Nouvelle année, nouveaux collaborateurs, nouvelle Académie, nouvelle saison (au Japon). Vous l’aurez compris, les ninjas sortent de l’ombre, prêts à vous mystifier sans que vous ne vous en rendiez compte pour noter un exotique et fameux Japon-Ouzbékistan.

 

Car à l’heure où tout l’Occident a les yeux braqués sur les matchs amicaux aux mille promesses de préparation à l’Euro, en Asie les évènements ont pris une tournure beaucoup plus sérieuse et dramatique. L’Asian Nations Cup ayant eu lieu en 2011, avec à la clé une quatrième victoire dans la compétition pour les Samurai Blue, ce sont déjà les éliminatoires pour la Coupe du Monde 2014 que l’équipe nationale japonaise dispute.

L’enjeu de cette rencontre au Toyota Stadium face aux Ouzbeks ? Les deux formations sont d’ores et déjà qualifiées pour la dernière phase éliminatoire, mais se disputent la première place de leur groupe, permettant de s’assurer d’être bien reversée dans le premier chapeau, et d’éviter les éventuelles surprises lors du tirage au sort qui aura lieu le 9 mars.

Autrement dit, l’on peut s’attendre à une rencontre pleine de folie et de surprises, Zaccheroni ayant par ailleurs convoqué tous les joueurs expatriés en Europe à sa disposition, exception faite de Keisuke Honda : le super saiyan de Moscou revient tout juste de blessure, et se doit de préparer au mieux son match retour de Champions League face au Real Madrid.

L’occasion également pour les joueurs japonais d’étrenner pour la première fois en match officiel leur nouveau maillot . Marketing de masse oblige, c’est dans le couloir que l’on force les joueurs à enfiler en vitesse le nouveau gilet de survêtement rouge confectionné par l’équipementier, gilet qui ne servira qu’à la présentation des équipes. Un grand moment de télévision.

Ainsi s’opposent 11 nains nourris aux sushi face à 11 golgoths élevée à la vodka. Une opposition de style, une rencontre internationale. David contre Goliath. Davidov vs Goldorak.

 

Le match

Après un hymne japonais pour une fois correctement interprété par la jeune chanteuse adolescente locale (ne nous attardons pas sur le travail des enfants, nous sommes en Asie), le Japon entame taiko battants sa rencontre face au 4ème de l’Asian Cup 2011. Mais les attaques nippones se heurtent rapidement à la solidité de l’organisation défensive de ce digne et fier représentant de l’ex-bloc soviétique.

Quelques occasions dans cette terne première mi-temps, comme cette barre transversale trouvée par Shinji Okazaki à la 20ème minute, mais surtout le début du festival Mike Havenaar. Contrôles manqués, duels aériens perdus, finition déplorable, le géant d’origine néerlandaise aura démontré toutes l’étendue de ses limites ce soir. Un grand pas en avant pour le rigide système d’immigration japonais.

Devant tant d’apathie, et alors que l’on s’attend à des changements dès la reprise, le coach italien ne touche à rien, et le Japon encaisse un but par Shadrin sur l’une des rares contre-attaques ouzbeks.

Malgré de bonnes intentions offensives, notamment sous l’impulsion du rentrant Takashi Inui, les Samurai Blue (que j’aime ce surnom) se montrent trop brouillons pour s’extraire du rideau de fer. A trop vouloir rentrer dans le but avec le ballon sans se donner la peine de tirer, les Japonais, bien que clairement supérieurs techniquement et collectivement, se retrouvent noyés dans la mer d’Aral.

Score final 1-0, le Japon sera dans le 2ème chapeau. Pour les samurais du soir, le hara-kiri est tout indiqué.

Revenus au pays pour seulement 3 jours, on peut se demander si les expatriés, considérés comme des joueurs d’exception rares et légendaires au moment même où ils posent le pied sur le sol européen, n’avaient d’autres priorités que ce match à faible impact. Les ninjas de l’Académie n’hésiteront pas à les traquer dans les night-clubs de Shinjuku où saké et et cyprine de call-girls coulent à flot, et leur punition sera à la hauteur de leurs fautes.

Mais avant cela, passons à la notation :

 

Les notes :

Eiji KAWASHIMA (Gardien, Lierse SK) : 4 /5 Très peu d’interventions à effectuer ce soir. Une grosse parade juste avant le but ouzbek, où il se retrouve ensuite abandonné par sa défense. Quel dépit dans son regard après le but, sans doute une réminiscence de ses longs moments de souffrance vécus chaque week-end en club avec ses coéquipiers belges.

Atsuto UCHIDA (Arrière droit, Schalke 04) : 1/5 Que d’approximations pour le jeune play-boy japonais, au fan-club constitué de 95% de jeunes filles en fleurs. Dépassé sur le but, il aura commis un grand nombre de centre imprécis et à ras du sol. Quand son avant-centre mesure 1m94 et joue avec des sabots hollandais en guise de crampons, on peut difficilement faire plus judicieux. Heureusement, le nouveau photobook d’Uchhi sort la semaine prochaine.

Maya YOSHIDA (Défenseur central, VVV Venlo) : 3/5 Pas vraiment sollicité par les attaquants ouzbeks, il aura constamment été recherché sur corners pour son jeu de tête, mais sans réussir à trouver la faille. Gagnerait à être plus serein lorsque des attaquants du Navbahor Namangan et du Neftchi Baku se présentent face à lui.

Yasuyuki KONNO (Désenseur centrale, Gamba Osaka) : 2/5 Tout comme son compère de l’axe défensif, peu d’occasions de se mettre en valeur. Il est cependant apparu plutôt fébrile dans ses interventions, et l’on attend de lui qu’il s’investisse plus dans son rôle de leader de la défense, chose que l’on a peu vu ce soir.

Yuto NAGATOMO (Arrière gauche, Inter Milan) : 4/5 Sans doute le meilleur japonais ce soir, sérieux dans son couloir tout en multipliant les montées et les accélérations qui font sa force. Malheureusement sorti sur blessure à 10 minutes de la fin. Petit et rapide ok, mais costaud en plus faudrait pas abuser.

Makoto HASEBE (Milieu défensif, Wolfsburg) : 3/5 Positionné dans l’axe du milieu au côté de Endo, Hasebe a encore une fois tenté de montrer la voie en haranguant ses coéquipiers, en bon capitaine qu’il est. Un match solide comme un katana forgé après 108 nuits de labeur.

Yasuhito ENDO (Milieu récupérateur, Gamba Osaka) : 2/5 Trop peu présent dans l’organisation du jeu, a eu du mal à trouver son rôle face à un bloc aussi regroupé mais sachant tout de même tenir le ballon. A systématiquement cherché Yoshida sur tous les corners qu’il a frappé, malgré la présence de Havenaar. De quoi mettre en confiance son attaquant.

Jungo FUJIMOTO (Milieu droit, Nagoya Grampus) : 1/5 Transparent et trop timoré, il ne parvient pas à hisser son niveau de jeu en équipe nationale. N’a jamais réussi à apporter le danger comme il sait le faire en club. Remplacé à la 60ème minute.

Shinji KAGAWA (Milieu offensif, Borrussia Dortmund) : 3/5 Placé dans la position qu’il affectionne, derrière l’attaquant, il aura fait souffrir la défense adverse par ses dribbles et ses prises de balles. Malheureusement trop brouillon dans ses passes, on l’a senti émoussé en fin de match, lui qui revient de blessure et n’était pas certain de disputer cette rencontre, qu’il aura finalement joué dans son intégralité.

Shinji OKAZAKI (Milieu gauche, Stuttgart) : 3/5 Toujours autant d’envie chez ce joueur travailleur mais capable de gestes de qualité japonaise hi-tech haute définition ultra numérique, comme sa frappe qui échoue sur la barre, la plus grosse occasion nippone aujourd’hui. Moins en vue en seconde mi-temps, comme chacun sait les batteries des produits asiatiques ne durent jamais bien longtemps.

Mike HAVENAAR (Attaquant, Vitesse Arnhem) : 0/5 Le gouvernement japonais a déjà entamé les démarches pour lui retirer son passeport, sa signature récente dans un club hollandais devrait faciliter le travail. Sorti après 65 douloureuses minutes.

 

Takashi INUI (Milieu offensif, Bochum) : 4/5 Rentré en deuxième mi-temps à la place de Fujimoto, il retrouvait la sélection après 3 ans d’absence et a pu faire démonstration de tous ses progrès. Vitesse d’exécution, provocations et percées, il fut le joueur le plus dangereux de la seconde mi-temps. Il combine toujours aussi efficacement avec Kagawa, son ancien partenaire d’attaque du Cerezo Osaka.

Tadanari LEE (Attaquant, Southampton) : 2/5 Offrant un profil différent de celui d’Havenaar, qu’il a remplacé peu après l’heure de jeu, il n’aura pas su apporter ce qu’on attendant de lui. A savoir : des frappes. Il faudrait peut-être qu’il passe moins de temps sur PES avec le FC Barcelonhandball.

Yuichi KOMANO (Arrière gauche, Jubilo Iwata) : 3/5 Rentré avec beaucoup d’envie pour suppléer un Nagatomo blessé en fin de match. On aurait aimé le voir en sauveur masqué, tel le « Para Mexico Man » qu’il incarne dans une publicité télévisée, en bon international japonais toujours prêt à rendre service à son prochain (cadeau bonus).

Ryo MIYAICHI (Remplaçant, Bolton) : 3/5 Le jeune ailier d’Arsenal, prêté à Bolton, était convoqué en sélection pour la première fois à 19 ans. Avec son sourire charmeur de jeune premier et son visage poupin, la NHK n’a pas hésité à filmer le moindre de ses faits et gestes sur le banc de touche, multipliant les gros plans pour guetter l’instant fatidique où le futur sauveur de la nation entrerait en jeu. La tournure du match en décida finalement autrement.

 

Un match à vite graver sur DVD et re-visionner dans tous vos moments de détresses donc, tant il saura vous redonner le gout de la vie et la foi en l’humanité. Une belle démonstration du sens de l’honneur cher à nos valeureux samurais japonais.

6 thoughts on “L’académie des ninjas note Japon-Ouzbékistan (0-1)

  1. Bel article oui, johan est en effet un homme averti et élégant.
    Je me doute que c’est toi Manu qui a sorti cela: « cyprine de call-girls ».
    C’est… sale. M’enfin t’as bien un sushi qui se met un doigt dans le nez en avatar.

  2. Faire jouer Shinji un match entier alors que trois jours plus tôt, il reprenait tout juste contre Hannover ? Il est pas fou le Zac’ ?

    N’empêche, très bel article. J’ai presque envie de voir le match entier maintenant. Et un résumé me ferait bien plaisir.

  3. Après « Une équipe à Paris ! », le chant des supporters désabusés du Parc des Princes (ah, la belle époque !), voilà que les chinois (m’emmerdez pas, c’est pareil) cèdent eux aussi à la tentation de l’exigence démesurée. En effet, l’on pouvait ouïr distinctement des « Un buteur au Japon ! », qui déferlaient depuis les travées du Toyota Stadium à chaque prise de balle (important : chez lui, une prise de balle engendre une perte de balle dans la seconde subséquente …) de Mike Havenaar. Et ils ont raison. Franchement, une tête de con bouffie d’auto-estime, impénétrable à toute forme de pression, pas trop maladroite balle aux pieds et qui n’hésitera pas à balancer un pétard à trente mètres du but adverse, ça doit quand même se trouver au Japon, non ?

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