Nîmes-OM (0-2), La Canebière académie dîne chez l’habitant

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Une page se tourne.

Aïoli les sapiens,

De purges nationales en déroutes européennes, si l’OM semblait encore relativement proche de la ligne de flottaison, c’était surtout à la manière d’un cadavre noyé, jouant au yoyo entre deux eaux au gré de ses gaz de putréfaction. Remettant son évolution aux caprices des événements, le mouvement ne signifiait pas la vie, et encore moins à la maîtrise d’un destin quelconque.

Puis contre toute attente, on a cru voir une narine du défunt frémir à la surface. Puis on le vit aspirer quelques goulées d’air, et commencer à se débattre comme si, tout étonné d’avoir encore une conscience au sortir des remous, l’être se disait soudain qu’il ne serait pas plus bête de chercher à survivre.

Évidemment, le miracle n’inclut pas les prestations additionnelles propres à chaque résurrection, la musique pompeuse, les lueurs ostentatoires et tous ces petits artifices qui font se prosterner les dévots. Non, si l’OM arrive en patron chez les simples, c’est dans le style besogneux : hirsute et boursouflé, de la boue sur les haillons et encore quelques asticots sur les parties tendres. Il faudra certes soigner l’apparence lorsqu’il s’agira d’aller porter la bonne nouvelle dans le grand monde, mais chez les esprits rustiques le message est simple à passer : on est encore en vie, on vient vous écraser sans peur ni gloire et, enfin, vous allez finir par comprendre que vous ne ferez absolument rien contre cela. On ne sait pas dans quel sens la situation évoluera, mais en attendant, cela fait deux confrontations de suite où nous empêchons ainsi les médiocres d’en face de revendiquer quoi que ce soit.


L’équipe

Mandanda
Sakai – Alvaro – Caleta-Car– Amavi
Rongier (Luis Henrique, 87e) – Kamara (Strootman, 87e) – Sanson
Cuisance (Gueye, 69e)
Benedetto (Germain, 70e) – Payet (Thauvin, 70e)

S’il annonçait un roulement marqué de l’effectif, dans cette longue période à deux matchs par semaine, André Villas-Boas n’apporte finalement que peu de changements. Cuisance remplace ainsi Thauvin, dans une formation présentée comme un 442 losange.


Le match

Un carton jaune infligé à Amavi avant même le premier tour de chronomètre donne le ton de cette première période : M. Delajod a la gâchette facile. Si les Nîmois tentent de nous titiller en début de rencontre, l’OM installe rapidement son emprise, au moins en ce qui concerne la possession du ballon. La première occasion est pour Payet, qui retrouve son habileté en faisant danser deux défenseurs nîmois en pleine surface et en forçant le gardien à une parade in extremis. Au quart d’heure de jeu, Eliasson envoie un coup-franc sur la barre. Mandanda ne le sait pas encore, mais il n’aura pas dans le match l’occasion de salir son maillot autant qu’il a sali son slip sur cette action.

Sans que l’extase offensive ne soit au rendez-vous, certains indicateurs témoignent cependant de réels progrès, par exemple le fait que nous nous présentions dans la surface adverse en nombre supérieur à un. Le réveil olympien garde toutefois les extrémités un peu engourdies, la finition des actions s’effectuant encore chaussés d’après-ski. L’arbitre, lui, reste dans son rythme d’un carton jaune toutes les deux fautes olympiennes ; pour lui avoir demandé si sa mère faisait preuve du même stakhanovisme avec ses clients, André Villas-Boas est même prié de quitter le banc de touche (pour s’installer sur la main courante située un mètre derrière, ce qui dans un stade vide n’est guère pénalisant en matière de transmission des consignes). Si nos joueurs peuvent s’en vouloir de se montrer parfois si benêts, le fait que l’arbitre se montre plus clément avec nos adversaires nous plonge dans un certain agacement. Agacement dont se saisissent d’ailleurs les Nîmois, qui tentent pendant les dernières minutes de faire dégoupiller un Alvaro déjà averti. Notre sanguin Espagnol réplique d’abord par une tête filant au ras du poteau, puis par son regard assurant à ses adversaires que s’ils le souhaitent tellement il les tuera bien volontiers, mais après le match.


La mi-temps intervient à point nommé pour un OM dominateur mais inefficace, et que la tension ambiante menaçait d’égarer. Tout ce petit monde se remet d’aplomb à la pause pour attaquer la reprise en mode Margaret Thatcher aux Malouines : brushing de combat, artillerie lourde, et hors de question de se laisser ennuyer plus longtemps par ces bouseux. Seul à la réception d’un centre de Sanson, Benedetto ne parvient qu’à placer sa tête sur le gardien. Ce n’est que partie remise : pas pressé le moins du monde, Alvaro s’avance jusqu’à la ligne médiane et téléguide un missile sol-sol pour Benedetto. Sans doute occupés à vérifier les phases de la lune pour leurs cultures de Costières en biodynamie, les Nîmois oublient de jouer le hors-jeu et laissent notre Argentin s’échapper, contrôler, et achever d’un petit piqué devant la sortie du gardien (0-1, 57e).

Cette ouverture du score marque le début d’une séquence plus difficile, les Nîmois adoptant une stratégie qui nous a tant réussi par le passé : arrêter de songer au football puisqu’ils ne sont visiblement pas faits pour cela, et tout miser sur un seul mot d’ordre : « couilles ». L’OM souffre, mais se montre assez solidaire pour rattraper sans casse ces petits duels perdus. Par bonheur, l’arbitre est toujours décidé à sanctionner principalement l’équipe qui attaque vers l’Est : en deuxième mi-temps, c’est donc sur Nîmes que ça tombe. Averti après un duel aérien trop agressif, Cubas n’a pas pour autant saisi ce wind of change. Plein de candeur, il effectue quelques minutes plus tard un retour de percheron sur Morgan Sanson, pourtant alors bien en peine de trouver une solution à sa contre-attaque. L’OM peut ainsi jouer le dernier quart d’heure à 11 contre 10 : couilles ou pas couilles, les Nîmois n’ont dès lors plus aucune chance.


L’OM passe la fin de match à se faire plaisir en contre-attaque. Profitant des boulevards offerts, Jordan Amavi change d’aile pour Sanson, dont le centre à ras-de-terre trouve Germain seul aux six-mètres (0-2, 84e). Pas égoïste, Valère préfère ensuite remiser un nouveau centre de Thauvin plutôt que de tenter sa chance, afin d’offrir son premier but à Luis Henrique. Le jeune Brésilien se voit refuser cette joie pour cause de hors-jeu. Pas de quoi ternir la satisfaction d’une victoire peu reluisante mais confortable, presque une victoire de riches.


Les joueurs

Mandanda (3-/5) : Surpris par le tir nîmois sur la barre, et sans doute encore plus surpris que celui-ci n’ait pas fini en lucarne, comme d’habitude.

Sakai (2/5) : Conforme à l’image du cadre japonais prêt à risquer un arrêt cardiaque plutôt que de réclamer un jour de repos, Hiroki gagnerait à se syndiquer chez FO-Municipaux. Ils lui apprendraient comment rater autant de choses, mais en travaillant moins.

Alvaro (4/5) : Alvaro a répondu aux provocations adverses par une passe décisive de 50 mètres et non en déclenchant une bagarre générale. Les archives du district sont formelles, on n’a jamais assisté à un tel manque de respect en 120 ans de football gardois.

Caleta-Car (3-/5) : Pas autant patron que son associé, il lui a suffi de faire le pare-brise et de laisser les moustiques d’en face s’écraser sur lui. Un carton malvenu qui le privera du match à Rennes.

Amavi (2+/5) : Une impression constante de sérénité à peine entamée par quelques peccadilles (un carton dès la première minute, un second pas loin d’être récolté en deuxième mi-temps, une relance suicidaire qu’il rattrape lui-même… rien que de très banal).

Kamara (3/5) : Une mise en bouche bien agréable avant Manchester City, un peu comme le poids-lourd qui marave un videur de bar avant d’aller défier Anthony Joshua.

Strootman (87e) : Se réchauffe principalement en animant le début de bagarre à l’entrée des vestiaires. On tient le seul homme de France continentale qui se languit de revoir le SC Bastia en Ligue 1, pour enfin commencer à s’amuser un peu.

Rongier (3/5) : Depuis que Villas-Boas a levé la fatwa qui le condamnait à mort s’il essayait de jouer de l’avant et de faire des passes, Valentin reprend peu à peu goût à une vie normale.

Luis Henrique (87e) : Profite de la déroute des Nîmois pour enfin s’amuser un peu, et passer à quelques centimètres d’inscrire son premier but.

Sanson (3+/5) : La faute de Cubas lui a fait l’effet d’un deuxième coup du menhir. Au lieu de courir partout sans savoir quoi faire, Morgan s’est remis à jouer intelligemment et proprement. Au moins, s’il retombe dans ses travers au prochain match, maintenant on saura quoi faire.

Cuisance (3/5) : D’accord, l’écart entre son profil et son poste actuel n’est pas abyssal, ce n’est pas non plus comme si on nommait une féministe ministre déléguée auprès de Chibrald Darmanin. Il n’empêche que, même si Michael s’en accommode, je ne suis pas certain qu’il ait totalement signé pour ça.

Gueye (69e) : Prend son tour de garde au milieu de terrain avec une sérénité et un relâchement absolus.

Payet (3+/5) : Retrouve à l’approche des fêtes la fonction dans laquelle il excelle, dealeur de caviar pour les cochons.

Thauvin (70e) : Je ne veux pas être désobligeant, mais l’autodribble et chute de la 86e minute, même Nemanja ne nous l’avait jamais faite.

Benedetto (3+/5) : Pendant toute la première mi-temps, il a semblé complètement perdu, Thauvin n’étant pas là pour ne pas lui faire de passes. Après une grosse occasion gâchée, Dario retrouve son sang-froid et des orteils fonctionnels pour marquer un but aussi joli que décisif. Si ce n’est pas de la confiance, ça commence à y ressembler.

Germain (70e) : Chacun de nos avants-centres a marqué un vrai but d’avant-centre, et pourtant il y en a qui vont demander en plus des cadeaux à Noël.


L’invité zoologique : Renaud Riparesseux

Endormi, disgracieux, promis à une extinction rapide, le paresseux est bien l’invité approprié pour évoquer ce Nîmes Olympique rigolo à regarder pourvu que ce ne soit pas trop longtemps.

– Les autres : Pas bons au football, pas bons à la bagarre, ça ne fait pas beaucoup de ressources en vue du maintien.

Le classement : Deuxièmes à un point de Paris : même si le classement de la journée n’est pas figés, on passera un week-end tranquille en regardant les autres trébucher.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Rémy B. remporte le concours zoologique.

Bises massilianales,

Blaah.

6 thoughts on “Nîmes-OM (0-2), La Canebière académie dîne chez l’habitant

  1. petite correction ici à apporter
    on joue contre Nîmes donc je doute fort que ces « défenseurs niçois » étaient de la partie…
    :)

  2. un mot a dû tomber de ta bosse icitte
    Cuisance (3/5) : D’accord, l’écart son profil et son poste actuel n’est pas abyssal, ce n’est pas non plus comme si on
    ….
    il est 3 heures du matin,
    et je te lis à moitié endormi

  3. Une précision sur Strootman qui est le seul à vouloir Bastia en L1. J’ai retrouvé des citations prouvant qu’il n’est pas seul en France a le vouloir.

    Pascal Praud aussi.

  4. Vous faites des vannes faciles et basses, et vous nous traitez de Niçois. Un peu de respect.

  5. Didier Roustan sur mon Streaming TV5 Monde Pacifique ça envoie du paté… après comme d’habitude, je rallume le stream à la 58e et but de Dario.

    Allez l’OM !
    Droit au but !

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