L’Académie Française dans la tête de Deschamps : une migraine à 26

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Abracadabra ! Didier Deschamps est décidément passé maître dans l’art de l’illusion, du détournement, de la déceptivité. Induisant tout le monde en erreur, envoyant les gens sur des fausses pistes, La Dèche a toujours un atout dans sa manche. Pour l’Euro, il a sorti le grand jeu. Moi, je m’y perds.

A l’annonce de la liste, la surprise est présente. Outre Benzema, on entend du Thuram, du Koundé ; dans une moindre mesure, du Sissoko et même du Dubois (qui est toujours une surprise). Mais cessons de penser aux surprises passées, et songeons incessamment aux possibilités futures.

Des noms, encore des noms : mais pour en faire quoi ? Avant d’en venir aux hypothèses, aux compos possibles et à celles fantasmées, tâchons déjà de comprendre.

Les surprises :

Karim Benzema (Real Madrid), 33 ans et 81 sélections (27 buts)

Après cinq ans d’absence, le K est de retour. Encore meilleur qu’avant, Benzema revient en Bleu alors qu’il est au sommet de son art, portant la Casa Blanca de son talent, obligé d’y faire tout ce qu’il sait faire, c’est-à-dire presque tout.

Sans aucun doute, le staff des Bleus n’a jamais cessé de regarder Benzema ; mais, jusqu’ici, pas de Karim dans le groupe, la faute notamment aux questions judiciaires toujours en cours et à ses sorties plus que malvenues sur les réseaux sociaux et dans la presse pendant cette période de 5 ans (nonobstant les justes remarques formulées par Frantz ici).

Alors, pourquoi le rappeler ? Plaçons-nous du point de vue de Deschamps : soyons donc 100% pragmatique. Benzema est l’un des meilleurs 9 au monde, Giroud a un temps de jeu très irrégulier depuis 2 ans, Benzema sait tout faire (marquer, distribuer, jouer en pivot, jouer de la tête), l’animation offensive des Bleus est limitée et n’offre pas d’alternative crédible – Ben Yedder n’a jamais convaincu, Mbappé dans l’axe non plus : jusqu’ici, c’était Giroud en pointe et pour le reste, ben…

Et pourquoi rappeler Benzema maintenant, à quelques semaines de l’Euro, plutôt qu’en mars lors du dernier rassemblement ? Ca, c’est une autre histoire. Rapprochements entre les parties au second trimestre et moult mea culpa ? Sans doute. Doutes dans la tête de Deschamps sur la capacité de son groupe à remporter l’Euro en l’état notamment après avoir observé le dernier rassemblement en mars ? Sans doute. Inquiétude persistante sur le temps de jeu de Giroud et les performances moyennes du secteur offensif (Grizou notamment) en club ? Sans doute.

Bref, Benzema est un 9 de très très haut niveau et Deschamps estime, tout simplement, que les Bleus seront meilleurs avec lui sur le terrain que sans lui et que son « influence » n’aura pas un impact négatif sur le groupe. Il n’y a que la gagne qui anime Deschamps : s’il s’est convaincu que les Bleus seront meilleurs avec le K et que le rendement de Benzema sera supérieur aux inconvénients et polémiques que sa présence peut susciter, alors la balance a penché du côté du K. Tant que la balance risques/avantages penche vers ces derniers, le choix est vite fait pour DD. Et la balance a fini de pencher, certainement, au mois de mars.

Marcus Thuram (Borussia Mönchengladbach), 23 ans et 3 sélections

Appelé fin 2020 et assez intéressant, Marcus n’avait pas été appelé en mars, pour deux raisons : d’abord, sanction de DD pour son crachat en Bundesliga ; ensuite, parce qu’il était pas au niveau avec Mochengladbach. Le voir ici à l’Euro est une vraie surprise : les Bleus ne manquent pas joueurs offensifs. Quand on voit la saison de Gladbach (8e) et les stats de Marcus (8 buts), y’a pas de quoi se taper le cul par terre. Conclusion : il fait partie des 3 en plus dans la liste pour arriver à 26 et/mais Deschamps a dû aimer son profil et ses performances fin 2020 pour qu’il passe devant d’autres attaquants. Ou alors Lilian a filé un gros bifton.

Jules Koundé (FC Séville), 22 ans et aucune sélection

Surprise du chef, DD a appelé le Julot directement depuis les Espoirs. Capitaine des Bleuets, on (je) pensait que Jules ferait l’Euro avec les Bleuets (ils sont déjà sortis grâce à Ripollino cela dit), les JO et intègrerait l’équipe des Grands après l’été. Que nenni ! Bim ; propulsé chez les A. Tout le monde en dit le plus grand bien, le futur de la défense des Bleus, etc. Je ne l’ai pas assez vu hormis quelques matchs de Séville. J’attends donc de juger sur pièce. Mais s’il est aussi fort qu’on l’entend, il ne fera pas tâche : Varane – Kimpembé, c’est fort, mais ça ne vaut pas Varane – Umtiti de 2018. L’intégrer dès maintenant, c’est s’ouvrir la voie à de nouveaux possibles pour le Mondial 2022.

Autres « surprises » :

  • Sissoko plutôt que Ndombele : 100% contre mais on sait pourquoi DD le fait : Sissoko apporte exactement ce qui est attendu de lui.
  • Léo Dubois : le talent d’une moule agrégée à un QI d’huître. Unique en son genre.
  • Eduardo Camavinga : quitte à piocher chez les Espoirs, pourquoi ne pas avoir pris Eduardo ? Même s’il vit une saison moyenne, notamment ces derniers temps, je vois pas comment il peut passer derrière Sissoko ou Tolisso (que j’adore mais qui revient de blessure). Vraiment étonné.

Les compos possibles :

Le classicisme

C’est la composition la plus simple avec la surprise Benzema : on prend le 11-type et on change de n°9. Pratique. Toutefois, même si le K sait tout faire – dont jouer en pivot façon contrôle-remise de Giroud -, ne serait-ce pas le sous-exploiter dans ce rôle ? Karim est utile et doué dans beaucoup de positions : le voir participer à l’animation, à gauche, à droite, serait un plus par rapport à Giroud. Un plus qui n’est a priori pas optimisé avec ce système.

Le Manouel Valls

Calmez-vous : on serait bien loin d’un 4-3-3 barcelonais. Mais ce système aurait le mérite de mettre en exergue les qualités du trio d’attaque : Grizou en chef d’orchestre, Mbappé qui peut prendre la profondeur, Benzema qui peut combiner avec les deux ; ou plus franchement Mbappé à gauche, le K en pointe et Grizou en meneur excentré. Ca pourrait faire tourner en bourrique pas mal de défenses. Bien entendu, l’apport des latéraux et le boulot des milieux serait d’autant plus important. C’est, a priori, le système qui sera testé demain face au Pays de Galles.

La révolution complète ou partielle

La défense à 3, c’est pas très Deschamps. Les précédentes tentatives n’ont pas accouché de grandes prestations – tout comme n’importe quel essai tactique depuis 2018 cela dit. Mais imaginons : des centraux qui participent au jeu, aident à la relance, remontent le ballon, avalent l’espace devant eux comme les pistons sur le côté avalent leurs couloirs ; ces mêmes centraux qui compensent les éventuelles absences de leurs pistons ; Deschamps qui assume une asymétrie avec, mécaniquement, un côté qui penche vers l’avant et l’autre vers l’arrière (coucou le côté gauche 2018).

Avantage certain de notre effectif : Lemar et Coman ont les qualités pour être de vrais pistons. Ils sont endurants et techniques. Le système de gauche est plus malléable : Coman et Lemar peuvent faire chacun les pistons et animer leur flanc, on peut verrouiller l’un ou l’autre, les deux ou aucun ; à droite, un Rabiot serait plus rassurant, on verrouillerait son côté et libre champ au piston Coman. M’enfin, dans tous les cas, si y’a Kanté pour compenser… Bien entendu, on peut inverser la logique de ces systèmes pour passer au système « turbo-DD » en 5-2-3 avec trois centraux, deux latéraux (Pavard-Hernandez) plutôt que deux pistons, Pogba-Kanté au milieu et les trois devant qui doivent tout faire.

BREF (c’est osé) :

La liste de DD pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses, au moins d’un point de vue tactico-plan de jeu. Grands favoris de la compétition volée par le Portugal en 2016, les Bleus ont, sur le papier, tout ce qu’il faut. Assumeront-ils leur statut ou feront-ils une 2002 ? Les deux matchs de préparation auront, pour une fois, un réel intérêt. A suivre sur HORSJEU.NET, le seul site dédié au foot avec un nom original jamais entendu ailleurs.

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2 thoughts on “L’Académie Française dans la tête de Deschamps : une migraine à 26

  1. Du très beau boulot.

    Ma question préférée : qu’est-ce que je vais faire de tous ces attaquants.

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