Nantes-Rennes (2-1) : La Breizhou Académie se saborde

Nantes ayant joué la finale de la Coupe de France, notre 36e journée se dispute après tout le monde, ce qui a le don de nous coller une certaine pression. Les choses sont simples : Marseille, Monaco, Nice et Strasbourg, tous nos concurrents ont gagné. S’il veut encore rêver au podium, le Stade Rennais se doit donc de gagner à la Beaujoire. Aussi pour éteindre le feu de joie nantais depuis leur victoire en Coupe et parce qu’une défaite face aux Kita Boys n’est jamais une option envisageable.

Aguerd toujours suspendu, Genesio titularise à nouveau Santamaria au côté d’Omari, Martin prenant le poste de sentinelle. De retour après sa blessure au doigt, Gomis est de retour dans les cages.

Le match :

Franchement, je pense être un garçon raisonnable. Je ne demande pas grand chose dans la vie : que la famille soit en bonne santé, que la bière soit fraîche, les copains fidèles, ou encore que le système capitaliste s’effondre.

Mais perdre un derby et le podium sur une reprise de volée de Nicolas Pallois, alors ça, bordel de bite, c’était clairement pas sur la liste.

Je n’ai pas la prétention de savoir quels ont été les discours de Genesio avant et après le match, mais si je peux me permettre deux remarques : jouer 30 minutes dans un match qui en compte 90 ce n’est pas suffisant pour gagner. Et chez nous le grand match c’est pas contre papy Aulas, Bruno.

Certes, les Canaris ont bien joué le coup en nous pressant fort sur nos premières relances, en imposant des duels rugueux, en défendant très bien et en étant réalistes. Tout le contraire des Rennais. Nous, on est gentiment retombé dans nos travers : une défense fébrile, un manque de créativité et donc des mouvements stéréotypés, et un manque flagrant de finition et de réussite. On pourrait se consoler en se disant qu’à chaque fois que l’on a accéléré et joué en une touche, on les a mis en danger. Ouais. Mais c’est arrivé trois ou quatre fois et s’est soldé la plupart du temps par un tir à côté.

Si l’on a singulièrement manqué de liant sur les phases offensives, que dire de notre prestation collective en défense ? Du grand art. Premier but : chandelle pourrie de Gomis, Tait évite le duel, Truffert livre le sien à contretemps avant d’être gêné par Santamaria sur le suivant, avant que tout le monde regarde Coulibaly égaliser. Deuxième but ? Corner tiré à deux, Tait se livre comme un débutant face au centreur, Traoré lâche Pallois au marquage et Gomis laisse passer la volée du CRS sous ses gants. Pas sûr que les gens qui étaient venus voir du foot aient apprécié, en revanche ceux qui aiment le cirque en ont eu pour leur argent.

On peut incriminer untel ou untel (et la Breizhou Académie ne manquera surtout pas de le faire ci-après), mais force est de constater que :

• tu es en danger parce qu’un défenseur est suspendu
• tu joues presque à 10 dès que ton gardien est sollicité
• tu ne peux faire entrer que deux gamins de 18 balais et un mec blessé depuis six mois pour renverser le match
• tu es incapable de te procurer la moindre occasion dans les vingt dernières minutes

Evidemment, l’heure n’est pas au bilan et la beauté de la Ligue 1 fait que tout est encore jouable pour les Rouge et Noir sur les deux matchs restants, le beau comme le laid, à ceci près qu’ils sont désormais à la merci de leurs adversaires. Mais avec seulement 17 points pris sur 48 possibles contre le top 10, le Stade Rennais ne peut pas prétendre légitimement à un podium. Et perdre de cette manière face aux Nord-Vendéens, la pilule sera difficile à avaler.

Les joueurs :

Gomis : 1/5. Si les buts nantais ont été l’oeuvre d’un groupe, Alfred en a été le chef d’orchestre. Accrocher l’Europe avec un gardien de ventre mou, le voilà le véritable exploit.

Traoré : 2/5. Emprunté offensivement, il lâche le marquage sur Pallois et a été globalement en-dedans.

Omari : 2+/5. Match correct.

Santamaria : 2/5. A un moment, ça allait bien finir par se voir que ce n’est pas son poste. Le poste de DC est le nouveau cimetière indien du Stade Rennais.

Truffert : 1/5. Quitte à avoir quelqu’un qui court partout avec entrain en faisant n’importe quoi, autant mettre un labrador, au moins ça sera divertissant. Remplacé par Meling (74e, non noté). Il doit avoir un sacré mental pour voir qu’il est derrière la Truff’ dans la hiérarchie.

Tait : 3/5 ou 1/5. Docteur Flavien et Mister Tait. D’un côté il a marqué et s’est procuré les meilleures occasions. De l’autre, il est impliqués sur les deux buts adverses.

Martin : 2-/5. A chaque fois que l’on se posera la question de savoir pourquoi on ne le conserve pas à l’issue de la saison, on regardera ce match. Remplacé par Ugochukwu (82e, non noté). Viendra le moment où son âge ne pourra plus excuser ses limites.

Majer : 2+/5. Un match de diesel, il a mis du temps avant de trouver son rythme puis a fait des choses intéressantes, sans être décisif. Remplacé par Guirassy (74e, non noté), boarf.

Terrier : 3/5. C’est simple, tout ce que le Stade Rennais a fait de bon est parti de lui. Sauf que cette fois, il n’a pas conclu. Martin Dusse.

Laborde : 2-/5. Il est dans le dur. Tout ce qui faisait sa réussite semble avoir disparu : moins de pressing, moins de hargne, de la maladresse là où il excellait dans un jeu d’instinct, à l’image de son raté à l’heure de jeu. Remplacé par Doku (74e, non noté). OK il revient de blessure, mais je ne vois pas en quoi ça l’empêche de regarder où il centre. Et puis quand ta seule feinte ne marche pas même sur Pallois, c’est qu’il est temps de se remettre en question.

Bourigeaud : 3/5. Encore une passe décisive pour Baja. C’est d’autant plus douloureux de se dire que c’était sans doute son dernier derby. Remplacé par Tel (81e, non noté). Compliqué d’exister quand le reste de l’équipe a arrêté de jouer, même s’il s’est procuré notre seul semblant d’occasion en fin de partie.

C’est dur de voir le podium nous échapper, à plus forte raison que ça a lieu chez l’ennemi. Mais avec 12 défaites en 36 matchs, le fait est que les Rouge et Noir ne méritent pas mieux que la place qu’ils occupent actuellement. Evidemment, tout ça ne devra pas occulter le plaisir que l’on a pris à voir cette équipe jouer toute la saison. Mais pour ça, il faudra conserver la qualification européenne, sinon la gueule de bois sera terrible.

ALLEZ RENNES

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Marco Grossi