L’apprenti footballologue analyse Palermo – Napoli (0-3).

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Série A et série noire

Prélude : Des tendances, pas des bilans

Les premières rencontres de la saison sont toujours à voir avec les yeux de la tolérance. Sur le plan physique, tout le monde n’est pas encore au point. Il y a donc forcément un décalage entre ce que certaines aimeraient faire (pressing, zone couverte, capacité à reproduire plusieurs accélérations…) et ce que l’entraîneur voit sur le terrain. Sur le plan tactique, le manque d’automatismes, même pour des équipes ayant un vécu commun, se gomme plus ou moins rapidement. Dans la mesure où les systèmes de jeu peuvent ne pas être assimilés aussi rapidement qu’espéré, il est compliqué de prévoir les succès futurs sur la base de quelques minutes post-amicaux. Ce qui peut être fait, en revanche, c’est juger les idées, leur réussite actuelle et potentielle.

 

Note : Le dispositif tactique du Napoli ne ressemble absolument pas à l’image, mais ça fait un peu de visuel et ça donne la composition d’équipe.

 

Napoli : L’application puis le quitte ou double

La défense à trois et le rôle des deux pistons des côtés est désormais connu par l’Europe entière. Il s’en est d’ailleurs sans doute fallu d’un sauvetage sur la ligne pour que Cavani et ses potes ne privent Chelsea d’un titre européen. Bref, plus de surprise, encore moins à l’échelle italienne où le 3-4-3 napolitain n’a de secrets pour personne. Pourtant, le départ de Lavezzi oblige le Napoli à se réinventer offensivement. Pas de changements dans l’animation entre les lignes, mais une nouvelle répartition des rôles.

Venu remplacer l’Argentin, Insigne occupe le couloir gauche devant Aronica. Plus surprenant, Cavani est exilé sur l’aile droite et Hamsik joue le rôle de faux numéro 9. Une organisation intéressante, qui permet plusieurs mouvements difficiles à lire pour la défense des Roses. Insigne et Cavani, surtout l’Uruguayen, peuvent à tout moment repiquer dans l’axe pour faire valoir leurs capacités à conclure. Leur présence le long de la ligne de touche n’est qu’une base, l’endroit duquel partent des courses offensives et où ils servent de relai à Maggio et Aronica. De son côté, Hamsik est là pour servir de point d’appui au sol lors des phases de jeu placé, de menace en deuxième rideau lors des attaques déséquilibrantes et de blocage pour la relance adverse.

Le 3-4-3 peut à tout moment se transformer en 3-5-2, avec Hamsik qui redescend en milieu offensif et la paire Insigne-Cavani devant. La présence du Slovaque en tant que faux attaquant se justifie à deux titres : son incapacité à être un vrai meneur de jeu dans le sens traditionnel du terme, et son réalisme offensif. Brillant plus par ses fulgurances que par une régularité et une capacité à fluidifier le jeu, il laisse Inler et Behrami gérer cette tâche un peu plus bas sur le terrain. Trouvé dans l’intervalle quand il vient de l’arrière, il est redoutable.

La victoire par trois buts d’écarts est cependant moins le reflet d’une domination de tous les instants que la conséquence d’une tactique basée sur le contre dans les vingt dernières minutes, stratégie aussi risquée que payante. Risquée, car elle fait le bonheur d’une formation comme Palermo, où la difficulté à être dangereux offensivement vient du fait d’être pris à la gorge. Relâcher la pression signifie donc permettre aux joueurs sevrés de ballons d’en toucher. Évidemment, cela sert aussi les intérêts napolitains, Maggio imitant parfaitement Pietro Mennea sur son côté. La technique de l’aspirateur, favorisée par l’entrée du milieu Dzemaili aux dépens d’un Insigne crampé, permet parfaitement ces contres à double diagonale : la première pour lancer les ailiers, la deuxième pour remettre dans la course des attaquants plein axe. Une stratégie qui permettra d’inscrire deux buts en fin de partie mais qui aurait très bien pu rimer avec égalisation adverse.

 

Palermo : Le double besoin de réalisme

Il est toujours compliqué d’être coupé en deux. C’est valable pour une personne, car la vie est tout de suite plus difficile quand il nous manque des membres, et ça l’est également pour une équipe de football. Conséquence de la domination du duo Inler-Behrami dans l’entrejeu ou simple caractéristique du 3-5-2 à cette période de la saison, on devrait rapidement être fixé. Ce qui est certain en revanche, c’est qu’il est obligatoire d’avoir certaines qualités bien spécifiques quand on n’arrive pas à faire le lien entre phase défensive et phase offensive.

Évidemment, ce qui vient en premier à l’esprit est la présence d’un bon joueur de tête, capable de garder la possession lors de longues balles venues de l’arrière. C’est effectivement pratique quand on ne peut pas passer par le sol. Autre possibilité, beaucoup plus risquée celle-ci, dégarnir l’une des deux moitiés selon ses desseins, l’attaque si on veut conserver le score et la défense si on veut marquer. Cela nécessite toutefois un élément essentiel : un réalisme à toute épreuve dans les deux surfaces. Être capable de ne jamais attaquer pour rien, et de plier sans rompre.

La chance des Siciliens est venue avec la sortie de l’ami Insigne, qui faisait office de menace permanente. Avec elle, c’est toute la relance sur un côté qui s’est libérée, et avec elle une partie de son penchant sur l’autre aile puisque Cavani s’est légèrement recentré. Avec un pressing plus bas, le jeu a été bloqué à 35m du but du Napoli et non à 50 ou 55m comme c’était le cas auparavant. Plus facile dès lors de se montrer dangereux via une déviation, un tir de loin ou un exploit personnel. Rien ne s’est concrétisé, mais la possibilité a eu le mérite d’exister. Palerme peut dire bien joué, mais, à abandonner sa stratégie offensive finalement beaucoup plus conservatrice, Naples a bien failli se compliquer la tâche.

Les images : http://www.youtube.com/watch?v=fJB7razNWyA

 

L’apprenti footballologue.

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