Nancy-Villefranche (2-0) : La Chardon à Cran Académie n’aimerait pas être à votre place
Le Misanthrope
Quand on n’a pas d’idées pour une introduction, on raconte un peu sa vie, on imagine intéresser du monde avec des histoires de souffrance et de joies empêchées, on cherche la petite larme dans les chaumières en espérant un peu capter l’attention du malheureux qui a atterri là en tapant « je vis à Frouard, je vais me buter » dans son moteur de recherche, on écrit des trucs qu’on regrette et puis on efface tout en se disant que non, notre maman ne mérite pas de lire des trucs comme ça.
Ayez des idées pour vos introductions, c’est un conseil que je vous donne.
Le match
Entamer une partie par défendre en avançant pour aller chercher haut les ballons, même si c’est pour n’en rien faire, est toujours assez agréable pour les yeux. Ajoutez à cela des remises suicidaires au gardien à base de chandelles dans l’axe et de petites passes de rachitiques et vous obtenez de formidables bases pour un match un poil plus intéressant que l’ignoble purge délivrée à Versailles la semaine passée.
Qui dit animation ne dit pas forcément qualité mais on a au moins l’avantage d’assister à un match de football où on aperçoit d’autres acteurs que le ballon et la pelouse tenter d’entrer dans une relation de plaisir. Des passes et des courses permettent même à nos Corréistes de pénétrer sans ménagement la défense adverse jusqu’au craquage de filet. Bouabdeli est à la finition, ça devient presque une habitude, c’est sympathique. 1-0, 19e.
À peine le match a-t-il glissé dans la seconde mi-temps que l’animation s’intensifie encore : une frappe sensationnelle de Bokangu éclate la transversale Villefranchienne puis Capitaine Saint-Ruffian échappe de peu au rouge au bénéfice d’une simulation de douleur lui valant prix d’interprétation. Tout cela sent le soufre et la conclusion de ces 10 minutes un peu folles (plus débiles que démentes, dans le fond, mais on ne peut pas s’empêcher de tenter de rendre ça un poil épique) est donnée par Adrien Dabasse qui voit le ballon lui atterrir dans les pieds à trois mètres du but sur un corner. La conclusion est heureusement victorieuse, mais on avoue qu’on aurait bien rigolé s’il s’était permis de manquer ça. 2-0, 55e.
À ce stade, l’équipe qui mène est vite tentée de desserrer les fesses, voir d’ouvrir carrément son cul en toute détente. C’est exactement ce qui se passe mais sans conséquence fâcheuse autre qu’une bonne suée qui ne sent pas très bon quand le capitaine de Villefranche se charge à son tour de tirer une patate psychédélique que même la barre de Sourzac a du mal à repousser.
De contres en retours défensifs en catastrophe, l’intérêt décède peu à peu et l’ébriété augmente, chacun se résignant à la conservation de ce résultat. Forcément, on est content, du moins autant qu’un Lorrain peut l’être.
Les notes
Sourzac 4/5
Pas souvent inquiété et payant toujours ses placements hasardeux face aux tirs lointains, il a cependant le mérite de n’avoir craqué que symboliquement au point qu’on a tout de même eu envie de lui serrer la pince après le match. Attendez, ça sent pas le sperme de dauphin, là ?
Tayot 4/5
Un retour qui fait du bien sur l’aile quand on passe d’un être seulement doté de membres inférieurs à un enfant du club capable de centrer et de tirer dans le même match.
Thiaré 3/5
Il est grand et costaud, pas trop lent et acceptable de la tête : il a son diplôme du National.
Saint-Ruf 3/5
Oh capitaine, tu aurais très bien pu nous abandonner en cours de route, si tu n’étais pas tombé par chance sur la mansuétude aveugle d’un arbitre qui doit encore avoir les oreilles qui sifflent sur quelques générations du côté de Villefranche.
Julloux 3/5
Le Juju a fait son match, si tant est que trottiner et tapotiner la balle de temps à autre puisse encore valoir la locution magique.
Ebonog 4/5
Au four et au moulin avec un niveau technique fort honorable, voilà un jeune homme sur qui on aimerait pouvoir compter. Bien évidemment, il est prêté…
Carlier 3/5
Match sans histoire pour le galopin, dans le bon comme dans le mauvais sens. Au bout de quatre matchs il a toujours un nom, reste à y attacher une identité.
Bouabdeli 4/5
La course de bonhomme et la finition clinique pour son troisième but de la saison : cette efficacité est suspecte. M’étonnerait pas qu’on trouve des chichas plein son coffre et des likes pas jolis jolis sur les réseaux dans les prochaines semaines, pour sacrifier à la tradition.
Dabasse 3/5
Mis-à-part un but offert par une heureuse déviation (d’aucuns, enthousiastes, diront qu’une patte correiste était visible sur cette savante combinaison), on ne l’a rien vu faire. Enfin, si, mais rien de vraiment terrible, quoi.
Bokangu 3/5
Lui par contre on ne l’a vraiment pas vu.
Touré 3/5
Le grand dadais impressionne avec sa justesse balle au pied. Il aura bien d’autres occasions de marquer à ce rythme, même face à des défenses moins désespérées.
Marcel Picon