A Ajaccio, les matchs contre l’Olympique de Marseille sont particuliers. Et pour cause, pour la moitié de la ville, l’OM, c’est l’OMerda (pas besoin de traduction), pour l’autre partie, c’est une passion. Compréhensible avec la proximité entre la cité phocéenne et la cité impériale et les connexions entre les deux populations. Même entre les deux clubs de foot, les rapprochements sont nombreux. Ces dernières années, nombreux sont les joueurs à avoir évolué sous les deux couleurs. Aujourd’hui encore, Zubar, Pedretti, Bonnart et Albert Emon ont connu les deux équipes. En attendant peut-être Memo Ochoa.

Du coup, cet OM-ACA ne laissait personne indifférent. Sauf peut-être les supporteurs marseillais qui avaient décidé de boycotter le match. Un stade Vélodrome à moitié vide, l’autre moitié s’évertuant à balancer des « Labrune enculé » ou des « Anigo démission », le tout entrecoupé de bruit de vache, ou de chèvre, sans doute en hommage à David Gigliotti. C’est dans cette ambiance délétère que l’ACA allait tenter de continuer sur sa bonne lancée en ne perdant pas une troisième fois consécutivement.

Pour cela, Christian Bracconi avait concocté une surprise de taille : son équipe allait jouer à deux attaquants. Une première depuis les départs de Mutu et d’Eduardo. Ainsi, Baradji et Tallo étaient sur le terrain dès le coup d’envoi. Une première titularisation pour Issa Baradji. Du coup, au milieu, il y a également du changement. Plus de meneur de jeu mais un milieu à trois à vocation défensive avec Mostefa en sentinelle et Benjamin André et Paul Lasne à ses côtés. En défense, c’est toujours la même chose. Ricardo Faty est défenseur central avec Perozo à droite et Dielna à gauche. Les postes de latéraux sont pourvus par Sigamary Diarra et Laurent Bonnart.

tactiqueOMACA

Le début de match ? C’est le monde à l’envers. Alors que l’ACA avait pris l’habitude de démarrer ses rencontres tambours battants, c’est bien l’OM qui ouvrit le score dès la 3ème minute. Perdu dans ce mauvais début de match, les acéistes pêchent dans l’alignement défensif. Au final, les attaquants marseillais peuvent partir dans le dos des défenseurs et prendre la profondeur tranquillement. Rien d’illogique au vu de la position très offensive des deux latéraux Bonnart et Diarra.

Outre la défense, les joueurs de Bracconi semblent être perdus offensivement. Sans numéro 10 attitré, personne ne prend les responsabilités de faire le jeu et les rares velléités offensives se résument en de longs ballons lancés en profondeur pour Tallo et Baradji. Heureusement, les doutes emparèrent vite les Marseillais. Ajaccio pouvait sortir de son trou, par l’intermédiaire de … ses latéraux, intéressants en mode offensif. Grâce notamment à une bonne utilisation des ailes et de bons centres, puis de bons corners. Mais malgré cette pression et cette possession plus intense, toujours pas d’occasions franches. Jusqu’à la 43ème minute où Diarra déstabilise N’Koulou et envoie une lourde frappe sur le poteau. A la mi-temps, le score est de 1 à 0.

Au retour des vestiaires, l’ACA continuera de ne pas démériter. Le jeu est bien construit, les combinaisons agréables et le jeu en profondeur a laissé place à un jeu dans les pieds. Pourtant, cela ne vas pas empêcher l’OM de doubler la mise. La faute, encore une fois, à une erreur défensive. Payet peut ainsi centrer tranquillement pour un André Ayew démarqué qui peut placer sa tête. Des erreurs défensives comme chaque semaine. Mais depuis quelques temps, l’AC Ajaccio ne se laisse plus abattre et ne s’avoue jamais vaincu. Sur l’engagement, après l’entrée de Benoît Pedretti, Junior Tallo réduit la marque. Peu importe le double hors-jeu, l’ACA est au-dessus de l’arbitrage. La main de Tallo la semaine dernière, le hors-jeu de Pedretti puis de Tallo à Marseille.

Hors-jeu #1
Hors-jeu #1
Hors-jeu #2 (via @saintmtex)
Hors-jeu #2 (via @saintmtex)

Dès lors, le match, au lieu de s’enflammer, va vite s’enfermer dans la morosité. Et si l’ACA continue à faire bonne figure, Steve Mandanda ne sera pas vraiment inquiété. Memo Ochoa non plus. Quinze minutes plus tard, c’est le triplé d’André Ayew. Après le pied gauche et la tête, c’est au tour du pied droit du Ghanéen d’être décisif, lui qui s’est jeté sur le ballon devant Tonucci. 3-1, le score ne bougera plus. L’ACA non plus ne devrait pas bouger et terminer la saison à la dernière place. Peu importe, jamais un supporteur acéiste osera répéter ce qu’ont affiché les supporteurs marseillais : « On ne vous supporte plus : on vous subit ». Car à Ajaccio, certains ont beau aimer l’OM, l’amour pour l’AC Ajaccio est plus fort que tout. Même que les mauvais résultats.

via @saintmtex
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ANNUTAZIONI

Memo Ochoa 3/5 : A chaque match au Vélodrome, Memo a plus d’un tour dans son chapeau mexicain. Meilleur exemple à la 16ème minute où il a d’abord détourné une grosse frappe d’Ayew en corner avant de claquer une tête de Khalifa dans la foulée. Mais, comme à chaque fois au Vélodrome, André Ayew ne l’épargne pas. Après un doublé en 2011, voici que le Ghanéen marque un triplé à Memo.

Laurent Bonnart la moyenne/5 : Un bilan mitigé. Bon offensivement où il a inhabituellement pris ses aises en réalisant plusieurs bons centres, il a pêché défensivement par manque de vitesse – il couvre Ayew sur le premier but – et aussi par manque d’agressivité comme sur le troisième but d’Ayew.

Grenddy Perozo 1/5 : Une entame catastrophique. Pris dans le dos sur le premier but d’André Ayew, il a ensuite accumulé les mauvaises relances, les mauvais choix et la air-défense.

Ricardo Faty 3/5 : Si l’on avait dû écrire un livre sur sa première mi-temps, il se serait appelé « Tacles, têtes et transversales ». Sa deuxième aura été plus plate.

Claude Dielna 3/5 : Comme l’impression que Dielna ne joue pas au foot mais plutôt à « Tic Tac Boum ». Le ballon est une bombe dont il doit se débarrasser au plus vite pour ne pas qu’elle lui explose dans le pieds. Au final, ça donne des passes immédiates, des gros tacles et des grosses tatanes dans le ballon. Il est comme ça Claude, il s’emmerde pas avec la balle.

Sigamary Diarra 3,5/5 : On oubliera ses quelques errements défensifs des premières minutes et on se focalisera sur son apport offensif. Contre Marseille, Diarra avait l’humeur dribbleuse, rappelant qu’à un moment donné, il était le meilleur dribbleur de Ligue 1. Positionné très haut, il a pu faire l’amour à plusieurs joueurs marseillais, surtout à N’Koulou sur l’occasion qui le voit toucher le poteau d’une grosse frappe.

Mehdi Mostefa 3/5 : Dès le début de la rencontre, il a tenu à mettre de l’impact dans tous ses duels. Offensivement, c’est encore l’une de ses frappes qui a à l’origine du but. Comme contre Toulouse.

Paul Lasne 3/5 : Définition de “partout” dans le Larousse : « En tous lieux ou en de nombreux endroits. Synonyme : Paul Lasne. »

Benjamin André 3/5 : C’est au moment où André se sentait vraiment à l’aise en meneur de jeu que Bracconi le remettait en milieu relayeur. Peu importe, André a tout de même fait le jeu, surtout grâce à quelques déviations en une touche de balles bien senties.

Issa Baradji 2/5 : Pour sa première titularisation en Ligue 1, Baradji a voulu jouer sur son physique et sa vision du jeu. Mais cela n’a pas suffi. L’attaquant ne s’est pas procuré une seule occasion. Pas facile en touchant … 10 ballons en 70 minutes.

Junior Tallo 3,5/5 : En première mi-temps, il était cherché encore plus en profondeur que les boîtes noires du Boeing 777 de la Malaysia Airlines. Du coup, un impact trop faible, beaucoup de hors-jeux et pas une seule occasion. En deuxième mi-temps, ses coéquipiers ont enfin compris et l’on servi dans les pieds. C’est ainsi qu’il a pu faire parler sa vitesse balle aux pieds ainsi que sa technique. Opportuniste, il a également pu inscrire son 5ème but de la saison, s’envolant au classement des buteurs de l’ACA. Et au classement des buteurs raccros de Ligue 1. Une semaine après son but de la main, voici son but 2 mètres hors-jeu.

I RIMPIAZZANTI

Denis Tonucci, 70ème minute, NN : Il était à peine entré en jeu qu’il faisait parler son physique de déménageur breton. Une force dans ses interventions qui ne lui permettra cependant pas de passer devant Ayew sur le troisième but de celui-ci.

Benoît Pedretti, 70ème minute, NN : Enfin de retour après des mois et des mois de blessure. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas traîné pour se remettre dans le bain. En position de hors-jeu, il intercepte la frappe de Mostefa pour faire une passe décisive Tallo, en position de hors-jeu. Pour la fin du match, il a tenté de jouer en première intention. Forcément, il y avait du déchet, mais surtout, il y avait de l’idée.

Aboubacar Camara, 87ème minute, NN : N’a pas eu le temps de se mettre en évidence.

Perfettu Erignacci

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