Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon-OM (0-2) : La Canebière Académie broie du vert

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La magie de la coupe.

Aïoli les sapiens,

« Entre ici, Monsieur Lapin, avec ton terrible cortège. L’hommage d’aujourd’hui n’appelle que le chant qui va s’élever maintenant, ce Va niquer ta mère que j’ai entendu murmurer comme un chant de complicité, puis psalmodier dans le brouillard du Forez, mêlé au cri perdu des grosses chèvrasses. Écoute aujourd’hui, jeunesse olympienne, ce qui fut pour nous le Chant du Malheur. C’est la marche funèbre des cendres que voici. A côté de celles de Carquefou, de celles de Quevilly, de celles de Canet-en-Roussillon, qu’elles reposent avec leur long cortège de viers marins. Aujourd’hui, jeunesse, puisses-tu penser à ces mastres comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n’avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de l’OM. »

Pablo Longoria se tut, les lèvres encore frémissantes de son discours. Stoïque dans son long manteau noir, il laissait la neige fondue du Forez battre son visage comme pour mieux en chasser les larmes. Tous se tenaient derrière lui, identiquement immobiles. Le silence n’était brisé que par les cris des corbeaux et le sifflement glacial du vent noir.

A la lueur de sa lampe de mineur, le capitaine s’avança enfin, et même les derniers arrivés, mêmes les étrangers les plus lointains, réprimèrent un sanglot en voyant vaciller l’inscription sur la stèle de granit. Comme le voulait la tradition, ce fut ensuite le benjamin du groupe qui s’approcha, porteur de la gerbe enrubannée de bleu et de blanc. Il s’agenouilla et déposa les fleurs, seul témoignage indiquant que les couleurs n’avaient pas totalement déserté la région. En se relevant, il ne put s’empêcher de croiser son regard sur la stèle, ce regard qui disait : « passant souviens-toi, souviens-toi pour que jamais pareille horreur ne se reproduise, souviens-toi pour que jamais ton nom n’ait à orner tel monument ».

Il se releva en même temps que le capitaine, et de nouveau chacun put lire avant de tourner les talons : « Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon ».

Les Longorious Basterds

Rulli
Murillo– Balerdi – Kondogbia
Luis Henrique (Rowe, 90e) – Rongier (Cornelius, 68e) – Højberg – Merlin (Koum, 79e)
Greenwood (honte à nous, Brassier, 90e) – Maupay (Wahi, 68e) – Rabiot

Le 11 de départ ne change quasiment pas après la victoire contre Monaco et surtout LE STAGE DE TEAM BUILDING DE MALLEMORT. Seul manque Garcia, forfait pour blessure musculaire.


Le match

Le fait qu’une contre-attaque en trois passes suffise à l’Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon pour tester Rulli laisse augurer d’une soirée pénible, et pas seulement du point de vue géographico-météorologique. Et puis finalement, vous savez ce que c’est la météo hivernale, c’est toujours pareil, on voit le bulletin, on soupire tellement les prévisions sont déprimantes, et finalement on se dit qu’on n’est plutôt confortable dans cette période, à se gratter les couilles au coin du feu, douillets, sans pression.

Merlin se fend ainsi d’une petite accélération qui laisse un Andrézieux-Bouthéonais sur le cul, avant de voir son tir dévié de justesse. L’OM a la possession de la balle, jusqu’ici rien d’exceptionnel, mais agrémente icelle d’un petit peu de verticalité voire de pressings autoritaires dans le camp adverse. Comme dirait l’autre, on sent que les choses se mettent en place, d’autant que l’Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon aborde la rencontre comme un sparring-partner : s’il y a une bonne volonté chez les joueurs en vert, c’est avant tout celle de nous aider à progresser, et ça c’est vraiment sympathique de leur part.

C’est ainsi sans être gênés par beaucoup de monde que nos olympiens font zerbiller le ballon de longues secondes entre leurs pieds, en s’appliquant bien à ne pas confondre lenteur exaspérante et patience constructive. Là, par exemple, c’est constructif, puisqu’après un dégagement andrézio-bouthéonais à la zob, nous arrivons en nombre à 25 mètres du but, sans forcer : Rongier réalise alors la passe verticale pour Maupay qui, en une magnifique touche, lance Rabiot dans le dos de la défense. La conclusion de l’action ne fait pas injure à la conception, puisqu’Adrien enchaîne contrôle de la poitrine et sacoche dans la course. Le temps que la vidéo corrige le méchant strabisme de l’arbitre assistant, et le but est validé (0-1, 17e).

La séance de recueillement à la stèle des victimes de l’Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon a appris à la jeune génération qu’il fallait respecter les équipes de paysans : l’OM ne relâche pas l’étreinte et manque de plier rapidement l’affaire : sur un centre de Murillo, Rabiot est à dix centimètres d’un doublé en trois minutes, avant que Maupay ne s’embronche un peu après une ouverture pourtant idéale d’Højbjerg.

On invitera celles et ceux qui le peuvent à regarder l’action débutant à 25’42 et s’achevant par un tir de Rabiot dévié de justesse, action que l’on pourrait intituler « ah si c’est ça le Zerbiball, alors on veut bien ». Sur le corner qui s’ensuit, mal repoussé, Merlin expédie une lourde sans contrôle que le gardien repousse péniblement : on ne serait pas loin de la sègue sans réserve si, justement il n’y avait pas ces deux réserves à formuler :

  • en face, ce n’est jamais que l’Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon ;
  • aplatir autant un adversaire pour n’arriver à la pause qu’à 1-0, c’est le genre de situation à haut risque lapinesque.

La différence de niveau paraît criante quand Rabiot dépossède un adversaire du ballon comme s’il s’agissait d’un U12, permettant à Greenwood (honte à nous) de partir pisser sur les suivants comme si c’étaient des ministres de l’intérieur. Une fois encore, le gardien nous prive du second but. Enfin, une nouvelle zerbillade à quelques minutes de la pause, avec changements de rythme, passes redoublées, jeux en triangle et tout et tout, place Greenwood (honte à nous) à la réception d’un centre de Murillo. L’Anglais manque malheureusement sa reprise, ce qui nous amène aux vestiaires sur un 1-0 très peu payé.

La seconde mi-temps repart sur les mêmes bases, avec une incursion de Luis Henrique péniblement repoussée par le gardien et un tir dévié de Rongier. Très vite cependant l’OM adopte un profil plus gestionnaire. Si la maîtrise demeure, quelques interventions de Rulli sont nécessaires ça et là.

Il est alors à craindre que l’OM n’ait à regretter de ne pas avoir poussé son avantage, mais c’est sans compter sur le fameux slogan publicitaire : « pour éviter de vous faire des cheveux, vous pouvez compter sur Pétrot l’âne. » Alors que Greenwood (honte à nous) réalise un très beau contrôle orienté à la réception d’une ouverture non moins lumineuse de Balerdi, le bourricot de service se fait surprendre et envoie notre Anglais dans le gazon. Le contact n’est pas si rude, mais suffit à l’arbitre pour accorder le pénalty. Greenwood (honte à nous) commence par se fendre d’un pénalty mbappesque, mais a le bonheur de voir le ballon lui revenir dessus pour une conclusion une main dans le slip (0-2, 65e).

L’affaire ainsi entendue, le match ronronne jusqu’à la 90e minute, à peine rythmé par une grosse occasion de Wahi, malchanceux face au gardien andrézieux-bouthéonais. La partie est interrompue par les fumigènes des supporters de l’Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon, pas pressés – et on les comprend – de voir finir un match contre un adversaire comme leur petit club n’en rencontrera pas beaucoup dans son existence.

Mission accomplie, rien à dire.

Les joueurs

Rulli (3+/5) : Signe des temps, on voit réapparaître des slips blancs sur les étals des marchés, alors que ce type d’article était complètement invendable à Marseille ces dernières années.

Murillo (3+/5) : Il y a plus sympa que la Loire pour une randonnée de Noël, mais ça n’a pas eu l’air de déranger Amir, qui était venu moins pour le paysage que pour tranquillement s’aérer les bronches.

Balerdi (3/5) : La vitesse à laquelle Leo a multiplié les gestes autoritaires pour effacer ses propres cagades prouvent qu’il a parfaitement utilisé la vidéo pour étudier son adversaire le plus dangereux du soir : lui-même.

Kondogbia (4/5) : On lui avait promis un pays de mineurs rustiques et durs au mal, il a disputé des duels contre des dessinateurs de presse-agrumes. Depuis qu’on a ouvert la cité du design, c’est plus ce que c’était, Saint-Etienne.

Luis Henrique (3+/5) : Un modèle de respect de l’adversaire : jouer à un bon niveau pour ne pas paraître condescendant, mais ne pas trop en faire pour ne pas humilier celui qui reprend son travail à la boucherie-charcuterie dès le lundi.

Rowe (90e) : Transformer Geoffreoy-Guichard en aquarium à fumée sous prétexte qu’entre un mec avec des dreadlocks, ça fait un peu cliché de la part des supporters, quand même.

Merlin (3+/5) : Ah lui en revanche, à voir ses deux ou trois dribbles, uriner sur des tourneurs-fraiseurs ça ne lui pose pas de problème, il doit avoir un fond macroniste.

Koum (79e) :  Moment de gloire à peine gâché par le fait que ces mastres de DAZN ont affiché le mauvais nom à son entrée en jeu, le confondant avec une autre de nos jeunes recrues de l’été.

Højbjerg (4-/5) : Comme il s’ennuyait il a fait comme Balerdi, joué au jeu du « je perds bêtement la balle pour la récupérer aussitôt avec un geste de patron ». Il a de la chance que les joueurs de l’Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon soient des bons gars, parce que j’en connais d’autres qui auraient trouvé ça vexant.

Rongier (4/5) : Quand le Rongieur est en forme, on peut se faire des compils de ses actions et les ranger sous le thème « vidéos satisfaisantes », un peu comme les vidéos de circuits de billes, de découpes laser, ou de robots industriels.

Cornelius (68e, 3/5) : « Si c’était pour me geler les miches dans un bled où dégun comprend ce que les gens disent même s’ils sont censés parler français, j’avais la même chose dans le championnat canadien. »

Rabiot (4+/5) : Ya un gueux d’Andrézieux-Bouthéon quia voulu lui serrer la main à la fin du match, il s’est fait refouler aussitôt par la garde royale. En revanche le Duc a consentià laisser au bourgmestre une de ses rognures d’ongles, qui sera exposée à l’église du village à fins de guérison des bubons, escarres et maladies vénériennes fréquentes en ces contrées.

Greenwood (honte à nous, 4-/5) : Ergotons : vu son statut, on peut considérer qu’il lui appartenait en priorité de convertir la domination olympienne en poignées de buts. Sous cet angle, son but représente bien un minimum.

Brassier (90e) : Fête sa reconstruction psychologique par un déplacement à Saint-Etienne, au moins on verra tout de suite si le travail était solide.

Maupay (4/5) : On a tellement dépeint Neal comme un gros fouteur de merde auprès des défenseurs adverses que ceux-ci ont négligé la principale menace venant de sa part : s’il met le bordel partout où il passe, c’est avant tout en jouant intelligemment au foot.

Wahi (68e, 3-/5) : Voit son face-à-face dévié par le dessous-de-bide du gardien avant de finir au ras du poteau. Quand ça veut pas…


L’invité zoologique : Louis Mouton

A l’image du calembour zoologique du jour, le mouton est un animal vivant totalement au premier degré et que la notion même de malice n’effleure pas. Une existence entière vouée à se faire tondre, traire ou découper en grillades, sans trouver quoi que ce soit à y redire.

  • Les autres : Ce fut très surprenant de voir l’Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon aussi vite résignée, comme quoi, dès que le club professionnel se donne la peine de faire respecter la différence de niveau, il risque peu de mauvaises surprises.
  • Le classement : Nous revenons à cinq points du PSG, seul des 7 premiers du classement à ne pas avoir gagné.
  • Coming next : Nous recevons Lille samedi avant de retourner à Geoffroy-Guichard juste avant Noël pour… attends, c’était pas ce soir, la Coupe de France ? Mais c’était qui, les amateurs contre qui on vient de jouer, alors ?
  • Les réseaux : ton dromadaire blatère sur Facebook, Twitter et BlueSky. Rémy B. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,
Blaah

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