Canada – Îles Vierges Américaines (8-0) : L’œil était dans le slip et regardait l’Histoire
LES MARC DUTROUX D’OR (TON MOULIN VA TROP VITE) : JEUNESSE DORÉE
Si le Canada vole de succès en succès (une victoire de rang), il le doit certainement à sa force de frappe en attaque. Remballez les Junior Hoilett cramoisis, longtemps considérés comme les stars en devenir du soccer national, la rédemption passe désormais par des gamins aux chicots démesurés. On en parlait ici même, Alphonso Davies se présente comme l’étendard du changement de paradigme, que ce soit dans le foot ou dans les couilles boursouflées des gauchistes avides de justice sociale qui pullulent sur ce site de trotskar. En effet, non content d’enfiler les buts comme des perles dans son club des Vancouver Whitecaps, le natif de Morovia se paye le luxe de rejoindre les hipsters canal historique du Bayern Munich pour la modique somme de 18 millions de pesos, tout en recevant les honneurs dans le spot Nick de Kaepernike. 17 berges au compteur et déjà des hectolitres de foutre sans gluten sur le museau, alors qu’il aurait pu être enfant- soldat au Libéria, le regard bouffi par les psychotropes, éternel réfugié politique, ballotté de pays d’accueil en pays d’accueil ou pire, Freddy Adu.
Mais si là ou la »Belle Histoire » Alphonso Davies prend tout son sens, c’est quand elle devient finalement banale. Dans son sillage sont apparus Jonathan David (La Gantoise) qui dérouille la concurrence en Jupiler et plus récemment Jean-Yves Ballou Tabla (FC Barcelone B), ou dans une moindre mesure Jonathan Osorio (Toronto FC), Matthieu Choisnière (Montréal Impact) fruits bien mûrs de l’excellence de la formation canadienne. En bout de ligne : une sixième place au Tournoi de Toulon, 0 défaite en poule contre le Portugal, la Turquie et le Japon, une reconnaissance quasi-unanime des professionnels de la profession, des scouts de plus en plus nombreux en tribune pour s’arracher les meilleurs académiciens et finalement, parce que c’est de ça qu’il est question, une équipe nationale qui bande dur sur le front de son attaque (et une défense mongoloïde, mais on s’en branle un peu).
CANPL, HACHETAGUE POURQUOI FAIRE
Parce que la conquête du superflu donne une excitation plus grande que le conquête du nécessaire, le creuset idoine du changement a enfanté d’un poil de fion footballistique dans l’univers parfaitement huilé du soccer-tainment à l’américaine : une Première Ligue Canadienne. Quel intérêt, vous dites? C’est une excellente question, je suis ravi que vous me la posiez : pour à terme poser nos giga-burnes goût érable sur le front du système. Le commissaire principal de la Ligue, David Clanachan, ne s’en cache pas : le promotion – relégation est l’objectif assumé, lorsque la ligue aura atteint le seuil des 12 équipes. Si ce championnat relève encore de l’anecdote aux yeux du monde, elle prouve que le Canada a fait le choix de la compétitivité, lassé d’être considéré comme le parent pauvre d’une Ligue omnipotente (La MLS).
En se dotant d’un championnat bien à lui, le pays peut désormais se foutre de la gueule de ses cons de néo-zélandais, dernier pays enfermé dans une ligue qui n’est pas la sienne, avant de potentiellement devenir la risée de 14 nerds sur Reddit, à grands coups de Valour FC de Winnipeg contre FC Edmonton.
Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, c’est de voir un pays reprendre sa marche en avant (la dernière ligue pro au Canada date de 1992), d’un pas chancelant mais résolu, avec un objectif clair : exister sur la carte du foot en offrant un cadre de jeu épanouissant à ses meilleurs jeunes éléments, avant l’accueil de la Coupe du Monde 2026.
LE CONTEXTE
Vous l’aurez compris, donc, peut-être, le Canada n’est ce petit gros diabétique qu’on se plaisait à charrier gaiement en cours d’EPS. Il a profité des grandes vacances pour soulever de la fonte et se construire une carrure de dieu grec. Fini de beurrer les mille-feuilles au 400 mètres haies dans le peloton des gonzesses, Canada vise clairement la première place. Canada est en mission. Le problème, c’est que le prof de sport a pas l’air bien au courant de cet état de fait. Et Canada doit rejoindre le groupe des faibles au badminton. Bordel, en aurait-il chié tout l’été pour être relégué ad vitam aeternam au statut peu enviable de sombre merde ? Il n’en est pas question. L’ascension sera lente mais impitoyable, et tant pis si c’est Justin, son ancien compagnon du club de Warhammer qui en fait les frais.
Justin la victime, c’est les Îles Vierges Américaines, ce micro-état caribéen qui n’en est même pas un, mais qui apparemment, a une équipe nationale, une capitale dont le blase fleure bon la confiture biologique aux quetsches, quelques cent mille évadés fiscaux habitants et enfin, le statut historique de plus gros défouloir des ambitions canadiennes.
Pour ce match inaugural du nouveau gadget estampillé FIFA, la Ligue des Nations, les Canucks et leur nouveau coach John Herdman ont déballé l’artillerie lourde. L’ancien coach de la sélection féminine et Mauro Biello (parce que deux cerveaux – un et demi avec un ancien taulier de l’Impact Montréal – valent mieux qu’un) alignent d’emblée son équipe-type, enculage de mouches prohibé, il est question de rosser sans vergogne l’adversaire du jour.
Samuel Piette, le potiron indéboulonnable tient l’entrejeu, Cavallini, en pleine bourre au Mexique avec Puebla se chargera d’enfiler les pions comme des perles. On regrettera cependant l’absence du joker, de la carte Vermeil dans la manche : Atiba Hutchinson, éloigné des terrains sur blessure. Je vous mets un 4-3-3 pour l’alignement pour éviter les malaises mais les Canucks s’alignent d’entrée de jeu sur un 2-5-3 complètement con avec un trio offensif David – Cavallini – Hoilett, Millar et Davies en soutien dans leur couloir respectif, Osorio en 10 et les deux orignaux priapiques Cornelius et Henry pour veiller au grain.
LE MATCH
C’est donc dans le relatif anonymat de Brampton Florida que se déroule le cassage de cul en règle. Une fessée aussi champêtre que brutale, le lubrifiant étant manifestement resté dans le coffre du pick-up. Côté Vierges, on en est encore à brainstormer sur un possible safe-word lorsque Jonathan Osorio surgit premier poteau et claque une tête de forain sur un centre de Millar. (1-0, 6e)
Deux minutes plus tard, ça tergiverse encore dans la défense de l’ancienne possession danoise jusqu’à son rachat par les États-Unis en 1917 et c’est au tour de Luca Cavallini d’aggraver le score. Il profite du rebond post-frappe de mule d’Osorio sur la transversale pour y aller de son coup de casque rageur. Pour les joueurs de l’île se situant à 60 kilomètres de Puerto-Rico on sent déjà que la nuit va être longue. (2-0, 8e)
Côté offensif, nos adversaires tentent de la jouer à la danoise en balançant des giga parpaings derrière la défense canadienne mais Borjan le Terrible veille au grain (comprendre il regarde les ballons filer en touche en fronçant des sourcils).
But de renard pour David qui ouvre son compteur en équipe nationale. Il profite de l’alignement conceptuel des sept défenseurs du territoire non-incorporé et organisé du gouverneur Keneth Mapp pour glisser le ballon au premier poteau. (3-0, 31e). Il récidive quelques minutes plus tard, bien lancé par Arfield pour crucifier le gardien adverse. (4-0, 37e)
Juste avant la mi-temps, c’est au tour de Cavallini d’envoyer une jolie frappe en pivot plein axe après un joli travail du chef de chantier Scott Arfield. Le canad0-écossais marche sur l’eau et sur la concurrence. Bon en face, c’est clairement des portes de saloon, pas de quoi dégainer l’hélicobite mais force est de constater que les Canadiens font montre d’un réalisme a toute épreuve et développent des automatismes séduisants au milieu. Mention spéciale au duo Piette – Osorio, première ligne de défense sur les 16 mètres adversaires qui accumulent les récupérations burnées. Y’a pas si longtemps cette mi-temps se serait clôturé sur un 0-0 soporifique, ne boudons pas notre plaisir. (5-0, 43e)
Au retour des vestiaires, Junior Hoilett y va de son traditionnel but de merde (6-0, 46e) et c’est finalement au tour de Cyle Larin, fraîchement entré en jeu, de coller son doublé sans transpirer (7-0, 60e et 8-0, 79e). Le buteur de Besiktas s’impose petit a petit comme le »super-sub » que toute la planète foot (LOL) attendait. Fin du supplice pour les joueurs du seul territoire américain où on roule à gauche (et où semble-t-il le foot se joue a l’ouest), ils font les frais de la plus large victoire de son histoire pour l’équipe nationale canadienne. Hormis ça, pas grand chose à retenir, hormis, peut-être, ce réflexe idiot de Milan Borjan dans les arrêts de jeu : il sourit. Du côté du think-tank de la Canuck Academy, on reste un peu perplexe, voire même soucieux : Le résultat d’années de sacrifices, de travail et de patience semble payer. Cette équipe était pour beaucoup ce que la neige est aux enfants. La chose qu’on attend de voir chuter tous les ans avec impatience. Parce que c’est rassurant la défaite, l’ombre, les joies du calme. On vient pas de taper la France, le Brésil, ni même Trinidad et Tobago, mais cette réussite fait un peu peur. J’ai mal à la tête. De suite…
LES NOTES
Milan Borjan (3+/5) : Rien à signaler. Genre, vraiment rien. Rien a faire, rien a dire donc on analysera plutôt sa capacité à s’imposer le meneur incontestable d’un peuple qui va tout presque gagner de peu.
Derek Cornelius (3/5) : Solide, vocal, impliqué. Le jeune défenseur de 20 ans à largement gagné sa place dans une charnière centrale remodelée et rajeunie pour l’occasion.
Doneil Henry (3/5) : Ce brave Doneil avait clairement moins à prouver que son collègue (malgré des performances homéopathiques en club) et il n’a absolument rien eu a faire du match. Quelques belles montées sur corner ou il tentera à plusieurs reprises de décapiter le gardien adverse pour s’accaparer sa force. Le natif de Toronto enculés ne dépareille pas dans une défense composée exclusivement de criminels de guerre.
Samuel Piette (3+/5) : Toujours propre. Indispensable à Montréal, indispensable en sélection, indispensable dans ma vie.
Jonathan Osorio (4/5) : Probablement le joueur le plus sous-évalué en Amérique du Nord. Osorio sait à peu près tout faire et il le fait très bien.
Scott Arfield (5/5) : Impliqué sur la totalité des buts de ce match, des suivants et des précédents depuis 1983, le meneur de jeu des Rangers a glissé sur cette rencontre comme un pet sur un toile cirée, nu, une rose dans la bouche et tenant trois énormes lions en laisse. En l’absence d’Atiba Hutchinson (qui mettra fin à sa carrièere internationale après la Gold Cup), il s’impose comme le Saint Patron que toute la Baie d’Hudson attendait.
Alphonso Davies (3+/5) : On est durs mais juste à la Canuck Academy. Oui, il a survolé la compétition. Oui, il met les ramasseuses de balle enceintes en les effleurant. Évidemment, il continue de percer les défenses qui tentent de s’accrocher à une côte dont il n’hésite pas à se séparer pour s’échapper dans son couloir. Mais on notera un brin d’arrogance et du tricotage superflu.
Liam Millar (4/5) : Autre grand espoir, couvé a Liverpool, il avait impressionné lors de sa première sélection contre la Nouvelle-Zélande. Il récidive contre un adversaire faiblard en restant consciencieux et précis.
Jonathan David (4/5) : Auteur d’un doublé pas franchement convaincant, il s’est surtout illustré par sa capacité à faire dégoupiller la défense avec quelques appels / contre- appels bien sentis. On sent qu’il en a encore sous la godasse et dans le slip.
Luca Cavallini (4/5) : Le 9 complètement archétypal (mais ça marche) que le pays attendait. Dégaine de molosse et attitude au diapason.
LA DÉCLA
«Je suis fier des joueurs.
Vous avez pu voir Jonathan David faire ses débuts, l’un des plus jeunes joueurs pour le Canada, il arrive sur le terrain et marque deux buts. Puis vous avez Lucas Cavallini et Cyle Larin qui rajoutent des buts, ça vous montre le potentiel de cette équipe.» – John Herdmann
Traduction : La branlée qu’on leur a mise ! On savait qu’ils étaient nuls, mais alors la ! On menait de 5 buts à la mi-temps alors on a décidé de rigoler un peu en laissant le ballon à des enfants. Maintenant, on est peinards jusqu’au 16 octobre, et peut-être qu’on recevra pas de menaces de mort. Ça va faire du bien de dormir sans une carabine sous l’oreiller. La Dominique, on les démonte sur le papier mais j’ai quand même espoir qu’on gagne ce match sur un vieux but en contre comme des chacals.
Amen John !
ha beh les iles sont plus si vierges que ça du coup …