On avait prévu de gentiment glisser ce match sous le tapis, partagé entre l’idée de surfer nonchalamment sur le soulagement que procure une victoire peu glorieuse et la volonté de ne pas trop pavoiser vu que cette victoire a eu lieu dans le championnat National, qui est, rappelons-le, le troisième échelon du football français en partant du haut, deux divisions plus bas que là où l’ASNL devrait se trouver, quitte même à minimiser une première mi-temps de très bonne facture. La pudeur comme guide, contrairement à certain enfant de personne qui n’a toujours pas démissionné en dépit de l’accablement objectif dont sa fonction fait l’objet (un ministre, un président, un président délégué de club…, choisissez mais sachez qu’il n’y a pas de mauvaise réponse), nous voulions taire cette vilaine habitude qu’on les supporters de trop rapidement oublier le marasme dans lequel se trouve leur équipe à la lueur d’une victoire évidente contre des tocards.
Seulement voilà, appelez ça le contexte défavorable, l’abasourdissement lié à une condition fort pénible pour nos dirigeants, l’inexpérience d’un coach débutant, mettez ça sur le compte d’un professionnalisme en berne ou d’une négligence coupable, le résultat est le même : l’ASaNaL, à force de fricoter avec le fond de cuve croupi du football, ses dirigeants véreux, ses joueurs semi-habiles, ses ambitions de gagne-petit et la médiocrité générale de cette époque régie par une morale d’esclave, l’ASNL finit par laisser tomber sa nature première pour devenir ce qu’elle a dans le fond envie de devenir, savoir un petit club anonyme, inutile et con, un club bien championnat de France, bien couille molle. Ainsi donc, que faut-il ajouter à ce tableau triste à envoyer des e-mails finissant par « belle semaine » pour achever pleinement la transformation de ce fier bastion du football de l’est en une lamentable ruine digne de l’état mental de son plus sémillant thuriféraire horsjeuien ?
On a fait jouer un joueur suspendu, la Nadine Morano de ta mère la reine des putes. Peu importe qui, peu importe comment, pourquoi ; la Ligue, déjà bien cadrée sur notre club dans son collimateur depuis les histoires de magouilles des transferts de la saison passée, n’attend pas la saint-Glinglin pour monter sur son grand cheval et venir nous bourrer le mou de crottin tout frais : immédiatement, le match (un vieux 0-0 sur lequel on a peut-être écrit, on ne se souvient plus) est donné perdu et un retrait de point supplémentaire s’y ajoute, ce n’est là que justice finalement car il est de notoriété publique que la clémence ne s’adresse pas aux débiles. Ce club aura notre peau.
Le match
Bien avant ces agaçantes considérations réglementaires puis comptables, le jeu a lui fait preuve de soleil le temps d’une période, et dame, c’était plutôt sympa. Deux gros points noirs viennent ternir cette victoire toutefois, sans qu’on veuille ajouter plus de fumier dans la mégabassine pour autant : d’une part, L’homme-Camion-fou-au-sommet-de-la-colline-qui-surplombe-la-crèche a rejoué, et même plutôt bien puisqu’il a marqué. Si son passage dans le onze de départ n’était fondamentalement dû qu’à une suspension cette fois honorée d’un de nos défenseurs titulaires, on ne peut que s’inquiéter de la perspective de le voir à l’avenir plusieurs fois encore rouler à tombeau ouvert sur notre gazon, des flammes lui sortant de échappement. D’autre part, comment diantre en menant 3-0, au comble de l’extase qui en fout partout et investis de la mission d’assurer une différence de buts élégante dans un championnat serré comme le cloaque poisseux qui sert de bouche à un ministre dont on taira le nom, comment, bon sang de santon de bonsoir madame la sous-préfète réussit-on à se faire peur pendant UNE DEMI-HEURE à la crainte de se faire égaliser ? Ah ça pour le spectacle, y en a qui sont toujours au rendez-vous. Pour épargner nos nerfs, faudra trouver moins cruel.
Les notes
Sourzac 4/5
Encaisse deux buts mais va mettre les mains là où même Darmanin ne mettrait pas sa teub.
Da Costa 3/5
ça change de l’autre en positif et ça ne ressemble même pas à un coup de bol. Que se passe-t-il ?
Mendy 3/5
Brutalement anonyme et pas tout à fait sécurisant sur le plan physique, sa carrure athlétique se faisant régulièrement bouger par les pets foireux et la mauvaise haleine de ses adversaires.
Bussmann 3/5
Buteur et plutôt correct tant qu’on ne lui demande pas de courir, il ne faut tout de même pas oublier qu’il s’agit de l’homme-RATP, machiniste le jour et probablement bassiste dans un groupe de zouk essonnien la nuit.
Tayot 3/5
Son football est à vous donner envie de ruer.
Deaux 4/5
Avec un vrai milieu, de préférence exempté de la ligne « FC Metz » sur son CV, c’est fou comme le football se met à ressembler à une pratique que le travail et le talent récompensent plutôt qu’à un encadrement de manifestation par la police française.
El Aynaoui 3/5
Plus brouillon que d’habitude, mais ne serait-ce pas à cause de l’accumulation de matchs où cinq de ses coéquipiers jouent en fait pour l’adversaire ?
Mouazan 3/5
Une belle activité et quelques fulgurances même si son poste et ses premières touches restent des mystères que même les Grecs anciens n’oseraient pas aborder.
Nangis 4/5
Dommage pour cette frappe de mulet sous cocaïne en début de match qui remue la barre de haut en bas. Son match derrière illustre bien la force mentale qu’il faut pour percer dans le football quand on se prénomme Lenny.
Cissé 5/5
Doublé, mais un doublé qui doit moins à la chance qu’au fait qu’il commence depuis quelques matchs matchs à ressembler à un joueur de foot sous sa forme la plus élémentaire.
Robinet 3/5
Match d’attaquant sans but qui se montre quand même, oh c’est bien compliqué tout ça, bref, faute de mieux, on te garde mais essaye d’entrer dans la surface de temps à autre, on a cru noter que tu avais de la qualité à la finition.
Marcel Picon.
