L’apprenti Footballologue a regardé Stuttgart-Bayern (3-6)

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Le petit a été bien (dé)formé par le vieux barbu…

Quelle valeur accorder à un résultat ? Reflet exact ou non d’une rencontre et de sa physionomie, il livre un verdict définitif avec lequel il est difficile d’entrer en opposition. Là où certains évoqueront un mérite reposant sur un jugement subjectif pour venir nuancer voire même renier le score final d’une partie, les faits, eux, ne se discutent pas. Un vainqueur, un perdant et toute la vie pour refaire le match.

Le championnat allemand est souvent commenté par des gens qui ont pour unique point de jugement une feuille avec des noms de clubs et des scores. Championnat où sont marqués beaucoup de buts, il est tantôt raillé, tantôt pris en exemple. Son plus illustre représentant, le Bayern, se déplaçait chez une équipe de Stuttgart quelque part au fond d’un trou qui ne semble pas avoir de fond. Le cadre ? La Coupe d’Allemagne. Sur un terrain acceptable selon David Astörga, le cousin allemand de l’ami de Maradona, sans être un billard pour autant.

Pas question de partir dans un résumé chronologique à la sauce Canal Football Clown qui ménagerait un suspense inexistant pour qui dispose d’internet, le Bayern a remporté ce match 6-3. Neuf pions, et vive le football offensif ! A mort la Ligue 1, partons migrer tel Johan Audel et Mathieu Delpierre ! La réalité est pourtant différente des visions trop tranchées qui pourraient émerger à la vue d’un tel score. Entre jeu ultra-offensif et défenses gaguesques, la réalité est quelque part entre les deux.

Neufs buts, donc neuf actions dangereuses, c’est déjà plus que dans beaucoup de matches de l’hexagone impliquant certaines équipes qu’il n’est pas nécessaire de citer. Pourtant, il serait faux de tirer trop de conclusions concernant le jeu. Forcément rendu plus difficile par un gazon pas épargné par le climat, il n’a pas offert de moments de fulgurance. Très peu de jeu à une touche de balle et de dédoublement, mais des débordements et longues balles aériennes. Difficile de ne pas voir une analogie, réelle ou supposée, avec le kick’n’rush anglais. A la fois dans sa version simpliste qui consiste à sauter le milieu de terrain, que dans une adaptation très appréciée de Tottenham avec débordement et centre pour l’attaquant de pointe.

Tottenham dispose notamment de Bale et Lennon sur les ailes, et de Pavlyuchenko ou Crouch en tant que tour de contrôle et renard des surfaces. Le Bayern adopte ici un schéma similaire avec Ribéry et Muller sur les côtés et Gomez devant. Les problèmes physiques de Gomez ne changeant rien à l’idée, son remplaçant portant le doux nom de Miroslav Klose, autre légende des duels aériens et buts pleins d’opportunisme. Et si Muller peut faire valoir une grande qualité technique de conservation de balle lui permettant de jouer en tant que milieu axial et meneur de jeu, à la manière de joueurs comme Iniesta, le registre de Ribéry se limite principalement à deux touches : R1 et carré. Démarrage rapide, centre bien placé, et à Gomez de jouer. En face, le dispositif est conventionnel, très axé sur l’axe. Là où le Bayern, surtout en l’absence de Kroos, n’aligne que des joueurs de devoir avec Van Bommel et Ottl à la récupération et Schweinsteiger plus pour jouer les deuxièmes ballons que pour créer. Impression très nette à l’écran, car là où l’axe de Stuttgart est encombré, les Bavarois sont presque tous en dehors du champ de vision.

Une particularité qui se voit nettement sur le deuxième but. A la suite d’un corner, les locaux montent en masse pour une contre-attaque. Perte de balle, centre de Muller converti par Gomez. Alors que quatre joueurs sont montés, les six autres se tiennent en quinze mètres dans l’axe du terrain. Personne pour attaquer Muller qui peut remonter son côté sans problème et viser le pied de Super Mario pas vraiment marqué. Et quand l’axe est abandonné, le tir de loin tombe. Ottl, nettoyeur de lucarne en chef, ouvre le score sur une frappe de 27m car pas attaqué par un duo Gentner-Träsch inutile tout le match.

Sans parler des deux derniers buts, anecdotiques après deux expulsions côté Stuttgart et un dispositif tactique aussi incompréhensible qu’une blague de Maxime, on peut remarquer que tous les autres partagent des points communs. Deux réalisations de Pogrebnyak après des duels aériens perdus, et un marquage arrière de Tymoshchuk, toujours sans aucun réflexe de défenseur central, et pas aidé par Breno. Puis un tacle de Boulahrouz que laisse volontairement passer Delpierre et qui profite à Klose caché 50cm derrière lui, un penalty –raté- dont on peut difficilement comprendre l’origine sauf à penser que Butt n’est pas fait pour en garder un et une tête sur corner. Finalement, c’est une partition individuelle de Muller, taclé n’importe comment pendant toute la partie, qui offre la victoire à Münich, après une série de buts à l’existence soumise à conditions.

Là où le talent et le jeu collectif permettent (presque) à coup sûr de déborder un adversaire si exécutés à la perfection, toutes les actions dangereuses sont ici venues d’erreurs individuelles et collectives. Elles n’ont pas été créées par l’équipe attaquante mais reposent sur le modèle de l’opportunité. Pour autant, il serait faux de dire que ce match, et a fortiori le football allemand et la Bundesliga, doivent leur afflux de buts à des défenses ridicules. En voulant continuellement attaquer, même maladroitement, les deux équipes se sont données les moyens de mettre en danger leur adversaire. Et, là où Stuttgart semblait limité dans ses possibilités, les Bavarois ont surtout adapté une philosophie de jeu aux conditions (adversaire, joueurs disponibles, terrain, période de l’année). C’est un peu la conclusion que l’on peut faire. Oui, il y a eu des erreurs défensives. Oui, Boka a une conception de la défense très Beverenoise dans la lignée de ses copains de jeunesse, Eboué en tête. Oui, Khalid Boulahrouz aurait probablement mieux réussi dans le crime organisé ou la boucherie que dans le football et Tymoshchuk ne deviendra pas un grand stoppeur à 31 ans. Il n’empêche. Si l’on n’essaie pas d’attaquer, on ne risque pas de savoir quel niveau a la défense adverse.

4 thoughts on “L’apprenti Footballologue a regardé Stuttgart-Bayern (3-6)

  1. Hé le nain chinois, t’essayes de me clasher là? Moi je regarde le Sportschau tous les week-ends, t’es gentil.

  2. Mais t’as bien raison, la Bundesliga c’est le top, et pas que pour les supporters du Barça. Et puis Delpierre il est français, ça encaisse pas onze buts en deux matches pour rien chez les Stuttgart.

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