Paris Sans Gloire – Montpellier (1-2) : La Paillade Académie joue de l’ocarina
Bisque. Bisque. Raaaaage !
Ainsi, avec une pierre et une fronde, David a été plus fort que Goliath le Philistin. Il l’a fait tombé et il l’a tué, sans épée.
1 Samuel 17, 50
Par delà les monts et les vallées de France et de Navarre, par delà les contrées hexagonales, plus loin que les frontières du Bas Quercy, en deçà des Trois Cols en Chartreuse, partout, par les villes, villages, hameaux, lieux-dits, dans toute chaumière, toute maisonnée, tout château, résonne le chant de cette victoire. Là-bas, dans une forêt des Cévennes, un cerf a tendu l’oreille à ces murmures qui lui parvenaient, reconnaissant entre mille la douce candeur de l’ivresse.
Et voici que tintent les aiguilles des pins parasols, gardiens gargantuesques du temple sudiste, au vent vainqueur venu du Nord. Voici la terre ocre du lac du Salagou qui palpite merveilleusement sous la stance d’un quatrain méridional composé plus haut, plus loin, en les murs parisiens. Voici que tout tremble, que tout s’amenuise. Voici le Soleil qui resplendit à nouveau, majestueux dans sa lumière omnisciente, en entendant à nouveau qu’on chante en la cité montpelliéraine, qu’on festoie, en apercevant enfin les sourires poindre au creux des bouches.
On entend partout ces tambours frappadingues rugir sous les coups des corsaires méridionaux. La musique de l’orchestre pailladin devient symphonie du nouveau monde lorsqu’elle se pare de ses plus beaux accords, lorsque les notes s’envolent dans le ciel en un parfait crescendo, menant droit sur les heures dorées du passé.
Car s’il persiste un peuple qui ne connaît pas l’amnésie de son Histoire, c’est bien le nôtre. Nous, les fiers, les braves, les téméraires (parfois), nous les hommes du soleil, nous qui connaissons le midi à quatorze heures sans avoir à le chercher, nous avons une nouvelle fois vaincu ce géant aux pieds agiles, ce grand vizir qui cherchait la qualife à la place du calife. Depuis que les chèques sont aux commandes intramuros, nous rencontrâmes à six reprises Lutèce. Sans parler de bèstia negre, il faut remettre l’oeuf dans le plat : deux défaites, trois nuls et donc une victoire, pas si mal pour un bilan.
Quoi de plus symbolique que le V tendu fièrement par le fadoli Courbis, cruciforme au talent et à la verve inattaquables, en direction de la présidentielle du Parc ; quoi de plus fort que ce retour plein de grâce du compère Saihi, après un an d’absence suite à une blessure au genou droit, quoi de plus beau que cette joie d’enfant affichée sur le visage du vétéran Pionnier, auteur d’une prestation majestueuse !
Mais quel plaisir aussi de vadrouiller dans les rues parisiennes en chantant à tue-tête “On est en huitièmes, on est en huitièmes, on est, on est, on est en huitièmes!” en claquant quelques fuselages d’avions de chasse qui passaient par là, en faisant couler la bière à flots dans son gosier et en chantant encore et encore à en perdre la voix ! Quel bonheur de se faire arrêter dans la rue par des comparses émigrés “T’es de Montpellier ? –Ouais ! – On les a niqués, pas vrai ? – Oh putain oui ! – Tu bois un coup ? – Oh putain oui !”, quelle joie de renseigner les vieilles dames appeurées “Mais pourquoi vous criez jeune homme ? – Mais on a gagné putain la vieille ! T’entends ? On a gagné putain !” , quelle extase d’attraper dans ses filets une belette de Belleville un soir comme celui-là !
Et que dire de la scène majestueuse du matin dans la boulangerie où tous maugréent en achetant leur baguette et où, soudain, pénétrant dans l’office, “ Pardon –je suis de Montpellier- pardon, bonjour – je suis de Montpellier- une brioche s’il vous plaît – je suis de Montpellier- merci, bonne journée et … ALLEZ MONTPELLIER ! “
Mais toutes ces péripéties ne se seraient point déroulées si les petits n’avaient pas fait le travail sur le terrain, s’ils n’avaient pas résisté vaille que vaille aux assauts ininterrompus des Parisiens, courbant l’échine mille fois sous la pluie d’occasions adverses. Rien ne serait arrivé si Daniel Congré n’avait pas utilisé son pouvoir issu de Moron Mountain pour capter le talent des meilleurs centraux de la planète, si Stambouli ne s’était pas transformé en une sorte de Léviathan du ballon rond, si Tiéné n’avait pas choisi la greffe de pied, et j’en passe, vous verrez les notes bordel.
Pas une seule de ces histoires qui vous enchanteront sûrement la quique n’aurait eu ce joyeux impact phallique si Paris avait planté ne serait-ce que le tiers de ses occasions. Car entre le pressing à deux vitesses complètement dilettante et les absences répétées des latéraux dans leur couloir, comme un symbole de personnel ATOS, il y avait de quoi faire en première période, sacré nom d’une bite en mousse recyclable. Mais la deuxième mi-temps fut montpélliéraine, nom d’un jambon ! Le pressing cette fois marcha à merveille, et la défense centrale étouffa le duo Cavani-Ibra, le deuxième entrant en jeu pour nous en planter quatre, tel était le plan. Mais rien n’y fit, comme la chaîne. Et putain, on a mit deux pions, déjà, et en plus de la tête ! … Fallait gagner ! … sans rougir comme des youyous voraces ! …Engloutis ! …parfaitement tenus ! Viva la Paillade, on ne voit plus que ça.
Mais on a entendu et on entend encore les haineux parisiens rouscailler dans leur barbe de dadaïste pro-système (oxymore de bagass) : “Oui mais y avait pas hors jeu ! Oui mais y avait péno ! Oui mais j’aime les hommes !”. Soit. Le révélateur a fait sa salope de Poméranie sur l’angle de vue, on peut donc dire en toute mauvaise foi que le hors jeu n’est pas net mais qu’en fait on sait pas. Et pour le péno, eh bin, pine. Ou zgeg. Ou bite. C’est vous qui voyez. Et pour les problèmes de Nîmois, désolé, on n’est pas compétents en la matière. Voyez en garrigue.
Maintenant il s’agirait de pas faire les cons, parce que si c’est pour se faire sortir au tour suivant et descendre en ligue 2, à ce compte-là, valait mieux en prendre cinq. Allez, finie la faconde. Mais …. Quoi ? Un Loulou sauvage apparaît dans les hautes herbes !
Les notes :
Pionnier (5/5) : après avoir colonisé l’Amérique et enculé Pocahontas, le pionnier a fait des miracles au Parc des Princes, avec ses mains, avec ses pieds, et surtout AVEC SA COUILLE.
Deplagne (3/5) : probablement revigoré par un passage au théâtre de la Main d’or, il a fait un assez bon match, même s’il n’est pas tout blanc sur le but – Dieudo a déteint sur lui.
El Kaoutari (non noté) : « ah! Une bonne douche chaude, et pour moi tout seul! Pas question de ramasser la savonnette cette fois. »
Congré (5/5) : tellement savoureux de voir l’homme qui fit rire la France, se métamorphoser en buteur providentiel sur la pelouse du plus gros club de France. Et tenir la baraque ensuite, en défense aux côtés de Stambouli notamment.
Tiéné (4/5) : de son offrande millimétrée, Daniel s’en souviendra longtemps. De son passage au Parc, les supporters parisiens peut-être moins; quelle quenelle pourtant.
Stambouli (5/5) : patron au milieu, patron en défense : capitaine.
Saihi (5/5) : comment ne pas être un pitbull, quand Paris est une chienne? He my dog.
Cabella (4/5) : autant il en a un peu trop fait, autant il a été précieux techniquement, ne serait-ce que pour jouer la montre. Par contre partir à Newcastle, je m’y connais un peu pour avoir habité là-bas quand même, merde, et ben Rémy : t’es pas une lumière décidément.
Camara (3/5) : un peu transparent mais prime de risque pour s’être fait découper par Blaise pas scal.
Niang (2/5) : Cliché du noir fainéant qui marche parce que la sueur c’est trop salé. Et assez médiocre techniquement. On en attend plus.
Montaño (10000/5) : LE BUTEUR DE LA PAILLADE C’EST MONTAÑO !!!
Les remplaçants :
Marveaux : soliiiiide.
Sanson : sans complexe, coup du sombrero tout ça.
A part ça:
L’Hérault est grand, l’Hérault est fort. Hier, dans un stade Louis-Michel enseveli par la passion et la ferveur, le FC Sète a dominé 2 à 0 Jura Sud. Les dauphins, avec à leur tête, un patron, Monsieur Rouve, 43 printemps, sont en huitièmes de finale pour la première fois depuis 20 ans. Pour raisons familiales, vos serviteurs sont les premiers supporters des Verts et Blanc. Les voici les voilà, les dauphins sétois. Ils auront le droit à une acad pour le prochain tour.
La bise, méridionale et vigneronne,
Loulou et Marcelin.
Génialissime !!!
» He my dog. » really?