Bordeaux-Metz (3-1) : la Scapulaire Académie repousse la déchéance

0

Unijambistes et aveugles : ils avaient coché toutes les cases de la Secte du Roi de la Rue.

Bordeaux-Metz, le « soins palliatifico». Le septième match de la dernière chance pour les Girondins, toujours en vie mais à la respiration superficielle. Grâce à un Président qui tire des super ficelles, on serait proche de croire qu’il y aura une vie après la mort. A voir. Ici, nous sommes plutôt partisans de « la terre retourne à Nanterre » et nous pensons plutôt à un nouveau départ depuis le dessous. Les mort-vivants que nous sommes ne serons pas dépaysés, au moins. Mais avant cela, il reste à finir, dignement si possible. Comme l’a dit Jimmy Saunders, il faut mettre en œuvre « tout ce qu’il reste à faire quand il n’y a plus rien à faire ». Soit prendre l’avantage une fois la fin du match sifflée ? On espère qu’ils ont signé un contrat obsèques.

La composition :

————————-Poussin——————–
Ahmedhodzic——-Guilavogui©—–Gregersen
Pembélé———Onana———Ignatenk—-Mangas
————————–Dilrosun——————–
——————–Niang——–Hwang————–

Retour de la défense à trois. Alors que l’on pouvait s’attendre à voir Medioub après son grand match à Lille, Guion a préféré faire redescendre Guilavogui. Avec le retour d’Ahmedhodzic et la présence de Gregersen, nous nous présentons donc avec une défense GAG.
Pembélé profite de la suspension de Kwateng pour être celui qui nous décevra à droite. Mangas aligne les titularisations plus que les kilomètres.
Une paire Onana-Ignatenko, trop défensive pour affronter Metz ? Guion s’en bat l’avoine (« C’est mon poncif, ma bataille ») et a raison : sous leurs airs de durs à cuire se cache une certaine sensibilité, surprenante même concernant l’Ukrainien, présenté comme un boucher avide de chair fraîche.
Dilrosun est positionné en 10, un rôle détenu dans le temps par celui dont on ne doit pas prononcer le nom avant son départ à Metz. Juste histoire de lui montrer qu’il n’y a pas besoin de vider les comptes pour faire de la merde.
Devant, une attaque à deux avec Hwang et Niang. Elis a fini sa saison, lui qui l’avait commencé plus tard que les autres. L’instit le buteur risque de laisser un grand vide.

Le match :

Les Girondins démarrent fort la rencontre. Il mettent de la pression et se procurent plusieurs occasions. Hwang se joue de Bronn et centre pour la tête d’Onana qui passe au-dessus. Niang tire en angle fermé mais le ballon passe juste à côté. Et à la suite d’un corner, Guilavogui hérite d’un tir de Pembélé pour reprendre aux six mètres mais c’est trop mou, Caillard peut s’interposer.
Les Messins semblent avoir choisi d’attendre et de jouer le contre. Tactique qui peut s’avérer risquée quand tu as NDP comme chef d’orchestre, capable en un instant d’enchaîner un solo à la Santana avec le Tirelipimpon de Carlos.
Oui mais voilà : rien n’épargne les Girondins. Ainsi, à la suite d’un corner, NDP fait danser Hwang avant d’adresser un centre millimétré pour la tête décroisée de Lamkel Zé qui finit au fond (0-1, 22è).
Le seau plein de merde que chacun s’est amusé à remplir tout au long de la saison vient de se déverser sur nos gueules béantes. Délectons-nous de ce nectar acidulé, seul breuvage dont nous sommes dignes.
Lorsque ton équipe est dernière à huit journées de la fin et qu’elle reçoit le dix-neuvième, tu sais que ce match est capital et s’apparente à une dernière chance. Toute la semaine, tu vois les joueurs et l’entraîneur répéter qu’ils sont entrés dans la lutte et qu’ils se battront. Toujours de belles paroles mais à force, tu les connais, les mecs. Tu sais qu’ils ne sont pas derniers pour rien et surtout pas les derniers pour prendre du plaisir dans le sale. Du genre à inviter chez eux les plus belles filles du village juste pour qu’elles les regardent se chier sur les mollets au moment de pénétrer sous la pelouse.
Alors quand l’équipe se fait poutrer à la première occasion par des adversaires qui n’avaient plus marqué dans le jeu depuis trente-sept ans, les supporters ne sont même plus surpris. Les Messins, qui ont déjà appuyés sur le bouton -1, viennent de décider que nous devions les accompagner pour prendre place dans le deuxième frigo de la morgue. De calvaire, cette saison est devenue une lente agonie et c’est presque avec soulagement que nous montons dans l’ascenseur.
Imaginez : les deux finalistes des « Hunger Games Uber Hit Creutzfeldt-Jakob » s’affrontent et peu importe que l’issue soit fatale, elle n’en sera que plus parfaite.
Point de croix à porter mais tout le poids de l’histoire sur leurs épaules, nos martyrs se sont accordés sur l’importance de (se) terminer en marquant les esprits. Quelques instants après l’attaque messine, Timothée s’est Pétembélé les croisés. Dans la foulée, Gregersen a fait une entorse au règlement intérieur s’est fait une entorse au genou en réussissant une intervention défensive. Si le joueur prêté par le PSG a du céder sa place à Lacoux, le Norvégien est revenu bandé. L’effet Ahmedhodzic, c’est aussi cela : son coéquipier aime jouer au dur.
Et l’arbitre lui, s’amuse avec nos nerfs. Alors que les Messins n’étaient pas si loin de doubler la mise, il décide de siffler la mi-temps et ainsi retarder l’échéance de notre déchéance.
« Les garçons, je vous félicite pour tout le mal que vous vous donnez. Je n’avais pas vu une telle implication collective depuis l’Ordre du Temple Solaire. Mais on a un souci : je viens de recevoir un SMS de Monsieur le Maire qui nous menace de revenir pour nous secouer les puces et…
-Oh non, coach ! Nous ne voulons pas simplement mourir de rire après tout ce qu’on a fait ! Et la jouissance éternelle, alors ?
-Je sais bien, Yacine. C’est pourquoi je vous demande de reconsidérer l’objectif et de vous concentrer sur le maintien. Mais ne t’en fais pas. Ceux qui resteront auront l’occasion de remettre cela dans un an. Et les autres, j’ai une totale confiance en vous pour la suite ».
C’est ainsi que les Girondins sont revenus transfigurés sur le terrain. L’épais brouillard accumulé sur la route tend à se dissiper et les gars ont mis le couteau entre les dents pour finir de le couper et entrevoir la lumière. Non, ils ne sont pas très à l’aise pour mettre à profit la pulsion de vie qui s’est emparée d’eux mais comment leur reprocher ? Il n’est jamais simple de rompre avec habitudes… Surtout quand on s’appelle M’Baïe Niang et qu’on voue un certain culte à entretenir la douleur. Déjà auteur de quelques ratés en première période, il a remis cela dès l’entame de la seconde. De quoi penser que rien ne pourra changer le destin.
Ricardo Mantras, lui en est capable. Dilrosun lancé à pleine vitesse veut servir Hwang dans l’axe mais sa passe est contrée par Kouyaté. Le ballon revient vers le Portugais qui profite de la largesse défensive et marque d’un tir croisé et détourné. Le tir n’était peut-être pas cadré, enfin les événements se positivent enfin ! L’avantage d’évoluer à domicile, c’est qu’on sait qu’il peut y avoir des déviations sur les boulevards (1-1, 52è).
Les Bordelais sont soulagés, notamment Gregersen qui peut maintenant céder sa place à Mensah. Le buteur messin quitte aussi la pelouse. Sachant que NDP n’est pas revenu des vestiaires, les Lorrains affichent clairement leur ambition : Il n’en ont pas.
En ce jour électoral, la gauche insoumise est en verve (je vous rappelle que le match s’est joué à 13 heures). Mangas sert Mensah en profondeur d’une passe appuyée. Le piston s’arrache pour arriver le premier sur le ballon et centre en retrait pour Niang qui se jette pour reprendre. Bordeaux prend l’avantage (2-1, 68è) !
De là où on se trouve, on n’y comprend plus rien. Nos joueurs semblaient si heureux à se rouler dans la merde et les voilà à sauter partout, à se congratuler alors qu’ils mènent. Le rictus sur la face de Hurmic nous a fait ouvrir les yeux : même un cas désespéré peut réussir son coup. Alors, on se met à sauter partout nous aussi.
Metz s’essaie à l’attaque mais Delaine dégage en corner. Ah non, c’est une frappe qui s’envole. Les Girondins sont passés proches de la catastrophe. En temps normal, le tir aurait du finir dans la lunette de Poussin et les Grenats l’auraient emporter dans les arrêts de jeu.
Au lieu de quoi, Bordeaux va même prendre le large sur corner (là vraiment, il y a la matrice qui déconne). Caillard se troue sur sa sortie et Hwang peut tranquillement conclure de la tête dans le but vide (3-1, 88è).
Ui-Jo met quelques secondes à réaliser qu’il avait enfin marqué et que son équipe allait l’emporter. Il s’est mis à pleurer, les nerfs ont craqué. Imagine : les médecins t’ont annoncé que ton père était en phase terminale d’un cancer de la prostate, métastasé car il est tellement complexé qu’il a tardé à se faire diagnostiquer et puis tu le retrouves à pisser des litres sur le tapis de la porte d’à côté sans même sourciller. Et c’est le voisin qui, en découvrant le méfait, se met à larguer un caillot. Le mal a changé de camp, personne pour l’expliquer mais c’est aussi bien ainsi. C’est la magie du foot.

Les notes des 33 :

Poussin (3/5) : Il n’a pas eu grand-chose à faire. Alors, pour tuer le temps, il a décidé de sortir n’importe comment. Si cela a eu le mérite de lui faire passer dix secondes, son erreur aura surtout donné une grosse frayeur aux supporters. De bonnes relances lui apportent la moyenne mais il est encore difficile d’évaluer son véritable niveau. Il n’oublie jamais d’apporter sa baraka, ce qui nous suffit pour le moment.
Ahmedhodzic (4/5) : Calme lors de ses interventions, il est plein d’envie, de hargne. Quand ses coéquipiers ne font pas le bon appel ou lorsqu’il pense que l’arbitre s’est trompé, on le voit râler. Froid à l’intérieur, chaud à l’extérieur. Et indispensable alors qu’on vient de l’installer : c’est un micro-ondes intégré. Ça nous change du mini-four Mexer, toujours en position grill.
Guilavogui (3/5) : Positionné en défense centrale, il a réalisé de bonnes interventions grâce à sa science du placement. Malgré des relances hasardeuses qui auraient pu coûter cher, Guion pourrait avoir la bonne idée de poursuivre avec lui à ce poste. Il passerait ainsi devant Marcelo dans la hiérarchie. Tout comme Medioub, Baysse et Kwateng. Ainsi que Mexer et Marius Trésor. Et Admar Lopes. Hurmic. Et Chaban-Delmas. Le maire, le pont et le stade.
Gregersen (2/5) : En retard sur le but messin, il n’a pas dégagé la même sérénité que lors du match précédent. A sa décharge, il était aligné en tant qu’axial gauche alors qu’il a toujours été meilleur à droite. Rapidement blessé à un genou, il a serré les dents pour tenir le plus longtemps possible. On l’a vu tenter d’apporter le surnombre mais trop souvent, il ne savait pas quoi faire du ballon. En même temps, d’habitude c’est Oudin qui est positionné plus haut de ce côté et qui se charge de le perdre.
Remplacé par Gideon afin qu’il amène sa vitesse et de la profondeur. Choix tactique payant puisque le piston a livré une passe décisive.
Pembélé (non-noté) : Il semblait dans un bon jour mais nous a dit au revoir. Blessé et absent pour plusieurs mois, sa saison est terminée. Son expérience bordelaise sans doute aussi.
Remplacé par Lacoux (3/5) qui a réalisé un match sérieux malgré des qualités pas forcément adéquates pour un poste de latéral. Mais cela ne nous fait même plus bizarre.
Mangas (4/5) : Sans doute son meilleur match depuis son arrivée. Peut-être aussi celui où il a eu le moins à défendre. Auteur de l’égalisation et à l’origine du second but, il nous a retiré non pas une épine du pied mais bien la charpente de la Cathédrale Saint-André du fion.
Onana (3/5) : Comme toujours, il a été combatif. Moins habituel : il n’a pas eu trop de déchet et a apporté de la présence devant, se retrouvant même à la réception d’un centre de Hwang.
Ignatenko (3/5) : Après une première période un peu difficile, il en a livré une seconde beaucoup plus consistante. Il se bat sur chaque ballon la bave aux lèvres et il est capable d’avoir un jeu léché. Il fait un bien fou au milieu. Un genre d’Eduardo Costa en plus classe. Danylo Costard.
Dilrosun (4/5) : Apparemment, c’était un souci de batterie.
Changé pour Mara, qui tient de plus en plus la route.
Niang (4/5) : Propulsé titulaire en remplacement d’Elis, il a livré un bon match malgré quelques ratés et a marqué un joli but. Et si c’était lui, l’homme providentiel du maintien ?
Remplacé par Adli. Le but était sans doute d’énerver Boulaya, en souvenir du match aller. Comme souvent avec lui ces derniers temps, cela n’a pas fonctionné.
Hwang (3/5) : Oui ! Oui ! Oh Ui ! Il a enfin réussi à la pousser au fond avant d’étaler son soulagement à la face des supporters. Quand labeur coule le long des joues, il n’est pas défendu d’en apprécier le fruit surtout quand l’amour est réciproque. Et c’est ce qu’on a fait.

Pour conclure :

Les Girondins ont remporté une victoire capitale et se replacent dans la course au maintien. Malgré un nouveau but encaissé, ils ont produit du jeu, c’était cohérent et cela laisse penser qu’il y aurait encore un espoir de s’en sortir. La rémission n’est pas actée et tout reste à faire, finalement. Nous aurons de quoi être encore plus déçus si les Bordelais se mettaient à craquer. Être certain que la fin est proche, y croire à nouveau alors que nous étions au bord du précipice pour finir par replonger, cela serait terrible. Pas autant que si c’était le pays qui plongeait dans l’extrémisme en étant dirigé par la descendante de Joseph Mengele et Willy le Borgne. Car tout cela, tout ce qu’on raconte ici et dans ses lignes, n’est que du foot. Et il faut avouer que si cette victoire a été une bouffée d’air frais, la sensation de suffoquer à l’annonce des résultats des votes à été bien plus puissante. J’aimerais assez pouvoir continuer de m’énerver contre les Girondins. Ce qui serait bon signe pour le reste de la nation. Les banalités pour le foot. La banalisation, surtout pas pour l’extrême-droite.
Nausée Savajicl

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.