Annecy-Nîmes (0-0) : La Costières Académie vous salue
Le nom change, pas le Nîmes Olympique.

Note de service : les fidèles remarqueront d’emblée le changement de nom de cette modeste chronique du désespoir ordinaire qui prend la forme, le plus régulièrement possible (désolé pour la reprise, j’ai des circonstances atténuantes, cf. infra), du récit des aventures footballistico-administrativo-gaguesques du Nîmes Olympique Circus Show. Quelques années après avoir repris le flambeau de la Crocro Académie (depuis 2017 pour être précis, soit la saison de la remontée, qu’il semblent loins les jours enfuis), il nous a semblé que l’appellation « Costières » aurait plus de gueule, particulièrement à l’heure où nous abandonnons le stade du même nom pour débuter dans l’enceinte dite « des Antonins » – enceinte « temporaire » ou « de transition », à peine sortie de terre mais que tous les clubs du monde nous envient (si c’est Rani Assaf qui le dit, soyons sûrs qu’il faut le croire sur parole). La Crocro est morte, vive la Costières ; ripolinée en façade mais fondamentalement identique, du vieux avec du neuf, si c’est pas typiquement nîmois je veux bien qu’on me coupe les couilles.
PREAMBULE
Puisque de couilles il est question, permettez-moi d’en causer un peu plus, de couilles, en déroulant une parabole que d’aucun aurait pu choisir de nommer Rani, les couilles et le sécateur.
Il était donc une fois, dans une ville du sud que je ne prendrais pas la peine de nommer ici, un entrepreneur, ci-devant vendeur de téléphones ou informaticien de talent, qui se trouva par un heureux concours de circonstances propriétaire de l’équipe de football locale. Oh, de football elle n’avait guère que le nom, et quelques reliques d’un passé mémorable, mais plus vraiment de gloriole ni de raison de faire peur au voisinage. Quand Rani, puisque c’est lui, prit en main l’équipe, les gens des alentours firent mine de s’en foutre, mais beaucoup reprirent secrètement espoir. Et pour cause : ils en avaient tellement connu, des tocards, qu’il suffisait d’un peu de changement pour penser que la roue allait enfin se décider à tourner, la salope.
Et elle tourna. Elle tourna si bien que les gens des alentours pensèrent qu’elle allait s’arrêter tranquillement sur le bas-coté, satisfaite, pour leur offrir un repos bien mérité après des années de vaches maigres. C’est alors que Rani, sans crier gare, révéla au monde sa technique suprême : la technique du sécateur. Lorsqu’une critique arrivait, il répliquait : « Attention, ou je vous coupe les couilles ». Décontenancés, les gens du voisinage laissaient faire, convaincus par tant d’assurance que Rani, à défaut d’être sympathique, savait se faire respecter. Après un moment de flou, Rani revenait alors le sourire aux lèvres, promettant alors que c’était pour de faux, que vraiment les gens du voisinage ne comprenaient rien à la déconne, qu’à vrai dire les gens du voisinage n’étaient pas assez intelligents pour le comprendre, et qu’en fin de compte il pourrait fort bien se contenter de ne couper qu’une couille sur deux.
L’intérêt de cette parabole, voyez-vous, c’est qu’elle n’a pour l’instant pas trouvé de chute, et qu’après tout, peut-être est-ce là la vraie réussite de Rani : à Nîmes, on parle toujours plus de sécateur et de couilles que de football.
PS : Pour la petite histoire, le NO a perdu son premier match au stade des Antonins contre l’En Avant Guingamp, pour le premier match officiel sous la direction du binôme Fréd Bompard – Thibault Giresse, qui officiait précédemment… à l’En Avant Guingamp. On notera ainsi au passage qu’à défaut de couilles, on sait avoir de l’humour.
PPS : Pour la petite histoire, j’ai raté l’académisation de la défaite susmentionnée en raison de la naissance de ma fille, l’histoire jugera mais en voilà toujours une que les Pailladins n’auront pas.
PPPS : Elle est sublime, évidemment.
LE MATCH
Sortir de la bouillie du foot-spectacle pour se retrouver un 30 décembre à Annecy sous la pluie : je ne me risquerai à faire croire à ma descendance que la vie peut s’apparenter à autre chose que de la merde. C’est au moins une chose que je partage de toute évidence avec Frédéric Bompard, dont l’impact sur le groupe paraît depuis son arrivée au club comparable à celle de Manuel Bompard à la France Insoumise : le caporal antipathique qui tire la gueule mais qui s’entend bien avec le boss. Loin de moi l’idée de juger le bonhomme après deux matchs, mais on a le droit de trouver que c’était quand même deux beaux matchs de merde. Les écueils sont connus depuis des lustres, pas de raison que ça change comme par magie avec un changement d’entraîneur. Le seul espoir de rédemption semble à l’heure actuelle le mercato d’hiver, mais il paraît franchement peu probable que Rani sorte autre chose que le sécateur. Après tout, c’est pas si mal de s’en tirer avec une seule couille, surtout en National.
LES NOTES
Maraval (3/5). Je songeais confusément à la réforme des retraites et à notre enfoiré de cocaïné de l’Elysée, et j’ai soudain pensé que Gardien de but d’équipe en bois pourrait aisément concourir avec éboueur ou cordiste dans la catégorie des métiers à forte pénibilité.
Poulain (4/5). Toujours taulier, toujours intouchable, toujours capitaine, mais ce serait bien d’éviter de glisser vers un rôle type capitaine du Titanic, voyez.
Djiga (2+/5). Plutôt costaud le pépère, et pour une fois qu’il ne prend pas un carton rouge débile…
Labonne (3+/5). Il semble au-dessus des autres physiquement. Du coffre et quelques taquets vicieux. On en oublierait presque ses pieds carrés.
Burner (1/5). J’ai tellement rien noté sur lui que j’ai soudain un doute : c’était bien sur la feuille de match, au moins ?
Thomasen (1/5). L’école Willy Sagnol des footeux nordiques considère souvent que les Danois sont « sérieux et bosseurs », mais elle oublie souvent de dire qu’il peut très bien s’agir là de termes synonymes de « chiants et inoffensifs ».
N’Guessan (2/5). « Jouer avec excès comporte des risques » ? Meuh non, c’est comme confier le jeu à un gamin inexpérimenté sans avoir d’option de rechange.
Benrahou (2+/5). Quelques coups de patte comme ce centre sur la tête de Pagis à la reprise. Mais qu’il est horripilant bordel. La pétasse assise devant toi dans le bus qui met son téléphone en haut-parleur, c’est lui. Cramé à sa sortie, remplacé par Benezet, cramé à son entrée.
Saïd (1/5). Une capacité à s’empaler sur les défenses que n’aurait pas renié Vlad Tepes. Remplacé par Vargas, qui dépanne en ailier mais ne m’a pas paru plus mauvais qu’un autre.
Pagis (2/5). Oui, tu as la classe balle au pied, l’élégance de ton daron, toussa. Mais ton daron, il avait surtout la classe parce qu’il PLANTAIT, NOM DE DIEU.
Tchokounté (2/5). Match pénible, au moins autant pour lui que pour nous à le voir galérer pour exploiter les trois ballons potables. Remplacé par Doucouré, qui sort de deux ans de réathlétisation mais semble toujours gras comme un loukoum.
On est dans la merde, boys. Mais la bise quand même.
Karoud