Nancy-Toulouse (0-4) : la Chardon à Cran Académie n’était pas gegenpressée de reprendre

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dévitalisés

Et nous voilà reparti ; comme le supporter de terrain portant écharpe et drapeau, levé du bon pied pour célébrer son retour au stade, la gueule qui gratte un peu quand même – on est samedi -, on aborde une nouvelle saison avec l’excitation d’un Tantale sous captagon, tous prêts à en découdre avec une énergie stupide procurée par les calories frelatées et des bières qui n’ont jamais connu de réfrigérateur.

On a manqué le premier match ? C’est vrai. On a découvert le score plus tard, sobre, froidement apprêté à affronter le récit des conditions dans lesquelles il a été acquis. Ce n’est pas grave. Ce n’est pas insurmontable. On a le moral, les nouveaux aussi. Tout le monde est nouveau sauf nous, pauvres académiciens, dans ce club. D’ailleurs, ne sera-t-on bientôt pas plus vieux que notre club ?

Nancy a joué devant du public. D’un fol enthousiasme, tout le bloc a pris son envol vers le but adverse dès le coup d’envoi donné, oubliant les principes premiers de son sport. De footballeurs, ils sont devenus skippers, lançant de toute la force de leur gréement leur Hollandais volant contre le mur fracassant de la réalité. A défaut de football total, c’est un désastre intégral qui les frappe dès la sortie du port. La coque racle le dos de la sardine qui bouche le chenal avec une telle violence qu’on n’a même pas le temps de chanter une timide chanson de matelot pour les sacrifiés. A peine l’avarie constatée, l’on doit appareiller de nouveau avec l’obstination débile d’un Acab déjà crucifié sur sa baleine. Il nous avait pourtant bien fait signe d’aller nous faire voir ailleurs.

Et nous voilà reparti ; un président plus jeune que nous présente ses recrues louches sur les réseaux sociaux, nous répondons en citant Wagner (pas le traître, l’autre – l’antisémite). Certains réinventent la roue en lui taillant des sommets, d’autres se baignent toujours dans la même rivière. En aucun cas l’opiniâtre flot des événements ne saurait se voir circonscrit par un éventuel soubresaut bienvenu (vous ne nous espérez pas devenus subitement optimistes, tout de même ?). L’histoire déroule son fil noir sans jamais tarir la bobine du malheur, toujours les mêmes choses arrangées autrement, comme dirait un autre grincheux.

Nous voilà reparti ; en attendant le départ.

Pas de notes pour des joueurs que le multiplex ne nous a laissés voir que subrepticement, bien souvent la face hâve et les épaules voutées sous le poids du désespoir. Comme on accepte une défection en début d’année, le devoir maison sera marqué
« non déterminant ». Le prochain examen n’en sera que plus cruel.

Marcel Picon

7 thoughts on “Nancy-Toulouse (0-4) : la Chardon à Cran Académie n’était pas gegenpressée de reprendre

  1. Déjà ? Vous n’aurez donc jamais de répit dans votre chemin de croix, mon pauvre Marcel.

  2. Quelle belle ivresse que celle du désespoir. Et nous, qui allons recommencer à gagner cette saison, nous vous jalousons amèrement, mon cher amer de Lorraine.

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