxim, l’ailier international du Pandurii et un attaquant nigérian de Molde sont également courtisés.

Reghecampf a balancé son plaisir d’être à la tête de cette équipe, qu’il pense pouvoir mener loin. Au pays, on commence à comparer l’entraîneur avec le grand Lucescu. Reghe a confié qu’il espérait jouer Leverkusen ou l’Ajax lors du prochain tour d’Europa League… Un voyage qui ferait sans doute plaisir à Rhinit.

Bonnes fêtes les gens.

 

Tristan Trasca

 

En bonus :

Rusescu le supporter

Budescu en prend plein la gueule (fin de vidéo)

4 thoughts on “U. Cluj, Nesu, Steaua vs Astra, la semaine de la Tuicacadémie

  1. Super académie une fois de plus, un peu d’émotion avec Ogararu, et surtout une bonne rigolade avec le coup des maillots. Exotique en somme.

    Mais y’a une explication à ca? J’imagine qu’ils sont assez organisés pour connaitre le maillot de leur adversaire à l’avance non?

  2. Ce qui est admirable chez Florin Walter, Gigi Becali et tous ces « hommes d’affaires » d’Europe de l’Est, c’est l’absence de pincettes pour enculer leur monde, ils ne s’embêtent pas, c’est direct, efficace, décomplexé. Les supporters roumains doivent avoir beaucoup d’humour pour endurer ça.

    Pour l’EL, De Boer a envie de jouer Genk, mais un déplacement en Roumanie serait plus bandant…

    Léchouilles à Ogararu et à la Tuica.

  3. Le Steaua a voulu jouer avec son maillot fétiche, ça a tenu une mi-temps !

    La Roumanie est un des derniers pays romantiques, où l’aventure humaine et le cynisme font bon ménage.

    Merci de suivre !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.