Introduction : du foot. Le Canada.

Passée cette introduction hilarante, tentons de définir plus sérieusement la place du Canada dans le monde du ballon rond. Ou du soccer, comme eux et leurs voisins obèses aiment à le rappeler. Nous noterons tout d’abord les nombreux points communs que le Canada partage avec la référence américaine : ça parle anglais (en général), c’est trop grand, Terrence & Philippe, voilà. Pourtant, si on aime bien quand les Américains perdent (en temps normal, l’arrogance redevient fierté et la valeur de la victoire n’est qu’amplifiée par l’effort surhumain qu’ils produisent pour masquer leur morgue), le Canada a quant à lui bien retenu la leçon inculquée par les Christophe Dugarry de ce monde : quitte à être à chier sur un terrain, autant être rigolo.

Le soccer n’est pas très populaire dans les érablières. Non pas que les pratiquants manquent fondamentalement (le nombre de licenciés est en constante augmentation depuis 1980) mais quand il s’agit de sport, il se pratique généralement sur la glace avec un bâton. Ou sur du gazon, avec un bâton aussi. Ou sur des longs gazons mais avec plein de bâtons, ce qui rend assez pesante cette histoire de bâtons. Pour les Canadiens, l’absence de symbole phallique semble donc être un frein majeur dans la pratique d’une discipline encore considérée comme un hobby réservé aux gosses et aux gonzesses. Pas étonnant que ce soient les femmes qui portent la culotte au niveau international, tandis que le pendant masculin végète benoîtement autour de la 96ème place au classement FIFA.

Un logo original pour la fédé, un !

 

L’équipe nationale masculine canadienne ou #CANMNT, si vous voulez briller sur les réseaux, fait donc partie du cercle très ouvert des « petites équipes », à ceci près qu’ils ignorent complètement comment ils en sont arrivés là et qu’ils n’ont pas l’intention de faire mieux, devant le regard interloqué d’une fanbase grandissante et autrement plus ambitieuse. On aurait tort de leur en vouloir. La CONCACAF est une des confédérations les plus permissive en termes de performances : trois qualifiés directs, une place de barragiste. Mais ce serait mal connaître ces fiers bûcherons qui, dans la plus pure tradition hipster (dont ils sont les instigateurs privilégiés), laissent leur place à des pointures comme le Panama ou Trinité et Tobago dans le dernier round. Le Canadien sait s’écraser, c’est même un trait de caractère historiquement ancré dans ses gênes, souvent pour le meilleur (ils sont cools) et parfois pour le pire (ils sont nuls).


UN PEU D’HISTOIRE.

Pour bien appréhender le Canuck, il faut se pencher sur la tumultueuse histoire de sa patrie, découverte au XIème siècle par les Vikings mais explorée seulement à partir de 1534 par des Français, Jacques Cartier et Samuel de Champlain (et d’autres mecs, probablement). En 1583, les rosbifs s’installent à Terre Neuve, parce qu’il y’a pas de raisons que ces pédérastes de bouffe-grenouilles soient les seuls à se peler le cul, ce qui lance le top à la vachette des emmerdes pour les siècles à venir (Guerre de Sept ans, occupation anglaise, résistance culturelle francophone, prostitution, trafic de drogue). Au fil du temps et des expansions territoriales successives, le Canadien aura puisé son identité dans une culture principalement anglophile laissant le Québec, dernier bastion de la classe et du bon goût, se dépatouiller avec ses délires identitaires, tout en nourrissant une passion commune malsaine pour la violence et le bois. Ils en foutent d’ailleurs absolument partout, du bois. Rien que sur leur drapeau, déjà. Leurs maisons sont en bois, ils se déplacent sur du bois, leurs gueules et leurs forêts sont en bois. Même leur équipe de foot est en bois. En balsa, plus précisément.

L’hymne canadien est néanmoins bilingue, un vers sur deux, un peu comme Jennifer, votre correspondante australienne aux énormes meules et à la locution approximative. C’est aussi une monarchie fédérale à régime parlementaire, soit un gigantesque fourre-tout de termes que personne ne comprend vraiment, sauf que dans les faits, la reine d’Angleterre débarque une fois tous les dix ans pour flatter l’orgueil des fédéralistes. À la différence des Français, qui eux, envahissent le pays à l’année longue pour faire valoir leur réputation de gros queutards arrogants responsables de la moitié des adultères commis à travers le monde.
Depuis le début du XXe siècle, le Canada en pleine croissance économique est devenu une terre d’accueil pour les nombreux immigrants qui trouvaient le rêve américain trop mainstream. Aux traditionnels Irlandais et Anglais se sont ajoutés les ritals, les portos et plus récemment, les Haïtiens, les Maghrébins et les chicanos de toutes sortes. Évidemment, cet arrivage fut un creuset propice à l’expansion du soccer à travers le pays et c’est en 1912 qui fut créée la première ligue professionnelle d’envergure. En d’autres temps immémoriaux, le Canada a su se forger un solide petit palmarès avec comme point d’orgue une médaille d’or aux J.O de Saint Louis, en 1904 (une saine compétition composée de 12 délégations, où les marathoniens se désaltèrent au cognac et terminent leur course en bagnole) avant de cesser d’exister jusqu’au milieu des années 80. 1986, plus précisément avec une première qualification pour la Coupe du Monde au Mexique. Il n’y a pas de hasard, c’est à cette époque propice aux épopées que naquit votre serviteur.

Champions du monde !

Depuis, le Canada remporte ponctuellement quelques matchs amicaux et rêve d’une progression comparable à celle des États-Unis. Pour l’heure, il reste cette équipe trop nulle pour faire vraiment peur à ses adversaires mais pas nulle au point d’être incapable de remporter une Gold Cup (2000), sans que l’on sache vraiment si c’est le Canada qui progresse ou les autres équipes qui régressent.


DES VILLES DE FOOT (UN PEU).

Malgré un territoire grand comme quinze fois la France et deux melons de Nabil Djellit, ses paysages étourdissants et sa culture aléatoire, le Canada conglomère son football dans une poignée de bourgades où il fait bon vivre, pour peu qu’on apprécie l’alternance entre hiver glacial et automne moche. L’arrivée de trois écuries en MLS a par ailleurs boosté la création d’académies au top niveau mondial (La Sigma de Toronto, pour ne citer qu’elle) tout en motivant les villes traditionnellement acquises au sacrosaint hockey à se doter d’une équipe semi-pro pour lancer le concours de bite général. En voici quatre passées au crible de l’hélicobitomètre, l’étalon académique testé en soufflerie, validé par le MIT et Mauricio Vincello, destiné à mesurer l’apport de ces équipes dans le renouveau de l’équipe nationale.

TORONTO FC. Toronto n’est pas la capitale du Canada mais a su s’imposer comme une place forte du soccer en MLS. Du pognon, des signatures pas trop débiles, un plan de jeu et un stade rempli, il manque peu de choses aux Reds pour se révéler en Ligue des Champions, face aux indéboulonnables écuries mexicaines, si ce n’est une âme et des supporters un poils plus finauds. Le TFC est une des rares équipes en MLS capable d’exploiter le 3-5-2 sans exploser, même avec Chris Mavinga dans les parages. Au milieu, cette pute de Michael Bradley assure la transition proprement vers la paire Giovinco – Altidore, ou l’association improbable d’un buffle et d’un potiron. C’est pas très beau mais c’est foutrement efficace. Cette année, le TFC roule sur la MLS en sifflotant, loin devant l’armada du NYCFC, menée par Patoche Veira. Du fric bien investi en somme, après des années de lose à partager son pain noir avec le Fire de Chicago. Côté autochtone, la franchise n’est pas en reste. Qu’est ce qui est rouge et qui attend son heure? C’est Jonathan Osorio. Relégué sur le banc en MLS, il assure le spectacle en équipe nationale. Un 8 de qualité pour préparer l’avenir chez les Canucks et les tartines de saindoux du gros Jozy en club.
Hélicobitomètre : 401 tours / minute

OTTAWA FURY. Le sachiez-tu? Ottawa est bien la capitale du Canada. C’est à peu près tout ce qu’il y’a à dire sur ce bled de 900 000 habitants, perdu au cœur de l’Ontario mais pas trop, puisqu’il touche aussi le Québec (enfin, il me semble). Dans l’inconscient collectif, Ottawa fait partie des villes moches, non pas que ce soit vrai, mais on suppose que c’est comme ça. Dans les faits, tout le monde reste cependant capable de placer Ottawa sur une carte, pour peu qu’on ait réussi à placer les autres capitales et qu’il reste une case vide. Sportivement Ottawa dispose d’une équipe de hockey composée de sénateurs et une équipe de soccer qui évolue en NASL (équivalent nord-américain de la Domino’s Ligue 2, mais avec moins de relégations, mais paradoxalement plus de pizzas en tribune) : le Fury d’Ottawa. Après une campagne 2015-2016 menée de main de maître par Marc Dos Santos, bel homme parmi les beaux hommes et la vedette Julian de Guzman (aucun lien, fils unique mais passé par l’OM et Hanovre quand même), une première place en saison régulière et une finale NASL, le Fury rejoint l’USL (qui est aussi la deuxième division, mais pas la même). Dorénavant affilié à l’Impact de Montréal, le Fury se la coule douce en conférence Est en attendant de dénicher le nouveau Freddy Adu sous un banc de neige ou rejoindre une très hypothétique Premier League Canadienne.
Hélicobitomètre : 2 tours / minute

IMPACT DE MONTRÉAL. Fier de sa ville, mais également souvent de lui-même, le Montréalais ne jouit généralement pas d’une bonne image en dehors de sa zone de confort, délimitée par le fleuve Saint-Laurent. Il est souvent décrit comme un « hipster » puisque c’est effectivement dans le Mile End que furent inventés la barbe, le monocycle et le vinyle de Fleet Foxes. À vrai dire, on ne sait pas si le hipster existe réellement à Montréal ou s’il s’agit d’un fantasme conçu par les touristes, les banlieusards ou pire, les Torontois. De fait, le club s’inscrit dans cette logique et propose une direction fantasque et sans réel équivalent en MLS. Ambiance en français dans le stade, identité au diapason, la belle ville de Montréal est également réputée pour son cadre de vie agréable, ses clochers et ses fameuses briques. Celles que Laurent Ciman envoie dans la gueule des attaquants adverses, bien sûr, mais aussi celles qui ornent les bâtiments de la métropole québécoise. L’Impact se tourne depuis peu vers des joueurs du cru, formés sur place (Anthony Jackson-Hamel, Louis Béland-Goyette) ou rapatriés en grande pompe (Patrice Bernier, Samuel Piette) pour dynamiser son effectif et des résultats franchement merdiques. Montréal alimente donc l’équipe nationale de jeunes loups aux dents et aux noms à rallonge. À Montréal, la Patrie reconnaissante.
Hélicobitomètre : 3000 tours / minute

VANCOUVER WHITECAPS. Installée sur les bords du Pacifique, à quelques kilomètres de cités emblématiques comme Portland ou Seattle, Vancouver est principalement réputée pour ses loyers prohibitifs et son stade, le BC Place, qui a la chance d’être cité dans FIFA17 par un écrivain obèse, comme disposant du « plus grand écran géant d’Amérique du Nord ». L’équipe des Bouts Blancs est à l’image de cette anecdote : assez anecdotique. Ni complètement à la ramasse, ni franchement reluisante, elle n’a même pas les honneurs d’un véritable derby, alors que la MLS aime ça, vraiment, les derbys foireux. De fait, l’hélicobitomètre tourne tragiquement dans le vide : pour les internationaux présents, David Edgar et Marcel de Jong en tête, le football semble relever de l’incertitude quantique. On retiendra quand même David Ousted, gardien colosse aux réflexes d’épileptique. Mais il est danois.
Hélicobitomètre : Point mort.

 

Dans le deuxième épisode, il sera question du 11 flamboyant et notamment d’Atiba Hutchinson, légende du Besisktas, chef d’orchestre en sélection d’une fanfare qui ne fait que des reprises de Téléphone. C’est dire dans quel pétrin nous sommes. Analement vôtre.

3 thoughts on “La Canuck Academy s’introduit

  1. Monsieur, une équipe où évoluent les magnifiques Kendall Waston et Christian Bolaños est tout sauf anecdotique. Je vous prie de réviser immédiatement le niveau de votre hélicobite, en vous appuyant de préférence sur l’échelle de Saffir-Simpson.

  2. Les Whitecaps sont plus anecdotiques que West Bromwich Albion.

    La ville vaut le coup par contre surtout si on aime la coke.

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