METZ – NICE (0-2) : LA METZ QUE UN CLUB Académie entame son requiem.
Espoir n’est pas lorrain.
L’amphithéâtre était déjà dans le noir, projecteur allumé sur la toile blanche pour seul éclairage. Le professeur Legrasaully, debout, dans le fond, croisait les bras. Attendant que le dernier élève en retard pose ses grosses miches moites de sueurs car se sentant observé par l’enseignant le plus impitoyable de l’académie. Legrasaully prit enfin la parole :
« Bien… Maintenant le gros sac avec la trace de transpi au cul s’est assis, on peut commencer. Première diapositive s’il vous plait. »
Émeline, une gentille fille de bonne famille, mais avec des tendances cheloues, avait été chargé d’appuyer sur le pc du prof pour faire coulisser les photos car on était en en 2022 et que les diapositives n’existaient plus.
« Bien, très bien ça. Posons un premier postulat que nous essayerons d’analyser : Le FC Metz est mort. Mort pour les joueurs, mort pour les supporters, mort sur le terrain, mort devant, mort derrière, mort dans le stade, mort derrière les écrans, mort au Sablon, mort de Magny jusqu’à devant-les-ponts, mort dans l’âme, et surtout mort pour moi. Le nouveau logo qui a tant fait jaser tombant ainsi à pic et venant s’illustrer de manière tout à fait prophétique telle une magnifique pierre tombale. »
« Alors pourquoi, moi, professeur Legrasaully, autoproclamé docteur le temps de cette séance, a officiellement déclaré la mort cérébrale du Fc Metz en ce jeudi à 10h ?
– On est mercredi, monsieur.
– Ni-queuh-ta-grand-mè-reuh ! C’est clair ça ? »
Le professeur Legrasaully avait bien détaché chaque syllabe pour s’assurer que c’était vraiment clair…
« Diapo suivante, s’il te plaît Jocelyne.
– C’est Emeli…
– NI-QUEUH-TA-GRAND-ME-REUH-TOI-AUSSI-EUH !! »
« On va essayer de viser plus juste qu’un tir de Niane, et on va parler un peu du onze de départ. Parce que moi je veux bien que la CAN nous ait fait perdre nos meilleurs éléments, et que ce n’est pas facile. Mais quand tes petits jeunes héroïques du match contre Reims t’assurent une victoire. Pour moi ce serait bien de leur faire confiance au prochain match. Du coup, je n’ai pas trop compris pourquoi on avait préféré Boulaya à Bassi. Et pourtant, je reconnais que Boulaya a un Bassi dans chaque pied, mais ce petit jeune commence vraiment à me faire de la peine.
Encore plus quand on sait qu’au final Boulaya a été remplacé par Tchimbembé à la 45e. »
Oui, j’avais la flemme de faire l’illustration après la première balle.
« On va essayer de prolonger la réflexion plus loin que Yade ne fait avancer la balle, mais je n’ai aucune idée des choix tactiques du coach. A aucun moment je n’ai senti de volonté de gagner le match. Et au moment où je me dis que le but est de faire match nul ce qui explique la sortie d’un milieu off pour un milieu def, voilà que l’on fait entrer Lenny Joseph et Mafouta à la place de Nguette et Niane… Et puis plus rien.
Alors que visiblement, le rendement défensif n’est pas bon car on se prend le premier but 10 minutes après la rentrée de Tchibembé. Et qu’offensivement, ce n’est toujours pas bon, car on aura LA SEULE ACTION CADREE du match avec une tête molle de Mafouta tranquillement dans les bras de Benitez A LA QUATRE-VINGT ONZIEME MINUTE !! »
« – … Des fifous… Faut que j’arrête les nuits d’insomnies moi.
Bref, essayons de toucher du doigts les problèmes individuels plus que Niane ne touche la balle. Et on va commencer par lui justement, car son match a été catastrophique. 28 ballons touchée. Il était absent partout, et je ne l’ai pas vraiment vu ailleurs. Après, en comparaison, Dolberg en a touché autant, et il a un peu ce même rôle ingrat d’occuper la défense. Mais là où pour Nice, cela offre des espaces pour Gouiri, chez nous personne ne profite de cette place. Et quand on voit la heat map des deux équipes, on voit clairement qu’il manque de la présence autour de la zone du goal adverse chez les messins. »
« A égalité dans la mouise, Nguette n’a pas démontré grand-chose non plus. A nouveau trop lent dans ses temps de réaction, il renoue avec ses anciens démons d’avant sa blessure.
Et pourtant le pire ne sera ni Niane, ni Nguette, mais Yade. Il a offert pour moi l’une des pires performances que j’ai vues. Ni en défense, ni en attaque. Jamais il n’aura été un élément de réponse. Se contentant de revenir avec des passes latérales. Aucun impact défensivement non plus pour preuve les assauts niçois qui se sont surtout déroulés de son côté, et il n’aura jamais été présent ni dans la zone, ni pour centrer. Pourquoi diable l’avoir laissé les 90 minutes ?
Pour le reste, saluons l’entrée en jeu pas du tout intéressante de Tchimbémbé.
Après, il y avait aussi du mieux avec Traoré et Amadou qui ont fait un bon match. A l’instar, Pajot a été l’un des hommes fort de l’équipe, et pourtant je n’ai pas toujours été tendre avec lui mais le brassard lui a fait du bien. Il était partout. Il s’est dépensé sans compter. Et même si dans la vitesse il a trop souvent été dépassé par les chevauchées de Stengs, il a montré du courage.
L’homme du match a clairement été Delaine. Le seul qui a apporté de la verticalité et des solutions devant. Aussi bon en attaque qu’en défense. Un coffre incroyable. Le seul reproche reste une qualité de centre et de passe vraiment à travailler (68% de pourcentage de passes réussies, soit le plus faible total de l’équipe).
Valentine, s’il plait, passe à la diapositive suivante. »
« … »
Les élèves de l’amphithéâtre étaient tous abasourdis.
…
Consternés.
…
Certains pleuraient en silence.
…
« … Hmm. Oui, là, c’est la honte. Hmm, passons. On va toucher là au principal problème selon moi. Et pourtant je l’aime bien ce coach. Il nous a apporté de bonnes choses. Il a un franc parler qui cadre bien avec les gens du Nord froid mais sincères que nous sommes. Mais pour moi, il est le principal responsable de cette débâcle.
Depuis le début de saison, il a une équipe qui n’avance pas, avec un problème défensif qui n’a jamais été corrigé, une incapacité à se créer des occasions devant qui ne sont jamais compensés, un manque d’effort supplémentaire qui se ressent dans le nombre de km parcourus, les courses à haute intensité. On a l’impression qu’il manque toujours quelqu’un en attaque ou en défense.
Et ce constat sans appel est indifférent selon l’équipe, la tactique, ou les joueurs. Et je ne connais ni le vestiaire, ni l’ambiance, ni le travail effectué en amont. Mais je constate les mêmes problèmes depuis le début de la saison… (en vrai depuis la saison dernière déjà), et rien n’a changé ! Et s’il ne le voit pas, c’est soit parce qu’il ne le voit pas, soit parce qu’il n’a pas les solutions. Dans les deux cas : la conclusion est la même pour moi.
Alors, c’est une conclusion un peu simpliste j’en conviens. C’est toujours le circuit le plus évident que de s’en prendre au coach, mais je n’ai pas d’autres armes dans ma besace car tout ce que je vois, c’est ce qu’il y a sur le terrain, et malheureusement, ma vision est aussi louche que celle de Sikou Niakaté.
Silence sidéré dans l’amphithéâtre sur cette dernière vanne.
Je sais qu’il me reste des balles, mais je me les garde pour moi, pour le prochain match du FC Metz, ce club de cœur qui est tous les jours un peu plus durs à soutenir. Pourquoi je garde autant de balles ? Parce que telle une frappe de Niane, j’ai peur de me rater…
Le cours est terminé. »
Rendez-nous Rigobert Pires. S’il vous plaît.
Je suis bien d’accord, surtout que c’est lui qui m’a inspiré à venir.
Pour avoir été au stade, Metz jouait en latéral sur la ligne médiane, rien pendant 90min, alors que Nice allait toujours devant, en faisant des erreurs certe, mais y a eu 2buts, moches également, mais victoire au bout 2e du championnat
On a bien vu le même match. D’ailleurs, c’était bien le match : On a attaqué à 42% de son côté.