Dans le cadre de ses investigations d’été, France Ô autopsie le football. Leçon d’anatomie…

« (…) le football, comme toutes les entreprises, a ses accidentés du travail… » Samira Ibrahim

En Italie, si les supporters vivent avec le typhus, les gladiateurs meurent avant 50 ans. Sclérose latérale amyotrophique (SLA), tumeurs diverses et variées, leucémie, infarctus, le documentaire Ceux qui vont mourir te saluent multiplie les témoignages d’anciens joueurs et revient sur l’enquête du juge Guariniello. Ouverte sur la Juventus des années 90 puis élargie à l’ensemble du football italien de 1971 à 2001, l’ « enquête épidémiologique » n’en finit plus de compléter un album nécrologique déjà fort de 400 vignettes sur quelques 24 000 paninis collectées par le magistrat piémontais. Parmi les explications avancées, l’abus d’anti inflammatoires, les prédispositions génétiques, l’empoisonnement aux herbicides et…

« (…) quelque chose à suspecter fortement…mais pas seulement. » Angelo Viscovi

 « Action de stimulation des capacités de performances d’un individu au moyen d’un procédé physique » (Dictionnaire de la pensée médicale, 2004), le dopage n’est pas écartée par le professeur Angelo Vescovi. Référant scientifique dans l’enquête sur le SLA chez les footballeurs, le biologiste et pharmacologue italien dirige également le centre européen de recherche sur les cellules souches entre deux cours à l’Institut Scientifique Universitaire de San Raffaele, institution partenaire du MilanLab. Centre de Haute Technologie de Recherche Scientifique, l’institut rossonero combine science, technologie, informatique, cybernétique et psychologie afin d’optimiser le rendement des joueurs du Milan AC. Ouvert en 2001 et considéré depuis lors comme une des meilleures structures médicales d’Europe, le manoir a notoirement vu Cafu et Maldini emporter la Ligue des Champions à 37 et 38 ans ou encore permis à Cassano de galoper dans la steppe six mois après un AVC et l’opération d’une malformation cardiaque. Des Merivagliosi d’Ancelotti au fantastique retour de Fanfantino, le Dorian Gray lombard renseignera sans nul doute le directeur de « la maison du soulagement de la souffrance » sur l’ « écart » entre réalité et science-fiction.

 » (…) un nouveau modèle économique et social (…) » Samira Ibrahim

Changement de décor, changement de discours et changement d’intervenants pour le second documentaire consacré au « style Barça. » Points de médecins, de biologistes ni de victimes mais un philosophe, un anthropologue et un « directeur scientifique de la fondation Caixa » unanimes quant à « l’importance des valeurs dans la construction d’une organisation sociale. » « Modèle de transferts sociaux » fondé sur l’altruisme, le Barça privilégie le savoir-faire au résultat et la « méthode Guardiola », parce qu’elle permet un « haut rendement », s’enseigne désormais dans les écoles de commerce autant que dans les séminaires de management ou les écoles de quartiers difficiles. Remontant l’extase jusqu’aux années 80, H. G. Wells écoute les mêmes « experts » troquer le groupe de jazz pour l’orchestre symphonique, vanter les mérite du trequartista en chef d’orchestre de l’entreprise, louer l’ambition des solistes dans l’accomplissement des objectifs, assimiler le forcing de Sacchi à l’ « agressivité…au bon sens du terme » indispensable pour conquérir le marché et finir par idolâtrer Chronos. Créditant une banque en ligne de son aura, Guardiola ne valide ni n’invalide des discours qui, privés de référents, s’épuisent et disparaissent. Silence étant fait, restent des joueurs disputant « 60-70 matchs (par an) à la vitesse de Ferrari (…) avec des physiques dont on se demande d’où ils viennent. Quand ils m’expliqueront leur secret pour jouer tant de parties à cette vitesse (…) quand ils me l’expliqueront, alors, je n’aurai plus de mauvaises pensées. Mais aujourd’hui, je les ai »… en plus de tumeurs au cerveau, aux poumons, aux reins, d’être aveugle et… mort le 18 avril dernier , quatre jours après que le milieu de Livourne Piermario Morosini ne s’effondre sur la pelouse de Pescara, victime d’un malaise cardiaque à 25 ans. Adieu Carlo « il Padrino » Petrini, ceux qui vont Bunga Bunga te saluent…

« (…) avec de vraies valeurs. » Samira Ibrahim

Déjà évoqués dans « la pauvreté du stimuli », les physiques catalans sont certes particuliers – en témoigne cette exclusivité HorsJeu.net « Zlatan au Barça: les raisons d’un échec » – mais restent dépendants de l’élément clé de la psychologie individuelle de Adler: l’environnement. Tant sur circuit fermé qu’a fortiori sur pelouse hostile, piloter un corps façonné à Maranello induit de rester imperméable au « bruit », et la quiétude et la sérénité avec lesquelles l’étrange parade a traversé les stress test de Mourinho rapprochent opportunément le Messi du Bouddha. Passées les béatitudes d’usages sur la catalanité, la joie d’ « en être » plutôt que de cachetonner auprès du plus offrant, apparaissent les première études sur le dopage cognitif ou neuro amélioration. Quand Mathieu Ricard médite dans l’IRM du professeur Richard Davidson, des carmélites canadiennes communient avec Lui sous l’EEG du neurologue Mario Beauregard et, seul dans son labo, le chercheur américain Michael Persinger s’offre l’extase mystique sans Dieu ni mettre grâce au « god helmet. » Plus serein, plus calme pour être plus vite, plus clairvoyant au moment exigé, tels sont les objectifs de ces nouveaux psychotropes, du grec Psuchê + Tropos = « qui donne un sens à la vie » …celui du rendement de l’entreprise, pourvu que la cantine serve du « Buddha Smile » sauce « Carmélite » avant un petit « Plaisir Solitaire » en guise de dessert. Jouir en travaillant, plus qu’un socio style, de vraies valeurs…

En Italie, Catalogne, ici et ailleurs, amélioration neuronale et optimisation mécanique constituent l’avers et le revers d’une médaille que le haut niveau décerne même à titre posthume. Du reste, la FIFA, consciente que de tels athlètes exigent de « bons docteurs », met en place un réseau international de Centres médicaux d’excellence, « pour que n’importe quel joueur sache à qui s’adresser en cas de problème. » De quoi s’interroger mais Vikash Dhorasso, un temps patient du MilanLab, rassure son Monde : « Finalement traiter les joueurs comme des êtres humains devrait être la prochaine étape pour profiter encore plus de ces gladiateurs des temps modernes ! » … pour sûr, un être humain, c’est « carrément » mieux qu’une souris.

 

5 thoughts on “« Contrôlé Positif »

  1. J’aime bien lire les articles du footballologue, ça me fait une drôle de sensation. Comme s’il me chatouillait le cerveau avec son zizi.

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