OM-Saint-Etienne (5-1) : La Canebière Académie tabasse

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C’est toujours un plaisir, revenez quand vous voulez.

Aïoli les sapiens,

En prévision du Motchus Laïve du 28 février à la Buzine, la Canebière Académie vous propose de réviser votre parler marseillais en vous donnant également quelques astuces de jeu. Aujourd’hui : le suffixe -asse. En effet, il est possible de rallonger un très grand nombre de mots du parler marseillais en y ajoutant le suffixe -asse. Cela permet dans certain cas d’amplifier le sens du mot, dans d’autres de lui donner une connotation péjorative.

Ainsi, quand l’OM explose Lyon, on peut légitimement parler de rouintade. Mais du coup, quand l’OM atomise l’adversaire en éparpillant sa dignité aux quatre coins du terrain, le terme ne suffit plus : on parle alors de véritable rouintadasse.

Il y a des exceptions : le mot « estrasse », par exemple, se suffit à lui-même. Injure bien sentie à l’endroit de l’enculé de droite basique, rien cela dit n’interdit de l’élever à la dignité d’estrassasse dans les cas extrêmes (un enculé de droite qui ment en prenant ses propres enfants à témoin pour couvrir un scandale de pédophilie par exemple). Mais pour en rester au football, on en restera à l’acception courante du mot estrasse, qui désigne au sens propre une chiffe quelconque, et donc au sens figuré une épave humaine. Dans ce sens, l’estrassasse serait à l’estrasse ce que Gainsbarre était à Gainsbourg : on réserve le mot à ceux qui tombent bas, mais alors vraiment très bas dans la déchéance.

Mais il existe aussi ce verbe estrasser, qui signifie grosse modo « tomber, s’écraser comme une vieille merde ». Il est fréquemment employé au sens figuré dans la locution « s’estrasser de rire ». Il est ainsi plaisant de remarquer combien l’on s’estrasse de rire quand la défense d’estrassasses de notre adversaire s’estrasse comme des viers (des vierasses ?) devant 66 000 personnes. Et encore, contre de tels dormiasses, il aurait même été possible que nos bestiasses inscrivassent d’autres buts pour que la rouintadasse fût totale.

Bref, le suffixe -asse peut être adjoint à n’importe quel mot, pourvu que ce soit dans un sens fortement dégradant. Par exemple, le mot mignon de « mounine » ne peut pas être transformé en « mouninasse », cela n’aurait aucun sens. Alors qu’à sens équivalent, transformer « pachole » en « pacholasse » ne pose aucun souci si ce n’est celui du respect, de même que « cagole/cagolasse »

Citons enfin pour mémoire des termes où le suffixe est directement rattaché au mot provençal d’origine « braio/braillasse », « badau/badasse », « quismau / quismaillasse ».

Bref, quand vous êtes trop courts dans vos grilles Motchus, songez à notre bon vieux suffixe -asse, celui qui permet à coup quasi-certain de transformer un mot au sens moche en un mot au sens vraiment très moche. La seule question que je me pose, c’est ce qui a bien pu arriver un jour de si immonde à Marseille, pour que l’on se mette soudain à considérer systématiquement « -asse » comme synonyme de dégradation absolue.


Les Longorious Basterds

Rulli
Murillo– Balerdi – Cornelius (Kondogbia, 72e)
Luis Henrique– Højbjerg– Bennacer (Rongier, 66e) – Merlin (Dedic, 66e)
Greenwood (honte à nous, Nadir, 72e) – Rabiot
Gouiri (Rowe, 81e)

Le match

Alors en 12 ans de Canebière Académie, des matchs que l’on aborde avec la sereine et inébranlable conviction que l’on va défoncer notre adversaire, il n’y en a pas eu des masses. Mais des matchs que l’on aborde avec la sereine et inébranlable conviction que l’on va défoncer notre adversaire, et où c’est vraiment ce qui se passe en réalité, je n’en vois quasiment aucun. En me creusant la tête, je me souviens vaguement d’un tour de Coupe de France contre le Red Star. Et en relisant les archives, en fait c’est le Mad Professor qui l’avait écrite, cette acad.

Les 10 premières minutes de « taper, taper, taper » imposées à notre adversaire confirment l’intention des Olympiens à ne pas contrarier les familles rassemblées en cette belle après-midi ensoleillée. Les Stéphanois font juste le nécessaire pour rappeler à notre défense de rester concentrée un minimum, et pour le reste nos joueurs répètent leurs gammes sans opposition : longs moments de possession ponctués brutalement d’un renversement de jeu ou d’une passe verticale, ça défile et pour les Stéphanois ce match prend l’allure d’un Marseille-Cassis où nos adversaires seraient déjà carbonisés avant d’arriver à Vaufrèges.

Sur corner, le gardien stéphanois sort de sa cage comme un diable à ressort de sa boîte, et se heurte à Højbjerg en faisant « boïnnnnnnnng », comme dans les dessins animés avec le personnage qui vibre et tout. Balerdi en profite pour conclure de la tête au deuxième poteau, avant que l’arbitre ne soit invité à revisionner le contact entre Højbjerg et Larsonneur. Valider le but ne semble pas représente une erreur manifeste, mais l’arbitre préfère attribuer la prime à la protection du gardien de but et sanctionne une légère obstruction du Danois. Si en tant que gardien on apprécie toujours quand les arbitres sont assez gentils pour rattraper nos cagades, en tant que Marseillais on sent tout de même une nouvelle petite piqûre péri-anale…

L’affaire manque de se compliquer quand au quart d’heure de jeu, une touche habilement jouée par les Stéphanois permet à Boakye d’expédier une lourde, que Rulli détourne mafnifiquement. Simple péripétie néanmoins : l’OM repart vite de l’avant et se procure nombre d’occasions. Idéalement lancé par Greenwood (honte à nous), Rabiot est taclé avant de pouvoir conclure. C’est ensuite un service de luxe de Merlin qui envoie Greenwood (honte à nous) défier le gardien en angle fermé, sans succès. L’OM approche de la demi-heure sans avoir encore ouvert le score, la faute notamment à un léger déficit technique dans les moments décisifs. Ca ne décourage pas Quentin et Pierre-Emile, qui s’abattent sur le relanceur stéphanois comme les médias sur un humoriste arabe. Le ballon est dégueulé dans les pieds marseillais et l’appel de Rabiot embarque toute la défense pour ouvrir une baie-vitrée de frappe à Gouri, qui ne se prive pas pour claquer la balle dans le petit filet opposé (1-0, 27e).


Le dernier quart d’heure voit se poursuivre cette domination totale, avec des actions collectives d’autant plus magnifiques que les Stéphanois ne font pas grand-chose pour les contrarier. La branlée annoncée tarde cependant à se concrétiser, la faute à un excès de maladresse et surtout de facilité, par moments, en témoigne cette ultime combinaison où l’OM joue à la baballe au-dessus de la surface adverse en oubliant de tirer au but.

Les verts aux abois (honte à nous) ne peuvent faire autrement que de craquer, et ce dès le retour des vestiaires. Toujours prompt à sortir de sa ligne pour aller péter du stéphanois au milieu, Cornelius hérite d’un bon ballon qu’il expédie dans la course de Gouiri. Amine voit sa passe interceptée par Nadé, de la main. La vidéo le confirme : de la même manière que Rabiot il y a peu, c’est précisément en relevant les bras pour dire « regardez, je mets pas la main », que ce grand couillon commet la faute de main, avec la même conséquence. Greenwood (honte à nous) transforme le pénalty à contre-pied (2-0, 50e).


A 1-0 Saint-Etienne pouvait toujours rêver d’égaliser sur un malentendu. A 2-0, ils ont juste envie que ça se finisse. Et même pas que ça se finisse dignement, juste que ça se finisse. Nadé passe près du CSC en adressant une passe en retrait abominable à son gardien ; s’ensuit un moment de panique que Murillo conclut d’une lourde, non, pardon, d’une LOURDASSE, mal récompensée par le poteau.

Amir peut se consoler dès l’action qui suit, quand une action d’école alternant longue possession et renversement de jeu aboutit à une succession de déferlantes sur la cage verte. Larsonneur pare la tentative de Gouiri, puis la reprise de Merlin, mais ne peut rien quand pour la troisième fois c’est un Marseillais qui se trouve présent au rebond, Murillo en l’occurrence (3-0, 58e).

Déconcentré, l’OM laissse le nouvel entrant Cardona déborder sur nottre gauche, pour un centre en retrait joliment défendu par Cornelius. Mais pour l’ASSE, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas : dans la continuité, Bennacer gagne son duel avec autorité, l’intégralité de la défense cesse de jouer pour une raison qu’eux seuls doivent connaître, ce dont profite Højbjerg pour lancer Gouri plein axe. Une main dans le slip, Amine ajuste le gardien d’un joli petit lob (4-0, 60e) .

Le schéma se répète : trop facile, la défense olymoienne laisse Pétrot allumer Rulli à la réception d’un coup-franc, mais la barre met le Stéphanois en échec. Sur la contre-attaque, Rabot envoie Gourichercher le triplé, avec le tort pour Amine de refaire le coup du petit piqué par-dessus : cette fois-ci, Larsonneur ne se laisse pas avoir.


Sadiques, les Olympiens font sans cesse tourner le ballon sous le nez des attaquants adverses et, quand ceux-ci pitent au pressing, adressent la passe verticale qui élimine cinq joueurs d’un coup. C’est rodé, c’est beau, mais il faudra veiller néanmoins à ne pas faire autant les mariolles contre des adversaires qui ne sont pas au stade terminal de la dépression nerveuse. J’imagine d’ailleurs que l’anayste vidéo de la rencontre ne se privera pas d’extraire les quelques mlauvaises relances ayant abouti à un tir relativement slipométrique.

A l’avant en revanche tout va bien, à l’image de notre nouvel entrant Dedic qui se met en devoir de pisser sur toute la défense adverse en pleine surface. Après un relais très intelligent de Gouri, Amar trouve enfin une position de frappe, mais le gardien ferme la porte.

Les Olympiens continuent à prendre les Verts pour des piquets de slalom. Sans opposition, Gouri centre au deuxième poteau où, sans opposition, Dedic remet de la tête dans les six-mètres. Sans plus de défenseurs devant lui, Rabiot passe devant Højbjerg en mode « t’as niqué ma femme je te nique le but », et place une reprise rageuse de près (5-0, 77e).

Notre défense était cependant trop dans la ségue pour s’en tirer sans dommages. Tout à son excitation d’humilier des faibles, Dedic oublie de défendre contre le débordement de Cardona, qui peut une nouvelle fois centrer en retrait. Cette fois, personne ne peut empêcher la reprise de Stassin de faire mouche (5-1, 79e).

Frustré de ne pas avoir encore marqué, Højbjerg met ses mains sur les hanches en disant « bon », mais cela ne lui procure pas la réussite : le ballon et lui-même échouent sur le poteau à l’issue d’un nouveau oaï défensif des Verts et, dans le temps additionnel, sa tête plongeante à la réception d’un centre idéal de Rowe ne trouve pas le cadre. Entretemps, Rowe, Nadir et Luis Henrique se sont trouvés mis en échec à diverses reprises par le gardien, avant qu’un ultime enroulé de Bilal ne file de peu à côté.


Les joueurs

Rulli (3+/5) : Des fois on se demande si les défenseurs ne font pas exprès de laisser passer quelques cagades, pour qu’il puisse s’amuser un peu aussi.

Murillo (4/5) : Le murillomètre : tracer une graduation le long de la ligne de touche et mesurer la position moyenne d’Amir Murillo pendant le match. Presque prêt à parier que le score du match est directement corrélé à cet indicateur (30 mètres de notre but = galère de type péhèsgéien / ligne médiane = galère de type strasbourgeois / 40 mètres du but adverse = rouintade / 30 mètres du but adverse = rouintadasse).

Balerdi (4-/5) : Quand tu domines tes matchs les mains dans le slip, c’est fatal, tu finis par te laisser aller à te toucher un peu trop le zgègue. Tout cela pour dire que l’élégance naturelle de Leo gagnerait à être enrichie par davantage de rigueur et d’efficacité. C’est le cocktail de la Canebière Académie par exemple, ça ne marche pas trop mal, si tu veux tu peux nous demander comment on fait.

Cornelius (4-/5) : Toujours aussi limité techniquement, mais contre les Stéphanois ça ne se voit moins, évidemment.

Kondogbia (72e) : Au moins il faisait beau, pas comme à Angers.

Luis Henrique (3+/5) : C’est dans ce genre de match qu’il faudrait apprendre à être un peu plus impitoyable avec la défense adverse. On en ressort avec cette impression sans doute fausse mais tout de même agaçante de « c’est pas grave si on marque pas sur ce coup, on aura une tonne d’occasions après ».  

Merlin (3+/5) : « Ce n’est pas grave si on marque pas sur ce coup, on aura une tonne d’occasions après », d’accord, le problème c’est que la tonne d’occasions c’est Merlin qui les procure. Et, comment dire, pour le côté impitoyable à la finition des actions, Quentin c’est pas Clint Eastwood non plus, hein.

Dedic (66e, 3/5) : L’association Dedic/Rowe, en termes de spectacle et d’intelligence de jeu, ça paraît annoncer quelque chose de mémorable. Et l’avantage, à la différence des saisons précédentes, c’est que de tels énergumènes rentrent pour la dernière demi-heure avec 4 buts d’avance, je veux dire, le coût de la rigolade ne sera pas trop cher payé.

Højbjerg (4-/5) : Un Pierre-Emile en mode « desperate housewife » : il se tape les courses, la vaisselle, la lessive, le torchage des gosses et au moment où il se dit « maintenant que tout est fait je vais penser un peu à moi et aller marquer un but », t’as Adrien Rabiot qui débarque de nulle part en lui disant « excuse-moi chéri, je prends la voiture pour aller boire un coup avec les potes, t’avais rien prévu ce soir hein ? ».

Bennacer (4/5) : « Ils sont sympa ces matchs de préparation, mais elle reprend quand, la Ligue 1 ? »

Rongier (66e, 3/5) : Luke Seafer nous dira ce qu’il en pense, mais le remplacement de Bennacer par Rongier était propre comme un relais de cyclisme sur piste. Pas un seul à-coup, la performance du collectif reste constante, c’est huilé.

Rabiot (4/5) : Non mais en vrai, il n’a pas niqué ta femme, Pierre-Emile ? Sinon tu le dis, je réserve tout de suite de quoi faire un stage de team-building de Mallemort, hein, faut pas laisser ces choses-là sous le tapis, ce serait trop bête.

Greenwood (honte à nous, 4-/5) : Un peu trop de facilité dans la finition des actions, mais aussi en maniant la balle dans des zones dangereuses pour notre défense. Faudrait voir à cultiver la rigueur, on rencontrera pas Saint-Etienne tous les jours.

Nadir (72e) : Lui n’est pas rassasié, c’est clair.

Gouiri (4+/5) : Il est beau, il est intelligent, il est adroit, il est efficace, il n’a pas de tatouage nazi, il ne frappe pas les femmes… bon, il est où, le piège ?

Rowe (81e) : On se moque, mais hier soir c’était du bon Rowe (non, cherchez pas, ya pas de calembour cette fois). Avec un Højbjerg plus en réussite, il aurait fini avec une ou deux passes décisives.


L’invité zoologique : Pierre Crapaud Cornud

Le crapaud cornu du Texas désigne une espèce de … lézard, comme un symbole de truc où ya rien qui va. Si l’on ajoute que cette espèce se distingue par sa faculté de pleurer du sang dès qu’on le contrarie, il s’agit indiscutablement de l’invité approprié pour évoquer ces Stéphanois-là.

  • Les autres : La ville de Pertuis nous a promis un ascenseur panoramique pour avril 2025. Celui des Stéphanois devrait être prêt avant.
  • Le classement : Monaco y est allé de sa roustasse contre les Nicolas Palourde’s boys hier soir et reste donc à 6 points. Avec un peu de bol, on peut espérer voir Lille ou Nice perdre des points ce dimanche.
  • Coming next : Nous avons une revanche à prendre à Auxerre samedi prochain. Suivra ensuite la réception d’un Nantes guère plus vaillant, avant une certaine montée en charge incarnée par Lens et surtout le PSG.
  • Le Motchus Laïve : Ne rate pas le prochain Motchus Laïve spécial Pagnol le 28 février prochain au château de la Buzine. C’est gratuit, et yaura même des foudetrucs et un concert, et des autocollants Monsieur Lapin pour les lecteurstrices de l’académie. Tous les détails ici : https://www.marseille.fr/inscription-motchus-buzine
  • Les réseaux : ton dromadaire blatère surFacebook et BlueSky. Didier A. remporte le concours zoologique.

Bises massilianales,
Blaah

4 thoughts on “OM-Saint-Etienne (5-1) : La Canebière Académie tabasse

      1. Et moi j’ai dû lire le commentaire pour me rendre compte que j’avais raté le jeu de mots. Du coup, je remercie qui, Chris Waffle ou Camilus Blaah?

  1. Et le coup de mettre ASSE de partout, je viens de faire le lien aussi… Il était temps, j’arrive au notes…

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