Bordeaux-Rennes (0-2) La Scapulaire Académie et le quart d’heure américain

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Un petit détour par la grande histoire pour mieux vous conter la petite.

« Si tu avances, tu meurs. Si tu recules, tu meurs. Alors, pourquoi reculer ? » L’optimisme des girondins à l’annonce des rumeurs de la reprise du club.


22 ans déjà. Le 19 Mars 1996, les girondins écrivaient une des plus belles pages de notre histoire et même, soyons fous, du football Français. Zidane, Dugarry et Tholot allaient terrasser le grand Milan AC de Franco Baresi et Van Basten. Le temps passe si vite.

Âmes sensibles s’abstenir.

La pendule d’argent

Ah ce que nous étions heureux avant l’invention d’internet, les pages lingeries de la Redoute offraient à une génération des rêves enflammés des pages collantes, le 36/15 du minitel promettait un univers aussi interdit qu’inaccessible (ceux qui ont eu l’audace de se laisser tenter ont parfois dû vendre leur maison), la presse prenait le temps d’écrire des conneries mais avec un certain style, les comiques pouvaient tranquillement, et en toute impunité, se moquer des minorités sans susciter une quelconque réaction d’effroi, l’amiante offrait une solution économique pour mourir au chaud, nous pouvions nous délecter sans jamais être rassasié de football gratuit, un Katowice-Bordeaux pouvait animer, sans problème, notre mardi soir sur TF1, les albums Panini faisait l’éloge de la moustache bien portante et nos parents pouvaient fumer, en toute quiétude, un paquet de Gitanes sans filtres au volant de leur Talbot flambant neuve sans foutre leur putain de ceinture. Si vous avez l’impression que la vie passe trop vite, que tout fout le camp, nous vous invitons à voir et à revoir ce Bordeaux-Rennes sans modération. Une affiche qui rend hommage au temps qui passe, et qui passe, et qui repasse encore, à cette pendule d’argent qui dit oui, qui dit non et qui nous attend (C’était l’hommage contractuel à Brel, merci aux spécialistes de l’avoir remarqué. Quant aux autres, faites au moins semblant, on ne dira rien. Et si c’est pas sûr, c’est quand même peut-être).

On avait moins peur des barbus à l’époque…


Cette affiche est une folle promesse : le vieux monde n’est pas mort. Il nous reste encore des valeurs sûres. Depuis 2009 et une victoire inespérée en Bretagne qui nous offre le titre, les Bordeaux-Rennes se transforment en authentique purge, en une gabegie de football. La LFP devrait sérieusement réfléchir à programmer ce match un lundi matin. Il faut également penser aux plus faibles et aux âmes sensibles. Pourquoi ne pas ajouter une mention légale « Ce match peut nuire à votre santé mentale » ou « Ne prenez pas un Bordeaux-Rennes à la légère ».

Gustavo Poyet a donc reconduit, pour l’occasion, la même équipe qui s’était lourdement endormie contre Angers. On ne change pas une équipe qui dort profondément. La formule est bien connue : « il est presque impossible de gagner deux matchs à domicile de suite ». Comptez sur nous pour ne pas faire exception à la règle. Pour ne pas prendre de risque, nous avons même pris le soin de n’en remporter aucun. Mieux : en deux matchs, nous nous sommes créés la bagatelle d’une seule occasion que notre joker, déjà blessé par ailleurs, a vendangé admirablement. Les rennais n’ont pas eu besoin de briller pour gagner. On dit merci qui Wahbi ?

 Pour les insomniaques.


A l’heure américaine

@Girondinfos nous avait donné l’information en exclusivité mondiale : le club vit probablement ses dernières heures sous M6. Un investisseur américain serait sur le point d’investir au Haillan. Après avoir envoyé des Ch’tis et des Marseillais dans le monde entier, M6 s’apprête à accueillir des Américains en gironde. Après des années de disette et une saison aussi décevante qu’écœurante, l’annonce de la reprise possible du club nourrit les fantasmes les plus fous des supporteurs. M6 serait finalement vendeur. Une holding américaine, un groupe d’investissement pour faire simple, est intéressée sérieusement par les Girondins. Comment ne pas s’abandonner dans l’espoir de retrouver nos ambitions passées, de regarder le classement vers le haut, de vibrer pour le scapulaire et de l’arborer enfin fièrement ? Mais notre impatience peut se montrer bien mauvaise conseillère. Quel sera le projet porté par Joseph DaGrosa et Philippe Anschutz ? Paris a goûté avec Colony Capital aux fonds de pension et sans un but de Diané et l’intervention de Sarkozy, l’histoire se serait probablement mal terminée.

Bordel, on va perdre notre identité !!!


L’affaire serait tellement bien engagée que nos yankees auraient demandé à Nicolas de Tavernost de choisir Gustavo Poyet plutôt que le technicien belge. Pourquoi ? Ils désireraient s’implanter en Amérique du sud et ils veulent un nom pour porter le projet. Sans faire offense à Gustavo Poyet, qui fut un joueur fantastique, permettez-nous de douter de l’impact marketing de l’Uruguayen même sur le grand continent américain.

Nous sommes réellement à un tournant dans l’histoire du club. Les errements de Jean Louis Triaud, les selfies de Cafu, les voyages de Vada, les débordements de Poundjé feront partie du passé, de la petite histoire. Reste à écrire la grande histoire.


Les notes

Costil 1/5 (pour la présence)

« Il y a un après-match samedi, je serai avec des Rennais et je compte bien avoir le sourire ». On comprend mieux ce qu’il voulait dire par là maintenant.

Je ne sais pas ce qu’elles lui trouvent à Costil…

Poundjé 2/5 (pour Poundjé)

Quand tu sais que Maxime est notre meilleur arrière gauche, tu as compris la problématique de notre saison. Et il était encore loin d’être le plus mauvais contre les Bretons. S’il savait centrer (au moins, un de temps en temps, hein…), on commencerait presque à l’aimer. Mais quand Poundje déborde, ça finit presque toujours mal. Soit il frappe de toutes ses forces tuant au passage un spectateur innocent, soit il perd son ballon après avoir osé un petit triple salto arrière, soit il centre au sixième poteau pour faire chier ses collègues.

Pablo 2/5 (pour services rendus)

On a retrouvé notre Pablo sur cette dernière action offrant le but à Gourcuff. Voilà qui pourrait faciliter le travail de Gustavo Poyet à l’avenir. Mais ne l’enterrons pas tout de suite.

Kounde 3/5 (grâce aux autres)

Dans la misère collective, il s’en sort plutôt avec les honneurs.

Sabaly 2/5 (pour sa frappe)

Coupable sur le deuxième but, Youssouf signe également la seule frappe dangereuse du match.

Plasil 1/5 (pour son âge canonique)

Jaro se ferait balader par Stephen Hawking sur un cent mètres endiablé, moins endurant que Gregory Lemarchal, le tchèque (en bois) montre, une nouvelle fois, ses limites sur le terrain. La plaisanterie a assez duré. Remplacé par Sankharé, enfin, paraît-il.

Meité 1/5 (pour l’honneur)

Perdu sur le terrain, perdu avec le ballon, perdu collectivement, s’il continue de livrer ce genre de performance famélique, Stéphane Martin va avoir du mal à réfréner ses impulsions d’achat. Il finira par rester.

Lerager 1/5 (par sa performance comico-tragique)

Si Lukas espère disputer la coupe du monde, il doit prier très fort que tous ses petits camarades se blessent dans les semaines à venir. De mémoire de supporteur, ça fait très longtemps que nous n’avons pas vu un joueur aussi faible dans ce milieu de terrain.

On a testé pour vous le fantôme sans burne, c’est pas terrible non plus.

Malcom 2/5 (découvert par Willy Sagnol)

Après avoir découvert les 35 heures, la physique quantique, l’intelligence nordique, Diego Contento, Willy Sagnol a donc déniché le petit Malcom. Il aurait aussi pu nous prévenir que les agents du bonhomme sont d’authentiques connards prêts à tout pour essayer de le vendre, quitte à inventer des contacts avec le Bayern, Cyril Hanouna, la NASA ou avec ce que vous voulez. Forcément, Malcom se la raconte, tente toujours une dizaine de crochets avant de faire une passe par dépit. Quand, par miracle, il décide de jouer avec les autres, il le regrette amèrement. C’est le seul joueur de foot de cette équipe. Dommage que Willy ne nous ait pas aidé à trouver d’autres pépites…

Découvrez la méthode Willy pour dénicher les nouvelles stars de demain…

Braithwaite puis de Préville 1/5 (pour les deux)

Le premier se blesse au bout de 10 minutes, le second joue sur une jambe depuis sept mois. De Préville signe une nouvelle fois une prestation indigente, ratant des passes élémentaires, tentant toujours le même dribble. On aurait dû demander son avis à Willy Sagnol avant de l’acheter.

Laborde 1/5 (il était à l’heure à la convocation)

Le mec n’a rien compris. Comment veux-tu jouer attaquant dans cette équipe qui ne veut surtout pas attaquer ? En plus, il est incapable de faire une déviation potable ou une passe dans les pieds. Gaétan prouve, une nouvelle fois, ses limites. Ça tombe bien, il est notre seul et unique titulaire au poste. Remplacé par Kamano qui a fait du Kamano (et ce n’est pas un compliment, au cas où vous en douteriez).


Ailleurs dans le Monde

Lamine Sané a donc définitivement quitté le Werder de Brême. Les supporters ont visiblement beaucoup de mal à s’en remettre. Mais depuis que le Sénégalais a tenté l’aventure américaine, le Werder ne perd plus. Ce samedi, les Allemands ont même gagné. Probablement un hasard. Lamine a pu jouer ses premières minutes sous ses nouvelles couleurs. Entré à la 46ème, notre ancien capitaine n’a rien pu faire pour empêcher la défaite des siens. On va le laisser tranquille, sinon vous allez finir par croire qu’on a tendance à s’acharner

Vous retrouverez l’excellent Nausée Savajicl la semaine prochaine, en attendant, vous pouvez toujours vous perdre sur horsjeu.net ou suivre mes navrantes saillies sur Twitter.

15 thoughts on “Bordeaux-Rennes (0-2) La Scapulaire Académie et le quart d’heure américain

  1. Magnifique travail, Kiki! On comprend mieux la présence d’un banquier à la tête du club. Je veux garder espoir de vivre encore des moments comme ce match contre Milan. Sans cela, je crois que je serais déjà passé par la fenêtre de ma maison avec presque pas de murs.

  2. Merci cher collègue et au demeurant ami. Une chronique pas facile à écrire, heureusement que l’actualité nous donne du grain à moudre.

  3. Alors je pense que la plupart de nos lecteurs, leurs parents avaient des super5 voir des clio I(pas assez cher mon fils) plus que des Talbots, la ceinture était obligatoire devant/derrière et ils taquinaient de la Camel(ublah).
    Mais moi je suis vieux, j’ai même vu Bordeaux avoir 6 internationaux français titulaires, et la moustache de Thouvenel

  4. J ‘ai connu les ceintures facultatives à l’arrière, les Talbot Sport, et le tabac brun puant; Je dois être plus vieux que nos lecteurs.

  5. J’ai vu ma mère fumer dans la Talbot de mon père, quand elle l’empruntait. Je n’avais pas de ceinture. Et c’est ma sœur qui roulait en super5… Il y a que des vieux chez Horsjeu.

  6. Ok donc pour supporter bordeaux il faut un pull sur les épaule et avoir développer son cancer des poumons dans une Talbot, je note

  7. Ahhh ahhh va nous préparer des Pastéis de bacalhau plutôt que de raconter des conneries.

    Ma mère avait une Super 5 en effet, et mon papa roulait en BX.

    Je suis encore en thérapie.

    1. Je ne peux pas, chaque fois que je veux en faire ils sont moins bon que ceux de mamie donc je me met en PLS

  8. Le pull sur les épaules, c’est surtout pour les promenades Boulevard de la Plage à Arcachon. Mon emphysème c’est ma propriété et je l’assume, je ne le partage pas avec une tierce personne.

      1. Promis, pour toi, j’essaierai de changer ça si je chope la syphilis. Par contre, ni de droite, ni de gauche, ni de nulle part, d’ailleurs. Trop égocentré pour ça.

  9. Ma mère conduisait la Talbot que fumait mon père, j’avais la ceinture sur les épaules de mon pull facultatif.

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