Angers-OM (0-2) : La Canebière Académie accomplit les formalités

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Dans ton cul du Bellayette.

Aïoli les sapiens,

Pas la peine de tourner autour du pot, en ce moment, au panthéon vaudou, Erzulie est grognon. Mama Wata la sirène, esprit des mers et de la bonne fortune, s’en inquiète.

  • Erzulie ma sœur, quelle est cette tristesse inhabituelle qui semble t’envahir ? N’as-tu pas de soupirant préféré en ce moment ?
  • Si hélas, ma sœur. Mais il me délaisse. Son sort de titularisation éternelle lui est acquis, et il ne fait plus d’efforts pour me séduire. Son nom est pourtant celui du saint-patron des amoureux, ce devrait être un gage de passion ?
  • Valentin ? Pardonne-moi ma sœur, mais un tel prénom, c’est la garantie de l’amour en pantoufles. Je suis certain qu’il est tendre et attentionné. Si les catholiques avaient voulu que le saint-patron des amoureux incarne les flammes de la passion, le sexe torride et la turgescence enfiévrée, ils l’auraient appelé André-Frank.
  • Ah, je ne le sais que trop bien, ma sœur. Peut-être est-ce moi qui vieillis. Peut-être Valentin est-il bien celui qu’il me faut. Mais tout de même. Je m’emmerde.
  • Allons, du nerf ma grande, ce n’est pas à toi que je vais apprendre comment on secoue les puces de son prétendant. Ignore-le. Rappelle-lui que le monde peut tourner sans lui. Tiens, ça fait combien de temps qu’il ne l’a pas renouvelée, son invocation du sort de titularisation éternelle, ton Valentin.
  • Ah c’est sûr, c’est périmé depuis longtemps, d’accord, mais lui faire ça… il est gentil ,quand même.
  • Tatatata, le grand jeu, je te dis. C’est pas pour lui faire mal, c’est juste le jeu de la séduction. C’est juste un homme, et tu sais que les hommes, pour leur faire comprendre des choses, il ne faut pas aller dans le subtil. Je l’ai un peu étudié, ton Valentin, alors voilà comment tu vas faire. D’abord tu révoques son sort de titularisation éternelle, même si c’est temporaire on s’en fout. Avec leur « no Rongier no party », ils commencent à s’y croire un peu, chez lui.
  • Bon, pourquoi pas. Je lui mets une bonne gastro, comme prétexte pour sauver la face ?
  • Si tu veux. L’important c’est ce que tu fais après. Là, faut pas se planter. Maintenant qu’ils n’auront plus Rongier, l’important c’est de montrer qu’ils gagnent, même sans lui.
  • Fais voir contre qui ils tombent… Angers ? Oui, ça, ça ne demandera pas trop de magie.
  • Exact. C’est pour ça que non seulement tu vas les faire gagner, mais en plus ce sera en portant leur maillot Lustrucru.
  • Le orange à carreaux bleus, là ?
  • Lui-même. Mais ça suffira pas. Ils vont gagner sans Rongier, avec leur maillot Lustrucru, et sans encaisser de but. Et en marquant un but sur corner, tiens.
  • Wooooo, du calme ! Il y a des choses qui restent infaisables même pour une déesse, hein.
  • Mais si, tu vas y arriver. Et la touche finale, celui qui remplacera ton Valentin, ce sera un Arabe.
  • C’est toujours pour reconquérir Valentin, ça ?
  • Non non, pas du tout, là c’est juste pour emmerder les cons.


Les Longorious Basterds

Rulli
Murillo– Balerdi – Cornelius
Luis Henrique– Højbjerg– Bennacer (Kondogbia, 65e) – Merlin (Maupay, 59e)
Greenwood (honte à nous, Nadir, 75e) – Rabiot
Gouiri

C’est pas le tout de labourer l’effectif, faut aussi ressemer un peu avant que tout ne soit devenu stérile. Après un début de mercato placé sous le signe de la sauvegarde de l’emploi et de l’accompagnement au changement (en langage managérial : dégager les indésirables comme des vieilles merdes, les quelques fonctionnaires indésarapédables comme Mbemba étant laissés dans un placard sans éclairage ni chauffage), les derniers jours voient débarquer les recrues : après Gouri,  nous rejoignent ainsi le latéral bosnien Amar Dedic et, donc, le milieu arlésien Ismaël Bennacer. Le talent est certain mais la robustesse douteuse : voici pourquoi Ismaël est bombardé titulaire sans attendre, au moins aura-t-il pu jouer un match sans se blesser à l’entraînement.


Le match

Nous évoquions la semaine dernière notre propension, contre Lyon, à nous compliquer la vie en transformant ce qui devrait demeurer une promenade de santé en combats homériques. Au moins nous mettons-nous à sortir victorieux de telles situations, laissant au XV de France les gueules de bois douloureuses à base de « mais comment a-t-on pu perdre contre des viers pareils alors qu’on aurait dû gagner vingt fois ce match ? »

Dépourvu de l’historique psychologiquement complexe qui leste nos relations marseillo-lyonnaises, le match contre Angers était donc placé sous le signe de la banalité. Et autant dire qu’en matière d’anodin, on a été servi. La seule ambition de nos adversaires était de rester recroquevillés en défense en tâchant de nous fister sur leur unique occasion à la faveur d’un balerdisme quelconque.

Dès lors, la première mi-temps a ressemblé à l’enrichissement des binturongs au zoo de la Barben, vous savez, quand les soigneurs emballent unr friandise derrière huit épaisseurs de couches que l’animal doit se démerder à défaire. Le but de la manœuvre est de conserver au pensionnaire son esprit de chasseur au lieu de devenir un chat à mémère. Ainsi, de la même manière que les chats achèteraient Kwiaskas, le binturong doit réfléchir un minimum pour avoir droit à sa carotte, et les Olympiens doivent de même se triturer l’esprit pour marquer un but.

Déjà, à la base, un blocquéquipe angevin n’est guère appétissant. Il faut donc un certain temps aux Marseillais pour tourner autour en le reniflant avant de surmonter son dégoût pour s’y attaquer franchement. Mais même là, on sent la circonspection : ça tatonne, ça bouge à droite, à gauche, ça donne quelques coups de patte pour voir mais sans réelle conviction. On assiste à quelques belle actions collectives, Greenwood (honte à nous) voit deux de ses tirs contrés, Balerdi marque un but sur corner justement refusé pour une faute de main, mais tout ceci ne dépasse guère le stade de la titillation.

Un peu plus perforante est l’ouverture-laser de Bennacer pour Merlin, dont le plat du pied reste lui aussi trop gentil pour inquiéter le gardien. La défense angevine semble paniquer au moindre centre, mais Gouiri rate le cadre en bonne position, avant que Merlin ne se fasse contrer.


Angers revient sur le terrain avec d’autres ambitions, en l’espèce celle de pourrir le match. Tentative touchante de naïveté et qui ne sert qu’à mettre Aholou à deux doigts de l’expulsion après une simulation tellement mal jouée que France 3 pourrait en faire un téléfilm.

Sur le plan footballistique, l’OM repart donc pour 45 minutes à faire le binturong, mettant des coups de griffe de plus en plus forts sans parvenir à entamer ce paquet soigneusement ficelé. Les Oympiens croient toucher au but quand, après une belle action collective, le centre à ras de terre dépasse défense et gardien. Au deuxième poteau, Merlin trouve cependant le moyen de mettre la balle dans le petit filet. Ce raté incite d’ailleurs le staff médical à le faire remplacer immédiatement par Maupay pour passer un protocole commotion, ou en tout cas un bilan ophtalmologique d’urgence.

Un cafouillage défensif sur coup-franc permet ensuite à Balerdi de reprendre de près, mais un Angevin sauve de la poitrine devant sa ligne. Gagner en suivant une ligne d’enculés conservateurs moyenâgeux : ce qui représente un gage de succès aux élections en Maine-et-Loire n’est pas loin de le devenir en footbal également puisque, agacés, les Olympiens commencent à se précipiter au mépris de la rigueur défensive. Un centre mal renvoyé par Balerdi se traduit ainsi par un tir slipométrique, de peu hors du cadre.


Une nouvelle occasion se manifeste par un centre repris par Gouiri, dont le tir se voit dévié de justesse. Autant dire qu’à l’orée des vingt dernières minutes, le spectacle s’avère un tantiner crispant. C’est toutefois ici que la déesse Erzulie nous rassure sur ses dons en occasionnant un événement surnaturel : l’OM marque sur corner. Le béni des dieux se nomme sans surprise Rabiot, dont la tête décroisée au premier poteau bonifie le corner de Gouiri (0-1, 69e).

Les olympiens reniflent enfin la friandise, et se mettent en devoir de faire définitivement de la charpie des trois tonnes de scotch qui leur étaient opposées. Si Greenwood (honte à nous) commet un raté assez gênant sur un centre de Murillo, l’affaire est pliée peu de temps après. Une récupération haute d’Højbjerg permet à Rabiot de transmettre immédiatement à Maupay. Neal lance Gouiri dans le dos de la défense, avant qu’Amine ne lui remette astucieusement le ballon à l’entrée de la surface. Maupay conclut ce double une-deux en pladupiésécurisant entre les jambes du gardien (0-2, 74e).

L’OM gère ensuite la fin de match tranquillement. Sa tendance à reculer pour s’exposer tout seuls au pressing adverse peut paraître agaçante mais, contre des inoffensifs comme Angers, l’aspirateur fonctionne à merveille et permet régulièrement à nos Olympiens de prendre le blocquéquipe à revers. Le match ne sanime plus guère que dans le temps additionnel, quand une percée remarquable de Nadir est enchaînée par une belle combinaison entre Rabiot et Luis Henrique. Le malin Maupay lasse passer le centre pour laisser la balle à Højbjerg, dont le raté incitera l’ophtalmo olympien à faire quelques heures supplémentaires.

La fête ne serait pas complète sans le miracle hebdomadaire de Rulli qui, après 93 minutes de touchage de gonades intégral, sort parfaitement dans les pieds de Niane qui venait de déposer Balerdi. C’est propre, c’est carré, c’est sans affect, bref c’est une victoire de second du championnat.


Les joueurs

Rulli (4/5) : Geronimo a beau être un garçon charmant, je pense que ne pas réussir une clineushite dans un match pareil aurait risqué de l’amener à niquer des mères.

Murillo (3+/5) : Certains défenseurs considèrent Amir comme un requin bouledogue, absolument inoffensif du moment que tu dresses des filets qui le maintiennent au large. Les Angevins, eux, ont préféré faire des ronds dans l’eau costumés en entrecôte Charal.

Balerdi (2+/5) : Le Balerdhyrox c’est comme une hormone thyroïdienne, c’est imbitable de déterminer la posologie idéale tellement ça se joue au micro-gramme : trop dosé, il balerdise par excès de nervosité. Sous-dosé, il balerdise par excès de facilité. Il pourra profiter de sa suspension contre Auxerre pour revoir son endocrinologue.

Cornelius (3-/5) : Certains attaquants considèrent Derek comme un surfeur : en tant que requin bouledogue, t’as toutes les chances de te régaler quand tu viens croquer chez lui. Les Angevins, eux, ont préféré rester dans leur réserve naturelle à se branler la vessie natatoire.

Luis Henrique (3/5) : A refait le coup de dimanche dernier, de commencer plan-planet avant de monter en puissance. Le problème hier est que le temps que Luis soit chaud, on avait déjà plié le score et tout le monde ne pensait plus qu’à l’apéro.

Merlin (2+/5) : L’ennui c’est que si on l’insulte trop pour ses ratés, ça va l’inciter à moins se projeter à la conclusion des actions. Mais si on ne l’insulte pas assez on va conserver tout ça pour nous et ça, c’est pas bon pour les ulcères. Faudrait trouver une insulte médiane, tu genre « qu’est-ce que t’as branlé putain de trou du cul mais on t’aime quand même », un peu comme on fait quand un entraîneur NE MET PAS SON GARDIEN TITULAIRE SPECIALISTEDES PENALTYS SUR UN MATCH QUI SE JOUE AU TIRS AU BUT LA CON DE TOI PUTAIN hrm, non, pardon Roberto, on va finir par l’oublier ce match contre Lille, on t’aime.

Maupay (59e, 4/5) : Tant qu’à pédaler dans le yaourt, De Zerbi a fait entrer son Petit Filou.

Højbjerg (2+/5) : Un match anodin en soutien de Bennacer, sauf sur le deuxième but où Pierre-Emile s’est retroussé les manches et a dit : « bon ». Cela étant, je viens de voir mes notes où j’avais écrit « 50e minute : penser à sacquer l’enculé qui fait une passe en retrait affreuse avant la simulation de l’Angevin ». Dont acte. En revanche, son raté en fin de match ça ne compte pas, c’était une petite fantaisie. C’est l’humour danois, c’est parfois un peu hermétique pour nos esprits latins.

Bennacer (4/5) : Il a tellement arrosé les copains qu’à un moment je me suis demandé s’il n’avait pas entamé la campagne des municipales.

Kondogbia (65e) : Il existe toujours, ce restaurant angevin où on se costume en nobles du Moyen-Âge parce que c’est trop délire ? Existe-t-il meilleure incarnation de la légendaire douceur angevine, que ce temps passé à se répéter en boucle « mais qu’est-ce que je fous là, putain » ? A part le fait d’entrer en jeu pour une demi-heure au stade Raymond Kopa, je veux dire ?

Rabiot (4/5) :

  • Rappeler aux lyonnais qu’il n’existe qu’un seul Olympique : fait.
  • Montrer à l’Anjou qu’il n’existe qu’un seul Duc : fait.

Greenwood (honte à nous, 2/5) :

  • ben oui d’accord je suis pas concentré, mais c’est la faute de ce type qui n’arrête pas de me lancer des petites boules rouges, là.
  • ah lui ? C’est rien, c’est Saïd Chabane qui essaie de compléter son Violodex. Mais ses pokéballs ne sont pas encore assez puissantes pour en capturer des qui savent jouer au foot, tu n’as rien à craindre.

Nadir (75e) : Entré pour éteindre les velléités de révolte de nos adversaires. En même temps, l’Anjou ne s’est pas soulevé depuis la révolte des ardoisiers de Trélazé le 26 août 1855 (de 23h à 7h40) et il devrait lui falloir un siècle supplémentaire pour s’en remettre, la menace était donc modérée.

Gouiri (4/5) : Des tirs ratés assez irritants, finalement calmés par un doublé de passes décisives douces comme une pipe au miel. C’est pourtant si simple, de faire plaisir, nom de nom.

Dedic (75e) : Lui n’est pas entré pour faire la discipline à des Angevins déjà à terre, juste pour leur mettre des petits coups de doigts dans les côtes en faisant « gnek ! gnek ! gnek ! ».


L’invité zoologique : Esteban Lepou

Le pou, quand on n’y pense, il nous ennuie uniquement parce qu’on se complique la vie. Le peigne fin, l’insecticide, les lotions, l’huile d’olive, tu tournes et vire des jours et des jours sans trouver la bonne solution, et c’est seulement quand tu te dis « oh et puis merde, hein » et que tu branches ta tondeuse que le problème disparaît instantanément.

  • Les autres : Si c’est pour jouer comme des amateurs en coupe de France, autant que le club rejoigne le National 2, ça leur coutera moins cher. Regardez Bordeaux, par exemple, ils n’ont pas l’air plus heureux maintenant, à marquer trois buts contre Dinan-Lehon ?
  • Le classement : Le Lille de Nénesse l’Arsouille semble être dans sa phase de redescente et se voit relégué à 8 points. Nice rejoint Monaco à six points de nous : nous tenons le bon bout, ne le lâchons surtout pas.
  • Coming next : Saint-Etienne, Auxerre, Nantes et Lens nous attendent. Si les tendances des uns et des autres se poursuivent, le déplacement au Parc des Princes qui précèdera la trêve aura l’air presque anecdotique.
  • Les réseaux : ton dromadaire blatère sur Facebook et BlueSky. Rémy B. remporte le concours zoologique.

Bises massilianales,
Blaah

1 thought on “Angers-OM (0-2) : La Canebière Académie accomplit les formalités

  1. Quelle idée aussi de comparer ces méchants lyonnais au kawai XV de la Rose ! Ca appelait une malédiction divine de type mains savonneuses sur ces gens tout de bleu vêtus. Bisous.

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