Rennes-OM (2-0), La Canebière académie est insupportable

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Si ça se trouve, c’est incurable.

Aïoli les sapiens,

Disons-le sans fioritures, nous nous sommes fait déféquer sur le visage, une nouvelle fois. Le KO au deuxième round, la soumission par guillotine au bout de 30 secondes, l’ippon teddyrineresque encaissé par ce combattant résigné qui va au charbon avec la certitude de se faire rétamer la gueule, tout simplement parce que la défaite lui coûte moins que l’effort nécessaire pour essayer de l’éviter. Un non-match, une défaite nette sans combattre, c’est propre, rien à redire.

Bah ouais.

Ceci dit, élargissons le spectre : la couardise de nos joueurs, elle ne vient pas de nulle part. Comment en est-on arriver à subir une telle équipe de pleutres, ne sachant hier soir ni utiliser la balle ni courir, sauter ou se battre, alors que ce même effectif nous avait donné tant de promesses cet été ? Té, au hasard, considérons le match aller contre Rennes, qui représentait l’exact opposé de l’infamie d’hier ?  Nous allons en désigner le responsable, mais avant tout, conformément à cette récente décision de la justice anglaise et dans un esprit de non-discrimination, nous tenons à informer nos lecteurs que dorénavant, seront proscrits ici les termes à connotation blessantes envers les personnes alopéciques. Le terme de « chauve » ne sera donc plus utilisé et sera remplacé par un mot pris au hasard dans le vocabulaire, par exemple « dehors ».

Car oui, c’est bien sous ce crâne dehors que se joue une bonne part de la morosité ambiante, quand notre entraîneur, après un début de saison certes fragile mais enthousiasmant, s’est transformé en clone de Villas-Boas en anéantissant tout l’allant offensif de l’équipe au profit d’une prétendue sécurité. Or comme le disait Benjamin Franklin à Marcelo Bielsa : « Une équipe qui sacrifie le jeu pour la sécurité défensive ne mérite ni l’un ni l’autre et finit par perdre les deux ». Cette saison, l’OM a souffert contre les blocs bas, et a souffert contre les équipes lui imposant un pressing intense. En fait, nous n’avons vraiment pris du plaisir que contre les rares entraîneurs assez bêtes pour ne nous opposer ni l’un ni l’autre. La coupe d’Europe et la coupe de France nous ont apporté de modestes émotions, jusqu’au moment de se vautrer comme des vieilles merdes à la première marche imposant de relever un tout petit peu notre seuil de compétence. Il en va de même en championnat, où l’enthousiasme du début de saison s’est vite dissout dans un exercice morose, agrémenté ici encore de sévères claques à chaque fois que l’opposition se relevait un tantinet. Comme avec Élie Baup, comme avec Villas-Boas, si la deuxième place reste acquise à la dernière journée, il n’y aura bien que les comptables pour sabler le champagne tant la manière restera indigne. Et si notre nullité nous amène jusqu’à la Ligue Europa, on pourra certes se lamenter de ces années de retard supplémentaires infligées à notre progression financière et sportive, mais sur le plan footballistique reconnaissons que nous y serons davantage à notre place. Voire, au vu de nos performances de la saison, que ce sera même flatteur. Quant à l’hypothèse d’une troisième place qui nous imposerait de retourner au charbon dès juillet dans un flou sportif total, nous ne préférons pas y penser. Bref, c’est à la dernière journée que notre saison pourra se situer définitivement entre le passable et le médiocre.

Ceci dit, élargissons le spectre derechef : les enjeux des années à venir dépassent le cas Sampaoli. Alors que les joueurs, les entraîneurs et même les présidents se succèdent, l’OM déçoit encore et toujours, et laisse craindre que la défaite devienne chez nous un trait culturel qui s’enracine de plus en plus profondément. Même notre adversaire du soir, Bruno Génésio, était capable de taper des Manchester City au plus gros creux d’une saison merdique. Depuis quand n’avons-nous pas battu un adversaire supérieur ? En bientôt dix ans de présence sur Horsjeu (mâtin ! quel site), nous avons assisté à UNE victoire contre le PSG, en plus d’une vingtaine de confrontations. Combien de « tournants de la saison » avons-nous bien négociés ? Notre mémoire nous rappelle une victoire à Lille sous Villas-Boas, il y en a sans doute d’autres, mais en quantité négligeable par rapport aux innombrables gifles qui, elles, sont bien ancrées dans nos souvenirs. Pire : cela s’aggrave. Ce complexe qui nous conduisait à refuser le combat contre le PSG ou les Lyonnais, nous l’avons l’éprouvé hier contre Rennes. L’humiliation que nous subissions en poules européennes contre Manchester City ou Porto, nous l’avons subie contre la Lazio et Galatasaray. Quand nous passions pour des nains à la dernière marche contre l’Atlético, c’est désormais à l’avant-dernière marche que le Feyenoord nous intime de rester dans la cour des petits. Jamais, jamais, jamais, nous ne nous dépassons contre des adversaires supposés supérieurs et de plus, la barre au-dessus de laquelle nous parlons « d’adversaire supérieur » s’abaisse d’année en année. Il devient urgent de lutter contre ce cancer de l’ambition sportive, qui nous conduit à nous accommoder de la défaite au prétexte que « nous sommes à notre place ». Nous-mêmes avons été contaminés, pas plus tard qu’au paragraphe précédent : « de toute façon, la Ligue des Champions c’est pas notre place ». Et après, on dira quoi : « de toute façon, la Ligue Europa c’était pas notre place, on est mieux en Conference Ligue » ? Ah bah non, ça on l’a déjà dit aussi. Mais après, ce sera quoi : « de toute façon l’Europe c’est pas notre place, on a l’effectif pour ne jouer que sur un seul tableau » ? Et après ? Eh bien après, on l’a en ce moment même sous les yeux, après, à force d’ambitions et d’exigences sans cesse revues à la baisse, après c’est la Ligue 1 qui dit à Saint-Étienne et Bordeaux : « l’élite, c’est pas votre place ».


Les Longorious Basterds

Mandanda
Rongier – Saliba – Caleta-Car (Dieng, 64e) – Luan Peres
Guendouzi – Kamara – Gueye (Lirola, 73e) – Gerson
Ünder – Harit

Au retour de Lorient, l’ambulance était presque plus garnie que le bus, avec de nombreuses blessures en cours de match. Finalement, les dégâts sont limités, puisque Gerson, Caleta-Car et Dieng peuvent figurer sur la feuille de match. Seul Bakambu n’est pas guéri, et rejoint Payet, Balerdi et De La Fuente sur la liste des forfaits. Quant à Milik, apparemment il va très bien, c’est juste que Sampaoli ne peut pas le sacquer.

L’ensemble ci-dessus s’anime comme d’habitude avec Rongier en milieutéral (plus haut et axial en phase offensive), Kamara en centralinelle (associé à Gueye à la récupération mais redescendant souvent prêter main forte à la défense), pendant que Harit et Gerson se… bah ces deux-là, c’est difficile de décrire la manière dont ils étaient censés jouer tant, justement, on n’a quasiment pas eu l’occasion de les voir jouer. La première certitude c’est qu’il n’y avait pas d’avant-centre, et la seconde c’est que ce choix du ch… du « dehors » nous a proprement anéantis.


Le match

Il s’agit de l’affiche au sommet de cette journée de championnat, et Rennes l’entame comme il se doit : au taquet dans les duels. Ça court, ça saute, ça envoie l’épaule, bref, ça ne nous laisse pas respirer. L’OM entame aussi le match comme toute rencontre au sommet : comme des victimes. Ça trottine, ça regarde passer la balle, ça recule d’un mètre à chaque impact, bref, ça se fout de notre gueule.

Comme toujours, dans une telle configuration, il y a toujours un gus pour tenter le dépassement de fonction, ce qu’il exécute invariablement tout seul, à contre-temps et de manière suicidaire. C’est ici Caleta-Car qui s’y colle, sortant pour tenter sans succès un pressing au milieu de terrain. Bingo : Duje ne met pas assez d’impact, n’est aidé par aucun équipier, et notre milieu de terrain saute immédiatement comme un bouchon de cheveux sous l’action d’une ventouse à chiottes. Rennes déroule, et Terrier peut centrer en retrait pour Bourigeaud, d’autant plus tranquille à l’entrée de la surface que tout le bloc revenait en footing. Le Rennais pladupiésécurise et prend Mandanda à contre-pied (1-0, 12e).

Tout en nous mastiquant les gonades devant l’apathie des nôtres on prend le temps d’admirer l’attitude des Rennais qui, lorsqu’ils ont le ballon, savent quoi en faire. Ils ont une intention.

Paf, autocitation (OM-Lokomotiv, décembre 2021) : d’une part pour se la péter, d’autre part pour illustrer le fait que rien n’a bougé en six mois.


Alors que Sampaoli nous a gavés de possession pour la possession, Rennes nous en propose le contre-exemple par son jeu de mouvement, ce sentiment d’une machine d’autant mieux réglée que nous ne mettons pas l’implication nécessaire à la perturber. Nos rares séquences de possession, révélatrices d’une lamentable impuissance au sens où les Olympiens ne savent littéralement pas quoi faire de la balle, donnent le sentiment de n’avoir absolument rien branlé tactiquement de la saison. Pour tout dire, alors que se joue l’avant-dernière journée de championnat, nos milieux de terrain en sont encore à se demander : « mais à qui je la donne, maintenant, là, putain ? ».

Sans surprise, dès lors que l’engagement physique et l’imagination tactique sont proches du néant, la fébrilité et les fautes techniques ne tardent pas à survenir en masse. Mandanda retarde autant qu’il peut l’échéance, qui finit inévitablement par intervenir sur un énième ballon perdu. Lors d’une de nos innombrables relances courtes sans autre but que la Possession, Saliba et Rongier se trouvent une nouvelle fois agressés, ce qui conduit William à emporquéger sa remise pour Valentin. Paf, bouchon qui saute, Terrier lancé sur notre côté droit, Duje en retard, conclusion du centre par Majer une main dans le slip, ya pas de raison que ça se passe différemment (2-0, 35e).

L’OM atteint déjà un premier objectif en rentrant au vestiaire avec moins des quatre buts de retard auxquels cette première mi-temps lui aurait permis de prétendre. On imagine que Sampaoli s’est longuement gratté le dehors pour réfléchir à la meilleure manière de réorganiser l’équipe, et espérer l’une de ces remontées dont nous avons le secret : quelle n’est pas notre surprise de constater qu’à la reprise, absolument rien ne change.

Il faut ainsi un quart d’heure de plus à notre entraîneur pour faire entrer Dieng à la place de Caleta-Car, Kamara descendant en défense. Soudain, oh miracle, il apparaît qu’avec un attaquant capable d’appeler en profondeur, Guendouzi sait soudain à qui donner la balle : Cheikh est immédiatement envoyé en face-à-face avec le gardien, sans réussir à devancer sa sortie. Dieng est de nouveau trouvé en profondeur par Mattéo la minute d’après, comme pour bien nous faire regretter d’avoir gaspillé l’heure précédente. Ceci dit, ses deux semblants d’occasions sont loin de représenter un festival offensif : pour celui-ci c’est au Rennais qu’il faut s’adresser, avec ce somptueux ciseau raté de peu par Laborde, puis une RAIE magistrale de Mandanda devant Majer.

En toute fin de rencontre, les Bretons gèrent leur avantage pépères, ce qui nous permet de passer timidement la narine à la fenêtre. La manière absolument honteuse de tirer et de (ne pas) disputer nos coups de pieds arrêtés ne laisse cependant croire à personne qu’une remontée fût à un moment possible.


Les joueurs

Mandanda (4-/5) : Exception faite de sa précision d’hypermétrope sur le jeu long, Steve a représenté le seul joueur au niveau ce soir, avec force sorties judicieuses assorties d’une paire de RAIES qui nous évite la déculottée.

Rongier (1+/5) : Toujours plus loin dans le dépassement de fonction, Valentin est l’auteur de notre seul appel en profondeur avant l’entrée de Dieng. De mémoire de dromadaire, on n’avait pas vu ça depuis Bielsa et Jérémy Morel latéral gauche appelant la balle au piquet de corner droit. On serait chez le City de Guardiola, on applaudirait une telle plasticité de l’effectif, mais c’est aussi parce que chez le City de Guardiola, ça marque. Chez nous non, ça témoigne uniquement d’un bordel tactique ignoble.

Saliba (1/5) : Continue à ce rythme et c’est pas Arsenal qui va te reprendre, c’est Saint-Étienne.

Caleta-Car (1-/5) : Non mais quand on se trouve à moins de deux mois avant et plus de deux mois après une fenêtre de transferts, c’est un défenseur correct.

Dieng (64e, 2/5) : J’espère que Sampaoli pourra produire un certificat médical attestant de l’impossibilité de Cheikh de jouer plus de 30 minutes, histoire de prouver que c’est par nécessité et pas par plaisir qu’il a attendu une heure avant de faire entrer un type capable de mettre en difficulté la défense adverse.

Luan Peres (2/5) : En difficulté, ce qui représente donc une performance bien plus satisfaisante que ses copains en plein naufrage.

Kamara (1+/5) : Pur-sang entraîné par un boucher chevalin.

Gueye (1-/5) : On le remercie d’avoir frôlé l’expulsion après un hippopotacle sur Bourigeaud, grâce à cet électrochoc Sampaoli s’est rappelé qu’il pouvait effectuer des remplacements. En même temps, c’est vrai qu’ils sont agaçants, ces adversaires qui courent partout et savent jouer au football.

Lirola (73e) : Entré à gauche, essentiellement parce qu’il restait à Sampaoli des stocks de mescaline à finir avant son déménagement.

Guendouzi (1+/5) : Tant qu’on gagne c’est surtout les adversaires qui s’en rendent compte, mais c’est vrai qu’il chiale beaucoup, en fait.

Gerson (1/5) : Introuvable pendant plus d’une mi-temps avant d’essayer de prendre les choses en main. Cependant, lorsque lesdites choses se trouvent être une flaque de pisse, même le prince du cool doit s’avouer incapable d’en tirer quoi que ce soit de présentable.

Ünder (1/5) : Faible au point de ne même plus parvenir à lever ses corners en fin de match. Je veux dire, quand même Florent Pagny sous chimio apparaît plus en forme que tes joueurs, en tant que préparateur physique t’es en devoir de te poser des questions, un peu.

Harit (1/5) : Quoi de mieux pour le mettre en confiance que de l’obliger à disputer des duels aériens contre des armoires normandes ?


L’invité zoologique : Benjamin Bourricot

L’âne est un animal injustement décrié, alors qu’il s’agit d’un animal robuste, travailleur, et prompt à envoyer du sabot dans les gencives du cuistre qui se moque d’un peu trop près. Cela suffit à en faire l’invité approprié pour cette rencontre.
Les autres : une dépense physique intense pendant les trois-quarts du match, une idée de quoi savoir faire du ballon et les moyens techniques de l’appliquer. En gros, un prétendant légitime au podium, dès lors qu’il n’y a pas Nicolas Palourde dans l’équipe d’en face.
Le classement : c’est avec un œil d’expert que nous apprécions le ratage niçois, qui nous garantit au pire la 4e place. Sauf à gagner 6-0 contre Strasbourg, ce qui paraît peu probable, seule une contre-performance monégasque à Lens nous autorisera à reprendre la 2e place. Un match nul nous garantira au moins la 3e place, quel que soit le résultat de Rennes à Lille.
Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Ludovic C. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

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