Si la faculté d’adaptation à l’adversaire est une force, l’OM est assurément un grand club. Capable de hisser son niveau de jeu pour ne perdre que d’un but contre les meilleurs, l’OM sait également se métamorphoser pour ne gagner que d’un but contre un club amateur. Plus qu’un style : une identité.

Aioli les sapiens,

L’essentiel est là, donc, même si la tension slipale qui a régné dans les 20 dernières minutes était clairement de trop.

L’équipe

Les nombreux retours de blessures de ces dernières semaines permettent enfin à Michel de remanier l’équipe sans que celle-ci ne ressemble à une tente-école pour mineurs réfugiés calaisiens. Au passage, même avec Fletcher laissé sur le banc, on voit enfin apparaître un 442 à plat associant George-Kévin (en « électron libre ») et Michy.

 

Le match

Dans un monde idéal, les Olympiens auraient concrétisé ne serait-ce que la moitié de leurs occasions, auraient atteint la mi-temps à 2-0 et l’heure de jeu à 4-0, et l’on aurait presque pu achever l’académie ici. Sauf que nos joueurs ont un rapport à l’absolu assez distant cette saison : Baudelaire nous avait prévenus, l’idéal se passe rarement d’onze pines.

Bref, nos joueurs auront au moins eu la décence de ne pas subir des séquences de viol non consenti (pour 28% des Français l’expression n’est pas un pléonasme) comme cela put leur arriver au tour précédent contre Trélissac, adversaire certes autrement plus redoutable car classé une division au-dessus de nos opposants du soir. Après une mise en place de cinq minutes, l’OM domine aussi largement que logiquement la rencontre, sans cependant se montrer précis à l’abord de la surface.

Une vague d’occasions survient après ces vingt premières minutes d’aimable touchage de nouille : Thauvin (juste à côté sur un bon service de Barrada), Michy (échoue à dribbler le gardien après une passe en retrait-suicide d’un défenseur), et de nouveau Thauvin (tir trop facile malgré une position idéale) manquent en quatre minutes l’occasion de renvoyer les Bas-Normands à des domaines traditionnellement mieux maîtrisés tels que l’alcoolisme ou les débats sur la position du Mont-Saint-Michel.

Cette séquence granvillaise le montre : les corners à deux, c’est comme Ebola : non seulement c’est dégueulasse, mais en plus ça devient contagieux.

Malgré des séquences étouffantes pour les Granvillois – ou Granvilliens, on s’en branle – l’OM pèche par maladresse et par désinvolture. Les centres, dans le jeu ou sur corner, se multiplient sans grand danger pour le gardien, à l’exception d’une frappe d’Alessandrini bien repoussée elle aussi. De leur côté, les amateurs s’évertuent à défendre proprement, en témoigne la quasi-absence de faute en première période, dont aucune à moins de 40 mètres du but. En creux, on peut y voir un signe d’Olympiens manquant de vivacité ou d’ardeur au duel pour réellement les perturber.

Marseille se sort les doigts en début de seconde période, avec notamment un Barrada un peu plus avancé et présent au pressing. Nous n’en restons pas moins plombés par une imprécision vomitive face au but adverse : ainsi, Michy presse admirablement un défenseur mais, à deux mètres du but, utilise pour conclure moins de neurones qu’un vier marin n’en use pour chier son dernier repas.

Thauvin a dû se sentir comme Bruce Willis dans Sixième Sens.

Batshuayi a le mérite de ne pas se décourager et, après un nouveau raté sur corner, sauve sa soirée en reprenant un centre tendu de Mendy, admirablement décalé par Barrada (0-1, 50e). S’applique alors la fameuse théorie voulant que les buts au football soient comme le ketchup dans un tube : si tu en chies autant pour récupérer une goutte, c’est peut-être tout simplement que le pot est vide.

Alors que le 442 évolue en 4231 plus habituel où Nkoudou se fixe à gauche – ne me demande pas à quel moment, j’étais trop occupé à insulter les mères de nos attaquants pour le remarquer immédiatement – l’OM manque au grand étonnement de dégun l’occasion d’achever la partie. Après des séquences de circulation où les Granvillistes ne voient pas la balle, Nkoudou finit par être décalé seul dans la surface. Georges-Kévin met autant de temps à enchaîner sa frappe que l’employé d’état-civil n’en a mis à comprendre ses parents il y a 21 ans : nouvel arrêt du gardien. S’ensuit un énorme cafouillage où, à l’image des plus belles heures anales du XV de France, le ballon demeure de longues secondes sur la ligne de but sans parvenir à être poussé au-delà.

Nous dépassons ainsi l’heure de jeu sur le constat d’une domination quasi-totale, ponctuée d’occasions nombreuses, retranscrites au tableau d’affichage par le total ahurissant d’un but. Le lecteur assidu l’aura compris, c’est le moment adéquat pour prendre sa plus belle voix de commentateur yankee et annoncer :

LADIES AND GENTLEMEN, IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIT’S…

SLIIIIIIIIIIIIIIPOTAÏME !

Le slipotime, pour les néophytes, c’est ce moment olympien, ce momentum, j’ai envie de dire, caractérisé par la défaillance brutale du pressing offensif, un repli abusif dans notre camp et une peur paralysant notre engagement dans les duels. Et peu importe que l’adversaire s’appelle Barcelone, Granville ou l’équipe corpo au trophée Yves Moraine de la charcuterie fine, l’essentiel est d’avoir un but à défendre (ok, on a et on aura rarement l’occasion de devoir défendre un but d’avance contre le Barça).

Notre côté gauche notamment se fait pourrir plus souvent qu’à son tour, entre un Mendy excellent jusqu’ici mais peinant encore à tenir la durée, un ailier (Thauvin puis plus ou moins Cabella) inopérant défensivement, et un milieu gauche dépassé (Barrada est d’ailleurs tout près de l’exclusion lorsqu’il accroche un attaquant lancé en profondeur). Certes, la défense tient assez aisément le coup (à deux tirs slipométriques près, quand même), Rolando étant le premier à rappeler à ses coéquipiers que se chier dessus contre une CFA2 ferait un peu tache dans leur CV. Néanmoins, notre inanité totale sur second ballons et la propension de nos offensifs à systématiquement jouer tout ballon de contre-attaque sur le partenaire le moins démarqué qu’ils puissent trouver autorisent les Granvillains à fréquenter notre camp plus que ce que la bienséance réclamerait.

On citera enfin, pour mémoire, les deux occasions manquées par Cabella avec une remarquable diversité dans le style (une merde d’énorme gabarit après s’être ouvert une position de tir facile, et une remarquable action individuelle finissant par un enroulé de 20m au ras de la lucarne).

La qualification est acquise, notre médiocrité dans la finition et la gestion mentale du match rehausse anormalement la performance des-valeureux-amateurs-qui-n’ont-pas-démérité-mes-couilles. Bref, tout le monde est content, à l’exception de l’entraîneur bouseux profitant de son quart d’heure de gloire pour étaler sa mesquinerie, en se souvenant après dix minutes de salut aux tribunes que le vilain et arrogant Michel a omis de le saluer et jugeant de la plus haute impériosité de s’en lamenter devant des micros n’attendant que ça pour faire perdurer l’intérêt de ce pauvre match au-delà de la nuit. Notre entraîneur m’étant également fort antipathique, je me sens une certaine proximité avec M. Gallon et en profite ainsi pour l’appeler sportivement, amicalement, confraternellement, à bien aller se faire mettre.

De notre côté point le sentiment de plus en plus précis que toute la saison se jouera sur cette éventuelle finale contre le PSG. Que nous la perdions (voire que Sochaux nous en prive), et pas grand-chose ne sera à sauver de cette bande de chèvres mal branlées qui, si elle peut encore par miracle se qualifier pour quelque coupe européenne, ne nous aura procuré quasiment aucun plaisir. Que nous triomphions et, dans la plus grande injustice qui soit, ces pitres seront absous et même inscrits au Panthéon des grandes heures olympiennes au terme d’une soirée riche de plongeons en slip dans le Vieux-Port. Puisse notre équipe y voir moins une source de pression qu’une chance inespérée.

Les joueurs

Pas de note chiffrée cette fois-ci, compte tenu du déséquilibre de l’opposition : les joueurs ont mal accompli leur travail, mais il ne l’en ont pas moins accompli.

Mandanda (sûr) : Pas d’arrêt à effectuer, mais des gestes fiables.

Rolando (garde-chiourme) : L’un des seuls à garder à peu près son calme dans la panique. On sentait souvent l’envie de mettre des tartes à quelques-uns de ses pusillanimes collègues pour les réveiller.

Rekik (sans souci) : Il lui a fallu parfois recourir à un ou deux hippopotacles, ce qui est déjà anormal tant la différence de niveau aurait dû lui garantir des interventions tranquilles. Il a pour autant dominé son sujet, ce qui reste bien l’essentiel.

Manquillo (timide) : Du Javier pur jus (de navet) : sérieux, appliqué mais bridé offensivement (ceci dit, on ne lui passe de toute façon pas la balle lorsqu’il monte, alors…), et des couilles réduites au gabarit « boson de Higgs » sur certains duels en fin de rencontre.

Mendy (ça revient) : La machine à centrer est de retour, mais elle s’use encore vite. Avec lui revient une certaine variété dans le jeu, qui procure à celui-ci le même effet qu’une bouteille d’oxygène neuve à Abdelaziz Bouteflika.

De Ceglie (84e) : Même s’il a réagi encore trop tardivement à mon goût, Michel n’a pas reproduit l’erreur de laisser sur le pré un Mendy cramé. Si on ne fait pas entrer Paolo contre une CFA2, autant tout de suite l’attacher à un arbre à l’entrée de l’A13, en espérant que des Normands compatissants l’adoptent pour apporter de la diversité génétique à leur conservatoire régional d’idiots du village.

Isla (service minimum) : A renâclé au dépassent de fonction autant qu’un agent de la direction des Tampons et Trombones place Félix Baret à qui l’on aurait demandé en plus de s’occuper des agrafes.

Barrada (à prendre et à laisser) : Déterminant dans nos temps forts, mou comme les autres dans nos temps faibles. A failli devenir la vedette du soir en manquant de se faire expulser contre Granville.

Alessandrini (Fuego tunée) : De la volonté, de la maladresse, de l’inconstance. Ici encore, contre un vrai rival on aurait pu parler de performance passable, mais dans les circonstances présentes, la connotation « branleur » ne peut pas être totalement exclue.

Thauvin (grave) : Il essaie, le pauvre, rien à dire là-dessus. Je n’ai vraiment pas envie de le tailler mais vu le résultat, on ne peut même plus dire qu’il est l’ombre de lui-même ; plutôt l’ombre de son ombre, l’ombre de son chien. Ne me quitte pas (ou en tout cas pas sans un vrai contrat de transfert, cette fois).

Fletcher (74e) : Après quelques matches encourageants, on a eu droit pendant 20 minutes à la version qui fait rire les Anglais.

Nkoudou (tête à claques) : Souvent bien placé pour recevoir une passe ou récupérer un second ballon dans la première partie du match. Comme les autres, ça ne s’est pas suffisamment traduit par des occasions tranchantes. La suite, je ne vous en parle même pas, je déteste la grossièreté, bordel de bite.

Cabella (70e) : Le mec a l’encéphale en surfusion dès qu’il a un choix à faire, autant dire que son entrée a apporté du rythme à défaut de sérénité.

Batshuayi (Michibre) : Avec une telle accumulation d’âneries, ce n’est pas un match qu’il nous a fait, c’est un communiqué de Maryse Joissains sur la métropole. On lui reconnaîtra le mérite de ne pas s’être découragé, pour marquer enfin ce but si important.

 

L’invité zoologique : Florian Fugu

Un poisson à la con dont tu n’aurais jamais croisé la route si des snobs n’avaient pas décidé que c’était délicieux. Résultat : on pensait vivre un bon moment gastronomique et on est passés à deux doigts de s’empoisonner. Le fugu est donc l’invité zoologique approprié pour commenter avec moi ce match.

Les autres : Quelques belles remontées de balle, mais c’est surtout la propreté de leur défense qui m’a marqué. Ah, et leur entraîneur m’a gonflé, aussi, je ne sais pas si je t’en ai déjà parlé.

Les images : Plus d’occasions manquées et le but ici.

La page abonnement: Pour que vive l’Alterfoot cananal historique.

Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook (attention, nouveau compte), et sur Twitter. Le concours zoologique est cette semaine sans vainqueur. Bande de nuls.

La lettre ouverte : avec quatre camarades, nous avons pondu cette lettre ouverte aux présidents des grands groupes marseillais, les appelant à investir dans l’Olympique de Marseille. Soyons clairs : on n’imagine pas Jacques Saadé s’émouvoir aux larmes de cette initiative et appeler Margarita en lui proposant de sortir sa b. son chéquier. En revanche, nous voulons montrer que si un investisseur venait avec une identité et un projet pérenne, il serait accueilli à bras ouverts, ce pourquoi nous espérons un grand nombre de soutiens, venant renforcer les déjà 1600 recueillis à ce jour. Assister à un match au « Stade Vélodrome Paul-Ricard », voir un club détenu par CMA-CGM devenir un symbole du foot mondialisé… idée irréaliste ? Mais en quoi serait-ce moins réaliste que d’imaginer qu’un quelconque prince charmant saoudien, russe ou chinois va venir investir durablement chez nous rien que pour la gloire ? En quoi l’arrivée d’un investisseur d’origine locale (mais d’une envergure économique internationale) impliquerait-elle de voir végéter l’OM en milieu de tableau ? Au contraire, voir un milliardaire se payer une « danseuse » comporterait à long terme autant sinon plus de risques de nous voir nous casser la figure… Bref, réaliste ou non, on a décidé de s’en foutre et de mettre sur papier ce qui serait un putain de beau rêve, le rêve d’un OM performant et ancré dans la passion marseillaise. Et qui sait, on a déjà vu des patrons ainsi sollicités sur le ton de la boutade finir par se prendre au jeu…

Pour soutenir l’initiative, c’est ici (merci au passage à René Malleville, notamment, pour sa motivation à faire vivre et connaître cette lettre).

Bises massilianales,

Blaah.

16 thoughts on “Granville-OM (0-1), La Canebière académie ne note pas

  1. Je ne sais pas pourquoi j’ai chopé un stream hier soir, non sérieux j’aurais mieux fais de regarder le replay de top chef avec ma femme.

  2. C’est pas très sympa de se moquer des gentilés. Les Granvillais ne vous félicitent pas.

  3. séquences de viol non consenti (pour 28% des Français l’expression n’est pas un pléonasme)

    C’est une blague ou t’as vraiment lu un truc là dessus? si c’est vrai ca mériterait un beau sujet dans le groupe pour fondé le parti politique horsjeuien!

  4. Concernant le viol non consenti, Blaah fait référence à un pseudo-sondage édité par le CM de « plus belle la vie » et qui a obtenu un grand succès sur les rézosociaux.
    Je n’ai pas vu la rencontre, merci pour ce résumé qui me conforte dans mon choix.
    Belle initiative pour la lettre ouverte, tiens nous au courant des retours (si tu en as) de ses destinataires.

  5. Manquillo (chinois?) : sérieux, appliqué mais bridé

    Michibre (miraisin mirliflore) .. j’ai pas vu le match

    Sans Lasskoulou, Mich’ est FairP’ surtout.

    Morel ALLEZ L’OM !! nous a vengé ! Jerem’s…XD

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