Aïoli les sapiens,

La confiance en soi. C’est ce qui est le plus difficile à travailler. On peut progresser pas à pas, techniquement, physiquement, gravir patiemment les échelons, mais tout le travail du monde n’empêchera jamais personne de se retrouver seul face à soi-même au moment du geste décisif. La confiance en soi, c’est savoir déconnecter son cerveau en surchauffe, savoir conserver la lucidité du geste juste quand des démons te chuchote que jusqu’ici, tout se passe trop bien pour que ça ne finisse pas par foirer; mais tout le monde est-il capable de confiance en soi ou est-ce seulement un don inné ? Le manque de confiance, c’est pour le tennisman français sa liquéfaction sitôt le deuxième set empoché contre un favori ; c’est pour le PSG le sabordage improbable et printanier en Ligue des Champions (ça, c’est rigolo), c’est aussi CETTE PUTAIN DE CHUTE A MARIO KART ALORS QUE JE SUIS EN TÊTE AU DERNIER VIRAGE DE LA ROUTE ARC-EN-CIEL, MON VIER CE JEU À FORCE mais je m’égare. Et, vous aurez deviné où nous voulons en venir, pour l’OM, le manque de confiance en soi c’est de revenir des tréfonds de l’anal pour enfin produire un jeu volontaire et séduisant, mais tout gâcher pour cause de tremblote face au but.

Pour autant, le gâchis du soir est loin d’être irrémédiable, à la différence du sabordage annuel et printanier du PSG en Ligue des Champions. Donc on retient les bonnes choses, on espère ne pas se retransformer en couilles molles au moment de défendre notre petit avantage au match retour, on engage un intense travail de psychologie et d’exorcisme auprès des sieurs Guendouzi et Rongier notamment, et surtout, maintenant qu’on re-sait qu’on re-peut bien jouer, on ne s’arrête plus jusqu’à la fin de saison, bordel de chiotte, on a assez perdu de temps et de points comme ça.


Les Longorious Basterds

Mandanda
Rongier – Saliba – Caleta-Car – Kolasinac (Luan Peres, 78e)
Guendouzi – Kamara – Gerson
Ünder – Milik – Payet (Harit, 78e)

Ünder est de retour en forme et retrouve illico la titularisation, au sein d’un ensemble ma foi très cohérent. Luan Peres trouve notamment le droit d’échapper à son agonie au poste de latéral gauche. En revanche, incompréhensible provocation de Sampaoli, qui ne titularise pas Alvaro malgré toute la grinta qu’il permettrait d’apporter à l’effectif comme l’ont subtilement souligné certains supporters auprès de Pablo Longoria allez ressers-moi un pastis avant que le match commence.


Le match

La possession de balle, c’est comme les chasseurs, tu vois. Il y a la bonne possession de balle et la mauvaise possession de balle. La mauvaise possession de balle, tu vois, c’est comme on faisait ces derniers temps, on avait la balle, on la faisait tourner et voilà, quoi. Tandis qu’hier soir, là on faisant de la bonne possession de balle, on avait le ballon, on le faisait tourner, tu vois, quoi.

Explicitons : nous avons bien monopolisé le ballon, comme d’habitude, nous nous sommes souvent permis des passes en retrait pour nous dégager, comme souvent aussi, mais la différence de taille, c’est qu’à la fin de nos séquences de possession, nous avions bien en tête la finalité d’aller tirer au but. Plutôt que des Guendouzi-Kamara-Saliba-Mandanda-Caleta-Car, on a eu droit à des Guendouzi-Ünder-Payet-Gerson-Kolasinac, dans le camp adverse et vers l’avant s’il vous plaît. Et bien sûr, c’est là que le plus difficile est de ne pas se décourager, ces progrès remarquable sont d’abord récompensés par zob, avec dans les dix premières minutes un tir en position idéale salopé par Rongier, un repiquage-frappe enchaînée d’Ünder sur le poteau et un amour d’ouverture de Rongier repris de volée par Payet dans le petit filet.


Lorsqu’un corner est remisé par Kamara, dévié par un défenseur contre son camp et sauvé d’un réflexe de l’espace par le gardien, on se dit que le destin nous en veut réellement. Fort heureusement, sur le second ballon, Guendouzi intervient à point nommé pour se faire défoncer par une charge de brute qui amène l’arbitre à désigner le point de pénalty. Calme, concentré et précis, Milik exécute une panenka histoire de bien montrer aux copains ce que c’est que le sang-froid (1-0, 19e).

Encore que, même Arek se voit gagné par notre fébrilité de pucelles face au but, lorsqu’il échoue de manière inhabituelle à tromper le gardien sur un service de Payet, puis rate un coup de tête d’un ridicule jamais vu depuis Saber Khalifa à la réception d’un centre de Gerson. Moins surprenants, Guendouzi appelle bien le centre de Gerson au premier poteau mais s’embronche au moment de conclure, voyant le cafouillage dégagé sur la ligne, et Rongier varie les mille-et-une manières de ne pas marquer depuis l’entrée de la surface. Deux moments de déconcentration de notre défense nous rappellent l’insécurité de notre situation, conclus l’un par une frappe dans le petit filet et l’autre par un bel arrêt de Mandanda sur une frappe à ras-de-terre.


Vient ce moment fatidique du retour au vestiaire, pendant lequel on prie pour que Sampaoli modifie ses consignes de mi-temps habituelles (passer de « mettez-vous à faire de la merde » à « continuez comme ça » serait un bon départ, par exemple). Si les premières minutes de la seconde période nous font craindre le pire, l’OM ne met pas longtemps à reprendre sa marche en avant : une attitude d’autant plus bienvenue que le match retour s’annonce sans Payet, Dimitri ayant reçu un carton jaune suspensif en fin de première mi-temps. Notre meneur de jeu fait ce qu’il faut pour nous régaler dès l’aller, en réalisant un nouvel amour d’ouverture pour Ünder, dont le centre en retrait très intelligent se voit une énième fois salopé par Guendouzi. Kamara s’essaie à son tour à la percussion sans davantage de succès : projeté en pleine surface à la suite d’un une-deux éjaculatoire avec Payet, Bouba pique devant le gardien, sa passe arrivant sur les talons de Milik qui dévie comme il peut pour Gerson. A défaut des filets, la frappe du Brésilien détruit l’anus du défenseur revenu défendre sur sa ligne. Ünder et Milik nous gratifient ensuite de leur fameuse connexion extra-lucide, qui aboutit à un tir d’Arek sur le poteau.

A force de rongeage de gonades, c’est avec un œil blasé que nous assistons à une nouvelle déviation géniale de Gerson, d’autant que son destinataire en est l’émotif Valentin Rongier. Le Rongieur perce en pleine surface, repoussant au maximum le moment de produire un tir dont chacun sait à l’avance qu’il sera ridicule. De fait, son petit pointu en bout de course trouve les gants du gardien, mais de suffisamment près pour que celui-ci savonne sa prise de balle. Milik surgit et envoie une lourde transpercer la cage, parce que le calme le sang-froid et tout ça, ça va bien mais mes couilles, maintenant (2-0, 68e).


Bien que douchés par une succession d’espoirs déçus cette saison, nous avons la naïveté de croire que l’OM est en capacité d’assurer un match parfait, en inscrivant d’autres buts qui rendront le retour anecdotique. Même les deux stouges de W9 se congratulent à qui mieux mieux sur notre efficacité retrouvée et notre clineshiteu à venir, ces abrutis ne prenant même pas la peine de commenter au même moment l’appel d’Esposito dans le dos de notre défense. L’attaquant bâlois salue l’entrée en jeu de Luan Peres une minute plus tôt en pissant sur le Brésilien qu’il dépose avant d’aller tromper Mandanda une main dans le slip. La VAR nous aurait sans doute sauvés en révélant que, malgré la couverture de porc de Caleta-Car, l’attaquant était sans doute bien hors-jeu. De là l’inconvénient d’être reversés dans des compétitions de pouilleux : la VAR n’est ici pas en vigueur et le but est bien validé (2-1, 78e).

Un adepte de la pensée positive remarquerait que pour une fois, nous aurons joué comme des vieilles merdes pendant un quart d’heure au lieu d’une mi-temps complète, ce qui en soi ressemble tout de même à un progrès. Reste que sur l’instant, nous sommes tout près d’accomplir un gâchis digne du sabordage spectaculaire et printanier des parisiens, surtout quand Valentin Rongier place une tête en retrait plein cadre quand Mandanda attendait le ballon deux mètres à côté. La course de Steve vers sa ligne mériterait d’être utilisée avec la musique de Royal Canin dans une publicité pour le centre de remise en forme de Merano, dont les résultats sont impressionnants : sprintant comme jamais, notre gardien se détend pour écarter la balle cinq centimètres avant le ridicule.

L’action suivante se révèle tout aussi slipométrique, quand Bâle profite de la sieste prolongée du juge de touche pour partir une nouvelle fois hors-jeu, sans autre conséquence qu’une nouvelle souillure de sous-vêtements. Au bout du temps additionnel, Milik et Hzarit initient une contre-attaque fulgurante : Amine prend le temps de s’appliquer pour la passe décisive qui conclura notre surnombre imparable mais s’en voit empêché par un hippopotacle de taré qui redéfinit à lui seul la notion de faute utile (par exemple celle que Neymar aurait pu commettre sur Modric mardi soir et qui aurait incontestablement évité le sabordage mémorable et printanier du PSG). Nous admirons alors la cohérence de l’UEFA, qui décide de l’absence de VAR précisément dans la compétition où elle mobilise des arbitres nuls à chier : inexplicablement, la tentative d’amputation sur Harit n’est sanctionnée que d’un carton jaune. Le match se conclut sur le coup-franc exécuté par Ünder, de peu à côté.


Dans un monde normal, l’OM aurait proprement atomisé Bâle et Payet aurait donc choisi le moment idéal pour purger sa suspension dans un match retour sans enjeu. Au final, les Suisses restent à portée de slip et c’est donc sans notre meneur de jeu que nous devrons défendre notre avantage, en espérant voir nos Marseillais enfin comprendre que leur salut passera par le jeu et non par 90 minutes de trouille. Pourtant si regret il y a, il n’est pas tant dans cette inefficacité que dans le constat, une nouvelle fois, que notre équipe est largement capable de produire de très belles choses pour peu qu’elle le souhaite : même en ratant 92% % de nos situations de tir (source : OptaRace), un tel niveau de jeu contre des Clermont, Metz, Brest, Troyes, Reims, etc., nous aurait sans doute » évité l’abandon de points en pagaille cette saison. Ce que l’on attend désormais c’est que l’OM conserve jusqu’en mai cette attitude enfin retrouvée, conformément à cette morale du fabuliste Jean De La Fuente : « il est inutile de se sortir les yeux du cul si ce n’est pas pour fixer l’horizon ».


Les joueurs

Mandanda (4/5) :

« Vous me reconnaissez ? C’était moi, avant. Et puis j’ai découvert Esquiche Fast. Grâce à Esquiche Fast, je peux courir vers mon but pour rattraper les passes en retrait de merde. Esquiche Fast a vraiment changé ma vie, alors pourquoi pas la vôtre ? En plus, la première semaine est gratuite. »
*pas d’utilisation prolongée sans avis médical.

Rongier (2+/5) : Lorsque l’OM exerce une telle domination, on comprend aisément que le volume de jeu de mammouth du Rongieur soit préféré à Lirola, à plus forte raison lorsqu’il réalise de si belles transversales à mille lieues des centres moisis constatés contre Monaco. L’inconvénient pour notre milieutéral, ce sont ces deux structures rectangulaires métalliques placées à chaque extrémité du terrain et qui représentent pour lui un handicap certain.

Saliba (4/5) : Rien à redire, c’est carré.

Caleta-Car (3-/5) : Deuxième incompréhension  avec Saliba en deux matchs, puisqu’après William contre Monaco c’est Duje qui couvre le hors-jeu alors que son partenaire avance. Et évidemment, comme il se doit dans les périodes où une équipe connaît des difficultés, chaque micro-erreur se paie au décuple.

Kolasinac (3+/5) : Un vrai latéral qui fait un vrai bon match de latéral. C’est droit, on sait où on va, ya pas de fantaisie, bref c’est reposant.

Luan Peres (78e) : C’est au moment précis où il remplace un Kolasinac qui tournait bien que le match part en bibe. Alors attention hein, on ne va pas faire le coup de confondre corrélation et causalité : pondération, nuance, tout ça… (n’empêche qu’il s’est salement fait pourrir pendant le quart d’heure qu’il a passé sur le terrain).

Kamara (4/5) : Naguère centralinelle, récemment milieu de terrain affirmé, il retrouve hier un poste de centralinelle améliorée, car le sampaolisme est riche de mille nuances. En gros, si Bouba s’est bien retrouvé au milieu de la défense centrale sur les attaques placées, ça ne l’a pas empêché d’aller récupérer moulon de ballons haut sur le terrain. En fait c’est pas compliqué la tactique, avec des joueurs qui savent tout faire à la fois.

Guendouzi (3-/5) : Constant voire impressionnant dans l’engagement, en émoigne son second ballon qui lui permet d’obtenir le pénalty. Ceci étant dit et une fois la brosse à reluire dûment passée, on va se poser calmement et constater que du point de vue comptable, ses ratés devant le but nous font plus de mal que n’importe quelle passe en retrait suicidaire.

Gerson (4/5) : Fait des trucs qui commencent à être très franchement satisfaisants. Maintenant qu’il a survécu à l’acclimatation, au manque de forme physique et aux fantaisies tactiques de l’entraîneur, on va peut-être avoir une chance de voir le vrai Gerson.

Ünder (4-/5) : Baisse certes de régime au cours de la seconde période mais, à sa décharge, son boulot aurait alors déjà été accompli si le poteau et les copains à la finition d’alcoolique ne s’étaient  pas mis en travers.

Payet (3+/5) : Régale toute la première mi-temps et une bonne partie de la seconde, semblant d’ailleurs parfois chercher plus la beauté du gestechnique que l’efficacité. Et encore, on chipote, si les copains s’étaient montrés un minimum efficace, Dimitri facturait ses deux ou trois passes décisives sans trembler de la narine. Ce qui nous amène à ce détail gênant : certes on méritait de leur coller quatre ou cinq buts, mais concrètement la prochaine fois ce serait bien de vérifier que le score est acquis avant d’aller chercher sa suspension d’un gros tacle de benêt.

Harit (78e) : Peu en vue jusqu’à cet ultime dribble qui lui ouvre un boulevard en contre-attaque, avant de se faire stopper net par un geste AUSSI DÉGUEULASSE QU’UNE CARAPACE BLEUE ALORS QUE TU VIENS JUSTE DE PASSER EN TÊTE PUTAIN MAIS JE VAIS LA JETER PAR LA FENÊTRE CETTE PUTAIN DE CONSOLE mais pardon, je m’égare derechef.

Milik (4-/5) : Pour établir les notes c’est comme aux Paralympiques, on applique à la performance un facteur calculé sur les capacités de la personne. Par exemple, Mattéo ou Valentin, avec leur syndrome congénital qui rend leur influx nerveux tout rhéné dès qu’ils voient une cage de foot, on ne peut pas être trop sévère. A l’inverse, avec un Milik qui pose ses couilles sur nos feuilles de statistiques européennes, on peut bien chipoter un tout petit peu sur ses quelques ratés.


L’invité zoologique : Noah Katterbiche

Oui, ok, c’est tout mougniou une biche, c’est gracieux et attendrissant, et tout. Mais si tu veux à tout prix les protéger, ce qui est très respectable, dans ce cas tu fais pas chasseur. Du moment que tu choisi de te lever à 4 heures pour prendre ton pick-up, ton fusil et ton gros rouge, c’est pas pour avoir les yeux embués au moment de lui envoyer une balle entre les deux yeux.  En tout cas, puisque voici notre biche aux abois miraculée, autant lui demander ses observations sur la rencontre :

– Les autres : collectivement parlant c’était autrement plus nul que Qarabag.

Coming next : Allons à Brest puis à Bâle, en espérant reproduire dans les deux cas les mêmes attitudes que ce soir. Là, on est lancés sur de bonnes bases, on se fait un match-référence contre Nice, et on est irrésistibles jusqu’à la fin en ramassant même un PSG en plaine déchéance après son sabordage inévitable et printanier. Facile.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Anthony Ch. accélère dans le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

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