OM-Ajaccio (1-2) : La Canebière Académie travaille sans filet
C’était trop beau pour durer.

Aïoli les sapiens,
Dans la vie, l’abondance finit toujours par se tarir : normalement, n’importe quel adulte le sait sans avoir besoin qu’un crétin à col roulé vienne en faire le sujet d’une allocution solennelle. En d’autres termes, comme l’a dit le philosophe, la vie est une pute et à la fin on meurt : tout l’enjeu, en football comme dans d’autres domaines est de savoir finir dignement. Or pour mettre un terme à une belle série d’invincibilité, il existe deux manières : la flamboyante, à l’image d’OM-Lens l’an dernier, avec des buts et du spectacle partout, une équipe qui ne se renie pas et qui mérite ses applaudissements malgré la défaite. Si ce coup d’arrêt n’avait pas eu pour effet de transformer Sampaoli en couille molle, on aurait même pu voir dans cette fin de cycle le passage vers une histoire au moins aussi belle. L’autre manière de tirer sa référence, c’est celle dite de l’EHPAD public, consistant à rendre son dernier souffle comme un grabataire sans énergie abandonné de sa famille et de ses sphincters. L’équivalent footballistique en est l’OM-Brest de l’an dernier, quand le manque d’énergie et de combativité avaient fini par laisser définitivement proliférer les tumeurs qui grignotaient notre jeu depuis quelques temps déjà.
L’OM est donc tombé ce samedi, et on ne peut pas dire que nous ayons privilégié pour ce faire la méthode de l’embrasement dantesque et du panache. Comme contre Brest lors du match pré-cité, une énergie épuisée après une ouverture du score en trompe l’œil a permis à nos adversaires de nous planter tranquillement deux buts, avant de nous regarder courir dans le vide. Pour déprimante qu’elle fût, la contre-performance n’appelle pas encore de sentence définitive (ce serait aussi stupide que de condamner Igor Tudor dès les matchs de préparation, heureusement que personne n’a fait ça, et surtout pas dans ces colonnes). Après tout, notre calendrier d’abruti rendait quasi-inéluctable la perte idiote de points à un moment où un autre, et d’ailleurs le PSG lui-même n’y a pas échappé ce week-end. Plus gênante est la manière, dans la mesure où un peu de sérieux aurait suffi à éviter l’obstacle. La fatigue et les blessures rendront certaines victoires difficiles à aller chercher, d’où l’intérêt de ne pas laisser bêtement échapper celles qui nous tendent les bras. En pleine Ligue des Champions et alors que se profile le déplacement au PSG, nous nous trouvons dans la situation du marin du Vendée Globe qui se tranche un doigt en ouvrant une boîte de maquereaux au large de Bayonne : cela n’a rien de dramatique en soi, mais à la veille de se taper les Quarantièmes Rugissants et le Cap Horn, on s’en serait bien passé.
Les Longorious Basterds
Blanco
Mbemba – Balerdi – Gigot
Kaboré (Dieng, 77e) – Rongier – Gueye (Veretout, 46e) – Nuno Tavares
Gerson (Harit, 57e) – Payet (Ünder, 57e)
Sanchez (Suarez, 57e)
Ménagé après le coup reçu contre le Sporting du Portugal, Guendouzi est absent, ce qui semble représenter l’un des points communs à nos performances parmi les plus dégueulasses. Clauss a également reçu le tarif de son manque de repos depuis le début de saison : forfait confirmé pour ce match et redouté pour ce mercredi. Igor ménage les organismes comme il le peut et aligne certains des habituels remplaçants, à l’image par exemple de Blanco ou Gueye.
Le match
Quand André Villas-Boas devait concilier Ligue des Champions et championnat, son anxiété était comparable au directeur de RTE devant expliquer à 60 millions d’abrutis que non, l’énergie n’est pas illimitée et que oui, si tout le monde pousse les appareils à fond, bah le réseau claque. Sauf que, si économiser le moindre watt peut aider le Français moyen à passer l’hiver, il s’agit rarement d’une stratégie gagnante pour espérer remporter un match de football. L’OM d’Igor Tudor s’accommode donc de la pénurie avec la tactique inverse : cramer tout d’entrée jusqu’à ce que le réservoir soit vide. Le « taper, taper, taper » olympien se met donc en place dès les premiers instants, malgré le bloc haut ajaccien, et porte rapidement ses fruits. À la réception d’une passe de Gerson plein axe, Alexis Sanchez voit son contrôle contré de la main par Avinel : l’arbitre sanctionne d’un pénalty, qui permet à Payet de marquer son centième but en carrière (1-0, 15e).
L’OM est bien, le SUV charge tranquillement dans le garage sa batterie équivalent au poids de deux voitures normales, quand soudain, clac ! le black-out. Et quand on dit que l’OM s’éteint, ce n’est pas seulement le moteur qui est coupé, mais bien tous les systèmes : éclairage, GPS, direction assistée, anti-patinage, essuie-glaces et autoradio ya plus rien qui fonctionne. Nuno Tavares se fait ainsi piquer un ballon qu’il venait pourtant de récupérer et même Chancel Mbemba, pourtant surnommé « le freinage ABS », voit son fusible rouge s’allumer et reste sans réaction quand Moussiti-Oko arme sa lourde de 25 mètres. Blanco fait patiner l’embrayage et démarre trop tardivement pour parer cette belle frappe (1-1, 25e).
Ce coup dur anéantit l’OM, qui se serait bien dispensé de devoir repartir au charbon. Manque de tranchant et déchet technique rendent notre domination totalement stérile jusqu’à la pause. Les Corses nous sentent bien à côté de nos pompes et continuent à nous presser haut à la reprise : cela suffit à faire paniquer Kaboré, qui concède une touche gratuite. Facétieux, le destin transforme cette action anodine en cauchemar, grâce à la même formule qu’il aimait tant à appliquer à Jérémy Morel en son temps : « Alors comme ça il paraît que t’es devenu bon ? Bah dans ce cas je vais te rendre deux fois plus poissard sur chaque connerie que tu feras, parce que j’ai pas envie de te voir arrêter d’en chier. » Leo hésite ainsi à intervenir sur le centre vicieux de Koné, pour finalement dévier le ballon juste ce qu’il faut pour l’expédier au fond des filets (1-2, 47e).
Après dix minutes de rien au cours desquelles notre seule occasion réside dans un presque CSC ajaccien, Tudor renvoie Payet et Gerson au stand en demandant à ses mécanos pourquoi ces deux-là sont infoutus de passer la seconde depuis le début de saison. Le remplacement de Sanchez par Suarez complète le renouvellement du trio offensif, notre nouvel avant-centre étant chargé de représenter pour les centreurs une cible plus séduisante que le poteau de corner ou les gants du gardien. Peine perdue, la seconde période s’avère d’un ennui total, seule l’entrée de Dieng apportant un semblant de piment. Et encore, du paprika. Voire, du poivron.
Donc voilà, l’OM a perdu, c’est fait. Si cette triste après-midi (enfin, façon de parler, moi l’après-midi n’était pas triste, j’ai emmené Dromadine à Montopoto et après il y a eu l’apéro du Poney Prolétaire Pertuisien), si cette triste après-midi, disais-je, devait nous apporter un enseignement, ce serait la confirmation que l’effectif et le niveau de l’OM lui interdisent tout relâchement : que nous cessions de vouloir taper, taper, taper, et n’importe quelle équipe sera capable de nous poser des problèmes. Cela tombe bien, nous entrons dans cette phase du calendrier où jouer à fond ne sera plus une exigence d’esthète mais une simple question de survie footballistique.
Les joueurs
Blanco (2/5) : S’adapte à merveille à ce qui représentait le mot d’ordre du jour pour plusieurs joueurs : inutilité.
Mbemba (2-/5) : Il faudra tout de même expliquer ce dixième de seconde qui a vu apparaître le Chancel Mbemba de la quatrième dimension, celui qui ne charge pas ses attaquants. Sans cette faille dans l’espace-temps, notre Chancel normal aurait planté Moussiti-Oko comme un pied de brocoli avant même qu’il n’arme sa frappe, l’OM aurait marqué le deuxième but quelques minutes plus tard et aurait géré la fin de rencontre une main dans le slip. Nous aurions été parfaitement confiants pour les échéances suivantes, on se serait proprement fait éclater 4-0 par le PSG, on aurait déclaré que ce serait juste un accident dans la saison, on serait resté dans le confort sans rien remettre en question et en finissant par prendre branlée sur branlée… ouais, en fait le scénario alternatif n’était pas terrible non plus, de toute façon.
Balerdi (1/5) : Pour son costume d’Halloween, je lui conseille de se munir d’un Citroën Berlingo et de deux terres-neuves, l’illusion sera parfaite.
Gigot (2+/5) : Un peu moins médiocre que ses deux comparses, au sens où sa cagade à lui n’a pas donné un but. Ce n’est pas faute d’avoir essayé pourtant.
Kaboré (1+/5) : Note un peu injuste si l’on considère qu’il a procuré énormément de corners à Dimitri Payet, ce qui s’apparente cependant à procurer beaucoup de moufles à Philippe Croizon.
Dieng (77e) : Sort enfin de son placard pour que nous retrouvions avec plaisir le Dieng qu’on connaît : actif, percutant, et parfois maladroit aussi, ouais.
Rongier (1+/5) : Porté par Guendouzi, le brassard signifie dans l’esprit de tous : « je vais faire vivre l’enfer aux adversaires à l’arbitre et même à mes coéquipiers si le match tourne mal ». L’ennui c’est que le même bout de tissu porté par Rongier exprime : « Je vais faire cuire des pâtes et prendre ma carte d’adhérent à l’UDI ».
Gueye (2/5) : Une sortie peu flatteuse mais qui lui évite de se vautrer dans la même nullité que les autres en deuxième mi-temps. L’un dans l’autre, il ne s’en sort pas si mal.
Veretout (46e, 1/5) : Normalement, pour le bien de la planète, c’est la viande rouge qu’on doit remplacer par les endives braisées, pas les milieux de terrain.
Nuno Tavares (1/5) : Pas en confiance, désorienté, rate systématiquement sa cible : on aurait dit un conscrit russe.
Payet (1+/5) : CENTIÈME BUT PROFESSIONNEL DE LA LÉGENDE DU CLUB lors d’un match achevé sur une défaite anale, comme un symbole.
Ünder (57e, 1/5) : Toujours incapable d’éprouver la moindre connexion mentale avec ses partenaires, à l’exception, d’un une-deux avec Harit. Il devrait tenter ce genre de thérapie de groupe où l’on se rend tout nus en forêt et où on se tient la main en enculant des arbres, un peu comme dans Avatar.
Gerson (2/5) : Vous allez me dire « c’est les yeux de l’amour qui parlent » mais bon, à revoir le différé d’un match horrible un dimanche soir, je ne pense pas que l’amour était à l’ordre du jour, donc j’ai plutôt confiance dans l’objectivité de cette impression : Gerson n’a pas été si dégueu. Si, si. Il offre la passe qui provoque le pénalty, il relaie plusieurs actions intéressante en première mi-temps… On reste cependant loin de ces séquences passées où il pissait la classe aux quatre coins du terrain.
Harit (57, 2+/5) : Il a apporté de la vie à notre jeu, à défaut de réussite.
Sanchez (2/5) : Fait preuve d’initiative à défaut de réussir à se procurer des occasions – pénalty excepté. On ne sait pas si Tudor le sort pour le ménager en vue de Francfort et Paris (choix difficile mais compréhensible), ou bien si l’entraîneur pensait réellement que Luis Suarez pouvait apporter davantage en attaque (choix tout aussi difficile, voire franchement niqué de la tête).
Suarez (1/5) : Toi c’est un peu le contraire de Jean-Claude Dusse, on sent que tu devrais tout miser sur ton physique. C’est pour cette raison qu’on a un peu de mal à te voir gâcher le seul ballon exploitable de Nuno Tavares en refusant le duel face au gardien : si tu ne lui rentres pas dans le lard pour attraper le ballon avant lui, tu comptais le battre comment ? Grâce à ton toucher de balle ? Et si ça se passe déjà comme ça face à une sortie d’un gardien d’Ajaccio habillé en fuchsia, ça fera comment quand tu rencontreras Anthony Lopes ?
L’invité zoologique : Youssouf Poney
Au Poney Prolétaire Pertuisien on a un poney qui s’appelle Prince. Il est tout petit, tout blanc, tout mignon, bref il ressemble à rien et on le croit réservé aux petites de six ans. Fatale erreur, puisque ce terroriste a déjà foutu à terre toutes les cavalières du club classées du galop deux au galop douze. Bref, il ne faut pas prendre le poney à la légère malgré son apparence, ce qui en fait un invité zoologique particulièrement approprié pour rendre compte de ce match.
- Les autres : L’AC Ajaccio c’est comme un cocotier : si on le secoue on n’a plus qu’à récolter les fruits, mais si on s’endort dessous on se fait éclater la gueule.
- Le classement : Si l’on était prétentieux, on soulignerait que Paris ne nous prend qu’un point dans la course au titre. Dans le cas contraire, on regarde moins haut et on voit les Lorientais nous passer devant, et surtout Monaco et Rennes revenir à portée (seul Lens a eu le bon goût de trébucher).
- Coming next : Nous voici au seuil de la semaine la plus über-dantesque de notre mois d’octobre dantesque, avec un déplacement à Lisbonne suivi d’un autre au Parc des Princes. La suite sera mignonette aussi, avec la réception de Lens, un déplacement à Francfort et un à Strasbourg, suivis de la réception des Girondins de Lyon qui réaliseront évidemment leur seul bon match de la saison. Monaco clôturera la séquence : dans environ un mois, nous saurons exactement les plumes que l’on y aura perdues.
- Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Anthony Ch. remporte le concours zoologique.
Bises massilianales,
Blaah
https://youtu.be/wzNKckNgjR4
On va taper le PSG
« il devrait tenter ce genre de thérapie de groupe où l’on se rend tout nus en forêt et où on se tient la main en enculant des arbres » : c’était bien, les horsjeuïades…