OM-Porto (0-2), La Canebière académie réclame la mort du football dans la dignité

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Foot, drugs and doigts d’honneur.

Aïoli les sapiens,

À tout moment les rebelles magnifiques sont capables, sur un coup de sang, de s’enfiler un rail de coke, de dribbler la moitié d’une équipe d’un coup et de traiter les méchants de fils de putes, et cela dans le même mouvement ou presque. L’inconvénient des rebelles magnifiques cependant, c’est qu’ils sont de plus en plus rares, et surtout de plus en plus morts.

Lever un verre à nos amis disparus, c’est encore faisable. En revanche, plonger dans la farine en hommage au plus grand représentant argentin de Dieu sur Terre (le Pape François n’y verra pas d’offense, je suis certain qu’il pense la même chose) requiert une solidité de la cloison nasale que nous n’avons pas. De même, notre piètre niveau footballistique nous prive à jamais de pouvoir marquer un but improbable et de le célébrer ensuite dans des larmes de ferveur, les doigts levés vers le disparu – car on ne peut imaginer Diego qu’au ciel : s’il condescend à se rendre aux enfers, ce sera moins pour y expier ses péchés que pour avoir l’occasion d’y retrouver quelques potes et de pisser sur Margaret Thatcher.


Drogue, football et majeurs tendus : si les deux premiers sont inaccessibles, les occasions de brandir ces derniers ne manquent pas. Or donc, puisque c’est la seule chose qui nous reste, commençons par une digression : nique tes morts Gérald, nique bien les dépouilles de tes aïeuls sur huit générations, toi qui as été choisi car tu sais mieux qu’aucun autre que le pouvoir s’exerce avant tout en sortant sa matraque luisante. Étouffe-toi de honte, toi et tes sbires, toi et tes supérieurs, tes soutiens. Va au diable, avec toi tous les nostalgiques des années 30 et de leur du complot judéo-bolchévique aujourd’hui remaquillé en islamo-gauchisme par la start-up nation. Fourrez-vous les mémoires de François Bayrou dans le cul, tous les « progressistes » qui pleuraient hier sur les dérives de Sarkozy et adulent aujourd’hui leur gourou quand il commet pire. Quant à ceux qui ne voient pas de problème, alors que tout ce que l’Europe compte de défenseurs des libertés nous agite des clignotants d’alarme sous le pif, prolongez donc votre aveuglement en vous enfonçant la tête dans les chiottes. Et tirez donc la chasse, en plongeant assez profond vous aurez peut-être une chance d’y retrouver les souvenirs de vos cours d’éducation civique. Je vous hais tous. Je vous hais au point que Marcel Picon passerait en comparaison pour un hippie à collier de fleurs, et Nancy pour le quartier de Christiania remaquillé en écurie pour Little Ponies.

Et bien sûr, pour en revenir au sujet qui nous préoccupe principalement ici, je te hais, Jacques-Henri Eyraud. Je te hais pour beaucoup de choses, la principale ce soir étant de ne pas réagir à l’énième humiliation reçue à cause de ce cuistre de Villas-Boas, en le vidant sans délai avec pertes et fracas. Le record de 13 défaites consécutives en Ligue des Champions, personnellement c’est secondaire. Après tout, c’est une statistique sans grande signification et l’on a vécu quelques beaux moments européens entre-temps, même si j’ai déjà assez à parler des trous du cul du moment sans faire resurgir le souvenir de l’ancien. Mais quatre défaites en autant de rencontres, sans un seul but marqué, sans aucune ambition de jeu et le tout en produisant un discours insultant envers l’identité du club : dans une Marseille normale, ça sort du stade enfermé dans un van pour être amené directement dans le bureau du patron et y recevoir une franche explication, un chèque d’indemnités et un coup de pied au cul jusqu’à Marignane. Dans une Marseille normale, un tel affront ne laisse pas le temps de peser le pour ou le contre, les conséquences et les alternatives : le responsable d’un tel affront, il dégage. C’est tout. Ce n’est pas toujours rationnel, mais quand l’identité d’un club est aussi durement attaquée, des mesures s’imposent.

Mais bien sûr, encore faut-il avoir la moindre idée de ce qu’est l’identité d’un club, ce qu’un gland à binocles affairé à débiter son discours d’école de commerce (aparté : ah oui, les étudiants en école de commerce, j’ai oublié de vous dire d’aller vous faire foutre, aussi), ce qu’un gland comme Jacques-Henri, disais-je, n’a jamais montré en quelques années de gestion. Alors certes, on a lancé la division vidéo et la division musicale, on fait des partenariats conscients et citoyens, d’autres qui nous ancrent dans le XXIe siècle pour mieux aller niquer nos concurrents identifiés comme Netflix et Fortnite. Évidemment, on peut faire autre chose que du foot sans que ça n’interfère, les gens dotés d’un cerveau fonctionnel se doutent bien que l’on n’a pas dépouillé le centre de formation et la cellule recrutement pour financer OM Records (à la rigueur oui, on a peut-être sacrifié l’équipe féminine, mais ça on s’en fout ; d’ailleurs on a publié un post conscient sur l’égalité hommes-femmes pas plus tard que ce matin). Par contre, si l’on peut développer autre chose que du football, ce serait bien à un moment de se préoccuper aussi du football, et surtout de prendre conscience que les résultats sportifs sont le socle sur lequel s’appuie le reste.


Le sport est avant tout un spectacle ? Parlons-en : heureusement que personne n’a pu se payer Téléfoot pour regarder nos matchs, sinon on aurait connu une vague de suicides devant ce que l’équipe nous propose. Le sport est plutôt une affaire de résultats ? Allons donc, on a atteint le plus haut niveau pour y exploser méthodiquement et sous les rires de l’Europe toutes les statistiques du ridicule. Camarade Jacques-Henri, ta direction est une tumeur qui envahit sans relâche tous les interstices de la passion. Plusieurs d’entre nous ont arrêté de lutter et coupent désormais la télé. La plupart d’entre nous abordent les matchs comme un sacerdoce, un devoir spirituel aussi chiant que la messe, mais de surcroît dépourvu de la perspective d’aller boire des coups avec les copains une fois la corvée accomplie. Si l’on ne peut pas te reprocher le fait que le stade soit sous coma artificiel, cette situation n’arrange rien à l’affaire : l’OM lasse, l’OM déprime et l’OM nous perd. Qu’est-ce qui nous fait encore tenir ? Personnellement, c’est l’idée qu’un trou du cul comme toi devienne responsable d’éteindre quelque chose qu’aussi grand que la passion pour l’OM. Un médiocre comme toi ne peut pas accomplir cela, c’est impossible, voilà pourquoi on tient. Mais sache que si l’on assimilait l’ensemble de ta lignée maternelle aux passantes les plus vérolées de l’histoire de la rue Curiol, on ne rendrait pas compte de la moitié du dégoût que tu nous inspires, et André Villas-Boas avec toi, et les joueurs aussi en ce moment. Alors on endure, on soupire, et on ne pleure même pas, parce que la tristesse est une émotion noble que l’on réserve à ceux qui planent à jamais bien plus haut que vous.

Quelle fatigue, en ce moment.

L’équipe

Mandanda
Sakai  – Alvaro – Balerdi (expulsé, 70e) – Amavi
Rongier – Kamara (Cuisance, 59e) – Sanson (Nagatomo, 77e)
Thauvin (Aké, 77e) – Germain (Benedetto, 59e) – Luis Henrique (Payet, 59e)

Jour noir pour le football mondial : Nemanja Radonjic est blessé. Le reste de l’effectif est présent, ce qui n’empêche pas Villas-Boas de procéder à des ajustements spectaculaires : Balerdi remplace Caleta-Car, Germain remplace Benedetto et Luis Henrique apparaît à la place de Payet. Le triangle Kamara-Rongier-Sanson est un îlot de stabilité qui laisse de plus en plus à penser que la déesse Erzulie ne dédaigne pas les rituels collectifs.


Le match

Ne voyons pas tout en noir : il y a eu du mieux. Quelques mandales bien amenées montrent que l’OM semble avoir saisi la dimension compétitive de la Ligue des Champions et se montre prête à livrer une bataille d’intensité conséquente. Un pressing de Thauvin procure même à Sanson une rapide occasion, suivie quelques minutes plus tard d’une tête de Germain sur un coup-franc du même Thauvin.

Hormis une relance slipométrique de notre part, Porto est bousculé voire, n’ayons pas peur des mots, dominé. Bien sûr, cette domination est toute relative, nous sommes toujours incapables de produire quoi que ce soit de construit. On peut d’ailleurs y voir une clarification, si besoin était encore : ici pas de manque d’envie ou choses de ce genre, non, c’est juste qu’en 19 jours sans matchs comme depuis de trop longs mois, les joueurs ne profitent pas de l’entraînement pour ébaucher ce qui ressemble à une idée de jeu.


Sans rien y paraître Porto accélère en fin de mi-temps, et nous explose sur un enchaînement digne des meilleurs accidents aériens : des faits plus ou moins anodins qui se succèdent pour aboutir à la catastrophe. Éparpillés suite à une bête touche, nous voyons un tir repoussé par Mandanda. Le ballon demeure, Sakai commet une grosse faute, Amavi dévie le coup-franc en corner. Celui-ci génère un gros cafouillage dans notre surface, après une tête déviée par deux de nos joueurs. Zaidu hérite du ballon et, à bout portant, force Steve Mandanda à un premier exploit avant de reprendre et d’ouvrir le score (0-1, 38e).

Le début de seconde période sent fort la résignation, au point que l’on se demande s’il ne vaudrait pas mieux cesser de faire semblant de construire et plutôt tout balancer sur la tête de Germain, dans l’espoir d’obtenir au moins quelques seconds ballons. Villas-Boas procède à des changements radicaux peu avant l’heure de jeu, avec les entrées de Payet, Benedetto et Cuisance. Affûté, Dimitri ne tarde pas à semer le oaï chez les Portugais, avec notamment un délicieux centre pour Thauvin qui se voit devancé d’extrême justesse.


S’ensuit une séquence qui a suscité les plaintes d’associations de trisomiques, qui croyaient que les joueurs se livraient à un nouveau sketch se foutant de leur gueule. C’est tout d’abord Grujic, déjà averti et qui se fend pourtant d’un amour d’hippopotacle sur la cheville de Benedetto, avant d’adresser à l’arbitre un regard signifiant « je serais bien en peine de vous expliquer pourquoi j’ai été aussi con, je l’ignore moi-même ». Un regain d’activité, une supériorité numérique venue de nulle part, enfin de l’espoir pour l’OM ? Nenni. Très affecté par l’horrible actualité sportive du moment, Leo Balerdi est débordé par Marega sur une simple touche en profondeur et concède un pénalty triplement nécrologique :

– il est argentin, comme Maradona ;

– il commet un placage, pour Christophe Dominici ;

– c’est une faute de demeuré, en hommage à Jacques Secrétin.

Le pénalty assorti d’un second carton jaune s’impose, le tir étant converti par Sergio Oliveira : moins de deux minutes après avoir repris un semblant d’espoir, l’OM se retrouve mené de deux buts et à 10 contre 10 (0-2, 72e).


L’OM tente de sauver ce qui lui reste d’honneur mais Benedetto échoue par trois fois à trouver le cadre, sa dernière tentative échouant de manière particulièrement malchanceuse sur le poteau. Nous abordons la Ligue des Champions comme le championnat, c’est à dire sans fond de jeu et confiants dans notre capacité à exploiter des coups du sort d’autant plus improbable que la différence de niveau est forte. Le travail de Villas-Boas semble surtout consister à mélanger les cartes en espérant qu’une quinte flush lui soit servie. Quand le paquet ne comporte que des sept et des deux, la réussite est rarement au rendez-vous.


Les joueurs

Mandanda (3/5) : Héroïque comme un vidéaste de manif. À chaque fois il sait qu’il va en prendre plein la gueule et à chaque fois il y retourne. Si encore cela permettait aux coupables d’être sanctionnés…

Sakai (2/5) : Un peu à l’image de Romain Grosjean, même s’il rapporte parfois des points à l’écurie, à un certain niveau on est déjà contents quand il ramène la voiture.

Alvaro (3-/5) : Victime de la partie de billard portugaise du premier but, il a regardé Balerdi faire le reste pour le meilleur et pour le pire.

Balerdi (1-/5) : Son début de match montre bien que tout n’est pas à jeter chez ce jeune homme prometteur qui manque surtout d’expérience. Ce qui n’empêche pas que, même commise chez des U13 sport adapté, sa faute le qualifierait de demeuré intégral.

Amavi (2/5) : Il a encore défoncé un joueur, mais loin de la surface de réparation. Peut-être un signe que le pic jordanamavique est en train de passer.

Kamara (2/5) : A retrouvé une densité supérieure à celle de l’ectoplasme, sans que l’on doive attendre de miracle supplémentaire.

Cuisance (59e) : Volontaire pour apporter de l’impact et des centres, notamment dans les mains du gardien.

Rongier (2/5) : Même Forrest Gump avait une idée plus précise de la raison pour laquelle il courait.

Sanson (2/5) : Aperçu à l’orée de la surface adverse dès la 4e minute. Après je sais pas, il a dû croire que des gendarmes lui demanderaient son attestation, il n’est pas revenu.

Nagatomo (77 e) : Entré pour permettre la victoire de l’OM 2 à 1 (au nombre de Japonais présents sur la pelouse).

Thauvin (2/5) : Entre le « en manque de rythme » et le « fatigué par l’enchaînement des matchs », nous avons eu droit à un intervalle de jeu d’une durée de vingt minutes environ.

Aké (77e) : Pepe absent, Grujic déjà expulsé pour un tacle de boucher, Marley a pu gambader sans trop craindre pour sa survie.

Luis Henrique (1/5) : Son apparition dans un match si difficile ne mériterait pas la curée médiatique. Bon, on sait seulement que notre pépite n’est donc pas le joyau surgi de nulle part qui renversera un match à lui tout seul. Après tout nous avons déjà Nemanja Radonjic dans ce registre, laissons donc lui le temps de mûrir.

Payet (59e) : Bon, a priori il a minci, sauf s’il réussit à garder la pose contractée en jouant mais ça m’étonnerait tout de même. Il a surtout montré l’envie (intermittente) de bien jouer au foot, ce qui est plus important.

Germain (2+/5) : Du pressing, des remises, une tête dangereuse. Même s’il est difficile de dire du bien de l’équipe, reconnaissons que Valère fut loin d’être dégueulasse ce soir.

Benedetto (59 e) : Motivé comme on l’imagine, il a dès le début produit des gestes à l’image de l’idole nationale, en l’occurrence marquer des buts fantastiques se tordre de douleur après s’être fait démonter par un tacle de tortionnaire.


L’invité zoologique : Sergio Constrictor

Le boa constrictor est un gros branleur, se laissant dorer au soleil et attendant qu’une souris imbécile passe à portée d’anneaux. À ce moment c’est facile : on serre, on attend que les yeux lui sortent par les narines, on déguste et on fait la sieste. Pas besoin de plus pour être heureux. Voici ses observations :

– Les autres : Également adeptes du football chiant, mais après tout pourquoi aller chercher la victoire puisqu’on la leur offre.

– Le classement : Au risque de causer chez vous une déception incommensurable, j’ai le regret de vous annoncer que nous ne pouvons pour nous qualifier pour les huitièmes de finale. Il nous reste à considérer (sauf un exploit contre City mais ne déconnons pas, non plus) la réception d’Olympiakos comme un 1/32e de finale d’Europa Ligue, à gagner de deux buts pour se qualifier dans cette compétition. Mais bon, on a cru comprendre que ça ferait chier Villas-Boas, puisque celui-ci n’a qu’une hâte, achever ce « cauchemar européen ». Note, s’il arrête le foot et s’inscrit au Dakar, lui achèvera son cauchemar européen et nous achèverons notre cauchemar Villas-Boas : c’est une solution à considérer.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Homerc gagne un concours zoologique aussi morose que le reste.


Bises massilianales,

Blaah.

5 thoughts on “OM-Porto (0-2), La Canebière académie réclame la mort du football dans la dignité

  1. M. Blaah,

    la prochaine fois que j’irai à Copenhague, je penserai à vous et à M. Picon.

    Concernant cette acad, je dois avouer que vous m’avez fait encore plus rire que la campagne européenne de l’OM, chose qui n’était pourtant pas aisée.

    Cordianalement,

    Bichon

  2. André nous qualifiera pour la prochaine Champion’s !! Si on avait pris Mbaye Niang on en serait pas là, fallait mettre les millions.

    Allez l’OM !!!

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