Châteauroux-Nancy (0-2) : La Chardon à Cran Académie aime le désordre

On se rend compte qu’on vieillit quand on commence à chérir son confort, à caresser d’un air absent la perspective de dormir sous une couette bien doudou et qu’on renonce à un verre alors qu’on est quand même déjà lundi soir. On a sa petite routine, ses bières de soif au frais pour une occasion, des conserves dans les placards et même un salon chez soi, allez soyons fou.
Mais quand l’heure vient où il faut décapsuler ce faux breuvage luxueux, le jus vient à manquer et le suc qui devrait dégoûter du goulot ami n’est que précipité de décrépitude mêlé d’un pus tragique. Les regards se figent et n’osent plus se croiser (pourtant ils aimeraient), on allume des clopes nerveusement mais c’est plutôt un prétexte pour sortir de la pièce et tant pis si on se caille les miches, on est mieux dehors.
Vieillir n’est pas grandir et comme l’illustrent pas mal certains fils de putes à cravate, c’est même plutôt souvent le signe qu’on n’aime plus les humains et donc qu’on ne les mérite plus.

Le match

Tout à notre misanthropie on ne s’est pas rendu compte que le match du jour nous opposait à Chateauroux, grand pratiquant de l’autodétestation devant l’éternel. Ils pourraient presque nous en remontrer niveau haine de soi, c’est dire si c’est le match ou jamais pour faire preuve de compassion.

Seulement avec toute la sympathie du monde, nos joueurs ne parviennent pas à offrir le moindre espace ni un semblant d’occasion à leurs adversaires. Pour tout dire, ils ne leur laissent même pas un peu le ballon.

À force on s’ennuie alors on marque deux buts pour passer le temps et on ne reste pas longtemps au vestiaire, s’agirait de pas manquer le bus du retour. On a beau retourner à Nancy, on n’aimerait pas trop se retrouver coincé à Chateauroux, oulah non.

Les notes

Sourzac 4/5
Soirée tranquille à se beurrer le rostre en matant discrètement Splash (version non censurée) sur son smartphone planqué dans son short pendant que les autres devant faisaient le boulot

Julloux 3/5
Même les plus nuls sont moins nuls quand personne n’est nul. C’est pas moi qui l’ai dit mais c’est pas non plus un logicien.

Saint-Ruf 4/5
Aussi dur sur l’homme que la plus tenace des féminazis sauf qu’en ce qui concerne notre capitaine, ses adversaires ne méritent pas une telle force de frappe. Ils n’avaient qu’à choisir le ping-pong.

Thiaré 4/5
Bien dans ses chaussettes, il peut être brillant et même prendre des initiatives heureuses.

Experience 3/5
Il arpente des couloirs enfumés dans lesquels la trouille elle-même évite de s’aventurer mais ce n’est pas pour autant que l’on conçoit le moindre héroïsme à son égard : on est même à peu près certain qu’il y va par manque de jugeote et s’en sort systématiquement au prix d’une veine de cocu.

Carlier 3/5
Rigide et conformiste comme un ministre républicain après une victoire de la gauche, il ne semble pas pour autant décidé à écrire sa légende sur un temps aussi court.

Bouabdelli 3/5
Au moment d’entrer sur le terrain, il n’a pas plus d’idée de ce qu’il va faire de ses pieds que moi si j’allais chez un podologue pisciculteur. Résultat, on se fait grignoter tous les deux à notre insu, l’un repartant avec la peau lisse et des arriérés abyssaux chez le psy, l’autre avec deux kilos en moins, des stats pourries et une furieuse envie d’aller s’éclater un grec ou deux le soir-même.

Bouriaud 4/5
Calme et élégance ne sont pas des vertus fort appréciées en Lorraine, c’est donc tout émus qu’on l’aperçoit trottiner sur les terrains en tapant dans nos mains comme des enfants attardés à la première d’Elon Musk on ice.

Gomel 5/5
Trop fort pour vous, nous, peut-être même pour lui.

Sidibé 3/5
Un match sur trois c’est une moyenne correcte, dommage qu’on arrive à ouvrir les yeux pour voir les deux autres, mon petit…

Touré 5/5
Il est de retour ! L’ange s’est envolé !

Marcel Picon