OM-Saint-Étienne (3-1), La Canebière académie se lâche
Ça, c’est net.

Aïoli les sapiens,
Foisonnant, chaotique et, pour ce qui est des points, plutôt mitigé, le début de saison olympien nous a rendu en trois matchs le spectacle auquel nous fûmes bien en peine d’assister pendant deux ans. Après la remontée héroïque à Montpellier, le point incompréhensiblement offert aux Girondins et le traquenard offert par des Niçois toujours très à cheval sur le respect des frontières à l’exception de celle qui sépare les tribunes du terrain, il était temps de souhaiter regarder un match de foot « normal ». Pas apaisé, certes : cette équipe étant une ode au déséquilibre, elle ne cessera de branler dans le manche que lorsqu’elle sera morte ; mais rien qu’un match au scénario normal, de temps en temps, juste pour préserver l’espérance de vie des supporters.

Les Longorious Basterds
Mandanda
Saliba – Alvaro – Luan Peres
Rongier (Gueye, 73e) – Kamara – Guendouzi
Ünder – Payet – Gerson (Lirola, 85e) – De La Fuente (Luis Henrique, 56e)
Balerdi purge son second match de suspension et reste remplacé par Alvaro. Seul changement notable dans l’effectif, Rongier est préféré à Gueye au milieu de terrain. Milik est toujours en train de préparer son retour de blessure, alors que Lirola est de retour parmi nous et prend place sur le banc.
Hormis la fin des interminables négociations au sujet de Lirola, justement, la semaine se révèle plutôt calme au niveau des transferts, la principale raison semblant résider dans le fait de n’avoir plus un rond pour compléter l’effectif. Tout juste papa, Duje Caleta-Car a ainsi été invité à ne pas se précipiter sur l’inscription à la crèche. En attendant que les choses se débloquent, le jeune Pedro Ruiz Delgado arrive du centre de formation du Real mais part aussitôt dans l’autre sens, en prêt à Nimègue : communsymbole du prologue du Tour de France 1989, souligne notre archiviste Luke Seafer.
Le match
Les deux équipes entre dans le match avec les slipomètres bien armés : nous par une perte de balle ignoble de Luan Peres à la 25e seconde, les verts en subissant une première percée de Payet et Under conclue par Rongier. Valentin fête en effet son retour à la titularisation par une activité inlassable qui le conduit à se trouver en position de tir à trois reprises dans cette première mi-temps. Échaudés par l’exemple du nageur olympique qui a fait marrer toute la planète en se mangeant le mur de la piscine avant que l’on n’apprenne son handicap visuel, on se gardera bien de moquer l’inefficacité de Rongier face au but. On ne sait jamais quels traumatismes se cachent derrière des comportements en apparence surprenants, autant Valentin a été mordu par un but dans sa petite enfance, ou bien sa nounou le punissait-elle en le suspendant dans un filet de but accroché dans la cave, ou encore est-ce un but qui a tué son chien… on ne sait pas.
Quoi qu’il en soit, l’OM s’appuie sur un excellent pressing pour dominer la rencontre : seules des erreurs de passes ou le fait, donc, que Rongier soit celui qui conclue nos actions, nous empêchent de corriger dûment les Stéphanois. Malgré tout, on remarque le travail intensif réalisé pendant la préparation estivale, à l’aide des méthodes innovantes du staff :

Ainsi, lorsque Payet lance Ünder d’un extérieur dont il a le secret, nous voyons Cengiz LEVER LA TÊTE ! PLUSIEURS FOIS ! Son centre au deuxième poteau trouve De La Fuente, gêné par un tacle défensif. Et là, au lieu de fermer les yeux et de tirer dans un angle impossible comme tout le monde, figurez-vous que Konrad RÉFLÉCHIT ! Il REGARDE ! Et c’est ainsi que De la Fuente voit, trois mètres derrière lui, Guendouzi attendre le ballon, complètement oublié par une défense en panique totale. Matteo est servi et conclut une main dans le slip. Comme quoi, quand on élargit son champ de vision au-delà des 22 cm de diamètre du ballon, ça paraît tout de suite plus facile, le football (1-0, 23e).
Par rapport à Montpellier et Bordeaux, nous semblons en revanche avoir corrigé notre facilité à nous auto-éliminer pour laisser nos défenseurs en un contre un. Pour autant, cette première période agréable ne doit cependant pas masquer un manque de rigueur regrettable dans les transmissions, non seulement au moment d’approcher la surface mais également sur quelques pertes de balles dangereuses.
Saint-Étienne ne produit rien mais se procure un corner après un centre anodin mais dévié, sur lequel nous pouvons admirer toute l’explosivité de Steve Mandanda au 100 mètres départ arrêté. En vertu de l’adage « corner bête = but à la con », Saint-Etienne ne laisse pas passer cette chance unique et Kolodziejczak dévore Rongier et Alvaro pour l’égalisation (1-1, 31e).
On se disait récemment que l’on aurait du mal à gagner des matchs si nos temps faibles étaient systématiquement sanctionnés d’un ou deux buts, voici désormais que nous encaissons même quand nous ne connaissons pas de temps faible. Les Olympiens tentent de gommer la péripétie, mais le coup au moral est perceptible. Une lourde de Guendouzi sur le poteau et le troisième tir de Rongier nous remettent dans le bon sens, à défaut d’améliorer le score.
L’OM prend les choses en main dès la reprise, y compris en multipliant les relances courtes slipo-génocidaires. Disons-le tout net : le jour où Saliba ou Guendouzi auront mal dormi, ou auront la tête ailleurs, nous finirons la rencontre avec la valise abondamment garnie. Considérons dès maintenant les deux ou trois claques que nous subirons inévitablement comme le prix à payer de ce jeu à haut risque qui nous ravira le reste de la saison.
Car en effet, quand ça réussit enfin à partir de l’arrière, c’est pas dégueu : sur un six-mètres court de Mandanda, les Stéphanois oublient de presser pour la première fois de la seconde période, et là, si vous passez l’expression, ça déroule. Guendouzi remonter sans opposition, Payet est trouvé au milieu de terrain et lance Ünder sur la droite. Cengiz lui rend la politesse en le cherchant dans la surface d’une subtile louche : si Dimitri est battu au duel, l’OM de Sampaoli présente cette caractéristique honnie des experts-comptables portugais, qui consiste à placer quatre joueurs en même temps dans la surface adverse. Rongier est ainsi présent au second ballon et, s’il mouille ses chausses à chaque opportunité de tirer, se montre en revanche clinique au moment d’adresser la passe décisive pour notre troisième larron. Au six-mètres, Gerson remercie Valentin en lui montrant comment on conclut une action avec sang-froid (2-1, 51e).
Nous revoici devant, mais nos ennuis ne sont pas terminés : l’heure de jeu voit les Stéphanois enfin tenter de faire quelque chose de leur vie, et nous poser de sérieux problèmes. Nos relances courtes sont attendues, les récupérations sont hautes, les seconds ballons sont verts, et sur cette période d’un peu moins de dix minutes, les situations cafouilleuses se multiplient dans notre surface. Mandanda doit même se laisser allumer de près par Bouanga pour éviter l’égalisation.
Au bout d’un moment, nos joueurs se disent d’un commun accord que jouer les esthètes c’est bien, mais qu’un peu de bourrinage ne serait pas de trop pour reporter le ballon un peu plus loin de nos bases. Luan Peres tente ainsi une passe très directe qui aurait presque été décevante si elle n’avait pas été interceptée, tant la pancarte « GEGENPRESSING » était accrochée au ballon. En un dixième de seconde, Gerson et Payet agressent Sow qui, pris de panique, éloigne le ballon n’importe comment. Ünder récupère côté droit et se recentre à l’angle de la surface. Contre Florian Thauvin, n’importe quel défenseur de Ligue 1 avait fini par tellement connaître le truc qu’il contrait le ballon avant même le déclenchement du tir mais là, visiblement, il leur faut repartir de zéro : personne ne s’oppose ainsi à Cengiz lorsqu’il enroule son tir dans le petit filet opposé (3-1, 68e).
Ce but assomme nos adversaires, qui nous ouvrent de belles autoroutes au cours des vingt dernières minutes. Luis Henrique ne parvient pas à convertir une passe d’Ünder qui, un peu plus tard, gâche un trois contre deux royal. De même, Gerson et Payet ne parviennent pas à conclure un surnombre, avant que Luis Henrique ne rate un nouveau face-à-face. Ce manque d’efficacité sur des occasions aussi nettes ne gâche guère la soirée, dans la mesure où les Stéphanois ne se réveillent qu’à l’ultime seconde. Après un premier arrêt de Mandanda, une main de Guendouzi semble devoir provoquer un pénalty évident ; la fin du match est pourtant sifflée pour une raison inexpliquée, consistant soit en un éventuel hors-jeu au départ de l’action, soit au départ prématuré à la buvette des assistants vidéo. Ceci reste cependant anecdotique, dans cette belle soirée appréciée par un Vélodrome bouillant.
Les joueurs
Mandanda (3/5) : Match très correct de Steve, y compris dans ses relances courtes sous pression. Étant nous-mêmes dotés d’un démarrage de Citroën BX diesel, on ne se moquera pas davantage de cette action où il a dû sprinter.
Saliba (4/5) : La force tranquille. Le plus impressionnant, c’est de se dire qu’Arsenal l’a prêté parce qu’ils estimaient disposer de défenseurs encore meilleurs que lui : si c’est le cas, il va falloir s’attendre à une pluie de clean-sheets en Premier League, je suis prêt à parier que même le City de Guardiola ne parviendra pas à percer la forteresse.

Alvaro (3-/5) : Je pourrais lui tenir rigueur de son duel perdu sur l’égalisation de Kolodziejczakmais ça m’obligerait à écrire une nouvelle fois Kolodziejczak, donc passons l’épisode sous silence et parlons du reste de son match, correct.
Luan Peres (2+/5) : Conquérant dans un blocquéquipe offensif et qui avance, plus slipométrique quand il se trouve sur la défensive. Sous Villas-Boas ça finissait en dépression nerveuse.
Kamara (3-/5) : On pouvait se passer de son hommage à l’école Michaël Cuisance de la perte de balle en première période, sans ça c’était bien.
Rongier (3/5) : Le Rongieur a réalisé à merveille ce qu’il sait faire, à savoir harceler les milieux adverses pour gratter des ballons et les transmettre proprement. Le problème est qu’il a également foiré ce qu’il ne sait pas faire, à savoir cadrer un tir en position idéale. Une passe décisive à la colonne crédit, un duel perdu sur l’égalisation au débit, et voici une appréciation remarquable d’équilibre.
Gueye (73e) : 88e minute, 3-1, l’occasion ou jamais de l’un de ces petits arrachages de jambes totalement gratuit dont Pape a le secret. Après tout, c’était une soirée dédiée au plaisir de tous.
Guendouzi (4/5) : Particulièrement ciblé par le pressing adverse sur nos relances courtes, Matteo a limité les dégâts tant bien que mal. Mais qu’un Stéphanois omette de lui mordre les mollets ne serait-ce qu’une demi-seconde, et là c’était la panoplie : ballons relayés à la tonne, projections, lourde sur le poteau et but, du grand art. Honnêtement, je serais Pep Guardiola, j’aurais peur du milieu de terrain d’Arsenal quand on voit de quels joueurs ils s’autorisent à se séparer (aparté : le City-Arsenal de ce dimanche s’annonce alléchant, si un lecteur peut me donner un lien pour voir le match je lui en serais très reconnaissant).
Gerson (4/5) : Du combat, du technique, du cool. On lui donne une 8.6 à la place d’un ballon, et c’est le patron du Cours-Ju : il a toujours le bon son dans les haut-parleurs, il rigole avec les potes, il sourit aux minots en draguant leurs mamans, mais il reste toujours prêt à arracher la tête de celui qui viendrait pour foutre la merde.
Lirola (85e) : Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour enfin avoir le droit de jouer dans un Vélodrome plein, bordel.
Ünder (4+/5) : Supporternormal : « ah, c’est rageant, ce surnombre gâché, mais bon, il est fatigué, c’est compréhensible à la 80e minute et après le match de folie qu’il nous a fait. ». Supporter de l’OM ravagé par des années de radonjisme et de thauvinisation : « ah putain, ça y est, je savais que ça pouvait pas durer, il est fini, il va plus se mettre qu’à jouer perso, on va finir par le détester, vite, qu’on le transfère avant qu’il ne soit trop tard. » C’est terrible cette incapacité à se mettre dans la tête l’espoir que jouer juste ne constitue pas qu’une parenthèse miraculeuse, mais peut-être bien une réelle qualité de Cengiz. Aidez-moi.
De La Fuente (3+/5) : On n’a guère vu Konrad accélérer et dribbler tout le côté droit adverse à lui seul. Par contre on l’a vu réfléchir, lever la tête et adresser la passe décisive parfaite pour Guendouzi. C’est tellement nouveau (le passé, Radonjic, tout ça, voir plus haut) que l’on trouve cela encore mieux, en fait.
Luis Henrique (56e, 3-/5) : Tout de suite dans le bain, volontaire et percutant. Bon, par contre, autant pour Rongier on se moque gentiment, autant en ce qui te concerne, savoir finir les actions c’est un peu l’un de tes rôles de base, théoriquement.
Payet (4/5) : Il sprinte pour aller au pressing, je ne sais pas si on se rend bien compte. Entre ça et son concours d’extérieurs du pied avec Ünder, ça va finir par devenir douloureux, ces érections hebdomadaires de 90 minutes.
L’invité zoologique : Arnaud Nordinde
Vite assommé, vite plumé, vite pané. La dinde est un animal anonyme dont l’on peut aisément résumer la raison d’être à sa vocation comestible, nutritivement utilitaire et gustativement vite oubliée. Il s’agissait donc bien de l’invitée appropriée pour commenter ce match contre nos victimes du soir.
– Les autres : Ils ont montré entre la 60e et la 68e une remarquable envie de ne pas perdre ce match, on ne peut pas leur ôter cela.
– Le classement : Le résultat deNice toujours en suspens, nous en restons à 7 points sur 9 possibles. On a connu pire départ.
– Coming next : Une trêve internationale nous permettra d’achever le mercato et de resserrer les dernières vis aux genoux de Milik. On se retrouve contre Monaco dans deux semaines et espérons-le dans les mêmes dispositions.
– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Anthony Ch. remporte le concours zoologique.
Bises massilianales,
Blaah.
vilain monsieur
Cette académie est monumentale, croyez moi !
Une main dans le slip. Sans Milik ni sa doublure. Tremble League Europa.
Allez l’O*M !!!
Nous sommes les Marseillais !