Aïoli les sapiens,

Rarement les PSG-OM récents ont représenté une affiche au sommet du championnat de France, et pourtant, rarement le balécouilles ambiant a été si grand autour de ce match. À ma droite, un PSG en roue libre une fois son moment de ridicule traditionnel et printanier dûment accompli. À ma gauche, un OM occupé d’un côté par des échéances européennes, lui, et de l’autre côté par des matchs à suivre jugés autrement plus gagnables. C’est que les entraîneurs passent, mais nous conservons ce foutu respect léasalamesque qui nous conduit à aborder en carpette chaque match contre les parisiens, ceux-ci fussent-ils à la dérive.  En gros, l’idée c’est : si les parisiens sont motivés, on poinçonne notre rouste en évitant d’avoir trop de suspendus, on garde notre deuxième place et on passe vite à la suite ; et si ceux-ci s’en foutent, là on regardera éventuellement si sur un malentendu il n’y aurait pas un ou trois points à gratter dans l’affaire.


Les Longorious Basterds

Lopez
Rongier (Lirola, 77e) – Saliba – Caleta-Car (Bakambu, 93e) – Luan Peres
Guendouzi – Kamara – Gueye (Dieng, 81e)
Ünder (Harit, 46e) – Payet – Gerson

Milik n’est toujours pas apte à reprendre, ce dont Sampaoli se carre totalement puisqu’il n’avait de toute façon pas l’intention d’aligner un attaquant avant la 80e minute. Lopez reprend sa place après un court intérim de Mandanda. Les inquiétudes se portent surtout sur les suspensions à venir, puisqu’en cas de carton jaune ce soir, Payet, Saliba, Guendouzi et Caleta-Car pourraient manquer le match à venir contre Lyon.


Le match

Au lieu de nous proposer l’affiche dantesque à laquelle les téléspectateurs auraient pu s’attendre (du moins ceux n’ayant pas conscience du balécouilles ambiant décrit ci-dessus), ce clasico offre à la fois la tension et le niveau technique d’un Angers-Troyes programmé à 13 heures. Il ne faut ainsi compter que sur deux gardiens de buts bourrés au Ricard pour animer un peu le début de soirée. Tout d’abord, Pau Lopez sort n’importe comment devant Neymar à la réception d’un ballon en profondeur : à la lutte avec Saliba, le Brésilien se contente de tendre le bout du pied pour laisser notre portier comme un couillon (1-0, 12e).

Donnaruma n’est pas en reste pour contribuer au bêtisier, toute la difficulté pour ce faire étant d’attendre que le ballon parvienne enfin dans sa surface. Notre premier semblant d’occasion ne survient ainsi qu’à la demi-heure, par une combinaison Payet-Gueye aboutissant à un corner. Tiré par Dimitri, celui-ci est honteusement savonné par le gardien italien, occasionnant un cafouillage sur lequel Luan Peres puis Caleta-Car se montre les plus prompts, Duje poussant le ballon au fond pour une égalisation à peu près aussi honteuse que le début de match des deux équipes (1-1, 30e).

Piqués au vif, les parisiens décident de jouer au football pendant un quart d’heure, ce qui pousse illico le slipomètre à des altitudes irrespirables. Le manque d’efficacité à la finition et un talent certain de notre part pour jouer le hors-jeu empêchent la catastrophe. Sur l’ultime action, Neymar tente de contourner un mur de joueurs pour finir par tirer désespérément dans le tas.


Devant la nullité ambiante et plutôt que de vous ennuyer à narrer ce semblant de match, la Canebière Académie préfère mettre à profit ces lignes pour une séquence éducative. Nous recevons ainsi notre historien Stéphane Terne, pour une intervention consacrée aux Petits Métiers de la LFP.

« J’ai beaucoup de tendresse pour ce métier désuet de trieur d’images. Ce brave homme est chargé de fouiller les vidéos du match pour choisir les images adéquates à montrer à l’arbitre qui souhaite revoir une action. Un ouvrier modeste et consciencieux, qui ne se contente pas de ramasser les images à la pelle, mais sait faire jouer son œil exercé pour faciliter le choix de l’arbitre. Un mauvais trieur d’image laisse l’arbitre perplexe devant des ralentis contradictoires, d’où des séquences VAR interminables et des choix aléatoires. Un bon trieur d’images, lui, sait ôter les angles qui gênent la décision pour ne pas perturber son supérieur avec une réalité trop complexe.« 


Suite à l’action de Neymar, l’arbitre est appelé par le car vidéo pour un éventuel pénalty, après une première réaction saine de M. Letexier consistant à dire « mais Rongier est à moins d’un mètre du tireur, qu’est-ce que vous venez me casser les couilles avec une main volontaire ». La régie vidéo insiste pour que l’arbitre vienne consulter les images, d’où a été soigneusement expurgée celle montrant en outre que le ballon rebondit sur la jambe de Valentin avant de heurter son coude. Finalement, l’arbitre se dit qu’il n’y a pas de raison de ne pas fumer la même ganja que les deux gardiens de but et accorde un pénalty délirant, que Mbappé transforme (2-1, 45e+4).

Face à cette injustice l’OM se révolte et mobilise toute son énergie en deuxième mi-temps pour faire tourner le ballon dans son camp. Déjà morose en première période, le match devient franchement affligeant, les deux équipes se craignant mutuellement alors qu’elles sont aussi emporquégées l’une que l’autre : le PSG ne tente rien, mais nous restons sans attaquant et à dix derrière le ballon, par peur d’un contre qui ne vient pas. Nous ne tentons rien, mais le PSG panique et multiplie les fautes imbéciles, avec une mention spéciale à Neymar qui frôle l’expulsion après un pétage de câble difficilement explicable par autre chose qu’un retour de coke inopiné.


Les deux équipes tétanisées par on ne sait quoi (ou juste flemmardes) acceptent ainsi de s’en remettre à un coup de Flubupte. C’est oublier que jouer un match à pile ou face, c’est une tactique par définition aléatoire, mais franchement suicidaire quand c’est Harvey Dent qui fournit la pièce. Paris souffre d’un but refusé pour hors-jeu (le troisième de la soirée tout de même), et se fait punir sur notre seul tir de la deuxième période : Gueye et Payet obtiennent ainsi un coup-franc, que Dimitri expédie au second poteau d’où surgit Saliba pour une égalisation à bien se mordre les couilles côté parisien. Mais j’entends que notre historien Stéphane Terne a un nouveau Petit Métier de la LFP à nous présenter, cédons-lui volontiers la parole pour un nouvel interlude.

« Ahhhhh, la pointilleuse à hors-jeu. Comment ne pas évoquer la finesse du travail de cette artiste méconnue. Sans la pointilleuse à hors-jeu, impossible de juger un hors-jeu au millimètre. La pointilleuse à hors-jeu, c’est l’œil et la main qui travaillent en parfaite harmonie. C’est repérer un genou ou une épaule susceptibles de dépasser d’un manière infime, et placer judicieusement les pointillés qui feront apparaître un hors-jeu là où l’œil humain ne voyait rien. Notons que les meilleurs chefs d’œuvre de la pointilleuse à hors-jeu sont le fruit d’un travail d’équipe : c’est en effet le trieur d’image qui, parmi vingt-cinq images par secondes, choisit précisément le plan arrêté le mieux capable de conclure à un hors-jeu.« 


Suite à l’égalisation de Saliba, M. Letexier est en effet appelé par le car vidéo, qui lui signale un hors-jeu, les lignes du révélateur se chargeant ensuite de faire dire « ya hors-jeu, fermez vos gueules » à un plan arrêté ne révélant pourtant que dalle. Signe que le briefing d’avant-match a sans doute davantage mis l’accent sur la discipline que sur le gain du match, entraîneur et joueurs font montre d’un stoïcisme admirable là où la tentation serait forte d’aller spoiler à l’arbitre le Motchus de ce lundi. On admet volontiers ce manque de réaction compte tenu des enjeux à venir, toujours est-il qu’on aurait été tenté d’offrir à Alvaro un dernier baroud d’honneur en le faisant entrer pour finir en beauté à la fois le pif de M. Letexier et sa carrière à Marseille.

Quoique navrante du fait de notre manque d’initiative, cette défaite n’est pas en soi catastrophique : nous restons deuxièmes, et traversons cette période délicate sans autre blessé ni suspendu. Plus gênante est notre propension à aborder régulièrement cette affiche en victimes, que ce soit sous Rudi Gardia, Villas-Boas ou Sampaoli ; il ne faudrait pas que ça s’enracine dans nos gènes, non plus. Plus inquiétante, surtout et enfin, est cette transformation en équipe de pleutres souvent constatée lorsque que l’adversaire est jugé de haut niveau : alors que les affiches au sommet vont se succéder en cette fin de saison (Feyenoord voire la Roma si affinités, Rennes, Strasbourg), il serait dommage de les saboter sans avoir donné l’impression de combattre.


Les joueurs

Lopez (1/5) : Normalement, un gardien qui se cague contre le PSG a l’occasion de rattraper son match par une multitude d’arrêts bien sentis. Pas de pau pour Bol, Messi Neymar et Mbappé avaient eux-mêmes trop la tête aux antidépresseurs, au poker ou à Madrid pour lui offrir un rattrapage.

Rongier (3-/5) : Pas coupable de grand-chose sur le pénalty, si ce n’est de son appartenance à l’embranchement des vertébrés tétrapodes. Reste un match pas toujours facile mais globalement solide.

Lirola (77e) : On se demande pourquoi, mais on se dit pourquoi pas non plus.

Saliba (4/5) : Magistral dans la mise hors-jeu des adversaires, et auteur d’un nouveau tacle jouissif sur Mbappé après son chef d’œuvre du match aller. Pas coupable de grand-chose sur son but refusé, si ce n’est d’avoir une manche du maillot qui dépassait de 5 millimètres et surtout que celui-ci fût blanc et bleu.

Caleta-Car (4/5) : L’autre versant de notre motif d’espoir : le fait que nos deux centraux non seulement défendent à haut niveau, mais aussi se remettent à marquer sur coup de pied arrêté. Sans vouloir se montrer pessimiste ni menaçant, cela rendrait d’autant plus agaçant des sautes de concentration anales contre des équipes plus faibles.

Bakambu (93e) : ALLEZ, ALL-IN, PLUS RIEN À PERDRE, JE PRENDS TOUS LES RISQUES JE SUIS UN LOCO, MOI, ah merde, le match est fini.

Luan Peres (3+/5) : Eh bien dans cette partie où les états de forme des uns et des autres fluctuent parfois assez spectaculairement, Luan semble faire partie de la catégorie « prêt à niquer des mères dans le sprint final ». On ne devance qu’à voir cela se concrétiser.

Kamara (3-/5) : Un match presque pépère, finalement : les uns (nous) regretteront le peu de dépassement de fonction et d’allant offensif, les autres (Sampaoli sans doute) estimeront que le risque d’un Kamara hors de position aurait ouvert les vannes à une branlée.

Guendouzi (1+/5) : A réussi à faire tomber quatre cartons jaunes à lui seul côté parisien. Une belle satisfaction, un peu comme dans un jeu de rôle qui affiche « Félicitations, après 1500 heures de jeu tu as réussi à débloquer la quête annexe n°654 en retrouvant le bilboquet magique de l’elfe-champignon ! – Ta quête principale est accomplie à : 1 % ».

Gueye (3+/5) : Il lui est arrivé plusieurs fois de sprinter vers l’avant, ce qui l’établit de fait comme joueur le plus offensif de l’équipe.

Dieng (81e) : Quatre-vingt-unième minute. Mené depuis la mi-temps, l’OM prend tous les risques en passant de zéro à un attaquant.

Ünder (1/5) : « Les gars, je dis peut-être n’importe quoi, mais vu que le coach m’a chargé d’animer les combinaisons offensives, ça vous dirait pas d’appeler le ballon devant moi, pour changer ? »

Harit (2/5) : Alors qu’Ünder était mou dans son coin, Harit est entré pour se montrer mou en équipe. Un réel progrès, donc.

Payet (2/5) : Une nouvelle fois victimisé devant le PSG, même si cette fois-ci, soyons honnêtes, c’est l’arbitre qui l’a privé d’une délicieuse et fistale passe-décisive en toute fin de match.

Gerson (2/5) : Il a fait des trucs mais bon, même lui a pas eu envie d’enflammer la piste. Ya des soirs comme ça, quand l’ambiance n’y est pas, bah elle y est pas, c’est tout, y a rien à faire.


L’invité zoologique : Le Messipulami

Mammifère mais ovipare (mais néanmoins doté d’un nombril), le marsupilami est un animal que tout zoologiste sérieux se refuse à juger crédible, ce qui est d’ailleurs sans importance, puisque la bestiole  a été créée avant tout pour amuser les petits nenfants et optimiser les bénéfices du parc Spirou. Quant à nous, houba houba hop, un tour de manège, un coup de queue dans la gueule, et on repart à notre quotidien.
Les autres : dépressifs, fainéants, ne comptent plus que sur le match contre l’OM pour sauver leur saison et se réconcilier avec leurs supporters, n’y parviennent pas : le PSG, c’est les Girondins de Bordeaux avec des sous.
Le classement : avec la défaite de Rennes, nos trois points d’avance étaient garantis avant le match, ce qui n’a pas aidé à nous lever l’âme.
Coming next : voilà, quoi que l’on pense de ce PSG-OM, maintenant le match est passé et aucune des 8 à 9 rencontres restantes ne nous autorisera à nous cacher : points obligatoires et sans excuse possible contre Nantes mercredi et Reims dimanche.
Le replay : notre académie du match européen de jeudi dans L’ENFERRRRR DU STADE TOUMBA est ici.
Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Sisko remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

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